« Mélite » : différence entre les versions

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Eraste, amoureux de Mélite, la fait connaître à son ami Tircis, et, devenu peu après jaloux de leur hantise, fait rendre des lettres d'amour supposées, de la part de Mélite, à Philandre, accordé de Chloris, soeursœur de Tircis. Philandre s'étant résolu, par l'artifice et les suasions d'Eraste, de quitter Chloris pour Mélite, montre ces lettres à Tircis. Ce pauvre amant en tombe en désespoir, et se retire chez Lisis, qui vient donner à Mélite de fausses alarmes de sa mort. Elle se pâme à cette nouvelle, et témoignant par là son affection, Lisis la désabuse, et fait revenir Tircis, qui l'épouse. Cependant Cliton, ayant vu Mélite pâmée, la croit morte, et en porte la nouvelle à Eraste, aussi bien que de la mort de Tircis. Eraste, saisi de remords, entre en folie; et remis en son bon sens par la nourrice de Mélite, dont il apprend qu'elle et Tircis sont vivants, il lui va demander pardon de sa fourbe, et obtient de ces deux amants Chloris, qui ne voulait plus de Philandre après sa légèreté.
 
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Cette pièce fut mon coup d'essai, et elle n'a garde d'être dans les règles, puisque je ne savais pas alors qu'il y en eût. Je n'avais pour guide qu'un peu de sens commun, avec les exemples de feu Hardy, dont la veine était plus féconde que polie, et de quelques modernes qui commençaient à se produire, et qui n'étaient pas plus réguliers que lui. Le succès en fut surprenant: il établit une nouvelle troupe de comédiens à Paris, malgré le mérite de celle qui était en possession de s'y voir l'unique; il égala tout ce qui s'était fait de plus beau jusques alors, et me fit connaître à la cour. Ce sens commun, qui était toute ma règle, m'avait fait trouver l'unité d'action pour brouiller quatre amants par un seul intrique, et m'avait donné assez d'aversion de cet horrible dérèglement qui mettait Paris, Rome et Constantinople sur le même théâtre, pour réduire le mien dans une seule ville.
 
La nouveauté de ce genre de comédie, dont il n'y a point d'exemple en aucune langue, et le style naïf qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens, furent sans doute cause de ce bonheur surprenant, qui fit alors tant de bruit. On n'avait jamais vu jusque-là que la comédie fît rire sans personnages ridicules, tels que les valets bouffons, les parasites, les capitans, les docteurs, etc. Celle-ci faisait son effet par l'humeur enjouée de gens d'une condition au-dessus de ceux qu'on voit dans les comédies de Plaute et de Térence, qui n'étaient que des marchands. Avec tout cela, j'avoue que l'auditeur fut bien facile à donner son approbation à une pièce dont le noeudnœud n'avait aucune justesse. Eraste y fait contrefaire des lettres de Mélite, et les porter à Philandre. Ce Philandre est bien crédule de se persuader d'être aimé d'une personne qu'il n'a jamais entretenue, dont il ne connaît point l'écriture, et qui lui défend de l'aller voir, cependant qu'elle reçoit les visites d'un autre avec qui il doit avoir une amitié assez étroite, puisqu'il est accordé de sa soeursœur. Il fait plus: sur la légèreté d'une croyance si peu raisonnable, il renonce à une affection dont il était assuré, et qui était prête d'avoir son effet. Eraste n'est pas moins ridicule que lui, de s'imaginer que sa fourbe causera cette rupture, qui serait toutefois inutile à son dessein, s'il ne savait de certitude que Philandre, malgré le secret qu'il lui fait demander par Mélite dans ces fausses lettres, ne manquera pas à les montrer à Tircis; que cet amant favorisé croira plutôt un caractère qu'il n'a jamais vu, que les assurances d'amour qu'il reçoit tous les jours de sa maîtresse, et qu'il rompra avec elle sans lui parler, de peur de s'en éclaircir. Cette prétention d'Eraste ne pouvait être supportable à moins d'une révélation; et Tircis, qui est l'honnête homme de la pièce, n'a pas l'esprit moins léger que les deux autres, de s'abandonner au désespoir par une même facilité de croyance à la vue de ce caractère inconnu. Les sentiments de douleur qu'il en peut légitimement concevoir devraient du moins l'emporter à faire quelques reproches à celle dont il se croit trahi, et lui donner par là l'occasion de le désabuser. La folie d'Eraste n'est pas de meilleure trempe. Je la condamnais dès lors en mon âme; mais comme c'était un ornement de théâtre qui ne manquait jamais de plaire, et se faisait souvent admirer, j'affectai volontiers ces grands égarements, et en tirai un effet que je tiendrais encore admirable en ce temps: c'est la manière dont Eraste fait connaître à Philandre, en le prenant pour Minos, la fourbe qu'il lui a faite et l'erreur où il l'a jeté. Dans tout ce que j'ai fait depuis, je ne pense pas qu'il se rencontre rien de plus adroit pour un dénouement.
 
