« Poèmes (Verhaeren, 1895) » : différence entre les versions
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(1884-85)
</poem>
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Une autre est là, plus loin, pleurarde et solitaire,
Sur un tertre maussade et bas comme un tombeau.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/20]]==
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Parmi les champs d’hiver, que la neige a faits blancs,
Apparaissent ainsi que des floraisons noires.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/21]]==
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(1886)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/23]]==
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(1886)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/25]]==
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Les morts, ils sont couchés très longs dans leurs remords
Et leur linceul très pâle et les deux pieds dressés
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/26]]==
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Vieillards redoutables et vieux, comme les mers,
Qui regardez en vous pour voir toute la terre,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/46]]==
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(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/47]]==
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Contre des murs de nuit, de grands soleils.
Soudain arborent des trophées ;
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/48]]==
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(1887)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/49]]==
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(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/51]]==
Ligne 665 ⟶ 654 :
Hélas ! tous ces cerveaux qui rêvèrent de gloire,
Fendus ! et tous ces poings, coupés ! traceurs d’éclairs,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/52]]==
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(1889)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/53]]==
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Un luxe vieux de métaux noirs habille
Le solennel granit d’un fût assyrien,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/54]]==
<poem>
Érigé là, pour ne soutenir rien
Que les siècles et leur douleur indébile.
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(1891)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/55]]==
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Avec un nœud d’éclairs il les tenait, ses Flandres,
Un nœud de volonté — son poing comme un beffroi
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/56]]==
Ligne 776 ⟶ 760 :
Un soir, il disparut tué comme un roi rouge.
En pleine ville ardente et révoltée, un soir.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/57]]==
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La nuit paraît le noir palais d’un empereur
Accoudé quelque part, au loin, dans les ténèbres.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/59]]==
<poem>
APREMENT
I
Dans leur cadre d’ébène et d’or
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De voir du sang rosir le sang
Séché trop vite aux coins des ongles !
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/61]]==
<poem>
II
Sur le bloc de granit ancien, mordu de fer,
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(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/63]]==
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==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/64]]==
<poem>
Et mâchoire pour les souffrances et langues
Et crocs et tenailles pour les peines, et pal
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(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/65]]==
<poem>
OBSCURÉMENT
Obscurément : ce sont de fatales tentures
Où griffes de lion et d’aigle et gueules d’ours
Et crocs et becs ; ce sont de roides contractures
Ligne 943 ⟶ 922 :
Le ventre vieux et mort, Gamiani détord
Avec ses doigts d’hiver ses lèvres souterraines.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/67]]==
Ligne 961 ⟶ 939 :
Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes,
Boutique en bois de mots sournois
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/68]]==
Ligne 979 ⟶ 956 :
Les horloges que j’interroge
Serrent ma peur en leur compas.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/69]]==
Ligne 999 ⟶ 975 :
Cygnes clamant la mort, les êtes-vous, ces âmes.
Qui vont prier en vain les blanches Notre-Dames ?
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/70]]==
Ligne 1 029 ⟶ 1 004 :
(1894)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/72]]==
Ligne 1 057 ⟶ 1 031 :
Tandis que des oiseaux libres et flagellant
Les vents, volent, là-haut, vers les printemps à naître ?
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/75]]==
''LES PAROLES MORNES''
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/77]]==
<poem>
DES SOIRS
I
Sur mes livres éteints, où comme en un miroir
J’ai reflété mon cœur lassé, mon cœur du soir,
Ligne 1 090 ⟶ 1 057 :
II
Sous les vitres du hall nitreux que le froid fore
Et vrille et que de mats brouillards baignent de vair,
Ligne 1 109 ⟶ 1 077 :
(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/79]]==
Ligne 1 126 ⟶ 1 093 :
Et c’est minuit ainsi qu’un grand bloc blanc.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/80]]==
<poem>
Sur les marais d’argent dormant,
Et c’est minuit qui pince et grince
Ligne 1 144 ⟶ 1 111 :
Mais c’est vraiment dans un vieux cœur du Nord — en moi.
