« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Balustrade » : différence entre les versions

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inférieur nécessaire à la solidité. Cet empattement, pour éviter les dérangements,
est posé en feuillure dans l'assise du larmier (8). Il ne faudrait pas
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.3.png|center]]
 
cependant considérer les principes que nous posons ici comme absolus; si
les architectes du XIII<sup>e</sup> siècle étaient soumis aux règles de la logique, ils
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objet taillé dans une seule pièce, il fallait que ces parties importantes de la
décoration ne vinssent pas, par leur forme, contrarier les lignes principales
 
[Illustration: Fig. 8.]
 
de l'architecture. Si les ajours obtenus au moyen de trèfles ou de quatre-feuilles
juxtaposés convenaient à des balustrades continues non interrompues
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sera pas choqué. Les divisions verticales permettent même des différences
 
[[Image:Schema.balustrade.medievale.png|center]]
[Illustration: Fig. 9 et 9 bis.]
 
notables dans l'écartement des axes, sans que ces différences soient appréciables
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de Paris, exécutés vers 1230, est divisée par travées inégales de largeur,
et c'est conformément à ce principe qu'elle a été tracée (10). De distance en
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.png|center]]
 
distance, au droit des arcs-boutants et des gargouilles, un pilastre surmonté
d'un gros fleuron sépare ces travées, sert en même temps de renfort à la
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empattement destiné à donner de la force à ce pied et à faciliter la
taille (11). On voit ici en A la pénétration des montants sur le profil formant
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.2.png|center]]
traverse inférieure, et en B la naissance des trilobes sur ces montants. Si
les formes sont nettement accusées, si les lignes courbes sont franchement
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grand édifice, où tout est conçu largement et sur une grande échelle. Aussi
ses espacements de pieds-droits sont larges, ses trilobes ouverts, pas de
 
[Illustration: Fig. 10.]
 
détails; de simples bizeaux, des formes accentuées pour obtenir des ombres
et des lumières vives et franches,
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et multipliées par la combinaison de
ses trilobes, par des ajours délicats
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.3.png|center]]
 
percés entre eux; il fera cette balustrade haute pour relier les gâbles aux
pinacles (12), et pour empêcher que le grand comble ne paraisse écraser
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sur les arêtes ne peut satisfaire à ce besoin de l'œil, il élèvera une balustrade
ornée de chapiteaux supportant une arcature découpée en trilobes,
 
[Illustration: Fig. 11.]
refouillée, dont les ombres vives viendront ajouter à l'effet de la corniche
en la complétant, à celui des pinacles en les reliant (13). Mais nous sommes
au milieu du XIII<sup>e</sup> siècle; et si la balustrade du porche de la Sainte-Chapelle
 
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.4.png|center]]
 
est un dernier souvenir des primitives claires-voies construites au
moyen de points d'appui isolés supportant une arcature, elle restera,
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qui savaient si bien tempérer les lois sèches et froides du raisonnement
par l'instinct de l'artiste, par une imagination qui ne leur faillait jamais.
 
[Illustration: Fig. 12.]
 
Longtemps les balustrades furent évidemment l'un des détails de l'architecture
ogivale sur lesquels on apporta une attention particulière; mais il
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qu'elles occupent. La balustrade supérieure du chœur de la cathédrale de
Beauvais en est un exemple (14); l'alternance des quatre-feuilles posés en
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Beauvais.png|center]]
 
carré et en diagonale est heureuse; mais cette balustrade est beaucoup trop
maigre pour sa place, les ajours en sont trop grands, et, de loin, elle ne
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retrouvons cette combinaison de balustrades, amaigrie encore, au-dessus
des chapelles de l'église de Saint-Ouen de Rouen (15). Les défauts sont
 
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Ouen.Rouen.png|center]]
 
encore plus choquants ici, malgré que cette balustrade, en elle-même, et
comme taille de pierre, soit un chef-d'œuvre de perfection; mais, étant
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que les deux pentes de ces gâbles et les cercles appareillés dans les
écoinçons portent cette corniche formant chéneau comme le feraient des
 
