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dans son sens primitif il indique quelque chose de vénérable et de saint, car il signifie aussi l’univers, comme le mot grec χόσμος. M. le baron de Haxthausen rapporte un grand nombre de proverbes russes qui montrent le profond respect que le ''mir'' inspire au peuple : « Dieu seul est le juge du ''mir'', — tout ce qu’a décidé le ''mir'' doit être fait; — le soupir du ''mir'' fait éclater le roc; — le ''mir'' est le rempart du pays. » C’est bien l’institution primordiale de la nation.
dans son sens primitif il indique quelque chose de vénérable et de saint, car il signifie aussi l’univers, comme le mot grec χόσμος. M. le baron de Haxthausen rapporte un grand nombre de proverbes russes qui montrent le profond respect que le ''mir'' inspire au peuple : « Dieu seul est le juge du ''mir'', — tout ce qu’a décidé le ''mir'' doit être fait ; — le soupir du ''mir'' fait éclater le roc ; — le ''mir'' est le rempart du pays. » C’est bien l’institution primordiale de la nation.


En principe, chaque habitant mâle et majeur a droit à une part égale des terres dont le ''mir'' est propriétaire. Dans les temps primitifs, il ne se faisait aucun partage du sol. La terre était cultivée en commun et la récolte répartie entre tous en proportion du nombre de travailleurs de chaque famille. Aujourd’hui, au milieu des forêts, on trouve chez les Roskolniks quelques communes, appelées ''skit'', où ce régime existe encore. On le rencontre aussi, dit-on, dans certains cantons isolés de la Bosnie. A une époque plus rapprochée, le partage des terres se fit tous les ans ou tous les trois ans, après chaque rotation triennale, et dans quelques régions cet antique usage s’est maintenu. L’époque du partage varie aujourd’hui dans les différentes régions du pays. Dans certaines localités, il a lieu tous les six ans, dans d’autres tous les douze ou quinze ans; tous les neuf ans est la période la plus ordinaire. A chaque recensement officiel, une nouvelle répartition générale est considérée comme obligatoire. Ces répartitions générales ne se sont pas faites à des époques fixes. Depuis 1719, il y en a eu dix; la dernière a eu lieu en 1857.
En principe, chaque habitant mâle et majeur a droit à une part égale des terres dont le ''mir'' est propriétaire. Dans les temps primitifs, il ne se faisait aucun partage du sol. La terre était cultivée en commun et la récolte répartie entre tous en proportion du nombre de travailleurs de chaque famille. Aujourd’hui, au milieu des forêts, on trouve chez les Roskolniks quelques communes, appelées ''skit'', où ce régime existe encore. On le rencontre aussi, dit-on, dans certains cantons isolés de la Bosnie. A une époque plus rapprochée, le partage des terres se fit tous les ans ou tous les trois ans, après chaque rotation triennale, et dans quelques régions cet antique usage s’est maintenu. L’époque du partage varie aujourd’hui dans les différentes régions du pays. Dans certaines localités, il a lieu tous les six ans, dans d’autres tous les douze ou quinze ans ; tous les neuf ans est la période la plus ordinaire. A chaque recensement officiel, une nouvelle répartition générale est considérée comme obligatoire. Ces répartitions générales ne se sont pas faites à des époques fixes. Depuis 1719, il y en a eu dix ; la dernière a eu lieu en 1857.


Tout en restant fidèles au principe de la communauté, les paysans ne se décident pas volontiers à cette opération du partage, car les parcelles qu’ils occupaient retournent à la masse, et ordinairement le nouveau partage leur en assigne d’autres. D’après ce que rapporte M. de Haxthausen, ils appellent la répartition générale « le partage noir, » ''tschornoi peredell''. Dans beaucoup de communes, les prés à faucher sont repartagés tous les ans. Tout ce qui concerne l’époque et le mode du partage, le règlement du nombre de ménages qui ont droit à une part, la disposition des lots devenus vacans, la dotation en terres des nouveaux ménages, est décidé par les paysans eux-mêmes, réunis sous la présidence du starosta ; mais il faut qu’au moins la moitié d’entre eux soient présens, il faut même les deux tiers des voix pour prononcer la dissolution de la communauté et répartir le sol en propriétés individuelles et perpétuelles, pour opérer une répartition nouvelle et pour expulser ou mettre à la disposition du gouvernement les individus « vicieux et incorrigibles. »
Tout en restant fidèles au principe de la communauté, les paysans ne se décident pas volontiers à cette opération du partage, car les parcelles qu’ils occupaient retournent à la masse, et ordinairement le nouveau partage leur en assigne d’autres. D’après ce que rapporte M. de Haxthausen, ils appellent la répartition générale « le partage noir, » ''tschornoi peredell''. Dans beaucoup de communes, les prés à faucher sont repartagés tous les ans. Tout ce qui concerne l’époque et le mode du partage, le règlement du nombre de ménages qui ont droit à une part, la disposition des lots devenus vacans, la dotation en terres des nouveaux ménages, est décidé par les paysans eux-mêmes, réunis sous la présidence du starosta ; mais il faut qu’au moins la moitié d’entre eux soient présens, il faut même les deux tiers des voix pour prononcer la dissolution de la communauté et répartir le sol en propriétés individuelles et perpétuelles, pour opérer une répartition nouvelle et pour expulser ou mettre à la disposition du gouvernement les individus « vicieux et incorrigibles. »