(1890)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/81]]==
Ligne 1 190 ⟶ 1 156 :
(1889)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/83]]==
Ligne 1 235 ⟶ 1 200 :
(1887)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/85]]==
Ligne 1 254 ⟶ 1 218 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/86]]==
<poem>
En ces plaines de laines,
Dites, me bâtirai-je un asile aux douleurs ?
Ligne 1 281 ⟶ 1 244 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/87]]==
<poem>
Aux jours d’erreurs et de hasards ;
Elles ont des ongles aigus et lents
Ligne 1 306 ⟶ 1 268 :
Les miens, ils sont hargneux de leurs chimères,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/88]]==
Ligne 1 338 ⟶ 1 299 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/89]]==
<poem>
Qu’on arrache d’elle en drapeaux
De viande rouge.
Ligne 1 349 ⟶ 1 309 :
(1892)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/90]]==
Ligne 1 366 ⟶ 1 325 :
Par mes plaines d’éternité, la pluie
Goutte à goutte, depuis quel temps, s’ennuie.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/91]]==
<poem>
— Il fait novembre en mon âme —
Et c’est le vent du Nord qui clame
Comme une bête dans mon âme.
Ligne 1 413 ⟶ 1 371 :
(1891)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/93]]==
Ligne 1 438 ⟶ 1 395 :
(1891)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/94]]==
Ligne 1 461 ⟶ 1 417 :
(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/95]]==
<poem>
SILENCIEUSEMENT
En un plein jour, larme de lampes,
Qui brûlent en l’honneur
Ligne 1 508 ⟶ 1 463 :
Avec, autour de lui, un peu de fleurs jonquille.
Ne point saisir au vol ce qui se définit ;
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/97]]==
Ligne 1 518 ⟶ 1 472 :
(1889)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/98]]==
Ligne 1 535 ⟶ 1 488 :
Aigu d’orgueil, crispé d’effort,
Je râcle en vain mon cerveau mort.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/99]]==
<poem>
Quant à mon âme, elle est partie.
Je voudrais me cracher moi-même,
Ligne 1 571 ⟶ 1 524 :
(1888)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/101]]==
Ligne 1 590 ⟶ 1 542 :
Ils ont plié leurs ans ainsi que des linceuls ;
Ils sont les revenus de tout, même d’eux-mêmes ;
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/102]]==
Ligne 1 602 ⟶ 1 553 :
Ils n’ont plus même, hélas ! le grand rêve des Croix
Ni le dernier espoir tendu vers la mort rouge.
(1887)
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/103]]==
LES FLAMANDES
1883
A LÉON CLAUDEL
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/105]]==
<poem>
Ligne 1 633 ⟶ 1 579 :
Sont réunis, menton gluant, gilet ouvert,
De rires plein la bouche et de lard plein le ventre.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/106]]==
Ligne 1 661 ⟶ 1 606 :
Excitent, d’heure en heure, à neuf, leurs appétits.
Dans la cuisine, on fait en hâte les lessives
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/107]]==
Ligne 1 689 ⟶ 1 633 :
Elle se trousse là, grosse, cynique, obscène,
Regards flambants, corsage ouvert, la gorge en fleur.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/108]]==
Ligne 1 717 ⟶ 1 660 :
Un chien s’empiffre à droite ;, un chat mastique à gauche ;
C’est un déchaînement d’instincts et d’appétits,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/109]]==
Ligne 1 726 ⟶ 1 668 :
Campaient gaillardement leurs chevalets flamands
Et faisaient des chefs-d’œuvre entre deux soûleries.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/110]]==
Ligne 1 744 ⟶ 1 685 :
Les insectes de l’herbe, amis de chaleur douce
Et de sol attiédi, s’en viennent, à vol lent,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/111]]==
Ligne 1 778 ⟶ 1 718 :
Tandis que des rameaux flottent sur ses épaules
Et se mêlent à ses cheveux.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/113]]==
Ligne 1 784 ⟶ 1 723 :
ART FLAMAND
I
Art flamand, tu les connus, toi,
Et tu les aimas bien, les gouges,
Ligne 1 800 ⟶ 1 741 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/114]]==
<poem>
Grand art des maîtres, ce sont elles,
Ce sont les gouges que tu peins.
