« Où nous en sommes » : différence entre les versions

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LA VICTOIRE DU SILENCE (« ).
 
Ou concentre-toi ou meurs.
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Ce n’est pas tout ; dans la Plume du 1" septembre 1900, sous le titre : Les deux mystères en art, on pouvait lire :
 
« Il n’y a aucun mystère dans la nature, mais des évidences calmes ( !) « Je crois que c’est par vanité, et purement par ce terrible vice, par cette épouvantable misère de l’âme, que nous avons tant aimé trouver du mystère dans tout ; et ce nous fut l’occasion d’ajouter quelque chose de nous-mêmes à toute œuvre que nous considérions. Afin que même dans l’œuvre des autres nous eussions encore à intervenir et à manifester notre moi, nous avions inventé de ne la considérer que comme un terrain de culture attendant que nous lui apportions le germe suprême. Nous étions humiliés de n’avoir rien à dire (/), de n’avoir pas à briller par un commentaire spirituel ou singulier, de n’avoir qu’à saluer et à nous taire devant une œuvre définie par la volonté absolue d’un autre être. Et c’est à cause de cela que nous venons de vivre quinze ans d’illusions, de légendes glacées, d’allégories, de métaphores, de clair de lune et d’art instinctif, imprécis, involontaire, amoral.
 
« C’est à cause de cela que le symbolisme est mort stérile, lui qui pouvait produire une grande œuvre. Il s’est retiré de la vie, laissant
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« Il faut qu’à présent nous entendions courir aux échos de tous les rivages le cri nouveau : « Le mystère, le grand mystère est mort ! »
 
Il n’y a pas de mystère dans l’ombre, il n’y en a pas dans le spasme, il n’y en a nulle part. Au fond de toute évidence le sot place une énigme, mais lui seul l’y peut placer ( ?). Le seul mystère n’est pas objectif ni contingent. Il est celui du divin. Mais les poètes n’ont jamais été créés pour augmenter le nombre des énigmes. Ils l’ont été pour transformer les énigmes du premier degré en évidence seconde, et pour en ramener les groupes à une loi centrale. » ( ? ? ?)
 
C’est M. Gaston Deschamps qui relaya, cette année d’Exposition, M. Camille Mauclair, et le Temps du 14 avril nous offrait ces lignes :
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réconcilier la raison avec la rime et le public avec les rimeurs. Ils sont pleins d’allégresse et de bonne volonté. Enregistrons cet excellent symptôme. »
 
Il y eut la Renaissance classique (nous avions déjà la Renaissance latine), dont le protagoniste, un vague Louis Bertrand, disait : « Nous n’interrogerons le Mystère et l’Infini que dans la mesure où il convient à des hommes éphémères et bornés ( !) » Il y eut enfin l’Humanisme qui, au bord de notre fosse, provoqua entre les fossoyeurs d’étranges combats. L’équilibriste M. Fernand Gregh avait écrit :
 
« L’œuvre du Symbolisme est et restera fort importante.
 
« Mais enfin la poésie des symbolistes — et les meilleurs d’entre eux l’avouent ( ?) — a exprimé des rêves abscons et froids, et non la vie. Ils ont créé tout un décor de glaives, d’urnes, de cyprès, de chimères et de licornes qui s’en va déjà rejoindre au magasin des accessoires surannés le décor romantique, les nacelles, les écharpes, les gondoles, les seins brunis et les saules, les cimeterres et les dagues qui en 1850 avaient déjà cessé de plaire. Ils ont abusé du bizarre, de l’abstrus, ils ont souvent parlé un jargon qui n’avait rien de français, ils ont épaissi des ténèbres factices sur des idées qui ne valaient pas toujours les honneurs du mystère. Ils avaient d’abord arboré le nom de décadents sous lequel on lésa trop facilement ridiculisés et qu’ils ont vite abandonné pour celui plus relevé de symbolistes ; mais on aurait dit parfois qu’ils voulaient donner un sens rétrospectif à leur première dénomination. Leur inspiration fut trop souvent byzantine. Ils se sont d’abord interdit comme trop vile (?) toute poésie à tendances philosophiques, ou religieuses, ou sociales. Ensuite, même ce qui est individuel chez les symbolistes s’exprime d’une façon si indirecte que l’obscurité en voile souvent l’émotion. Jamais, chez eux, un aveu personnel, un cri, un battement de cœur. Tout est secret,
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enveloppé, allégorique. Les symbolistes ont fait un rêve irréalisable, celui d’exprimer le pur mystère ( ?) et la beauté pure. Le mystère sans un peu de clarté, c’est le néant absolu, et la beauté sans la vie, c’est une forme inconsistante qui échappe à l’étreinte de l’artiste.
 
