« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Créneau » : différence entre les versions

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et chaque défenseur, muni d'une de ces deux armes, avait son merlon
pour se mettre à couvert pendant qu'il s'apprêtait à tirer. Il était donc
 
[Illustration: Fig. 1.]
 
[Illustration: Fig. 1^bis.]
 
naturel alors de multiplier, autant que faire se pouvait, les merlons et les
créneaux. Les murailles antiques de la ville de Pompéii, bâties sous la
République, et qui sont plus grecques que romaines, présentent des
crénelages dont chaque merlon est muni d'une traverse en pierre pour
garantir le tireur contre les traits projetés obliquement. Chaque archer
possédait ainsi sa cellule percée d'un créneau (1 bis). Ce système de
crénelages ne paraît pas avoir été suivi sous les Romains de l'Empire;
ceux-ci se contentent du crénelage que nous avons tracé fig. 1. Jusque
vers la fin du XI<sup>e</sup> siècle, il ne semble pas qu'on ait apporté des modifications
sensibles à ces crénelages romains. À cette époque, les expéditions
en Orient firent connaître des moyens de défense et d'attaque relativement
très-perfectionnés. Les Byzantins et par suite les Arabes possédaient des
machines de guerre qui faisaient l'admiration des Occidentaux en même
temps qu'elles jetaient la terreur dans leurs rangs; les murs de leurs places
fortes étaient bien munis, bien défendus. Aussi est-ce après les premières
croisades que l'on voit, en Occident, le système de la défense supérieure
 
[Illustration: Fig. 2.]
 
des tours et murs se modifier totalement. Non-seulement le système de
crénelage est changé, mais il se combine avec le système des mâchicoulis
mobiles en bois connus sous le nom de <i>hourds</i> (voy. HOURD). Les merlons
s'allongent, les créneaux deviennent plus espacés et, entre eux, au
milieu des merlons, de petites ouvertures (archières) sont pratiquées
pour le tir de l'arbalète à main; on évite avec grand soin ces tablettes
saillantes qui couronnaient les merlons antiques, car ces saillies facilitaient
l'escalade ou donnaient prise aux grappins que les assaillants
jetaient au sommet des murailles pour renverser les parapets. Les
crénelages les plus anciens que nous connaissions en France, construits
après les premières croisades, sont ceux qui couronnent les tours et
courtines du château de Carcassonne (fin du XI<sup>e</sup> siècle ou commencement
du XII<sup>e</sup>). Ils sont intacts; en voici le détail (2). Déjà, ici, des trous sont
percés dans les merlons pour le tir de l'arbalète: ce sont des fentes
étroites, s'ébrasant à l'intérieur en forme d'arcade. Ces merlons sont
épais, bâtis en pierre de taille aux angles et en moellon smillé. Des
trous
de hourds sont percés au niveau du sol du chemin de ronde ou des
planchers, et un peu au-dessous de l'appui des créneaux; les trous inférieurs,
pour recevoir des liens destinés à soulager les solives en bascule
passent par les trous supérieurs (voy. HOURD). Les hourds posés, leur sol
se trouvait alors au niveau de l'appui des créneaux; aussi les merlons
sont assez hauts pour permettre à un homme de passer debout par les
créneaux, comme par autant de portes, afin de se poster sur les hourds.
En temps de paix, les crénelages des courtines du château de
Carcassonne
n'étaient pas couverts, tandis que ceux des tours l'étaient en tout
temps par des combles à demeure. Les sablières de ces combles passaient
sur les têtes des merlons et formaient linteaux (voy. TOUR). Les tours
commandant toujours les courtines, mais étant mises en communication
avec leurs chemins de ronde par des portes bien ferrées et des escaliers,
on faisait ressauter les crénelages, afin de garantir les gens qui se trouvaient
sur ces degrés, ainsi que l'indique la fig. 3, tirée des défenses du
même château de Carcassonne.
 
[Illustration: Fig. 3.]
 