Ligne 1 843 ⟶ 1 783 :
II
Vous conceviez, maîtres vantés,
Avec de larges opulences,
Ligne 1 893 ⟶ 1 834 :
Elles menaient les ruts en laisse
Avec des airs de royauté.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/118]]==
Ligne 1 911 ⟶ 1 851 :
Où des charges de foin passent par tombereaux,
Et puis encor, là-bas, où quelque voile entrevue,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/119]]==
Ligne 1 925 ⟶ 1 864 :
I
Sous les premiers ciels bleus du printemps, au soleil.
Dans la chaleur dorée à neuf, elles tressaillent,
Ligne 1 935 ⟶ 1 875 :
Quelques terreaux là-bas boudent compacts et nus.
L’eau des fossés déborde et les terres sont sales,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/120]]==
Ligne 1 963 ⟶ 1 902 :
Femmes sarclant le lin, hommes tassant l’engrais,
Chevaux traînant la herse à travers les cultures,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/121]]==
Ligne 1 975 ⟶ 1 913 :
II
Sous les éclats cuivrés et flambants du soleil
Languit la frondaison des chênes, sur les routes
Ligne 2 009 ⟶ 1 948 :
III
Le polder moite et qui suait sa force crue,
Sous les midis, par coins de glaise étincelants,
Ligne 2 046 ⟶ 1 986 :
IV
Voici les nuits, les nuits longues, les jours blafards,
Novembre emplit d’hiver, l’immense plaine morne,
Ligne 2 101 ⟶ 2 042 :
Que d’énormes corbeaux plânants, aux ailes lentes,
Qu’ils agitent dans l’air ainsi que des haillons.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/127]]==
Ligne 2 121 ⟶ 2 061 :
Le sceau dans le giron, les jambes en écart,
Les cinq doigts grapilleurs étirant le pis rose,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/128]]==
<poem>
Pendant qu’au réservoir d’étain jaillit le lait,
Qu’il s’échappe à jet droit, qu’il mousse plein de bulles,
Et que le nez rougeaud de Katu s’en repaît,
Ligne 2 191 ⟶ 2 130 :
Qu’on n’entend rien, sinon le lourd mâchonnement
D’une bête éveillée au fond du grand silence.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/131]]==
Ligne 2 214 ⟶ 2 152 :
Sa masse se carrant au bout de trois allées.
Qu’on eût dit le hameau tassé là, tout entier.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/132]]==
Ligne 2 237 ⟶ 2 174 :
Et les pattes battant les eaux, le col doré,
Cassaient rageusement des iris longs d’une aune.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/133]]==
Ligne 2 260 ⟶ 2 196 :
Les fruits rouges tentaient, et, dans le verger clair,
Brusque, comme un sursaut, claquait du linge en l’air.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/134]]==
Ligne 2 283 ⟶ 2 218 :
Dans ce bruit régulier qui baissait et montait,
Et le soir, comme un chant, endormait la campagne.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/135]]==
Ligne 2 306 ⟶ 2 240 :
On croyait, à le voir cribler d’or les branchages,
Qu’un grand feu crépitait dans un tas de sarments.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/136]]==
Ligne 2 329 ⟶ 2 262 :
Des routes s’enfonçaient dans le soir — infinies,
Et les grands bœufs semblaient râler ces agonies.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/137]]==
Ligne 2 352 ⟶ 2 284 :
Engageaient aux fureurs de ventres et de corps…
— Mais en face le lait restait froid, restait vierge.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/138]]==
Ligne 2 375 ⟶ 2 306 :
Leur course interminable à travers champs et bois,
Avec des jurements et des signes de croix.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/139]]==
Ligne 2 398 ⟶ 2 328 :
On leur raclait les poils, on leur brûlait les soies.
