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Franchissons tout l’espace des temps entre la république romaine et nous. Les Romains bien plus sages que les Grecs, n’ont jamais persécuté aucun philosophe pour ses opinions. Il n’en est pas ainsi chez les peuples barbares qui ont succédé à l’empire romain. Dès que l’empereur Frédéric II a des querelles avec les papes, on l’accuse d’être athée, et d’être l’auteur du livre des ''Trois imposteurs'', conjointement avec son chancelier de Vineis.
Franchissons tout l’espace des temps entre la république romaine & nous. Les Romains bien plus sages que les Grecs, n’ont jamais persécuté aucun philosophe pour ses opinions. Il n’en est pas ainsi chez les peuples barbares qui ont succédé à l’empire romain. Dès que l’empereur Frédéric II a des querelles avec les papes, on l’accuse d’être athée, & d’être l’auteur du livre des ''Trois imposteurs'', conjointement avec son chancelier de Vineis.


Notre grand chancelier de l’Hôpital se déclare-t-il contre les persécutions ; on l’accuse aussitôt d’athéisme. ''Homo doctus, sed verus atheos'' <ref>''Commentarium rerum Gallicarum'', lib. 28.</ref>. Un jésuite, autant au-dessous d’Aristophane, qu’Aristophane est au-dessous d’Homère ; un malheureux dont le nom est devenu ridicule parmi les fanatiques mêmes, le jésuite Garasse, en un mot, trouve partout des athéistes ; c’est ainsi qu’il nomme tous ceux contre lesquels il se déchaîne. Il appelle Théodore de Bèze athéiste ; c’est lui qui a induit le public en erreur sur Vanini.
Notre grand chancelier de l’Hôpital se déclare-t-il contre les persécutions ; on l’accuse aussitôt d’athéisme. ''Homo doctus, sed verus atheos'' <ref>''Commentarium rerum Gallicarum'', lib. 28.</ref>. Un jésuite, autant au-dessous d’Aristophane, qu’Aristophane est au-dessous d’Homère ; un malheureux dont le nom est devenu ridicule parmi les fanatiques mêmes, le jésuite Garasse, en un mot, trouve partout des athéistes ; c’est ainsi qu’il nomme tous ceux contre lesquels il se déchaîne. Il appelle Théodore de Bèze athéiste ; c’est lui qui a induit le public en erreur sur Vanini.


La fin malheureuse de Vanini ne nous émeut point d’indignation et de pitié comme celle de Socrate ; parce que Vanini n’était qu’un pédant étranger sans mérite ; mais enfin, Vanini n’était point athée, comme on l’a prétendu ; il était précisément tout le contraire.
La fin malheureuse de Vanini ne nous émeut point d’indignation & de pitié comme celle de Socrate ; parce que Vanini n’était qu’un pédant étranger sans mérite ; mais enfin, Vanini n’était point athée, comme on l’a prétendu ; il était précisément tout le contraire.


C’était un pauvre prêtre napolitain, prédicateur et théologien de son métier ; disputeur à outrance sur les quiddités, et sur les universaux ; ''et
C’était un pauvre prêtre napolitain, prédicateur & théologien de son métier ; disputeur à outrance sur les quiddités, & sur les universaux ; ''et