« Qu’a-t-il manqué souvent aux parnassiens et aux symbolistes pour nous satisfaire pleinement ? L’humanité. » (Le Figaro, 12 décembre).
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(Le Figaro, 13 juillet 1902).
 
« La « mode », il y a trois lustres nouvelle, rencontra la plus grande faveur cheç les lettrés des pays étrangers, qui ne pouvaient point ne pas être flattés de voir appliquer à la poésie française la technique même de leur poésie nationale ( ?)— je veux dire que le rythme non parlenombre compté des syllabes mais par leur accentuation (si peu sensible en français !), la suppression de la rime, ou son amoindrissement en assonance, et le prolongement non réglé, non borné, du vers, ce fut pour les prosodies allemande et anglaise — allemande notamment — comme une conquête, comme un asservissement de la prosodie française. En même temps, le vers-librisme était ardemment, et naturellement, approuvé, recommandé par un assez grand nombre de nos poètes qui, quoique écrivant en français, étaient étrangers à notre pays parla naissance ou V origine. Sans doute, il fut adopté aussi par des poètes entièrement français, soucieux de singularité extérieure, à défaut peut-être d’originalité intime ; et il amusait de subtiles élites éprises du nouveau à tout prix, du bizarre même absurde. »
 
(Le Figaro, 26 avril 1903, et Rapport, page 191).
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n’est plus communicatif que le silence… Il y a bien des interviews çà et là, mais impossible de découvrir des injures nouvelles, et nos échantillons me semblent très suffisants, la série bien que monotone est complète. Citons toutefois cette opinion catégorique du contremaître Ernest-Charles :
 
« Et maintenant… si ce concours Sully-Prudhomme signifie quelque chose sur les tendances de la poésie française, il signifie la mort du vers libre. Presque tous ces jeunes gens reviennent à la poésie traditionnelle, judicieusement libérée de ses contraintes trop rudes. Qu’ils en soient loués ! On se souviendra donc que, en l’an 1904, vers le mois de mars, la mort du vers libre a été constatée, proclamée, consacrée, sanctionnée par Jean Moréas, Henri de Régnier, Emile Verhaeren… ( ?) » (LeGil Blas, 21 mars 1904).
 
Mais il se produisit un fait curieux : la fondation d’une nouvelle école :l’Intégralisme.
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Cependant Victor Hugo écrivait quatre jours plus tard, le 11 mars, dans sa préface :
 
« … Le public des livres est bien différent du public des spectacles, et l’on pouvait craindre de voir le second repousser ce que le premier avait accepté. Il n’en a rien été(IH). Le principe de la liberté littéraire, déjà compris par le monde qui lit et qui médite, n’a pas été moins complètement adopté par cette immense foule ( !), avide des pures émotions d’art, qui inonde chaque soir les théâtres de Paris. »
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Et en 1831, dans la préface de Marion Delorme, il concluait :
 
« Les misérables mots à querelle, classique et romantique, sont tombés dans l’abîme de 1830, comme gluckiste et picciniste ( ?) dans le gouffre de 1789. L’art seul est resté. »
 
Et voilà comment s’établissent les légendes, comment se fabriquent les victoires littéraires, qui sont le fait exclusif des générations qui suivent, selon qu’elles soutiennent l’assaillant ou, définitivement, le couchent à terre.
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« Voyez-vous, les jeunes sont trop injustes… Ils éreintent tous ceux qui atteignent à la gloire ( ?), même si le nouveau glorieux est des leurs ; nous n’étions pas ainsi : nous avons mieux aimé Coppée après le Passant qu’avant, et nous nous en faisions honneur. Les jeunes d’aujourd’hui n’exaltent que ceux qu’ils ne peuvent pas craindre… Ils ont exalté Mallarmé, parce qu’ils savaient bien que Mallarmé ne donnerait jamais l’œuvre retentissante… Ils ont surfait Verlaine, qui n’était qu’un bon poète de second ordre, Desbordes-Valmore en pantalon ; et, quand ils ont vu que Verlaine allait devenir célèbre, ils ont commencé à chercher une autre gloire dans la pénombre ( ? ?). Voyez le cas de Maeterlinck, ils l’ont applaudi après Pelléas et Mêlisande ; ils le débinent depuis Monna Vanna »( ! ?) (La Presse, 26 mai 1903).
 
On eut beau répondre à M. Mendès de ne pas plus douter de notre sincérité dans notre admiration pour son camarade Verlaine et pour son ami Stéphane Mallarmé que nous ne doutions de son goût pour les chefs-d’œuvre de M. Coppée, un an après, il répétait :
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Cela le conduit même beaucoup plus loin, à ceci :
 
« Qjl’y a-t-il au fond de leur mépris pour la science ? Une énorme peur de voircette rivale accaparer tout l’intérêt intellectuel ( ! ! !), et d’être obligés de l’étudier pour en tirer des éléments lyriques ou psychologiques nouveaux.
 
