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c’est-à-dire une masse telle qu’étendue sur une surface de 100 hectares et retenue verticalement elle s’élèverait à 21 mètres de hauteur.
c’est-à-dire une masse telle qu’étendue sur une surface de 100 hectares et retenue verticalement elle s’élèverait à 21 mètres de hauteur.


Nous avons dit que les bras du Rhône avaient varié en nombre et en direction depuis les temps historiques jusqu’à nos jours. Jetons un coup d’œil sur les vicissitudes que le fleuve a subies, en nous aidant de l’ouvrage récent de M. Ernest Desjardins sur ce sujet <ref> ''Aperçu historique sur les embouchures du Rhône'', 1867. </ref> et de la carte géologique de M. Émilien Dumas. Les témoignages successifs de Polybe, Artemidore, Strabon, Pline l’Ancien, Ptolémée et Festus Avienus prouvent que dans l’antiquité, 400 ans avant Jésus-Christ, le delta de la Camargue s’avançait beaucoup moins loin dans la mer qu’il ne le fait de nos jours. L’embouchure du Rhône était directement au sud d’Arles, et se nommait le ''grau'' des Marseillais, ''gradus Massalitanorum''. La route romaine de cette embouchure jusqu’à Arles avait 16 milles (24 kilomètres) de long. Actuellement l’embouchure du Rhône est à 50 kilomètres au sud-est de la ville d’Arles; dans l’espace de vingt-deux siècles, le delta s’est donc avancé dans la mer de 26 kilomètres. Nous pouvons contrôler ce fait par un autre document également emprunté à l’antiquité romaine. Marius, nous dit Plutarque, informé que les Teutons approchaient, se hâta de repasser les Alpes et plaça son camp sur les bords du Rhône, un peu en aval de la ville d’Arles; il le fortifia et fit creuser par ses troupes un canal, afin de recevoir plus directement les approvisionnemens que la république envoyait à son armée. Ce grand travail fut exécuté par Marius pendant son troisième consulat, c’est-à-dire en l’an 103 avant Jésus-Christ. M. Desjardins nous donne dans la planche IX de son ouvrage le trajet de ce canal, qui partait du Rhône en aval d’Arles et débouchait dans la mer au fond du golfe de Fos, près du village du même nom, dont l’étymologie transparente perpétue la dénomination des ''Fossœ Marianœe'', que le canal creusé par les soldats de Marius portait dans l’antiquité. Ainsi, en combinant les données fournies par les historiens avec l’étude des localités, nous avons la certitude que vers le IVe siècle avant notre ère la Camargue, au lieu de former comme aujourd’hui une pointe s’avançant dans la mer jusqu’à la latitude de Marseille, se terminait par une ligne droite partant de Fos et dirigée vers l’ouest. L’étang de Valcarès, situé actuellement au centre de la Camargue, communiquait largement avec la mer; l’embouchure du petit Rhône était plus au nord, et le sol sur lequel le village des Saintes-Mariés est bâti près de l’embouchure actuelle n’existait pas encore. Il faut en un mot retrancher de la base du delta moderne
Nous avons dit que les bras du Rhône avaient varié en nombre et en direction depuis les temps historiques jusqu’à nos jours. Jetons un coup d’œil sur les vicissitudes que le fleuve a subies, en nous aidant de l’ouvrage récent de M. Ernest Desjardins sur ce sujet <ref> ''Aperçu historique sur les embouchures du Rhône'', 1867.</ref> et de la carte géologique de M. Émilien Dumas. Les témoignages successifs de Polybe, Artemidore, Strabon, Pline l’Ancien, Ptolémée et Festus Avienus prouvent que dans l’antiquité, 400 ans avant Jésus-Christ, le delta de la Camargue s’avançait beaucoup moins loin dans la mer qu’il ne le fait de nos jours. L’embouchure du Rhône était directement au sud d’Arles, et se nommait le ''grau'' des Marseillais, ''gradus Massalitanorum''. La route romaine de cette embouchure jusqu’à Arles avait 16 milles (24 kilomètres) de long. Actuellement l’embouchure du Rhône est à 50 kilomètres au sud-est de la ville d’Arles ; dans l’espace de vingt-deux siècles, le delta s’est donc avancé dans la mer de 26 kilomètres. Nous pouvons contrôler ce fait par un autre document également emprunté à l’antiquité romaine. Marius, nous dit Plutarque, informé que les Teutons approchaient, se hâta de repasser les Alpes et plaça son camp sur les bords du Rhône, un peu en aval de la ville d’Arles ; il le fortifia et fit creuser par ses troupes un canal, afin de recevoir plus directement les approvisionnemens que la république envoyait à son armée. Ce grand travail fut exécuté par Marius pendant son troisième consulat, c’est-à-dire en l’an 103 avant Jésus-Christ. M. Desjardins nous donne dans la planche IX de son ouvrage le trajet de ce canal, qui partait du Rhône en aval d’Arles et débouchait dans la mer au fond du golfe de Fos, près du village du même nom, dont l’étymologie transparente perpétue la dénomination des ''Fossœ Marianœe'', que le canal creusé par les soldats de Marius portait dans l’antiquité. Ainsi, en combinant les données fournies par les historiens avec l’étude des localités, nous avons la certitude que vers le IVe siècle avant notre ère la Camargue, au lieu de former comme aujourd’hui une pointe s’avançant dans la mer jusqu’à la latitude de Marseille, se terminait par une ligne droite partant de Fos et dirigée vers l’ouest. L’étang de Valcarès, situé actuellement au centre de la Camargue, communiquait largement avec la mer ; l’embouchure du petit Rhône était plus au nord, et le sol sur lequel le village des Saintes-Mariés est bâti près de l’embouchure actuelle n’existait pas encore. Il faut en un mot retrancher de la base du delta moderne