« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Construction -- Développement » : différence entre les versions

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C'est
faute d'avoir pu ou voulu appliquer ce principe dans toute sa rigueur que
la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] n'a pu se maintenir. Là, l'élasticité est partout.
Ce monument peut être comparé à une cage d'osier... Nous y reviendrons
tout à l'heure, car ses défauts même sont un excellent enseignement...
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<span id="Amiens85"><span id="Amiens118">Voyons d'autres applications mieux raisonnées encore de ces principes.
Le chœur de la cathédrale d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], bâti quelques années avant celui de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]], est, au point de vue de la construction gothique, un
chef-d'œuvre,
surtout dans les parties basses<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]]. Examinons d'abord les piles
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dans son ensemble aussi bien que dans ses détails, la construction
d'une grande église du XIII<sup>e</sup> siècle, telle, par exemple, que la
cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]]. Nous allons donc, afin d'éviter les redites, et pour
résumer les méthodes éparses dont nous venons de donner une idée,
suivre pas à pas une de ces grandes constructions depuis les fondements
jusqu'à la charpente des combles. Si nous choisissons la cathédrale de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]], ce n'est pas que cet édifice soit parfait quant à l'exécution,
mais c'est qu'il est l'expression la plus vraie et la plus absolue de la théorie
du constructeur vers le milieu du XIII<sup>e</sup> siècle. Cet édifice s'est en partie
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exécution médiocre, le défaut de points rigides ou leur trop faible résistance,
et surtout par la nature des matériaux, qui n'étaient ni assez grands
ni assez solides. Si l'architecte du chœur de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] eût possédé les
matériaux de la Bourgogne, ceux employés à Dijon et à Semur, par
exemple, les beaux calcaires de Châtillon-sur-Seine, ou encore la pierre
de Montbard, d'Anstrude ou de Dornecy, ou même, ce qui eût été possible,
les pierres de Laversine, de Crouy, et certains bancs durs des
bassins de l'Oise ou de l'Aisne, le chœur de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] fût resté debout. Le
maître de l'œuvre de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] fut un homme de génie, qui voulut arriver
aux dernières limites du possible en fait de construction de pierre; ses
calculs étaient justes, ses combinaisons profondément savantes, sa conception
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les résultats auxquels le système de construction du XIII<sup>e</sup> siècle pouvait
atteindre. Nous avons donné, à l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Cathédrale|Cathédrale]], fig. 22, le plan du
chœur de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]]. Ce plan, si on le compare à celui de la cathédrale
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], fait voir que les deux travées parallèles voisines des piles de la
croisée sont plus étroites que les deux suivantes; le constructeur évitait
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entrée du chœur. Quant aux deux travées suivantes, elles ont une largeur
inusitée (près de 9<sup>m</sup>,00 d'axe en axe des piles). Le besoin de donner les
espaces libres est si évident à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]], que les piles du rond-point ne sont
pas cantonnées de colonnettes latéralement pour recevoir les archivoltes,
mais seulement dans le sens des rayons de l'abside pour recevoir les nerfs
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[[Image:Arc.boutant.Notre.Dame.Beauvais.png|center]]
<div class=prose>
<span id=Beauvais1>Maintenant, revenons à Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]]. Nous avons donné, à
l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Arc-boutant|Arc-boutant]], fig. 61, l'ensemble du système adopté pour la
construction des arcs-boutants de l'abside de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]]. Il
nous faut revenir sur les détails de cette construction; on verra comme
l'architecte de ce chœur tenta de dépasser l'œuvre de son confrère
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Cependant ces deux absides sont bâties en même temps, celle
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] est peut-être plus récente de quelques années. Nous supposons,
ainsi que nous venons de procéder pour un arc-boutant du chœur de
Notre-Dame d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], une coupe faite sur l'axe des piles de l'abside de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] (101). Il est intéressant de mettre en parallèle ces deux coupes;
aussi les donnons-nous à la même échelle. À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], les piles du sanctuaire
ont 14<sup>m</sup>,00 de hauteur du pavé du collatéral au tailloir des chapiteaux
recevant les arcs des voûtes des bas-côtés; à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]], ces mêmes
piles ont 15<sup>m</sup>,90. Mais, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], les chapelles absidales ont toute la
hauteur du collatéral, tandis qu'à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] elles sont beaucoup plus
basses, et, entre les terrasses qui les couvrent et les voûtes de ce collatéral,
il existe une galerie, un triforium F. À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], c'est la pile intermédiaire
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système de construction des piles inférieures, ainsi que nous venons de
le démontrer; la seconde pile n'est qu'un appoint, une sûreté, un surcroît
de précaution, nécessaire cependant. À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]], le maître de l'œuvre
prétendit donner à cette pile intermédiaire une résistance active, agissante,
et reporter sur la seconde pile, celle extérieure, cette résistance passive
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se sont relevés par suite de la pression des voûtes, et, au XV<sup>e</sup> siècle,
il fallut bander de nouveaux arcs-boutants sous ceux du XIII<sup>e</sup>. Mais voici
où le maître de l'œuvre de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] fit preuve d'une hardiesse sans
exemple et en même temps d'une sagacité rare. On voit que la pile O
intermédiaire ne porte pas d'aplomb sur la pile P, tête de chapelle, comme
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<div class=prose>
Pour expliquer nettement la fonction de la pile O, supposons que nous
ayons à étayer le chœur de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]]; supposons que nous ne possédions,
pour faire cet étayement, que le gros contre-fort: si (101 bis) nous posons
nos étais ainsi qu'il est indiqué en A, nous renverserons certainement le
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DE soutirera une grande partie de la poussée des deux batteries FG
et la reportera sur sa semelle D. Là est tout le problème que s'est posé et
qu'a résolu l'architecte du chœur de Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]]. Malheureusement,
l'exécution est défectueuse. Il est certain cependant que cet
énorme édifice aurait conservé une parfaite stabilité, si l'architecte eût
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du maître de l'œuvre était d'obtenir,
au droit des piles du chœur de
la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beauvais|Beauvais]] et sous
les arcs-boutants, des contre-forts
évidés, mais parfaitement rigides,