« L’Économie politique et la justice » : différence entre les versions

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Et, la subordination des sciences morales aux sciences naturelles étant ainsi comprise, ce n’est point à faire miroiter de ridicules antinomies que le philosophe doit s’attacher, mais au contraire à faire resplendir dans leur simplicité logique des harmonies profondes, intimes, naturelles.
 
{{TextQuality|75%}}=== § 3. ===
 
Ou je me fais illusion, ou mes lecteurs, doivent être à jpieupeu près convaincus qu’il serait inutile d’attendre 1C -M. Proudhon sur le terrain de la véritable économie politique, je veux dire de la première et de la plus importante des sciences économiques, la théorie de la valeur : il ne s’y rendra pas. Nous p’avonsn’avons en conséquence qu’un parti à prendre, c’est de le suivre où ; il veut aller, sur le terrain de la morale. 11Il était indis- v P^xxsableindispensable d’établir que la théorie de la valeur d’échange K n^ne pouvait consentir à se subordonner à la justice. QtxsntQuant à la théorie de la distribution, elle ne saurait, elle, s’y refuser ; et toutefois, sous toute réserve dé discussion. YoyonsVoyons donc quels sont les principes de Jtts~fcicejustice d’après lesquels M. Proudhon se proposerait dkde procéder à la répartition de la richesse sociale.
 
Nous savons, dit-il, ce qu’est la Justice relativement ajix_ / Pe :xraux sonnespersonnes, ''Respect égal et réciproque''. Mais nous ne voyons j>as^ *pas poix*pour cela ce qu’elle peut devenir quant aux propriétés, fonc-"*" *1(> :*xsfonctions, produits et échanges. Comment l’égalité ''personnelle'', qui es^est l’essence de la Justice , deviendra -t- elle une égalité er^xlbréelle ? Est*-il seulement à présumer que celle-ci puisse et ^i^Vedoive être une conséquence de celle-là ?... Tel est le problème qui se pose, comme un piège, devant les théologiens, les philosophes, les légistes, les économistes , les hommes d’État, et que tous, jusqu’à ce jour, se sont accordés à trancher négativement.</small>
 
Vous comprenez que les théologiens, les philosophes, les légistes, les économistes, les hommes d’État s’étant tous accordés jusqu’à ce jour à trancher le problème négativement, M,. Proudhon, qui tient à être toujours seul de son opinion, ne perdra pas une si belle occasion de se distinguer. Lui, tranche aujourd’hui le problème affirmativement, et il conclut à Végalitél'''égalité des biens et des fortunes''. Il me semble qu’il serait aisé de faire voir à M. Proudhon combien cette solution n’est point aussi originale qu’elle en a l’air. Mais je ne lé chicanerai pas pour si peu, d’autant plus qu’il va mettre ses adversaires ''en contradiction avec les lois de la mécanique universelle'', qu’il va ''serrer la difficulté, porter sur elle le flambeau de l’analyse''.
 
<small>Les lois de l’économie, publique et domestique, sont, par leur nature objective et fatale, affranchies de tout arbitraire humain ; elles s’imposent inflexiblement à notre volonté. En elles-mômes, ces lois sont vraies, utiles : le contraire impliquerait contradiction.</small>
 
Il est difficile d’abonder plus complètement dans mon sens que ne le fait ici M. Proudhon. Pourquoi faut-il qu’il ne sache point se maintenir constamment îià ce point de vue qui est le vrai ?
 
<small>Elles ne nous paraissent nuisibles, ou, pour mieux dire, contrariantes, que par le rapport que nous soutenons avec elles, et qui n’est autre que l’opposition éternelle entre la nécessité et la liberté.</small>
 
Elles ne paraissent telles qu’au seul M. Proudhon.
 
Je proteste encore une fois qu’il ne m’est jamais arrivé, quant à moi, de croire que le théorème des triangles semblables, les lois de KeplerKépler ou les résultats de la théorie delàde la valeur pussent me nuire ou me contrarier.
 
<small>Toutes les fois qu’il y a rencontre entre l’esprit libre et la fatalité de la nature, la dignité du moi en est froissée et amoindrie ; elle rencontre là quelque chose qui ne la respecte pas, qui ne lui rend pas justice pour justice et ne lui laisse que le choix entre la domination et la servitude. Le moi et le non-moi ne se font pas équilibre. Là est le principe qui fait de l’homme le régisseur de la nature, sinon son esclave et sa -victime.</small>
 
L’antinomie reparaît. Au reste, nous devions bien nous douter, en suivant M. Proudhon sur le terrain de la morale, que nous l’y retrouverions caracolant sur son grand dada de bataille. L’opposition entre la nécessité et la liberté n’est point aussi profonde que la *aitfait M. Proudhon. Disons mieux : la nécessité et la ibertéliberté s’opposent moins Tunel'une à l’autre qu’elles ne se orrigentcorrigent, au contraire, qu’elles ne se font valoir l’une p.rpar l’autre, qu’elles ne s’harmonisent ensemble. Où irons-nous, grand Dieu ! s’il n’y avait dans ce monde qifcque de la liberté et point de nécessité, si les plus fougutixfougueux élans de la volonté de l’homme ne rencontraient untinfranchissableune infranchissable barrière dans la fatalité de la nature ! Il a pu se trouver un jour un despote capable de scihaitersouhaiter que son peuple n’eût qu’une tête, pour la trnehertrancher d’un coup : De tels monstres sont rares ; mais es fous ne le sont-ils pas beaucoup moins ? Et demaiidemain peut-être il s’en trouverait un capable d’anéantir la haleur du soleil et la lumière du jour, pour le bonheubonheur de l’humanité !
 
Quel déplorable esprit de sophistique ! Le moi, seul dépositaire de la liberté, de la justice et du respect, froissé, amoindri dans sa dignité parce que la nature extérieure et fatale ne le respecte pas, ne lui rend pas justice pour justice ! Une force s’indignant de ce qu’on lui fournit un point d’appui résistant ! La vapeur et le piston ne se faisant pas équilibre ! Et pour ne laisser au moi vis-à-vis de la fatalité extérieure que le choix entre la domination et la servitude, pour faire de l’homme le régisseur de la nature sinon son esclave et sa victime, fallait-il ignorer et dénaturer l’admirable formule de Bacon : ''L'homme ne commande à la nature qu’en lui obéissant ?''