Et leurs bûchers de mort faisaient des feux de joies.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/140]]==
Ligne 2 421 ⟶ 2 350 :
Comme une meule énorme et chaude de chiens roux,
Sautaient en rugissant leur mordre le visage.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/141]]==
<poem>
LES RÉCOLTES
Sitôt que le soleil dans le matin luisait,
Comme un éclat vermeil sur un saphir immense,
Que dans l’air les oiseaux détaillaient leur romance,
Ligne 2 445 ⟶ 2 372 :
Les plaines embaumaient au loin ; et gars et gouges
Tachaient les carrés verts de camisoles rouges.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/142]]==
Ligne 2 468 ⟶ 2 394 :
Et le parfum des lards et la senteur des graisses
Montaient vers son cœur nu, comme un encens mauvais.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/143]]==
Ligne 2 491 ⟶ 2 416 :
On eût dit — tant le feu s’émiettait par parcelle —
Qu’on vannait du soleil à travers un vitrail.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/144]]==
Ligne 2 514 ⟶ 2 438 :
Les museaux enfoncés dans leurs niches étroites,
Tandis que sur un van le grand chat blanc veillait.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/145]]==
Ligne 2 537 ⟶ 2 460 :
Étiraient longuement les mamelles pendantes
Et grappillaient les pis tendus, canaillement.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/146]]==
Ligne 2 560 ⟶ 2 482 :
Les racines plongaient jusqu’aux prochains ruisseaux,
Et les feuilles luisaient comme des vols d’oiseaux.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/147]]==
Ligne 2 583 ⟶ 2 504 :
Au bouillonnement gras et siffleur du brassin,
Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d’airain.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/148]]==
<poem>
TRUANDAILLES
Dites ! jadis, ripaillait-on
Dans les bouges et dans les fermes :
Ligne 2 650 ⟶ 2 570 :
Et que les chiens veilleurs des fermes
Hurlaient d’effroi toute la nuit.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/151]]==
Ligne 2 734 ⟶ 2 653 :
Lorsqu’un coup de maillet l’étourdit ; — elle tombe,
Mais son dernier regard s’est empli de soleil.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/155]]==
Ligne 2 754 ⟶ 2 672 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/156]]==
<poem>
La patrie ? Allons donc ! Qui d’entre eux croit en elle ?
Elle leur prend des gars pour les armer soldats,
Ligne 2 780 ⟶ 2 697 :
I
A droite, au long de noirs chemins, creusés d’ornières,
Avec des tufs derrière et des fumiers devant,
Ligne 2 800 ⟶ 2 718 :
L’été, quand les moissons de seigle se balancent
Avec des éclats d’or, tombant des cieux à flots,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/158]]==
Ligne 2 828 ⟶ 2 745 :
Avec l’horreur sur leurs faces hérissonnées,
Ils roulent sous le vent qui s’acharni aux débris ;
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/159]]==
Ligne 2 837 ⟶ 2 753 :
II
Les soirs de vents en rage et de ciel en remous,
Les soirs de bise aux champs et de neige essaimée,
Ligne 2 852 ⟶ 2 769 :
« Bien qu’en toute saison tous travaillassent ferme,
Que chacun de son mieux donnât tout son appoint,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/160]]==
Ligne 2 879 ⟶ 2 795 :
III
Aux kermesses pourtant les paysans font fête,
Même les plus crasseux, les plus ladres. Leurs gars
Ligne 2 898 ⟶ 2 815 :
Avec leurs yeux sanglants et leur bouche gluante,
Allument des soleils dans le grouillement noir.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/162]]==
Ligne 2 926 ⟶ 2 842 :
Gamins hâves, fumant des pipes ramassées,
Tout cà saute, cognant des bras, grognant du groin,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/163]]==
Ligne 2 957 ⟶ 2 872 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/164]]==
<poem>
Avant que le soleil n’arde de flammes rouges,
Et que les brouillards blancs ne tombent à pleins vols,
Ligne 2 982 ⟶ 2 896 :
Dans l’étable où se sont glissés les maraudeurs,
Où la vachère couche au milieu des fourrages,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/165]]==
Ligne 3 006 ⟶ 2 919 :
Et cherchant à tâtons leurs femmes endormies,
Eux, les fermiers, les vieux, font encor des enfants.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/166]]==
Ligne 3 012 ⟶ 2 924 :
MARINES
I
Au temps de froid humide et de vent nasillard,
Les flots clairs s’étamaient d’étoupe et de brouillard,
Ligne 3 035 ⟶ 2 949 :
II
Au sortir des brouillards, des vents et des hivers,
Le site avait les tons mouillés des aquarelles ;
Ligne 3 057 ⟶ 2 972 :
III
Sur le fleuve, rempli de mâts et de voilures,
Un ciel incandescent tombait de tout son poids
Ligne 3 079 ⟶ 2 995 :
IV
En automne, saison des belles pourritures,
Quand au soir descendant le couchant est en feu,
Ligne 3 096 ⟶ 3 013 :
L’appel des passeurs d’eau va se taire à son tour….
