« Contre Conon » : différence entre les versions

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On lit les dépositions.
 
Je pense, Athéniens, vous avoir prouvé clairement qu'après avoir été atteint de coups dangereux, et m'être vu réduit à l'extrémité par les outrages et la violence de mes adversaires, je ne les poursuis point pour la voie que je pourrais employer. Quelques-uns de vous, sans doute, seraient surpris que Conon osât nier ces faits ; je vais vous prévenir sur ce que j'apprend qu'il doit alléguer pour sa défense. Il cherchera à tourner la chose en plaisanterie et en risée ; il dira qu'il y dans la ville des fils de fort honnêtes citoyens qui s'amusent comme des jeunes gens , qui, par jeu se donnent les surnoms de silène, de Priape, et d'autres semblables ; que quelques-uns d'eux ont des maîtresses ; que son fils est de ce nombre; que souvent, pour des femmes, il a donné et reçu des coups ; que tout cela est fort ordinaire à la jeunesse. Il me représentera moi et mes frères comme des insolents et des débauchés, mais d un caractère dur et farouche. Pour moi, malgré tous les mauvais traitements que j'ai essuyés, je serais plus indigné, je le puis dire, je me croirais plus outragé, si vous pensiez que Conon dira vrai sur mon compte, et si vous jugiez de chacun par ce qu'il dit de lui-même, ou par ce qu'un autre dit de lui , sans que la pureté des moeursmœurs et la régularité de la vie ne vous servissent de rien. Car, enfin on ne m'a jamais vu me livrer à la débauche, ni insulter personne ; et je ne crois pas qu'il y ait de la dureté à demander réparation, par des voies légitimes, des insultes qui m'ont été faites. Je ne m'oppose point aux surnoms donnés aux fils de mon adversaire ; je consens qu'ils soient tels qu'on les nomme. Eh ! puissent les dieux faire retomber sur la tête du père et des fils la peine de leurs abominations sacrilèges ! Ils s'initient les uns les autres à Priape, et ne rougissent pas de commettre des horreurs qu'une personne honnête rougirait même de citer. Mais que m'importe l'infamie de leur conduite ? Je serais étonné assurément qu'un homme, convaincu d'en avoir frappé un autre avec insulte, pût être garanti de la peine, sous un prétexte ou par une excuse quelconque, lorsque les lois ont cherché à diminuer, le plus qu'il est possible, les raisons mêmes qui semblent pousser les hommes, malgré eux, à quelque extrémité. Par exemple ( car il faut approfondir l'esprit de nos lois et les motifs du législateur ), on donne action pour des paroles injurieuses, de peur que des insultes, nous n'en venions aux coups. On donne encore action pour des coups reçus, afin qu'un homme, se voyant le plus faible, ne se défende pas avec une pierre, ou avec une autre arme, mais qu'il attende la réparation que lui promettent les lois. Enfin, on donne action pour une blessure, dans la crainte que ceux qui sont blessés ne se portent à tuer leur adversaire. On permet, à ce qu'il me semble, de poursuivre en justice les injures, qui sont le premier pas pour prévenir le meurtre, qui est le dernier excès ; pour empêcher que les particuliers ne passent insensiblement des injures aux coups, des coups aux blessures, des blessures au meurtre ; et afin que les peines de chaque délit, réglées par la loin ne soient abandonnées ni à la passion ni au caprice. Telle est donc la sagesse de nos lois. Et si, après cela, Conon vient vous dire : " Nous sommes des compagnons de débauche, livrés au vin et à l'amour, nous frappons, nous étranglons qui bon nous semble", vous rirez et vous le renverrez absous ! je ne le pense pas. Nul de nous n'aurait ri, s'il eût été présent lorsque j'ai été traîné, dépouillé, outragé ; lorsqu' étant sorti de ma maison plein de vigueur, j'y étais rapporté étendu et sans force ; lorsque ma mère effrayée s'élançait vers moi ; lorsqu'elle et toutes ses femmes poussaient des cris lamentable comme si l'on m'eût rapporté mort, en sorte que plusieurs voisins nous envoyèrent demander ce qui était arrivé. En général, Athéniens, je crois que vous ne devez permettre à personne d'insulter autrui, ni d'alléguer des excuses quand il l'a fait. Mais enfin, si l'on pouvait recevoir les excuses d'un coupable, ce serait d'un jeune homme emporté par la vivacité de l'âge, pour lequel, sans qu'on l'exemptât de toute punition, on pourrait adoucir la peine qu'il mériterait rigoureusement. Mais un homme qui, âgé de plus de cinquante ans, se trouve avec des jeunes gens, avec ses fils, et qui, loin de les détourner et de les contenir, est lui-même à leur tête, se montre le plus audacieux de tous, quelle peine ne mérite-t-il pas ? La mort, suivant moi serait une mort trop douce. Car, je le demande, quand il n'eût rien fait lui-même, que seulement Ctésias se fût porté en sa présence aux excès dont je me plains, ne devrait-il pas toujours encourir votre indignation? En effet, s'il élève assez mal ses enfants, pour qu'ils ne craignent ni ne rougissent de commettre devant lui des fautes pour lesquelles il y a peine de mort, comment doit-il être traité? Pour moi, il me semble que leur conduite est une preuve qu'il n'a eu lui-même aucun égard pour son père. Oui sans doute, s'il eût honoré et respecté son père, il exigerait de ses enfants de l'honneur et du respect. Greffier, prenez la loi qui concerne les outrages et celle qui est portée contre les brigands ; on verra que Conon pourrait être poursuivi comme coupable au terme des deux lois.
 
On lit les lois.