[Illustration: Fig. 14.]
 
liens en charpente. Il y avait à craindre que ces gâbles à jour qui n'étaient
pas reliés au mur, et cette corniche-chéneau qui reposait seulement sur la
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charge supérieure, ne vinssent à se déverser en dehors. Le constructeur
imagina de se servir de la balustrade pour maintenir ce dévers (16); et
 
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Urbain.Troyes.png|center]]
 
voici comment il s'y prit. Il faut dire d'abord qu'entre chaque travée
s'élève un contre-fort avec pinacle bien relié à la masse de la construction;
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ceux-ci en les étrésillonnant avec les balustrades, ainsi que l'indique le
plan (16 bis). Soit B le pinacle rendu fixe par sa base portant chéneau
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.4.png|center]]
 
fortement engagée dans la construction, et C C les têtes des gâbles; les
demi-travées de balustrades B C étant d'un seul morceau chacune, et
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les têtes des gâbles C C, de manière à rendre impossible leur déversement
en dehors. Mais pour rendre sa balustrade à jour très-rigide, tout en la
 
[Illustration: Fig. 15.]
 
découpant délicatement, l'architecte de Saint-Urbain la composa d'une
suite de triangles chevauchés réunis par leurs côtés, et formant comme
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parler que de la balustrade dont il est ici question, cette suite de petits
triangles semblables aux grands triangles formés par les gâbles est
 
[Illustration: Fig. 16.]
 
 
 
 
 
fâcheuse au point de vue de l'art. L'œil est tourmenté par ces figures
géométriques semblables mais inégales; l'harmonie qui doit résulter, non
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pas détruire les masses; témoin la balustrade qui couronne le passage
réservé au-dessus de la porte sud de Notre-Dame de Paris (17), élevée en
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.5.png|center]]
 
1257. Il est impossible de grouper plus d'ornements et de moulures sur
une balustrade, et cependant on remarque qu'ici Jean de Chelles, l'auteur
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ainsi que fut couronnée la corniche supérieure du chœur de la cathédrale
de Troyes<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]]. Cet exemple de balustrade
 
[Illustration: Fig. 17.]
 
crénelée ne manque pas d'originalité ,mais il a le défaut de n'être nullement en harmonie avec l'édifice; nous
ne le donnons d'ailleurs que comme une exception (18). Les merlons de
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Troyes.png|center]]
 
cette balustrade crénelée sont alternativement pleins et à jour; les appuis
des créneaux sont tous à jour. Derrière chaque merlon plein est un
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chères, et ces réparations faites au XIV<sup>e</sup> siècle à la cathédrale de Troyes
sont exécutées avec une extrême parcimonie. À l'église Saint-Urbain de la
 
[Illustration: Fig. 18.]
 
même ville, presque contemporaine de ces restaurations de la cathédrale,
mais où la question d'économie avait été moins impérieuse, nous avons vu,
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deux chapelles du transept de l'église Saint-Bénigne de Dijon (18 bis). Le
 
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Benigne.Dijon.png|center]]
[Illustration: Fig. 18 bis.]
 
cloître de l'église cathédrale de Béziers, dont la construction date des
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motivé par la nature grossière de la pierre du pays, qui est un calcaire
alpin poreux, tenant mal les arêtes. Seulement ici (18 ter) l'appui forme recouvrement,
 
[[Image:Balustrade.cathedrale.Beziers.png|center]]
 
il est rapporté sur le corps de la balustrade. L'assise d'appui,
taillée dans une pierre d'un grain plus serré, protége les dalles de champ,
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succession de divisions verticales séparant chacun des panneaux juxtaposés
ôtait aux balustrades l'aspect qu'elles avaient au XIII<sup>e</sup> siècle, d'un
 
[Illustration: Fig. 18 ter.]
 
couronnement continu, d'une sorte de frise à jour, laissant aux lignes
horizontales leur simplicité calme; nécessaire dans des monuments de cette