Voici qu’on n’entend plus qu’un bruit tombant de rames.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/170]]==
Ligne 3 114 ⟶ 3 030 :
Tant le sang de son cœur lui brûle chaque artère,
Tant hurlent ses désirs et ses instincts en feu,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/171]]==
Ligne 3 142 ⟶ 3 057 :
Ils dénichent, comme au hasard, une encoignure.
Faite d’un bois derrière et de buissons devant,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/172]]==
Ligne 3 173 ⟶ 3 087 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/173]]==
<poem>
Ses assauts enfiévrés comme un choc de rafales
Traversent la fureur de leurs accouplements,
Ligne 3 191 ⟶ 3 104 :
Orné de cierges neufs et de roses précoces,
Ses vingt ans agités du frisson maternel.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/174]]==
<poem>
LES FUNÉRAILLES
Voici huit jours qu’a trépassé le vieux fermier
Qui, rond par rond, thésaurisa dans un sommier
Ligne 3 281 ⟶ 3 193 :
De décanter au fond des bedaines lalave
D’ivresse et de fureur qui bout encor en cave.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/178]]==
Ligne 3 299 ⟶ 3 210 :
Des anneaux de rubis cerclant leurs jambes nues,
Le front plaqué d’un feu de soleil qui s’endort,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/179]]==
Ligne 3 327 ⟶ 3 237 :
Comme il rosit au front l’enfance et la jeunesse !
Pour vous, vieilles, le jour, c’est le masque sans dents,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/180]]==
Ligne 3 343 ⟶ 3 252 :
Carcasse répandant une telle asphyxie,
Que les chiens de la mort n’en voudront même plus !
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/181]]==
Ligne 3 381 ⟶ 3 289 :
Nous vous magnifions, femmes de la patrie,
Qui concentrez en vous notre Idéal charnel.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/183]]==
LES MOINES
1885
''A GEORGES KHNOPFF''
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/185]]==
<poem>
Ligne 3 435 ⟶ 3 338 :
Tours de soleil de loin en loin illuminées,
Qui poussez dans le ciel vos crucifix flambants.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/187]]==
Ligne 3 491 ⟶ 3 393 :
Mais quoi qu’ils aient souffert depuis dix-huit cents ans,
L’hostie est demeurée implacablement blanche.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/190]]==
Ligne 3 534 ⟶ 3 435 :
Qu’ils entendent la pure et belle floraison
Du pâle lys d’argent sur les montagnes croître.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/192]]==
<poem>
LES CRUCIFÈRES
Avec leur manteau blanc, ouvert ainsi qu’une aile,
On les voit tout à coup illuminer la nuit
Ligne 3 578 ⟶ 3 477 :
Que l’Histoire rebrousse en son cours héroïque,
Comme si leur cercueil eût barré son torrent.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/194]]==
Ligne 3 616 ⟶ 3 514 :
Semblent les feux de grands cierges, tenus en main,
Dont on n’aperçoit pas monter la tige immense.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/196]]==
Ligne 3 648 ⟶ 3 545 :
Comme si le Christ-Dieu l’eût forgé tout en fer
Pour écraser sous lui les rages de l’enfer.
★
C’était un homme épris des époques d’épée,
Ligne 3 663 ⟶ 3 562 :
Et se noyer le cœur dans le marais d’ennui
Et la banalité des règles d’aujourd’hui.
★
Il lui fallait le feu des grands sites sauvages,
Ligne 3 696 ⟶ 3 597 :
Mais fixes les regards, mais énormes les yeux,
Barbare illuminé qui vient tuer les dieux.