L'influence orientale est singulièrement prononcée dans un crénelage
du XII<sup>e</sup> siècle conservé encore sur une partie du transsept sud de la
cathédrale de Béziers. On sait toute l'importance qu'avait acquise Béziers
à cette époque; elle était défendue par de puissantes murailles dont on
voit encore des débris gigantesques. La cathédrale, bâtie au sommet de
 
[Illustration: Fig. 5.]
 
la cité, était pourvue d'une enceinte et était elle-même une véritable
citadelle. Le transsept du sud commandait tout le cloître, dont les murs
extérieurs étaient crénelés. Or, voici comment ce transsept était crénelé
lui-même: sur deux contre-forts saillants qui appuient ses deux angles
était élevé un parapet percé d'archères flanquantes. Tel est (4) le plan de
ce parapet crénelé. On voit que les cinq archères sont tracées de manière
à envoyer des projectiles divergents. À l'intérieur, ces meurtrières sont
évasées en arcades comme celles du château de Carcassonne. Voici (5)
l'aspect extérieur de ce parapet crénelé, avec la belle corniche quasi-orientale
 
[Illustration: Fig. 6.]
 
sur laquelle il repose. Le sol intérieur est au niveau A, et la
tête saillante est une gargouille rejetant les eaux du chemin de ronde. Du
sol du chemin de ronde, au-dessus de la corniche B, il n'y a qu'un mètre
dix-huit centimètres de hauteur; mais il faut savoir que ce crénelage
domine tellement les alentours, que les hommes placés derrière, quoique
leur tête dépassât le dessus de la corniche B, étaient parfaitement masqués
pour des assaillants placés beaucoup au-dessous. Les quatre archères
C (voy. le plan) sont très-plongeantes, tandis que celle D ne l'est pas; et,
en effet, cette archère ne pouvait servir qu'à viser en face et
très-loin du
pied du monument. La distance qui sépare le sol du chemin de ronde de
la grande corniche inférieure est nécessaire pour que les tireurs dégagent
la saillie de cette corniche, ce qu'indique suffisamment la coupe (6) faite
sur l'axe d'une des archères C du plan. Entre les deux contre-forts, il
existait très-certainement un parapet avec créneaux qui est
malheureusement
détruit. Il ne faut pas oublier que, dans la cathédrale de Béziers,
ce crénelage est en même temps la corniche décorative d'un édifice religieux,
ce qui explique cette richesse de profils, cette tablette moulurée
supérieure, que l'on ne trouve pas dans les édifices militaires de cette
époque. Au XIII<sup>e</sup> siècle, les créneaux sont évidemment construits d'après
une formule donnée par l'expérience. Les merlons ont 2 mètres de haut
sur l<sup>m</sup>,70 au moins, et 3<sup>m</sup>,30 au plus de largeur sur 0,45 c. d'épaisseur;
l'appui des créneaux est à 1 mètre du sol du chemin de ronde, et leur
largeur est de 0,70 c. Au milieu de chaque merlon est percée une
archère. Le système de défense est étudié avec un soin minutieux.
 
[Illustration: Fig. 7.]
 
Soit (7): en A, la face extérieure du crénelage; en <i>a</i> sont les archères,
qui n'ont pas plus de 0,07 c. à 0,08 c. d'ouverture; en <i>b</i> sont les trous
des hourds percés à distances égales, afin que les madriers qui doivent
poser sur les solives puissent être coupés d'avance d'égale longueur; en
B, le plan du crénelage avec ses archères, lesquelles ont 0,40 c. à 0,45 c.
d'ébrasement; en C, la coupe sur un créneau; en D, la coupe sur une
archère, et, en E, la face intérieure sur le chemin de ronde. L'appui des
archères est toujours placé à une assise en contre-bas de l'appui des
créneaux; et (voy. la coupe sur l'archère) l'extrémité de son talus plongeant
arrive à une assise au-dessous des trous des hourds, afin que, les
hourds étant posés, les arbalétriers puissent tirer sur les assaillants
en-dessous des planchers de ces hourds. L'extrémité inférieure des
archères est taillée ainsi que l'indique le tracé G, afin de donner plus de
champ au tir sans démasquer l'arbalétrier. On voit que les détails sont
combinés avec le plus grand soin; les constructeurs observent rigoureusement
les mêmes méthodes, à très-peu de différences près, pendant le
cours du XIII<sup>e</sup> siècle. Ce sont là des créneaux de courtines découverts en
temps de paix et couverts seulement en cas de guerre par les toits des
hourds (voy. HOURD).
 
