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entouré de marécages. Des fièvres et des dyssenteries y sévissaient cruellement, puis le choléra y fût importé par des recrues provenant du pays de Tigré, où l’épidémie régnait. Chaque jour, le fléau tuait des centaines de soldats. L’empereur fit alors transporter le camp sur les collines de Korata. L’épidémie ne perdit point de son intensité, et l’église était remplie de cadavres au point que l’on n’y pouvait pénétrer. Les rues adjacentes étaient encombrées de morts autour desquels les parens en pleurs attendaient nuit et jour que des tombes fussent creusées. Enfin le 14, Théodoros consulta M. Blanc, qui dit à l’empereur de maintenir aussi pure que possible l’eau dont les hommes se servaient pour leur boisson, de marcher avec son armée vers les hauts plateaux du Begemder en remontant les cours d’eau, puis d’évacuer et d’isoler rigoureusement, loin du camp, dans des localités situées sous le vent, les malades nouveaux qui se présenteraient. Théodoros fit exécuter soigneusement ces prescriptions, et au bout de quelques semaines l’épidémie avait entièrement disparu. Tous ces déplacemens laissent les troupes dans les mêmes conditions générales d’agglomération, d’aération, de nourriture; une seule chose a changé pour elles, la qualité des eaux qu’elles boivent.
entouré de marécages. Des fièvres et des dyssenteries y sévissaient cruellement, puis le choléra y fût importé par des recrues provenant du pays de Tigré, où l’épidémie régnait. Chaque jour, le fléau tuait des centaines de soldats. L’empereur fit alors transporter le camp sur les collines de Korata. L’épidémie ne perdit point de son intensité, et l’église était remplie de cadavres au point que l’on n’y pouvait pénétrer. Les rues adjacentes étaient encombrées de morts autour desquels les parens en pleurs attendaient nuit et jour que des tombes fussent creusées. Enfin le 14, Théodoros consulta M. Blanc, qui dit à l’empereur de maintenir aussi pure que possible l’eau dont les hommes se servaient pour leur boisson, de marcher avec son armée vers les hauts plateaux du Begemder en remontant les cours d’eau, puis d’évacuer et d’isoler rigoureusement, loin du camp, dans des localités situées sous le vent, les malades nouveaux qui se présenteraient. Théodoros fit exécuter soigneusement ces prescriptions, et au bout de quelques semaines l’épidémie avait entièrement disparu. Tous ces déplacemens laissent les troupes dans les mêmes conditions générales d’agglomération, d’aération, de nourriture ; une seule chose a changé pour elles, la qualité des eaux qu’elles boivent.


Les conclusions pratiques à tirer de ces observations sont fort nettes. Il convient tout d’abord, en temps de choléra, de se méfier des eaux potables et de boire de préférence des eaux minérales ou même de l’eau distillée, bien aérée, qu’on mélange au vin. M. Blanc dit qu’aux Indes beaucoup de personnes, pendant les épidémies, font leur thé, leur café et leur soupe avec de l’eau aérée qui se vend en bouteilles et qu’on fait venir d’une ville où la maladie ne sévit pas. Tous les lieux occupés et les objets souillés par les cholériques devront être lavés et désinfectés au moyen d’eau tenant en dissolution une substance antiseptique, telle que l’acide phénique ou le chlorure d’alumine. Il importe surtout de faire bouillir, sans perdre une minute, la literie et le linge des malades dans la solution désinfectante. « Soyez modérés en toute chose, ajoute M. Blanc; évitez les alimens indigestes, les fruits verts, les denrées altérées, les excès de toute nature, et bannissez toute frayeur. » Nous n’avons pas la moindre objection à faire aux conclusions si optimistes, si rassurantes, du savant praticien de l’armée des Indes touchant l’efficacité certaine de ces diverses mesures prophylactiques. Peut-être opposerions-nous quelques argumens à sa théorie de la propagation exclusive de l’épidémie par les eaux potables; mais ce n’est pas le moment d’approfondir ce sujet.
Les conclusions pratiques à tirer de ces observations sont fort nettes. Il convient tout d’abord, en temps de choléra, de se méfier des eaux potables et de boire de préférence des eaux minérales ou même de l’eau distillée, bien aérée, qu’on mélange au vin. M. Blanc dit qu’aux Indes beaucoup de personnes, pendant les épidémies, font leur thé, leur café et leur soupe avec de l’eau aérée qui se vend en bouteilles et qu’on fait venir d’une ville où la maladie ne sévit pas. Tous les lieux occupés et les objets souillés par les cholériques devront être lavés et désinfectés au moyen d’eau tenant en dissolution une substance antiseptique, telle que l’acide phénique ou le chlorure d’alumine. Il importe surtout de faire bouillir, sans perdre une minute, la literie et le linge des malades dans la solution désinfectante. « Soyez modérés en toute chose, ajoute M. Blanc ; évitez les alimens indigestes, les fruits verts, les denrées altérées, les excès de toute nature, et bannissez toute frayeur. » Nous n’avons pas la moindre objection à faire aux conclusions si optimistes, si rassurantes, du savant praticien de l’armée des Indes touchant l’efficacité certaine de ces diverses mesures prophylactiques. Peut-être opposerions-nous quelques argumens à sa théorie de la propagation exclusive de l’épidémie par les eaux potables ; mais ce n’est pas le moment d’approfondir ce sujet.


A côté des conférences et des séances consacrées exclusivement à la science, séances dans lesquelles plusieurs centaines de mémoires ont été analysés ou discutés, les organisateurs du congrès avaient
A côté des conférences et des séances consacrées exclusivement à la science, séances dans lesquelles plusieurs centaines de mémoires ont été analysés ou discutés, les organisateurs du congrès avaient