★
Maintenant qu’il repose obscurément, sans bière,
Ligne 3 714 ⟶ 3 617 :
Dans le décor géant des forêts allumées,
Au fond des soirs, là-bas, s’en allaient en fumées.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/201]]==
Ligne 3 752 ⟶ 3 654 :
Et qu’Elle, un soir d’amour, pour les récompenser,
Donne aux plus saints d’entre eux son Jésus à baiser.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/203]]==
Ligne 3 770 ⟶ 3 671 :
Sur les remparts un arc triomphal est planté,
Par où, sous le grand cintre encadrant la campagne,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/204]]==
<poem>
Plus solennel encor semble entrer le soleil.
Vingt grands abbés, la mitre au front, le doigt vermeil,
Régnent, monumentaux comme des cathédrales.
Ligne 3 798 ⟶ 3 698 :
Des corbeilles de fruits bombent leurs tons safrans
Sur des plintes de chêne et sur des bords d’armoires,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/205]]==
Ligne 3 827 ⟶ 3 726 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/206]]==
<poem>
Enfin, la table est prête et dresse ses couverts.
Les vingt abbés, la croix d’argent sur leurs poitrines,
Ligne 3 851 ⟶ 3 749 :
Jérusalem conquise et l’assaut des Croisés,
Le glaive au vent, sur la douve monumentale,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/207]]==
Ligne 3 878 ⟶ 3 775 :
Les Chrétiens vers le ciel, d’un regard plus fervent,
S’exaltent ; on ne sait laquelle des bannières
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/208]]==
<poem>
Triomphale et levée ira claquante au vent,
Quel symbole mourra de mort rouge, quel monde
Tiendra sous sa lourdeur l’autre monde écrasé
Ligne 3 906 ⟶ 3 802 :
Le front caché suivant le vol des broderies,
Les doigts cerclés d’argent et les poignets d’airain.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/209]]==
<poem>
D’autres viennent, tenant de sveltes armoiries,
Des tortils monacaux et blancs, où le burin
Tailla sur fond d’azur des mitres crénelées ;
Ligne 3 934 ⟶ 3 829 :
Et la marée en fleur de l’avoine et du foin.
Tandis qu’arrive, rouge, à travers champs, la houle
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/210]]==
Ligne 3 961 ⟶ 3 855 :
Sont amenés, timons ornés, chevaux trapus.
On les y voit monter, la face au vin rougie,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/211]]==
Ligne 3 968 ⟶ 3 861 :
Faisant, de loin en loin, sur la foule et l’orgie
Avec leurs mains en or de lents signes de croix.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/212]]==
<poem>
L’HÉRÉSIARQUE
Et là, ce moine noir, que vêt un froc de deuil,
Construit, dans sa pensée, un monument d’orgueil.
Ligne 4 004 ⟶ 3 896 :
Comme de froids regards, toisant Dieu dans les cieux,
Les blasphèmes du grand moine silencieux.
★
Aussi vit-il, tel qu’un suspect parmi ses frères,
Ligne 4 031 ⟶ 3 925 :
Et se carre massif, sous l’azur déployé,
Avec son large front vermeil de foudroyé.
★
Alors il sera grand de la grandeur humaine,
Ligne 4 061 ⟶ 3 957 :
Tandis qu’à l’horizon luiront des incendies,
Des glaives furieux et des crosses brandies.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/216]]==
Ligne 4 079 ⟶ 3 974 :
Ces temps passaient de fer et de splendeur vêtus
Et le progrès n’avait encor de sa râcloire
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/217]]==
Ligne 4 107 ⟶ 4 001 :
Eblouissant leur temps de leurs majestés pâles
Et, pareils à des dieux de granit et d’airain,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/218]]==
Ligne 4 134 ⟶ 4 027 :
La puissance monta des bras à leur cerveau :
Eux qui jadis, géants d’orgueil de la bataille,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/219]]==
Ligne 4 162 ⟶ 4 054 :
Refrappa de splendeur l’assise du granit,
Où les moines dressaient leur foi renouvelée.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/220]]==
Ligne 4 179 ⟶ 4 070 :
Pauvres moines ! — ou Dieu vous a-t-il consolés
Et donné votre part de ciel et de lumière ?
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/221]]==
Ligne 4 202 ⟶ 4 092 :
Elles tombent, le long des patères de buis,
Comme un affaissement d’ardeur et de prière.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/222]]==
Ligne 4 237 ⟶ 4 126 :
Vers la mort accueillante et bonne et maternelle
A ceux qui mettent l’or de leur espoir en elle.