Tout le cinquième acte peut passer pour inutile. Tircis et Mélite se sont raccommodés avant qu'il commence, et par conséquent l'action est terminée. Il n'est plus question que de savoir qui a fait la supposition des lettres; et ils pouvaient l'avoir su de Chloris à qui Philandre l'avait dit pour se justifier. Il est vrai que cet acte retire Eraste de folie, qu'il le réconcilie avec les deux amants, et fait son mariage avec Chloris; mais tout cela ne regarde plus qu'une action épisodique, qui ne doit pas amuser le théâtre quand la principale est finie; et surtout ce mariage a si peu d'apparence, qu'il est aisé de voir qu'on ne le propose que pour satisfaire à la coutume de ce temps-là, qui était de marier tout ce qu'on introduisait sur la scène. Il semble même que le personnage de Philandre, qui part avec un ressentiment ridicule dont on ne craint pas l'effet, ne soit point achevé, et qu'il lui fallait quelque cousine de Mélite ou quelque soeursœur d'Eraste pour le réunir avec les autres. Mais dès lors je ne m'assujettissais pas tout à fait à cette mode, et je me contentai de faire voir l'assiette de son esprit sans prendre soin de le pourvoir d'une autre femme.
 
Quant à la durée de l'action, il est assez visible qu'elle passe l'unité de jour; mais ce n'en est pas le seul défaut; il y a de plus une inégalité d'intervalle entre les actes qu'il faut éviter. Il doit s'être passé huit ou quinze jours entre le premier et le second, et autant entre le second et le troisième; mais du troisième au quatrième, il n'est pas besoin de plus d'une heure, et il en faut encore moins entre les deux derniers, de peur de donner le temps de se ralentir à cette chaleur qui jette Eraste dans l'égarement d'esprit. Je ne sais même si les personnages qui paraissent deux fois dans un même acte (posé que cela soit permis, ce que j'examinerai ailleurs), je ne sais, dis-je, s'ils ont le loisir d'aller d'un quartier de la ville à l'autre, puisque ces quartiers doivent être si éloignés l'un de l'autre, que les acteurs aient lieu de ne pas s'entreconnaître. Au premier acte, Tircis, après avoir quitté Mélite chez elle, n'a que le temps d'environ soixante vers pour aller chez lui, où il rencontre Philandre avec sa soeursœur, et n'en a guère davantage au second à refaire le même chemin. Je sais bien que la représentation raccourcit la durée de l'action, et qu'elle fait voir en deux heures, sans sortir de la règle, ce qui souvent a besoin d'un jour entier pour s'effectuer; mais je voudrais que, pour mettre les choses dans leur justesse, ce raccourcissement se ménageât dans les intervalles des actes, et que le temps qu'il faut perdre s'y perdît en sorte que chaque acte n'en eût, pour la partie de l'action qu'il représente, que ce qu'il en faut pour sa représentation.
 
Ce coup d'essai a sans doute encore d'autres irrégularités; mais je ne m'attache pas à les examiner si ponctuellement que je m'obstine à n'en vouloir oublier aucune. Je pense avoir marqué les plus notables; et pour peu que le lecteur ait d'indulgence pour moi, j'espère qu'il ne s'offensera pas d'un peu de négligence pour le reste.
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Mélite, maîtresse d'Eraste et de Tircis.
 
