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l’honneur de leur docteur de prédilection, du représentant du progrès. « Tout ce qu’un grand homme fait et pense pour le bien de ses frères, ne paraît en définitive que l’œuvre du démon. Fi de ces ames de Philistins, de ces naturels d’escargots, collées à leur tronc immobile, indifférentes à l’élévation comme à la chute, qui se repaissent et se gorgent de terre ! Fi de ceux qui délaissent un Faust, et le laissent même mourir de faim. Oh ! mes frères, ce n’est pas la haine qui suffit alors : le mépris pour cette canaille !… » Pendant que la jeunesse enthousiaste le défend de si bonne foi, Faust justifie ses détracteurs. Il a conjuré le diable, fait de longues conditions, finit par conclure le pacte dont la teneur est : ''Vie pour vie''. - A l’instant, les esprits infernaux établissent un sabbat resplendissant dans sa maison que viennent brûler les bourgeois, en présence du vieux père de Faust, honnête laboureur, arrivé trop tard pour embrasser son fils.
l’honneur de leur docteur de prédilection, du représentant du progrès. « Tout ce qu’un grand homme fait et pense pour le bien de ses frères, ne paraît en définitive que l’œuvre du démon. Fi de ces ames de Philistins, de ces naturels d’escargots, collées à leur tronc immobile, indifférentes à l’élévation comme à la chute, qui se repaissent et se gorgent de terre ! Fi de ceux qui délaissent un Faust, et le laissent même mourir de faim. Oh ! mes frères, ce n’est pas la haine qui suffit alors : le mépris pour cette canaille !… » Pendant que la jeunesse enthousiaste le défend de si bonne foi, Faust justifie ses détracteurs. Il a conjuré le diable, fait de longues conditions, finit par conclure le pacte dont la teneur est : ''Vie pour vie''. A l’instant, les esprits infernaux établissent un sabbat resplendissant dans sa maison que viennent brûler les bourgeois, en présence du vieux père de Faust, honnête laboureur, arrivé trop tard pour embrasser son fils.


Faust a voulu surtout quitter la vie spéculative pour la vie d’action. II veut, mais ses désirs sont encore ceux de l’homme d’imagination. Ses désirs ont une énergie, une ampleur saisissantes, rendues souvent par M. de B. avec un rare bonheur. « Déploie, dit-il à Méphistophélès, déploie les voiles de ton esprit, et cinglons sur la mer du temps. Fais que je me joue de toutes les règles, de toutes les limites de l’être mortel… Coule pour moi des mondes entiers en forme de palais, fais-moi glisser sur le pont de l’Arc-en-Ciel… Traîne-moi la mascarade dans les murs du cimetière… Esprit infernal, c’est d’un homme que tu apprendras ce que peut être cette existence. » On le voit tout d’abord, Faust croit encore à quelque chose ; il a foi à l’ivresse des sens, aux illusions de l’ame exaltée, il ne dit pas encore comme celui de Goethe :
Faust a voulu surtout quitter la vie spéculative pour la vie d’action. II veut, mais ses désirs sont encore ceux de l’homme d’imagination. Ses désirs ont une énergie, une ampleur saisissantes, rendues souvent par M. de B. avec un rare bonheur. « Déploie, dit-il à Méphistophélès, déploie les voiles de ton esprit, et cinglons sur la mer du temps. Fais que je me joue de toutes les règles, de toutes les limites de l’être mortel… Coule pour moi des mondes entiers en forme de palais, fais-moi glisser sur le pont de l’Arc-en-Ciel… Traîne-moi la mascarade dans les murs du cimetière… Esprit infernal, c’est d’un homme que tu apprendras ce que peut être cette existence. » On le voit tout d’abord, Faust croit encore à quelque chose ; il a foi à l’ivresse des sens, aux illusions de l’ame exaltée, il ne dit pas encore comme celui de Goethe :