« L’Économie politique et la justice » : différence entre les versions

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« mais à m’enlever une partie pour la donnera d’autres,.....*>
 
Et qu’était-ce un peu que l’esclavage dans l’antiquité ? qu’est-ce encore que l’esclavage dans les temps modernes, sinon l’appropriation légale des facultés de certains hommes par d’autres hommes ? Et d’où vient donc qu’en ce chapitre iv si favorable, il n’y a pas un traître mot, dans le livre de M. Thiers, au sujet de l’esclavage ? Est-ce faiblesse de raison, impuissance de logique pour le condamner ? Est-ce manque de cœur, absence de foi pour le flétrir ?
Et qu’était-ce un peu que l’esclavage dans l’antiquité ?
qu’est-ce encore que l’esclavage dans les temps modernes,
sinon l’appropriation légale des facultés de certains hommes
par d’autres hommes ? Et d’où vient donc qu’en ce chapitre iv
si favorable, il n’y a pas un traître mot, dans le livre de
M. Thiers, au sujet de l’esclavage ? Est-ce faiblesse de raison,
impuissance de logique pour le condamner ? Est-ce manque de
cœur, absence de foi pour le flétrir ?
 
M. Thiers établit encore : — Que de l’exercice des facultés de l’homme, il naxt une seconde propriété, qui a le travail pour origine, et que la société consacre dans Vintérêt universel. (Chapitre v.)
l’homme, il naxt une seconde propriété, qui a le travail pour origine, ^
et que la société consacre dans Vintérêt universel. (Chapitre v.)
 
Et ici encore quelques lignes touchant le servage n’eussent-elles point fait un bon effet ? Dans un ouvrage de la propriété réellement scientifique , l’historique de la question n’en eût-il pas merveilleusement complété l’élaboration rationnelle ? Mais ces deux éléments, chez M. Thiers, font absolument défaut l’un et l’autre.
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fait les yeux ronds, appelle Croquemitaine le communisme et Croquemitaine le socialisme. Après quoi vient une soi-disant théorie de l’impôt d’un ridicule impayable. Que signifient ces malices de sophiste ? Et qui trompe-t-on ici ? Quelque niais !
Croquemitaine le socialisme. Après quoi vient une soi-disant
théorie de l’impôt d’un ridicule impayable. Que signifient ces
malices de sophiste ? Et qui trompe-t-on ici ? Quelque niais !
 
Hâtons-nous d’en finir.
 
Le travail est le vrai fondement du droit de propriété individuelle, dirons-nous. Très-bien ; maintenant je dirai tout de suite à M. Thiers que la propriété ne porte que sur la richesse sociale, et qu’elle porte sur toute la richesse sociale. Or la richesse sociale, objet du droit de propriété, se partage en trois espèces : les facultés personnelles, le capital artificiel, la terre.
Le travail est le vrai fondement du droit de propriété—indi-
viduelle, dirons-nous. Très-bien ; maintenant je dirai tout de
suite à M. Thiers que la propriété ne porte que sur la richesse
sociale, et qu’elle porte sur toute la richesse sociale. Or la ri-
chesse sociale, objet du droit de propriété, se partage en trois
espèces : les facultés personnelles, le capital artificiel, la terre.
 
Le principe de l’auteur contient évidemment renonciation du droit de propriété des facultés personnelles.
droit de propriété des facultés personnelles.
 
Il contient également renonciation du droit de propriété du capital artificiel, fruit du travail et de l’épargne.
capital artificiel, fruit du travail et de l’épargne.
 
Reste la terre. Si la valeur de la terre a son origine et sa mesure dans la valeur du travail accumulé sur elle et du capital enfoui dans son sein ou réuni sur sa surface, la terre, économiquement parlant, est fille des facultés personnelles de l’homme ; et le principe de M. Thiers consacre la propriété foncière individuelle. Mais si la terre a. par elle-même, une valeur intrinsèque de capital, elle reste en dehors du principe de propriété tel que M. Thiers l’établit.
Reste la terre. Si la valeur de la terre a son origine et sa
mesure dans la valeur du travail accumulé sur elle et du capital
enfoui dans son sein ou réuni sur sa surface, la terre, écono-
miquement parlant, est fille des facultés personnelles de
l’homme ; et le principe de M. Thiers consacre la propriété
foncière individuelle. Mais si la terre a. par elle-même, une
valeur intrinsèque de capital, elle reste en dehors du principe
de propriété tel que M. Thiers l’établit.
 
M. Thiers et M. Proudhon, toujours inséparables, se donnant la main sur le terrain de l’économie politique comme sur celui de la morale, disent : — « La terre ne vaut que par le travail et le capital artificiel. » Mais tous les économistes, Bastiat et ses disciples exceptés, répondent avec unanimité : — c< Erreur ; la terre a, par elle-même, une valeur intrinsèque de capital. »
M. Thiers et M. Proudhon, toujours inséparables, se don-
nant la main sur le terrain de l’économie politique comme
sur celui de la morale, disent : — « La terre ne vaut que par
le travail et le capital artificiel. » Mais tous les économistes,
Bastiat et ses disciples exceptés, répondent avec unanimité :
— c< Erreur ; la terre a, par elle-même, une valeur intrinsèque
de capital. »
 
Donc : l°le principe du droit de propriété, tel que M. Thiers Ta donné, basé sur l’instinct, est empirique ; 2° Il est incomplet, néglige la communauté, détruit l’Etat ; 3° Fût-il exact en partie, en tant que principe de la propriété individuelle, il n’expliquerait et ne justifierait point la propriété foncière.
Donc : l°le principe du droit de propriété, tel que M. Thiers
Ta donné, basé sur l’instinct, est empirique ; 2° Il est incom-
plet, néglige la communauté, détruit l’Etat ; 3° Fût-il exact en
partie, en tant que principe de la propriété individuelle, il
n’expliquerait et ne justifierait point la propriété foncière.
 
