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qui se produit dans l’espace ou tout au moins dans le temps, qu’elle implique encore, par conséquent, l’évocation d’une image, et qu’il s’agirait précisément ici de s’affranchir de l’imagination pour faire appel à l’entende­ment pur. Ne parlons donc plus, nous dira-t-on, de disparition ou d’abolition ; ce sont là des opérations physiques. Ne nous représentons plus que l’objet A soit aboli ou absent. Disons simplement que nous le pensons « inexistant ». L’abolir est agir sur lui dans le temps et peut-être aussi dans l’espace ; c’est accepter, par conséquent, les conditions de l’existence spatiale et temporelle, accepter la solidarité qui lie un objet à tous les autres et l’empêche de dispa­raître sans être remplacé aussitôt. Mais nous pouvons nous affranchir de ces conditions : il suffit que, par un effort d’abstraction, nous évoquions la repré­sentation de l’objet A tout seul, que nous convenions d’abord de le considérer comme existant, et qu’ensuite, par un trait de plume intellectuel, nous biffions cette clause. L’objet sera alors, de par notre décret, inexistant.
3o8 MÉCANISME ET CONCEPTUALISAI K


Soit. Biffons purement et simplement la clause. Il ne faut pas croire que notre trait de plume se suffise à lui-même et qu’il soit, lui, isolable du reste des choses. On va voir qu’il ramène avec lui, bon gré, mal gré, tout ce dont nous prétendions nous abstraire. Comparons, en effet, entre elles les deux idées de l’objet A supposé réel et du même objet supposé « inexistant ».
qui se produit dans l'espace ou tout au moins dans le temps,
qu'elle implique encore, par conséquent, l'évocation d'une
image, et qu'il s'agirait précisément ici de s'aflranchir de
l'imagination pour faire appel à l'entendement pur. Pie
parlons donc plus, nous dira-t-on, de disparition ou d'abo-
lition ; ce sont là des opérations physiques. Ne nous
représentons plus que l'objet A soit aboli ou absent. Disons
simplement que nous le pensons «inexistant». L'abolir
est agir sur lui dans le temps et peut-être aussi dans l'es-
pace ; c'est accepter, par conséquent, les conditions de
l'existence spatiale et temporelle, accepter la solidarité qui
lie un objet à tous les autres et l'empêche de dispa-
raître sans être remplacé aussitôt. Mais nous pouvons
nous affranchir de ces conditions : il suffît que, par un
effort d'abstraction, nous évoquions la représentation de
l'objet A tout seul, que nous convenions d'abord de le
considérer comme existant, et qu'ensuite, par un trait de
plume intellectuel, nous biffions cette clause. L'objet sera
alors, de par notre décret, inexistant.


L’idée de l’objet A supposé existant n’est que la représentation pure et simple de l’objet A, car on ne peut pas se représenter un objet sans lui attri­buer, par là même, une certaine réalité. Entre penser un objet et le penser existant, il n’y a absolument aucune différence : Kant ''a ''mis ce point en pleine lumière dans sa critique de l’argument ontologique. Dès lors, qu’est-ce que penser l’objet A
Soit. Biffons purement et simplement la clause. Il ne
faut pas croire que notre trait de plume se suffise à lui-
même et qu'il soit, lui, isolable du reste des choses. On
va voir qu'il ramène avec lui, bon gré malgré, tout ce
dont nous prétendions nous abstraire. Comparons, en effet,
entre elles les deux idées de l'objet A supposé réel et du
même objet supposé « inexistant ».

L'idée de l'objet A supposé existant n'est que la repré-
sentation pure et simple de l'objet A, car on ne peut pas
se représenter un objet sans lui attribuer, par là même,
une certaine réalité. Entre penser un objet et le pense*
existant, il n'y a absolument aucune différence : Kant a
mis ce point en pleine lumière dans sa critique de l'argu-
ment ontologique. Dès lors, qu'est-ce que penser l'objet A

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