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prodigués par Abdul-Medjid ou Abdul-Azis, tout ce qui dans ce siècle s’est fait d’un peu sérieux, d’un peu efficace dans la Turquie d’Europe ou d’Asie, a été fait par des réformes locales, par des arrangemens propres à telle ou telle province; ainsi en a-t-il été pour le Liban, à la suite des massacres de Damas, ainsi en Crète à la suite de la grande insurrection de 1866, ainsi encore dans l’île de Samos, après la grande guerre de l’indépendance grecque. Partout où les populations sont d’ordinaire demeurées soumises, chez les tribus chrétiennes de l’Albanie, chez les Mirdites par exemple, il s’est. conservé une bonne part d’autonomie. Partout où, après des insurrections ou des massacres, la pacification a été quelque peu durable, c’est grâce à des mesures spéciales et à des privilèges locaux.

La même méthode a seule quelque chance d’assurer aux provinces européennes de la Turquie, aux chrétiens slaves ou grecs, un peu de tranquillité et de sécurité. En Asie même, en dépit de la prépondérance numérique de l’élément turc et mahométan, ce système serait encore le plus propre à rattacher à la Turquie les différentes populations réunies sous son sceptre, les Arméniens, par exemple, de sa frontière orientale, ou les Grecs du littoral de la mer Egée. Des deux côtés du Bosphore, des institutions provinciales seraient le meilleur moyen de donner aux populations musulmanes ou chrétiennes un réel contrôle sur l’administration, et par là de mettre un terme aux malversations de toute sorte et à la gêne du trésor public, en dépit du lourd poids des impôts. Des deux côtés du Bosphore, si chrétiens et musulmans peuvent être rapprochés, c’est dans des assemblées où prédomineraient les intérêts locaux, communs aux uns et aux autres, dans des assemblées où le plus souvent ils auraient au moins pour lien ou pour interprète une langue commune, ce qui ne saurait se rencontrer dans une chambre turque.

La direction, l’orientation de la politique européenne, est indiquée par la nature des choses; toute la difficulté est dans le chemin à suivre. Que peuvent être des réformes locales, des institutions provinciales, si ce n’est des libertés spécialement accordées à telle ou telle contrée, c’est-à-dire un certain degré d’autonomie? Or, dès que l’on parle d’autonomie, les soupçons se font jour et les interprétations diffèrent. Certes, le mot n’a point le même sens dans les propositions de l’Angleterre et dans celles de la Russie. Ce n’est pas la première fois que l’on paraît s’entendre sur les mots sans être sûrs de s’entendre sur les choses. Un point cependant est manifeste, c’est que la Porte, victorieuse des Serbes, n’accorderait pas sans guerre à ses provinces chrétiennes une autonomie politique qui serait le prélude d’une complète indépendance. D’un. autre côté, pour avoir quelque valeur et quelque efficacité, les