« Poètes et romanciers modernes de la Grande-Bretagne/02 » : différence entre les versions
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{{journal|[[Revue des Deux Mondes]], tome 1, janv. - mars 1833|[[Thomas Roscoe]]|Poètes et romanciers de la Grande-Bretagne<br />'''Charles-Robert
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<div style="text-align:center;">Poètes et romanciers de la Grande-Bretagne</div>
<div style="text-align:center;">[[Charles Robert Maturin|Charles-Robert
En feuilletant les histoires antiques, je me suis bien souvent demandé pourquoi la biographie, c'est-à-dire l'élément
N'est-ce pas que le polythéisme, en plaçant les dieux eux-mêmes sous la domination du destin, enlevait à l'homme son plus beau privilège, le libre arbitre? N'est-ce pas que dans une société où Thémistocle invoquait le sens obscur d'un oracle, pour décider une expédition, où les plus lointaines campagnes dépendaient de l'ignorance ou de la fourberie d'un aruspice, l'homme n'avait qu'un rôle secondaire, et n'était qu'un instrument au lieu d'être une volonté ? N'est-ce pas que, dans le monde antique, les générations, au lieu d'être livrées au gouvernement de la raison, n'étaient, aux yeux du philosophe, qu'un océan docile, sillonné douloureusement selon le caprice qu'ils appelaient ''fatum ? ''
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Il faut donc reconnaître que la formule religieuse qui a résumé sous un symbole populaire les préceptes d'une morale élevée a rendu à l'humanité un double service en agrandissant la sphère de ses actions et le cercle de ses études.
Et ce prologue, je l'espère, explique suffisamment pourquoi je me complais si délibérément dans le récit des biographies d'artistes, pourquoi j'essaie si souvent d'interpréter les
Charles-Robert Maturin, qui fait le sujet de ces nouvelles études est né en 1782, à Dublin. Son père exerçait alors un emploi modique, mais honorable. Dans ses exercices universitaires, le jeune Robert se distingua de bonne heure par une conception rapide, une parole harmonieuse et soudaine, mais plus encore par son indolence et sa mélancolie. En quittant l'université, il entra dans les ordres, et devint ''vicar of a curate'', c'est-à-dire qu'il suppléa dans ses fonctions ecclésiastiques un ministre de campagne. Comme il arrive d'ordinaire aux âmes tristes, il sentit, à son début dans la vie, le besoin de consolation, de confiance, d'intimité, de sympathies sans réserve. A de pareilles âmes l'amitié ne suffit pas.
Maturin se prit d'amour pour Henriette Kingsburg,
Il y a long-temps qu'on l'a dit, et jamais parole plus vraie ni plus douloureuse ne s'est prononcée : « le bonheur n'a pas d'histoire. » Le père de Robert perdit l'emploi qu'il exerçait avec bonheur depuis quarante-sept ans; dès ce moment, le mari d'Henriette fut obligé de chercher ailleurs que dans les modiques émolumens de son vicariat la subsistance de sa famille. Comme Milton, qui fut maître d'école avant d'être le secrétaire du Protecteur, il ouvrit une classe, prit des pensionnaires, et cette nouvelle
Dans les rares intervalles de ses leçons de grammaire anglaise et latine, il avait composé une tragédie, ''Bertram'' ; les succès récens de Shiel l'encouragèrent à présenter sa tragédie au théâtre de Dublin. ''Bertram'' fut refusé. Instruit que l'auteur de ''Marrnion'' avait parlé avec éloge de ''Montorio'', il partit pour Londres où se trouvait alors l'illustre poète, et lui soumit le manuscrit de sa tragédie. Walter Scott le recommanda à lord Byron, qui était alors membre du comité de Drury-Lane, et en 1816 ''Bertram'', refusé deux ans auparavant, en 1814, par le directeur de Dublin, fut joué devant un nombreux auditoire, et Kean, à qui était confié le principal rôle de la pièce, enleva les applaudissemens de toute la salle.
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