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Une regrettable conséquence de nos déchiremens serait que la violence même de la crise nous fît délaisser l’étude des questions sociales. Ce n’est pas en éludant la discussion qu’on ramènera le calme dans les sphères industrielles; ce n’est pas non plus en l’étouffant par la force. Celle-ci peut réprimer les excès de la démagogie et nous défendre contre ses envahissemens ; mais elle est incapable de régler des questions qui ne s’effaceraient un moment que pour renaître ensuite avec une nouvelle puissance. La force ne saurait détruire les vives aspirations des classes ouvrières; elle doit comprimer les menaces, écraser l’émeute, mais à la condition qu’on aura d’abord tout fait pour prévenir les souffrances qui en sont au moins le prétexte. Les grèves sont la manifestation aiguë d’un mal profond de notre société : l’hostilité du capital et du travail, des ''employeurs'' et des ''employés'', comme on dit en Angleterre; On sait ce qu’ont été les grèves sous l’empire, quel trouble à la fois moral et matériel elles ont jeté dans le monde de l’industrie. Malheureusement les causes qui les ont produites pendant la période impériale n’ont pas toutes disparu. Si la victoire du parti de l’ordre a imposé silence aux mauvaises passions, elle n’a pu rendre encore le calme à l’industrie. Au sortir de nos désastres, la situation de celle-ci est pleine de périls. D’une part, un long chômage, en appauvrissant les classes déjà pauvres, a rendu leurs souffrances plus
Une regrettable conséquence de nos déchiremens serait que la violence même de la crise nous fît délaisser l’étude des questions sociales. Ce n’est pas en éludant la discussion qu’on ramènera le calme dans les sphères industrielles ; ce n’est pas non plus en l’étouffant par la force. Celle-ci peut réprimer les excès de la démagogie et nous défendre contre ses envahissemens ; mais elle est incapable de régler des questions qui ne s’effaceraient un moment que pour renaître ensuite avec une nouvelle puissance. La force ne saurait détruire les vives aspirations des classes ouvrières ; elle doit comprimer les menaces, écraser l’émeute, mais à la condition qu’on aura d’abord tout fait pour prévenir les souffrances qui en sont au moins le prétexte. Les grèves sont la manifestation aiguë d’un mal profond de notre société : l’hostilité du capital et du travail, des ''employeurs'' et des ''employés'', comme on dit en Angleterre ; On sait ce qu’ont été les grèves sous l’empire, quel trouble à la fois moral et matériel elles ont jeté dans le monde de l’industrie. Malheureusement les causes qui les ont produites pendant la période impériale n’ont pas toutes disparu. Si la victoire du parti de l’ordre a imposé silence aux mauvaises passions, elle n’a pu rendre encore le calme à l’industrie. Au sortir de nos désastres, la situation de celle-ci est pleine de périls. D’une part, un long chômage, en appauvrissant les classes déjà pauvres, a rendu leurs souffrances plus