Quant aux créneaux des tours couvertes, au XIII<sup>e</sup> siècle, aux créneaux
sous comble, voici comment ils sont disposés (8). Les murs ayant
0,90 c. d'épaisseur, les créneaux ont une allége A, afin de permettre
aux défenseurs de voir en dehors; ces créneaux sont munis, à l'extérieur,
de deux volets à crémaillères tombant en feuillures, comme les parties
supérieures des sabords des vaisseaux de guerre; le volet inférieur
roule au moyen d'un pivot horizontal dans deux colliers de fer non
fermés B, de manière à ce qu'il soit facile de l'enlever en temps de guerre
lorsqu'on pose les hourds; car alors les défenseurs passent par les
créneaux comme par des portes pour se ranger sur les hourds. Le
volet supérieur est maintenu par deux gonds C scellés dans la feuillure
et se regardant; ces volets sont à demeure. Si deux volets ont été placés
en dehors de ces créneaux au lieu d'un seul, c'est afin de rendre plus
facile la dépose du volet inférieur, qu'un homme peut enlever du dedans,
ainsi que nous l'avons expérimenté; c'est afin encore, en cas d'attaque,
et les hourds n'étant pas posés, de garantir les défenseurs contre les
projectiles lancés du dehors de bas en haut, ce qui ne les empêche pas,
en laissant entrebâillé le volet supérieur, d'avoir de l'air et du jour. Si
même on laisse seulement le volet inférieur entrebâillé, on peut tirer sur
des gens placés en bas des tours sans se démasquer. Ce système de volets
est adopté pour les créneaux qui se trouvent percés sur les parapets des
courtines à côté des portes donnant entrée du chemin de ronde dans les
tours (9).
 
Cette précaution était nécessaire pour garantir parfaitement les
hommes qui attendaient, sur le chemin de ronde, qu'on leur ouvrît la
porte d'une tour, après s'être fait reconnaître. C'est ainsi que sont
construits, sans exception, tous les crénelages des tours de la cité de
 
[Illustration: Fig. 8.]
 
Carcassonne, qui datent de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle. Cependant, sur
les courtines
de cette même forteresse qui avoisinent la porte Narbonnaise et qui
sont antérieures aux défenses bâties sous Philippe le Hardi, on voit des
crénelages beaucoup plus forts que ne le sont les crénelages du XIII<sup>e</sup> siècle.
Il est vrai que cette partie de la cité était celle devant laquelle on
pouvait organiser une attaque en règle. Ces derniers créneaux donc sont
plus hauts, plus épais que les créneaux ordinaires des courtines, et leur
parement intérieur sur le chemin de ronde est monté en fruit, ainsi que
l'indique la fig. 10. Chaque créneau, en raison de la forte épaisseur des
merlons, possède une allége. Quoique découverts, ils étaient garnis de
volets inférieurs à rouleaux. L'inclinaison du parement intérieur nous
semble faite pour permettre aux défenseurs de mieux enfiler la courtine,
en laissant toutefois au crénelage une force de résistance
extraordinaire. Ces défenses sont cependant légères, si nous les comparons à
celles qui couronnent le donjon du château de Coucy (voy. aux mots
DONJON, HOURD.).
 
[Illustration: Fig. 9.]
 
Au commencement du XIV<sup>e</sup> siècle, le système de crénelage des tours et
courtines fut de nouveau modifié entièrement; aux hourds de bois,
souvent incendiés par les assiégeants, on substitua des hourds de pierre,
c'est-à-dire des mâchicoulis, et au lieu de laisser les crénelages en
retraite, on les mit en saillie, en surplomb du nu des murailles, à l'extrémité
des consoles ou sur les arcs que formaient ces mâchicoulis. Un des
plus anciens exemples de ce mode de construction et un des plus curieux
en ce qu'il emploie à la fois le moyen des arcs et des consoles pour
porter le crénelage et composer une suite de mâchicoulis, se voit sur la
façade occidentale de la cathédrale de Béziers, fortifiée au XII<sup>e</sup>
siècle,
comme nous l'avons dit plus haut, réparée, rebâtie en partie et fortifiée
de nouveau au commencement du XIV<sup>e</sup> siècle: (voy. MÂCHICOULIS.).
 
