« L’Économie politique et la justice » : différence entre les versions

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=== § 2. ===
 
<small>L’autre chose dont je restai également convaincu, c’est que dans l’Economiel’Économie politique, telle qu’il avait été donné aux fondateurs de la concevoir, la notion du droit n’entrait pour rien, les auteurs se bornant à exposer les faits de la pratique, j tels qu’ils se passaient sous leurs yeux, et indépendamment j de leur accord ou de leur désaccord avec la Justice.</small>
 
Vous savez à présent dans quelle situation se trouve / M. Proudhon. Il est dans celle d’un juge qui, sachant ou croyant savoir qu’un crime aurait été commis dans un certain endroit, persisterait à accuser de ce crime un homme dont l’alibi serait parfaitement établi. Mais encore, le crime a-t-il été commis ?
 
L’économie politique, ou du moins la première et la plus importante des sciences économiques, la théorie de la valeur, est une science naturelle qui n’a pas à se préoccuper de la notion du droit ; on n’en saurait dire autant de la théorie de la propriété, de la distribution et de la consommation qui est une science morale. Si les fondateurs de l’économie politique ont repoussé la notion du droit de la théorie de la valeur, ils ont eu raison ; mais s’ils l’ont également repoussée de la théorie delà propriété et de ladistributionla distribution, ils ont eu tort. En serait-il ainsi, et se seraient-ils en effet bornés à ''exposer les faits de la pratique tels qu’ils se passaient sous leurs yeux, et indépendamment de leur accord ou de leur désaccord avec la justice ?'' Nullement. Les économistes n’ont point commis la faute que leur reproche si carrément M. Proudhon. Les fondateurs de la science, les physiocrates ont formulé la fameuse maxime : ''laissez fairejfaire, laissez passer'', ce qui n’était rien moins, au XVIIIe siècle, que l’exposition d’un fait de la pratique. Us ont donné la théorie de Yimpôtl'''impôt unique'', et cette théorie n’était rien moins que l’exposition de la pratique financière du xvnrXVIIIe siècle.
 
<small>Par exemple,—cette ―cette observation est de Rossi,—il―il est démontré, et l’objet propre de l’économie politique est de faire cette démonstration, que la division du travail est le procédé le plus puissant de l’industrie, et la source la plus féconde de la richesse,—mais―mais qu’elle tend en même temps à abrutir l’ouvrier, et conséquemment à créer une classe de serfs.</small>
 
À cela je réponds :
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1° Qu’il est possible que cette observation soit ou ne soit pas de Rossi, mais que M. Proudhon l’accueillant librement, je l’en fais responsable ;
 
2° Que l’objet ''propre'' de l’économie politique est de faire la théorie delà valeur d’échange, et nullement de démontrer le principe de la division du travail ;
 
3° Qu’il y a pour l’industrie des procédés plus puissants, et pour la richesse des sources plus fécondes que la division du travail ;
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4° Que la division du travail n’abrutit point l’ouvrier.
 
<small>Généralisant aussitôt l’observation de Rossi, je n’eus pas de peine à me convaincre que ce qu’il avait dit de la division du travail, de l’emploi des enfants dans les manufactures, des industries insalubres, on pouvait et l’on devait le dire de la ''concurrence'', du ''prêt à intérêt'' ou ''crédit'', de la ''propriété^'', du ''gouvernement'', en un mot de toutes les catégories économiques et par suite de toutes les institutions sociales.</small>
 
j Je réponds :
 
// 5° Que la propriété et le gouvernement ne sont pas
/5° Que la propriété et le gouvernement ne sont pas à proprement parler des catégories économiques. Ce sont bien des catégories morales ;
{ sont bien des catégories morales ;
 
6° Que la concurrence, le prêt à intérêt ou crédit ne sont pas plus coupables que la division du travail. Je soutiendrai ces objections tout à l’heure. Pour le moment, je vois M. Proudhon rouler sur une pente fatale, et je ne veux pas l’arrêter dans sa course. Où pourra-t-il en arriver avec de pareilles prémisses ?