« … On attend de l’écrivain la formule d’un style et d’une beauté
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M. Adolphe Boschot.
 
M. A. Boschot publia avant cette Ré/orme de la Prosodie par l’Aca>. «l’Académie
 
demie
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La Crise poétique (Perrin, 1897) où, sur un ton persifleur et avec tout le « pédantisme de la légèreté », il montra aussi peu de scrupule dans l’analyse historique et technique des rythmes nou
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Le Symbolisme Est Bien Mort Et Pompeusement Enterré… Nous avions cru devoir retrancher dans Vers et Prose la suite de la citation : enterré dans un cercueil fort bien construit : l’Anthologie
 
des Poètes
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des Poètes d’aujourd’hui, de MM. Van Bever et Léautaud, afin d’éviter toute personnalité qui ne fut pas une personnalité d’idée, si je puis dire.
 
Mais, à la réflexion, il nous apparut que cette fin de phrase importait beaucoup au contraire dans une sorte d’historique, comme significative des conséquences de certaines entreprises dont le symbolisme ne se défia pas assez. — Ainsi, au simple point de vue du renseignement matériel, « l’Index général » placé à la fin de ladite Anthologie nous indique < l’Esthétique des vers polychromes » par M. Gustave Kahn, qu’on retrouve vainement dans La Vogue du 18 avril 1886, sous le titre « De l’Esthétique du Verre polychrome » !
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Pour en revenir à M. Poinsot et à sa diatribe, notons que dans une étude par M. Pagnat, en tête de ses poèmes. Les Minutes profondes (1904), l’auteur laisse corriger ainsi ses injustices scandaleuses :
 
« Bien qu’un peu sans doute pour les besoins de sa cause ( !) celui qui écrivit Les Tendances de la Poésie nouvelle ait enterré le Symbolisme, je crois plus exact de dire que le Symbolisme n’est pas mort, mais a mué. »
 
(p. XX).
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Malgré des lignes semblables, M. Adolphe Retté, qui ne nous habitua guère à tant d’indulgence, loue M. Mendès (La Revue, ier avril 1905) d’avoir bien parlé du Symbolisme dans son Rapport !… Et il transcrit ce passage :
 
c« L’emploi du symbole, en poésie, c’est, me semble-t-il, l’art d’ailleurs instinctif ( ?) d’éveiller dans les âmes des sentiments, des souvenirs, des rêves
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que le verbe n’exprime ni totalement, ni entièrement. Par le symbole, le poète, tout en disant ce qu’il dit, fait entendre autre chose ; et, grâce à de mystérieuses analogies, la parole convie, restrictive à la fois et suggestrice, à la perception de l’inexprimé.
 
« Mais, en ce cas, tout le monde serait d’accord ( ! !) et les poètes appelés symbolistes n’auraient rien inventé du tout, a
 
Or — nous laissons de côté toute appréciation de cet éclaircissement sommaire — les lignes de notre citation continuent, à la page suivante, les développements de ce paragraphe ; la conclusion est trop aisée.
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En même temps qu’elle nous fait toucher la véritable tradition du sens poétique, cette strophe montre tout ce que le symbolisme, par la suppression notamment des termes comparatifs y a ajouté,
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de concentration et de force. Mais le poète Tristan était bien de nos ancêtres, qui disait :
 
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Cela est si vrai que même pour des questions aussi importantes que le dégagement aux yeux du public de la technique nouvelle, les
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premiers qui songèrent à présenter quelques explications. MM. Gustave Kahn et Francis Vielé-Griffin, ne le firent qu’en de courtes notes et pour répondre aux inquiétudes de M. Brunetière. — Nous avions la belle ambition de laisser les œuvres parler d’elles-mêmes. Faux orgueil ! erreur grave I je n’ai cessé de protester contre et de rappeler qu’à chaque transformation d’art les œuvres ne suffisaient pas pour que les yeux voient et pour que les oreilles entendent ce qui contrarie leur habitude.
 