★
Aux temps de Mai, dans les matins auréolés
Ligne 4 267 ⟶ 4 158 :
Le parfum, exhalé dans un soupir dernier,
Serait depuis longtemps connu du ciel entier.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/225]]==
Ligne 4 288 ⟶ 4 178 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/226]]==
<poem>
Moines — oh ! les chercheurs de chimères sublimes —
Vos rêves, ils s’en vont par delà les tombeaux,
Ligne 4 313 ⟶ 4 202 :
Sous le vélum errant d’une chaste nuée,
Afin qu’un jour cette âme aux désirs éternels,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/227]]==
Ligne 4 321 ⟶ 4 209 :
Et songe à vous encor quand le dernier blasphème
Comme une épée immense aura transpercé Dieu !
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/228]]==
Ligne 4 344 ⟶ 4 231 :
Et les heures s’en vont, par le couvent, sans bruit,
Et toujours et toujours les grands moines se taisent.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/229]]==
Ligne 4 377 ⟶ 4 263 :
Regardaient s’en aller les routes voyageuses,
A travers les terreaux, vers les doux angelus.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/231]]==
Ligne 4 400 ⟶ 4 285 :
Lent ensevelisseur des jours finis, replie
Ses linceuls de soleil sur les horizons morts.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/232]]==
Ligne 4 406 ⟶ 4 290 :
RENTRÉE DES MOINES
I
On dirait que le site entier sous un lissoir
Se lustre et dans les lacs voisins se réverbère ;
Ligne 4 419 ⟶ 4 305 :
A travers les champs verts s’en va se déroulant
La route dont l’averse a lamé les ornières ;
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/233]]==
Ligne 4 437 ⟶ 4 322 :
II
Alors les moines blancs rentrent aux monastères,
Après secours portés aux malades des bourgs,
Ligne 4 461 ⟶ 4 347 :
III
Brusques, sonnent au loin des tintements de cloche,
Qui cassent du silence à coups de battant clair
Ligne 4 506 ⟶ 4 393 :
Et les anges qui sont gardiens des agonies
Ferment les yeux des morts, silencieusement.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/237]]==
Ligne 4 529 ⟶ 4 415 :
Et tous prient Dieu les uns pour les autres et passent
Et tous s’aiment en lui, ne se connaissant pas.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/238]]==
Ligne 4 582 ⟶ 4 467 :
Et tels s’useront-ils en de vieux monastères.
Au fond du cloître, ainsi que des marbres austères.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/241]]==
Ligne 4 602 ⟶ 4 486 :
Comme en de colossaux miroirs,
La messe blanche des nuées.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/242]]==
<poem>
MOINE FÉODAL
D’autres, fils de barons et de princes royaux,
Gardent amples et clairs leurs orgueils féodaux.
Ligne 4 644 ⟶ 4 527 :
Et jusqu’au bout leur foi luira d’un feu vermeil,
Comme un monument d’or ouvert dans le soleil.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/244]]==
Ligne 4 667 ⟶ 4 549 :
Comme s’ils entendaient toujours les grands cantiques
Autour de leur prière en sourdine chantés.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/245]]==
Ligne 4 723 ⟶ 4 604 :
L’attoucheront, avec un tremblement fébrile,
Et qui toutes seront mortes, avant la mort !
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/248]]==
Ligne 4 746 ⟶ 4 626 :
Et, pendant le repos entre deux psalmodies,
Il vient de la campagne un lointain meuglement.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/249]]==
<poem>
MÉDITATION
Heureux, ceux-là, Seigneur, qui demeurent en toi,
Le mal des jours mauvais n’a point rongé leur âme,
Ligne 4 803 ⟶ 4 682 :
Les regards aimantés par la vague lumière
Qui se fait deviner par delà l’horizon.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/252]]==
Ligne 4 809 ⟶ 4 687 :
LES CONVERSIONS
De quels horizons noirs ou de quels lointains d’or
Accourez-vous au seuil du cloître aride et terne,
Ligne 4 822 ⟶ 4 700 :
Ta volonté d’airain superbement maîtresse
A dompté tes désirs, à bridé tes espoirs
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/253]]==
Ligne 4 850 ⟶ 4 727 :
S’étalaient devant toi sur des terrasses d’or ;
Des escaliers, dont les marches comme des glaives
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/254]]==
Ligne 4 881 ⟶ 4 757 :
II
Toi, ton songe volait vers l’infini, tu fus
Quelque chercheur ardent, profond et solitaire,
Ligne 4 911 ⟶ 4 788 :
III
Et toi, tu fus conquis par l’immobilité
Et le vide du cloître et les poids de silence
Ligne 4 924 ⟶ 4 802 :
Chrétien, tu ravalas ta suprême nausée.