Chloris, soeursœur de Tircis.
 
Lisis, ami de Tircis.
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Le change serait juste, après tant de rigueur;
 
Mais malgré ses dédains, Mélite a tout mon coeurcœur;
 
Elle a sur tous mes sens une entière puissance;
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Qu'il ranime soudain mon espérance morte,
 
Combat les déplaisirs de mon coeurcœur irrité,
 
Et soutient mon amour contre sa cruauté;
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Mais loin de se résoudre à leur rendre justice,
 
Parler de l'hyménée à ce coeurcœur de rocher,
 
C'est l'unique moyen de n'en plus approcher.
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La beauté, les attraits, l'esprit, la bonne mine,
 
Echauffent bien le coeurcœur, mais non pas la cuisine;
 
Et l'hymen qui succède à ces folles amours,
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Un esclave d'amour le défend d'un rebelle,
 
Si toutefois un coeurcœur qui n'a jamais aimé,
 
Fier et vain qu'il en est, peut être ainsi nommé.
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Tircis
 
Si le coeurcœur ne dédit ce que la bouche exprime,
 
Et ne fait de l'amour une plus haute estime,
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Eraste
 
Supplice qui déchire et mon âme et mon coeurcœur.
 
Mélite
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Il est rare qu'on porte avec si bon visage
 
L'âme et le coeurcœur ensemble en si triste équipage.
 
Eraste
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De si frêles sujets ne sauraient exprimer
 
Ce que l'amour aux coeurscœurs peut lui seul imprimer;
 
Et quand vous en voudrez croire leurs impuissances,
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Tircis
 
Si tes feux en son coeurcœur produisaient même effet,
 
Crois-moi, que ton bonheur serait bientôt parfait.
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Qui ne peut consentir que l'on demeure à soi.
 
Mon coeurcœur, jusqu'à présent à l'amour invincible,
 
Ne se maintient qu'à force aux termes d'insensible;
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Tircis
 
Quitte pour décharger mon coeurcœur dans mes écrits.
 
J'aime bien ces discours de plaintes et d'alarmes,
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Eraste
 
Ainsi ce coeurcœur d'acier qui me tient sous sa loi,
 
Verra ma passion pour le moins en peinture.
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Ton adorable objet, mon unique vainqueur,
 
Fait naître chaque jour tant de feux en mon coeurcœur,
 
Que leur excès m'accable, et que pour m'en défaire
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Du moins ne prétends pas qu'à présent je te loue,
 
Et qu'un mépris rusé, que ton coeurcœur désavoue,
 
Me mette sur la langue un babil affété,
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Quitte ce vain orgueil dont ta vue est charmée.
 
Tu n'y vois que mon coeurcœur, qui n'a plus un seul trait,
 
Que ceux qu'il a reçus de ton charmant portrait,
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Chloris
 
Le coeurcœur t'en dit d'ailleurs.
 
Tircis
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Ma foi, si ton Philandre avait vu de mes yeux,
 
Tes affaires, ma soeursœur, n'en iraient guère mieux.
 
Chloris
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Je ne t'aime pas moins, pour être curieuse,
 
Et ta flamme à mon coeurcœur n'est pas moins précieuse.
 
Conserve-moi le tien, et sois sûr de ma foi.
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Eraste
 
Je l'avais bien prévu que ce coeurcœur infidèle
 
Ne se défendrait point des yeux de ma cruelle,
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Le moyen, sans regret, de vous voir si farouche
 
Aux légitimes voeuxvœux de tant de gens d'honneur,
 
Et d'ailleurs si facile à ceux d'un suborneur?
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Tircis
 
Ma soeursœur, un mot d'avis sur un méchant sonnet
 
Que je viens de brouiller dedans mon cabinet.
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Quoi que puisse à mes sens offrir la nouveauté,
 
Mon coeurcœur à ses traits demeure invulnérable;
 
Et bien qu'elle ait au sien la même cruauté,
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De la langue ou des yeux, n'importe qui t'accuse:
 
Les tiens m'avaient bien dit, malgré toi, que ton coeurcœur
 
Soupirait sous les lois de quelque objet vainqueur;
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Pour Mélite; et, de plus, que ta flamme n'excite
 
Au coeurcœur de cette belle aucun embrasement.
 