En faisant surplomber les parapets crénelés sur les nus extérieurs des
murs, les constructeurs du XIV<sup>e</sup> siècle donnèrent aux profils des créneaux
une forme nouvelle destinée à mieux préserver les défenseurs. Il faut
dire que les créneaux ne servaient guère qu'à jeter des pierres sur les
assaillants; les arbalétriers ou les archers se postaient derrière les merlons
et décochaient leurs traits ou carreaux par les longues fentes des
 
[Illustration: Fig. 10.]
 
meurtrières. Or, vers le milieu du XIV<sup>e</sup> siècle, les armées assiégeantes se
faisaient accompagner de troupes très-nombreuses d'archers et
d'arbalétriers
qui, lorsqu'on attaquait les remparts au moyen de la sape ou qu'on
voulait les escalader, couvraient les crénelages de projectiles, afin d'empêcher
les assiégés de se montrer. Les anciens créneaux, avec leurs faces
retournées à angle droit, faisaient ricocher les traits, lesquels alors blessaient
même les défenseurs cachés derrière les merlons. Les architectes,
pour éviter cet inconvénient, donnèrent aux créneaux des ébrasements
extérieurs prononcés, et profilèrent ces ébrasements de façon à empêcher
les ricochets.
 
La figure 11 explique ce détail de la défense: A est la coupe de
l'appui du créneau; on voit en
B le profil inférieur, et en C le
boudin supériéur qui arrêtaient
les flèches et carreaux et les empêchaient
de pénétrer en ricochant
derrière les parapets. Les
défenses établies au XIV<sup>e</sup> siècle
devant la façade occidentale de la
cathédrale de Béziers se composent
d'un crénelage profilé
conformément
à ce système.
 
[Illustration: Fig. 11.]
 
[Illustration: Fig. 12.]
 
Nous indiquons dans la figure 12 la face extérieure du parapet
crénelé, qui est posé sur un arc en avant de consoles formant quatre
larges mâchicoulis qui s'ouvrent au-dessus de la rose centrale.
 
La figure 13 présente la coupe de ce crénelage: l'arc est en A: les
mâchicoulis en B, avec leurs consoles en C, et les saillies D, destinées à
empêcher les traits de remonter en ricochant par les trous des
mâchicoulis;
la coupe est faite sur l'appui du créneau du milieu.
 
[Illustration: Fig. 13.]
 
La figure 14 reproduit l'aspect des merlons à l'intérieur, avec les
archères richement profilées vers leur partie supérieure. Le parapet
crénelé est ici complétement indépendant des consoles, qui forment
mâchicoulis, ainsi que le font voir la coupe 13 et la vue perspective
extérieure.
 
Depuis lors, les créneaux furent, dans les défenses bâties avec soin,
munis de ces profils destinés à éviter les ricochets. Seulement, il arrive
souvent, au XV<sup>e</sup> siècle, que les profils avec leurs ébrasements ne pourtournent pas les merlons, et se trouvent seulement sur l'appui des
créneaux et sur le sommet des merlons, ainsi que l'indique la fig. 15.
 
[Illustration: Fig. 14.]
 
[Illustration: Fig. 15.]
 
Quelquefois, à la fin du XV<sup>e</sup> siècle et au commencement du XVI<sup>e</sup> (car les
parapets crénelés persistèrent longtemps après l'invention de l'artillerie
à feu), les merlons sont décorés de sculptures, d'écussons armoyés, de
médaillons, comme à la tour des Gens-d'Armes de Caen et dans quelques
châteaux de l'époque de transition. Cependant, lorsque l'emploi des
bouches à feu devint général, on chercha à modifier les crénelages de
manière à résister aux projectiles nouveaux et à permettre aux arquebusiers
de s'en servir avec avantage. Ce n'est pas dans les châteaux féodaux
français qu'il faut aller chercher ces perfectionnements. La noblesse
française protesta longtemps contre l'emploi de la poudre à canon; elle
ne céda que fort tard à cette nouvelle puissance, dont, au contraire, les
villes libres profitèrent avec empressement. C'est dans le Nord, en Suisse,
dans les vieilles cités allemandes qu'il faut étudier ces perfectionnements
introduits dans les détails de la fortification pendant que l'emploi de
l'artillerie à feu devenait plus général.
 
