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— « Je vous remercie de votre pitié, » dit-il d’une voix redevenue brève et sèche. — Reprenait-il la conscience de sa dignité d’homme ? Était-il froissé de cette charité de femme, si humiliante quand on aime ? Tremblait-il, si cet entretien se prolongeait, d’en dire trop peut-être, d’en sentir trop ? Il insista :

— « Je vous demande pardon de n’avoir pas mieux dominé mes nerfs… Nous n’avons plus rien à nous dire. Je vous promets une chose : je ferai tout pour que Pierre ne sache jamais rien. Ne me remerciez pas. Je me serais tû à cause de lui, à cause de moi, pour sauver cette amitié qui m’a été, qui m’est si chère. Je n’étais pas venu vous menacer de parler. J’étais venu vous demander de vous taire, vous aussi, de ne pas pousser plus loin ce que je croyais être votre vengeance… Et, au moment de vous dire adieu pour toujours, c’est encore cela que je vous demande : vous aimez Pierre, il vous aime ; promettez-moi de ne jamais vous servir de cet amour contre notre amitié, de respecter cela dans son cœur. »

Il y avait comme une humilité suppliante dans sa voix, à présent. Toute cette religion d’amitié dont elle le savait possédé venait d’y frémir, presque solennellement, et ce fut avec solennité qu’elle-même lui répondit :

— « Je vous le promets. »

— « Pardon encore, » dit-il, « et adieu. »

— « Adieu, » dit-elle.

Il avait fait quelques pas jusqu’à la porte. Il se