« Qu’est-ce que le tiers état ? » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Rectification interwiki hr |
|||
Ligne 53 :
==Chapitre 3. Que demande le tiers état ? à devenir quelque chose.==
Il ne faut point juger de ses demandes par les observations isolées de quelques auteurs plus ou moins instruits des droits de l’homme. L’ordre du tiers état est encore fort reculé à cet égard, je ne dis pas seulement sur les lumières de ceux qui ont étudié l’ordre social, mais encore sur cette masse d’idées communes qui forment l’opinion publique. On ne peut apprécier les véritables pétitions de cet ordre que par les réclamations authentiques que les grandes
Ainsi, il est bien certain qu’il ne peut venir voter aux états généraux, s’il ne doit pas y avoir une influence au moins égale à celle des privilégiés, et il demande un nombre de représentants égal à celui des deux autres ordres ensemble. Enfin, cette égalité de représentation deviendrait parfaitement illusoire, si chaque chambre avait sa voix séparée. Le tiers demande donc que les votes y soient pris par têtes et non
La véritable intention du tiers état est d’avoir aux états généraux une influence égale à celle des privilégiés. Je le répète, peut-il demander moins ? Et n’est-il pas clair que si son influence y est au-dessous de l’égalité, on ne peut pas espérer qu’il sorte de sa nullité politique et qu’il devienne quelque chose ? Mais ce qu’il y a de véritablement malheureux, c’est que les trois articles qui forment la réclamation du tiers sont insuffisants pour lui donner cette égalité d’influence dont il ne peut point, en
De même, parmi nous, la classe la plus habile du tiers état a été forcée, pour obtenir son nécessaire, de se dévouer à la volonté des hommes puissants. Cette partie de la nation en est venue à former comme une grande antichambre où, sans cesse occupée de ce que disent ou font ses maîtres, elle est toujours prête à tout sacrifier aux fruits qu’elle se promet du bonheur de plaire à voir de pareilles mœurs, comment ne pas craindre que les qualités les plus propres à la défense de l’intérêt national ne soient prostituées à celle des préjugés ? Les défenseurs les plus hardis de l’aristocratie seront dans l’ordre du tiers état et parmi les hommes qui, nés avec beaucoup d’esprit et peu d’âme, sont aussi avides du pouvoir et des caresses des grands qu’incapables de sentir le prix de la liberté. Outre l’empire de l’aristocratie, qui, en France, dispose de tout, et de cette superstition féodale qui avilit encore la plupart des esprits, il y a l’influence de la propriété : celle-ci est naturelle ; je ne la proscris point ; mais on conviendra qu’elle est encore tout à l’avantage des privilégiés et qu’on peut redouter avec raison qu’elle ne leur prête son puissant appui contre le tiers état. Les municipalités ont cru trop facilement qu’il suffisait d’écarter la personne des privilégiés de la représentation du peuple, pour être à l’abri de l’influence des privilèges. Dans les campagnes et partout, quel est le seigneur un peu populaire qui n’ait à ses ordres, s’il le veut bien, une foule indéfinie d’hommes du peuple ? Calculez les suites et les contrecoups de cette première influence, et rassurez-vous, si vous le pouvez, sur les résultats d’une assemblée que vous voyez fort loin des premiers comices, mais qui n’en est pas moins une combinaison de ces premiers éléments. Plus on considère ce sujet, plus on aperçoit l’insuffisance des trois demandes du tiers. Mais enfin, telles qu’elles sont, on les a attaquées avec force : examinons les prétextes de cette hostilité.
|