[Illustration: Fig. 16.]
 
On voit encore à Bâle, sur l'ouvrage avancé de la porte Saint-Paul,
un crénelage, du commencement du XVI<sup>e</sup> siècle, qui a conservé ses
meurtrières disposées pour des arquebusiers. Ce crénelage est porté sur
de faux mâchicoulis, qui ne sont plus là qu'une décoration (16). Les
merlons sont très-épais et percés de larges meurtrières garnies de
rouleaux
en pierre tournant verticalement sur deux pivots, de manière
à fermer complétement la meurtrière pendant que le soldat charge son
arme.
 
En A est tracé 1e plan des merlons; en B, le rouleau de pierre de
la meurtrière est tourné de façon à permettre de tirer; en C, de façon à
masquer l'ouverture. Ces merlons, très-étroits d'ailleurs, sont munis de
profils pour empêcher les balles de ricocher. Il existe des emhrasures de
ce genre dans les fortifications de Nuremberg antérieures à celles élevées
par Albert Dürer (voy. EMBRASURE). On voit aussi, sur les courtines
réunissant
les gros bastions circulaires construits par cet habile artiste autour
de la même ville, des crénelages disposés pour du canon et des
arquebusiers
qui méritent d'être mentionnés ici: ils sont percés dans un
parapet très-épais; les meurtrières se composent d'un trou circulaire avec
une mire au-dessus; les créneaux sont munis de volets en bois à bascule
percés d'un trou pour pointer avant de démasquer la bouche de la pièce
(17); le chemin de ronde est entièrement couvert par un appentis.
Plusieurs des courtines de Nuremberg sont munies de crénelages en bois
posés au-dessus des parapets, percés d'embrasures pour les bouches à
feu, ainsi que l'indique la fig. 18. Évidemment ces crénelages en bois,
qui rappellent les hourds du moyen âge, ont été prévus lors de la
construction
des courtines, car les glacis arrondis dans lesquels sont percées
les embrasures sont garnis de corbeaux en pierre destinés à porter ce
crénelage en pans-de-bois.
 
[Illustration: Fig. 17.]
 
Au commencement du XVI<sup>e</sup> siècle, on voit souvent les courtines et
boulevards réservés pour la grosse artillerie à feu, tandis que les crénelages,
pour les arquebusiers, sont percés dans des parapets en contre-bas
du couronnement de ces grands ouvrages. Ces parapets crénelés
inférieurs
prennent alors le nom de <i>fausses braies</i> (voy. au mot ARCHITECTURE
MILITAIRE).
 
[Illustration: Fig. 18.]
 
Les tours de commandement de l'enceinte de Nuremberg, élevées par
Albert Dürer, sont couronnées par des crénelages en bois avec volets
destinés à garantir les artilleurs qui servaient les pièces de petit calibre
montées sur la plate-forme supérieure (voy. TOUR). Au sommet de la tour
de guet du château de la même ville, on voit encore un crénelage en bois
complet sous le comble, avec volets se relevant à l'intérieur.
 
Voici (19) une vue perspective d'un de ces créneaux prise à l'intérieur.
En A, une coupe géométrale présente le volet relevé avec sa charnière.
En France, nous ne sommes pas si bons conservateurs; nous avons
détruit tous ces ouvrages supérieurs en bois de nos fortifications de la fin
du moyen âge. Il y a dix ans, à Langres, on trouvait quelques restes des
crénelages en pans-de-bois du commencement du XVI<sup>e</sup> siècle, lesquels
avaient beaucoup de rapports avec ceux que nous donnons ici; mais,
Langres ayant subi une restauration complète, on a fait disparaître les
 
[Illustration: Fig. 19.]
 
vieilles galeries de bois pour les remplacer par des parapets à hauteur
de ceinture, avec la tablette d'appui réglementaire.
 
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