Tu te marmorisas depuis et ton cerveau
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/257]]==
Ligne 4 945 ⟶ 4 822 :
IV
Et toi, le sabre au poing tu courais dans la gloire,
Au galop clair sonnant de ton étalon roux,
Qui, les sabots polis et blancs comme l’ivoire,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/258]]==
Ligne 4 979 ⟶ 4 856 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/259]]==
<poem>
Et tel, moine soumis, qui vis auprès des bêtes,
Qui, repentant, as pris le chemin de la Foi,
Ligne 4 992 ⟶ 4 868 :
Suivent longtemps, là-bas, la charge des nuages,
Qui vont les flancs troués des glaives du soleil.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/260]]==
Ligne 5 020 ⟶ 4 895 :
Tandis que les grands bras des vieux clochers d’église
Tendent leur croix de fer par-dessus les champs d’or.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/262]]==
<poem>
LES MATINES
Moines, vos chants d’aurore ont des élans d’espoir,
Et des bruits retombants de cloche et d’encensoir :
Ligne 5 056 ⟶ 4 930 :
Moines, vos chants d’aurore ont des élans d’espoir
Et des bruits retombants de cloche et d’encensoir.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/264]]==
<poem>
LES VÊPRES
Moines, vos chants du soir roulent parmi leurs râles
Le flux et le reflux des douleurs vespérales.
Ligne 5 098 ⟶ 4 971 :
Moines, vos chants du soir roulent parmi leurs râles
Le flux et le reflux des douleurs vespérales.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/266]]==
<poem>
MÉDITATION
Heureux ceux-là, Seigneur, qui demeurent en toi :
Le mal des jours mauvais n’a point rongé leur âme,
Ligne 5 132 ⟶ 5 004 :
Quels crocs ont déchiré l’orgueil des seins célèbres ?
Vous qui passez, songez aux chiens de Jézabel !
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/268]]==
Ligne 5 185 ⟶ 5 056 :
Faites miséricorde à son humble mémoire,
Seigneur, et que son âme ait place en votre gloire !
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/271]]==
<poem>
MORT CHRÉTIENNE
Qu’il te soit fait hommage et gloire, ô mort chrétienne !
Parmi les biens du temps seule réalité,
Ligne 5 224 ⟶ 5 094 :
Que sont les ans ? Une ombre errant après une ombre
Dans le brouillard trompeur de l’espace et du temps.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/273]]==
<poem>
LE CIMÉTIÈRE
Sous ce terrain perdu que les folles avoines
Et les chiendents et les sainfoins couvrent de vert,
Ligne 5 243 ⟶ 5 112 :
Où luisaient des clochers ainsi que des armures.
L’enclos funèbre avait le même aspect changeant,
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/274]]==
Ligne 5 271 ⟶ 5 139 :
Mystérieusement couchés dans ce coin noir.
Les mêmes bruits pieux de vent parmi les herbes
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/275]]==
Ligne 5 284 ⟶ 5 151 :
Se saluer le front par terre et s’en aller
Par la vague terreur de la nuit mortuaire.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/276]]==
Ligne 5 303 ⟶ 5 169 :
Je me l’imprimerai si fort sur la poitrine,
Qu’au travers de ma chair il marquera mon cœur.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/277]]==
Ligne 5 334 ⟶ 5 199 :
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/278]]==
<poem>
Et ce temple toujours pour nous subsistera
Et longtemps et toujours luira dans nos ténèbres,
Ligne 5 343 ⟶ 5 207 :
Comme si vous portiez à votre Dieu mourant,
Au fond du monde athée, un dernier viatique.
</poem>
==[[Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/279]]==
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