N’en parions plus.
 
M. Thiers n’est pas un économiste ; et ce n’est point avec lui qu’il convient de discuter la doctrine économique sur laquelle repose sa théorie de la propriété. Toute cette doctrine est contenue dans ce principe énoncé par Frédéric Bastiat : —
lui qu’il convient de discuter la doctrine économique sur
laquelle repose sa théorie de la propriété. Toute cette doctrine
est contenue dans ce principe énoncé par Frédéric Bastiat : —
 
 
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vœux, un impartial examen.
 
Nous parlons de propriété. Où Bastiat va-t-il en chercher l’origine. Voit-il, d’une part, l’humanité tout entière avec le couronnement supérieur de chacune de ses facultés : l’amour sympathique et esthétique, la raison, la liberté ? Voit-il, d’autre part, la nature impersonnelle ? Entrevoit-il la subordination
Nous parlons de propriété. Où Bastiat va-t-il en chercher
l’origine. Voit-il, d’une part, l’humanité tout entière avec le cou-
ronnement supérieur de chacune de ses facultés : l’amour
sympathique et esthétique, la raison, la liberté ? Voit-il, d’autre
part, la nature impersonnelle ? Entrevoit-il la subordination
 
i F. Bastiat, Hwrmonies économiques. Propriété, Communauté.
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« faction est la raison de la peine prise *. »
 
Où sommes-nous ? Et quelle langue parlons-nous là ? Ai-je entre les mains l’œuvre d’un économiste, d’un savant, d’un philosophe, ou l’élucubration hâtive et superficielle de quelque médiocrité politique ? Et combien de pages me faudra-t-il pour signaler les erreurs dont fourmillent ces quelques lignes ?
Où sommes-nous ? Et quelle langue parlons-nous là ? Ai-je
entre les mains l’œuvre d’un économiste, d’un savant, d’un
philosophe, ou l’élucubration hâtive et superficielle de quelque
médiocrité politique ? Et combien de pages me faudra-t-il pour
signaler les erreurs dont fourmillent ces quelques lignes ?
 
Ce qui est onéreux est approprié, dit Bastiat. Certes, cela est vrai. Mais aussi ce qui est approprié est onéreux, voilà qui n’est pas moins vrai. De telle sorte qu’il serait inexact d’énoncer que l’appropriation procède de l’onérosité, ou que Tonérosité procède de l’appropriation. Ce qu’il serait exact de dire, c’est que l’appropriation et l’onérosité procèdent Tune etl’auire
Ce qui est onéreux est approprié, dit Bastiat. Certes, cela
est vrai. Mais aussi ce qui est approprié est onéreux, voilà qui
n’est pas moins vrai. De telle sorte qu’il serait inexact d’énon- *
cer que l’appropriation procède de l’onérosité, ou que Tonéro-
sité procède de l’appropriation. Ce qu’il serait exact de dire,
c’est que l’appropriation et l’onérosité procèdent Tune etl’auire
 
1 Harmonies économiques, Besoins, Efforts, Satisfactions.
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2 Idem. Propriété, Communauté.
 
d’un même fait antérieur. Ce fait, que Bastiat ignore aussi complètement qu’il est possible, c’est la Hmitation dans la quantité des utilités, limitation qui rend du même coup les choses utiles : 1° valables et échangeables, 2° appropriables.
complètement qu’il est possible, c’est la Hmitation dans la
quantité des utilités, limitation qui rend du même coup les
choses utiles : 1° valables et échangeables, 2° appropriables.
 
C’est là une première erreur. Elle est de peu d’importance à la rigueur. Mais que dire de la confusion que fait Bastiat entre l’appropriation et la propriété ? La propriété n’est point l’appropriation, c’est l’appropriation légitimée par la raison, par la justice. En confondant ces deux faits si différents, Bastiat anéantit d’un mot l’élément moral de la propriété, c’est-à-dire son élément essentiel, constitutif. En énonçant que la propriété procède de l’onérosité, il supprime le droit, foule aux pieds la personnalité, dégrade l’homme, avec M. Thiers, pour le rejeter au rang des brutes. Non, malgré M. Proudhon, malgré M- Thiers, malgré Bastiat, la propriété ne procède point de la nécessité, de l’instinct ; elle procède de la liberté.
C’est là une première erreur. Elle est de peu d’importance à
la rigueur. Mais que dire de la confusion que fait Bastiat entre
l’appropriation et la propriété ? La propriété n’est point l’ap-
propriation, c’est l’appropriation légitimée par la raison, par la
justice. En confondant ces deux faits si différents, Bastiat
anéantit d’un mot l’élément moral de la propriété, c’est-à-dire
son élément essentiel, constitutif. En énonçant que la propriété
procède de l’onérosité, il supprime le droit, foule aux pieds la
personnalité, dégrade l’homme, avec M. Thiers, pour le reje-
ter au rang des brutes. Non, malgré M. Proudhon, malgré
M- Thiers, malgré Bastiat, la propriété ne procède point de la
nécessité, de l’instinct ; elle procède de la liberté.
 
Enfin, pense-t-on que j’aie oublié ma langue maternelle,