Tircis
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Tircis
 
Tu devines, ma soeursœur; cela me fait mourir.
 
Chloris
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Et sans rien hasarder à la moindre longueur,
 
On leur donne la main dès qu'ils offrent le coeurcœur.
 
Tircis
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Outre qu'une froideur depuis peu survenue,
 
De tant de voeuxvœux perdus ayant su me lasser,
 
N'attendait qu'un prétexte à m'en débarrasser.
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Philandre
 
Si ton coeurcœur ne tient plus qu'à demi,
 
Tu peux le retirer en faveur d'un ami;
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Si des deux l'une ou l'autre a plus ou moins d'appas.
 
J'aime l'une; et mon coeurcœur pour toute autre insensible...
 
Eraste
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Ainsi je suis deux fois vengé du ravisseur,
 
Ruinant tout ensemble, et le frère, et la soeursœur.
 
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Mais afin qu'il reçût un entier déplaisir,
 
Il faudrait que nos coeurscœurs n'eussent plus qu'un désir,
 
Et quitter ces discours de volontés sujettes,
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Songez à leurs effets, et ne présumez pas
 
Avoir sur tous les coeurscœurs un pouvoir si suprême,
 
Sans qu'il vous soit permis d'en user sur vous-même.
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Tes lettres où sans fard tu dépeins ton esprit,
 
Tes lettres où ton coeurcœur est si bien par écrit,
 
Ont charmé tous mes sens par leurs douces promesses.
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Est de tous nos désirs souveraine maîtresse,
 
Dispose de nos coeurscœurs, force nos volontés,
 
Et que par son pouvoir nos destins surmontés
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Se tiennent trop heureux de prendre l'ordre d'elle;
 
Enfin que tous mes voeuxvœux...
 
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Philandre
 
Et de coeurcœur?
 
Tircis
 
Et de coeurcœur,
 
Je t'en réponds.
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De sa passion je me tiens aussi seur
 
Que tu te peux tenir de celle de ma soeursœur.
 
Philandre
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Quelques lettres du moins te daignent confirmer
 
Ce voeuvœu qu'entre tes mains elle a fait de t'aimer?
 
Tircis
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Autre lettre supposée de Mélite à Philandre.
 
Vous n'avez plus affaire qu'à Tircis; je le souffre encore, afin que par sa hantise je remarque plus exactement ses défauts et les fasse mieux goûter à ma mère. Après cela Philandre et Mélite auront tout loisir de rire ensemble des belles imaginations dont le frère et la soeursœur ont repu leurs espérances.
 
Philandre
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Tircis
 
Traître! c'est donc ainsi que ma soeursœur méprisée
 
Sert à ton changement d'un sujet de risée?
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Vous voulez me trahir; mais vos efforts sont vains:
 
Sa parole a laissé son coeurcœur entre mes mains.
 
A ce doux souvenir ma flamme se rallume:
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Et laissent en mes mains une honteuse image
 
Où son coeurcœur, peint au vif, remplit le mien de rage.
 
Oui, j'enrage, je meurs, et tous mes sens troublés
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Philandre... Ah! la douleur m'étouffe et me suffoque.
 
Adieu, ma soeursœur, adieu; je ne puis plus parler;
 
Lis, et, si tu le peux, tâche à te consoler.
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Tircis
 
Ma soeursœur, je te supplie...
 
Chloris
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Ce n'est qu'une coquette avec tous ses attraits;
 
Sa langue avec son coeurcœur ne s'accorde jamais.
 
Les infidélités sont ses jeux ordinaires;
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Qu'elle est pour nous toucher de trop peu d'importance.
 
Que Philandre à son gré rende ses voeuxvœux contents;
 
S'il attend que j'en pleure, il attendra longtemps.
 
Son coeurcœur est un trésor dont j'aime qu'il dispose;
 
Le larcin qu'il m'en fait me vole peu de chose;
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Et pour punition te priver des avis
 
Qu'a jusqu'ici ton coeurcœur si doucement suivis.
 
