« Becerrillo » : différence entre les versions
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« Ils étaient déjà bien loin, lorsqu'ils virent accourir vers eux des messagers qui leur faisaient signe d'attendre, et qui, s'étant approchés à portée de voix, prièrent Salazar de revenir sur ses pas, parce que le cacique, qui avait pris une haute idée de son courage, souhaitait le voir, afin de lui offrir ses services. Salazar, ayant ouï ce message, ne le dédaigna point, quoique venant de gens si grossiers, et se mit en devoir de retourner pour savoir au juste ce que lui voulaient les Indiens ; mais son compagnon, qui avait encore devant les yeux le triste sort auquel il venait d'échapper, n'était nullement de cet avis. Se mettant donc à genoux devant le capitaine, il le pria, le supplia pour l'amour de Dieu de ne pas retourner, lui représentant que les Indiens étaient en si grand nombre, que deux hommes contre eux tous ne pouvaient s'attendre à autre chose qu'à la mort; que se rejeter de nouveau dans un péril auquel on venait d'échapper, c'était tenter Dieu, et non faire acte de courage. Salazar, l'ayant laissé dire jusqu'au bout, lui répondit tranquillement : Voyez, Xuares, si vous avez peur de venir avec moi, partez, à la bonne heure; vous pouvez continuer seul votre route, désormais il n'y a plus de danger. Pour moi, il faut que j'aille savoir ce que me veulent ces Indiens. Je ne veux pas qu'ils puissent croire que la crainte m'a empêché de retourner vers eux.
« Il n'y avait plus d'objections à faire, et Xuares, qui était homme de bien, sentit qu'il ne pourrait sans honte refuser de partager une seconde fois les dangers du brave auquel il devait la vie. Il le suivit donc, quoique fort à contre-
« Le cacique, pour première marque de l'amitié dont il venait de faire profession, et comme témoignage de reconnaissance pour le don qui venait de lui être octroyé, fit présent au capitaine de quatre naborias ou esclaves destinés à le servir, et de différens joyaux et objets précieux, après quoi les deux chrétiens se séparèrent de lui fort satisfaits et revinrent vers leurs compatriotes. A partir de ce moment, le capitaine fut en telle estime de courage parmi les Indiens, que si quelque Espagnol fanfaron menaçait un d'eux, celui-ci avait coutume de répondre : Ne penses-tu pas que je te vais craindre comme si tu étais un Salazar ?
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