Mélite
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Hors ce cas, il lui faut complaire à tout le monde,
 
Faire qu'aux voeuxvœux de tous l'apparence réponde,
 
Et sans embarrasser son coeurcœur de leurs amours,
 
Leur faire bonne mine et souffrir leurs discours;
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Un homme dont les biens font toutes les vertus
 
Ne peut être estimé que des coeurscœurs abattus.
 
La Nourrice
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Qu'avec tout ce grand bien
 
Un jaloux sur mon coeurcœur n'obtiendra jamais rien.
 
La Nourrice
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Laisse-moi ces soucis,
 
Et rentre, que je parle à la soeursœur de Tircis.
 
La Nourrice
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Oui, mais ayant déjà reçu mon amitié,
 
Sur un voeuvœu solennel d'être un jour sa moitié,
 
Peut-il s'en départir pour accepter la vôtre?
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Donc, pour mieux me railler,
 
La soeursœur de mon amant contrefait ma rivale?
 
Chloris
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La joie y veut régner, cessez de m'en distraire.
 
Chloris m'offense trop d'être soeursœur d'un tel frère;
 
Et Philandre, si prompt à l'infidélité,
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Se rit impunément de ma vaine poursuite.
 
Crois-tu, laissant mon bien dans les mains de ta soeursœur,
 
En demeurer toujours l'injuste possesseur;
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Tu t'enfuis donc, barbare! et me laissant en proie
 
A ces cruelles soeurssœurs, tu les combles de joie?
 
Non, non, retirez-vous, Tisiphone, Alecton,
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Si bien qu'au lieu du mal nous n'aurons que la peur?
 
Le coeurcœur me le disait. Je sentais que mes larmes
 
Refusaient de couler pour de fausses alarmes,
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Ce beau nom d'héritière a de telles douceurs,
 
Qu'il devient souverain à consoler des soeurssœurs.
 
Chloris
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Je ne veux point en gage une foi parjurée,
 
Un coeurcœur que d'autres yeux peuvent si tôt brûler,
 
Qu'un billet supposé peut si tôt ébranler.
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L'indigne souvenir d'une action si noire;
 
Et pour rendre à jamais nos premiers voeuxvœux contents,
 
Etouffez l'ennemi du pardon que j'attends.
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Par qui nous expliquions nos passions secrètes,
 
Doux truchements du coeurcœur, qui déjà tant de fois
 
M'avez si bien appris ce que n'osait la voix,
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Il vous fait fort bon voir, mon frère, à cajoler,
 
Cependant qu'une soeursœur ne se peut consoler,
 
Et que le triste ennui d'une attente incertaine
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L'infidèle m'a fait tant de nouveaux serments,
 
Tant d'offres, tant de voeuxvœux, et tant de compliments,
 
Mêlés de repentirs...
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Mélite
 
Ma soeursœur, ce fut pour moi qu'il osa s'en dédire.
 
Chloris
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Tous nos pensers sont dus, en l'état où nous sommes,
 
A ce noeudnœud qui me rend le plus heureux des hommes,
 
Et ma fidélité, qu'il va récompenser...
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Et de qui l'imposture avec de faux écrits
 
A dérobé Philandre aux voeuxvœux de sa Chloris.
 
Mélite
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Et de ce que l'excès de ma douleur sincère
 
A mis tant de pitié dans le coeurcœur de ma mère,
 
Que, cette occasion prise comme aux cheveux,
 
Tircis n'a rien trouvé de contrainte à ses voeuxvœux;
 
Outre qu'en fait d'amour la fraude est légitime;
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Tircis
 
Que t'en semble, ma soeursœur?
 
Chloris
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Tu veux qu'auparavant les miens les autorisent.
 
Parlons donc pour la forme. Oui, ma soeursœur, j'y consens,
 
Bien sûr que mon avis s'accommode à ton sens.
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Il ne reste entre nous aucune défiance,
 
Et que m'aimant en frère, et ma maîtresse en soeursœur,
 
Nos ans puissent couler avec plus de douceur!
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Il ne les faut pas mettre au rang des pas perdus;
 
Ma soeursœur, acquitte-moi d'une reconnaissance
 
Dont un autre destin m'a mise en impuissance;