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Vers Brisé
 
« … Nous voudrions un vers… sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d’alexandrin ; plus ami de l’enjambement qui l’allonge que de l’inversion qui l’embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre ; inépuisable dans la vérité de ses tours ; insaisissable dans ses secrets d’élégance et de facture. » (Préface de Cromwell).
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« Le but de M. Sully-Prud’homme est de démontrer que les formes de vers non admises par la métrique traditionnelle sont mauvaises en ellesmêmes : et cela n’est pas comme on dit, une affaire de goût, mais elles sont mauvaises, faute d’être conformes aux conditions qu’assigne à la parole rythmée la complexion même de nos organes. Quant à ses conditions, il les
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fait dériver (d’une manière, d’ailleurs assez confuse) du principe du moindre effort. Mais cette théorie a d’abord le défaut suivant : elle est destinée à rendre compte des raisons pour lesquelles tels rythmes plaisent, tels autres déplaisent. Or, il a fallu déterminer premièrement ces rythmes-ci et ces rythmes-là, — et ce choix est « affaire de goût » et, si l’on n’admet pas ce choix, la théorie s’écroule du même coup ; l’intervention, dans la matière, du principe du moindre effort perd toute valeur. Quant à savoir si l’on admettra ce choix « cela revient à demander si l’on accepte ou non la métrique traditionnelle, — ce qui précisément est la question. Il y a donc, si je ne me trompe, dans cette manière d’argumenter, quelque chose comme un cercle vicieux. » (La Poésie Nouvelle, introduction, p. 31).
 
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Qu’on rapproche ces définitions des belles pages de M. Albert
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Mockel dans le premier tome de Vers et Prose, et l’on se demandera vraiment pourquoi l’on ne s’entend pas. M. Albert Mockel écrit :
 
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« C’est le Vers Libéré des césures pédantes et inutiles (notons bien que le poète ne veut pas dire de toutes césures, mais seulement de celles qui sont pédantes et inutiles). C’est le triomphe du rythme, la variété infinie rendue au vieil alexandrin encore monotone chez les romantiques ; la rime libre enfin du joug parnassien, désormais sans raison d’être, redevenue simple, naïve, éblouissante d’éclat, au seul gré du tact poétique de celui qui la manie ; c’est la réalisation du souhait de Théodore de Banville : « Victor
 
c
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Hugo pouvait, lui, de sa puissante main, briser tous les liens dans les« quels le vers est enfermé, et nous le rendre absolument libre, mâchant o seulement dans sa bouche écumante le frein d’or de la rime. » (Novembre 1886).
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« Le vers libre devait ondoyer selon toutes les émotions du poète sans que nulle règle rigoureuse intervînt pour en entraver les mouvements.
 
« Cet idéal aurait pu se réaliser dans une langue où la cadence se serait marquée fortement par l’accent tonique. Mais Ce N’est Pas Le Cas Du Français ( ! !) « (Je souligne).
 
(L’on sait que cette erreur, née de fausses analogies avec le latin, est depuis longtemps réfutée, que le français a un accent tonique
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quoi que différent, aussi fort que celui des autres langues. Mais continuons) :
 
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oublié les grossières violences et les professions d’anarchie de
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M. Retté ! Et voilà qui rendrait légitimes les attaques de M. Mauclair, si M. Adolphe Retté avait jamais compté dans le mouvement symboliste autrement que par des œuvres incolores et par les soubresauts beaucoup plus colorés de son humeur destructive.
 
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C’est la fusion de ces deux courants qui a créé dans ses différentes modalités le véritable vers libre.
 
Le vers
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Le vers libre, au surplus, ne peut être entendu, à proprement parler, comme une forme telle qu’une seule intervention la fixerait, mais comme un moyen général de composition permettant de déterminer des formes individuelles.
 
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D’ailleurs, au point de vue technique, l’étude de Gautier eut sur
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le symbolisme au même degré que les vers et les critiques de Baudelaire, une grande influence originelle, témoins ces lignes :
 
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De cet admirable morceau inachevé, Défense de la Poésie, on a l’habitude de ne citer que les derniers mots : « Les poètes sont les législateurs non reconnus du monde », justement ceux qui prêtent aux plus dangereuses équivoques, qui favorisent dans la poésie, et contre elle, l’apostolat didactique. Ils expriment en effet un des côtés les moins heureux du génie de Shelley dont la source ne s’est troublée que lorsque les fièvres humanitaires de sa « foi morale et politique » {Préface), ont dévoré plusieurs des chants de son Laon et Cytbna. — La Défense de la Poésie offre bien d’autres passages d’un enseignement radieux.
 
— Page go90.
 
Se Manifestent.
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— Page pi91.
 
Préoccupation Du Public Et Du Succès Personnel « Tout représentant de l’Idée tend à se préférer à l’idée qu’il manifeste, — se préférer — voilà la faute. L’artiste, le savant ne doit pas se préférer à la Vérité qu’il veut dire : voilà toute sa morale… L’artiste et l’homme vraiment homme, qui vit pour quelque chose, doit avoir d’avance fait le sacrifice de lui-même. Toute sa vie n’est qu’un acheminement vers cela. » (André Gide, Le Traité de Narcisse, note, p. 84, nouv. éd. « Mercure de France »).
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« Ce qu’ils nomment un être supérieur est un être qui s’est trompé. Pour s’étonner de lui, il faut le voir — et pour le voir il faut qu’il se montre. Et il me montre que la niaise manie de son nom le possède. Ainsi chaque grand homme est taché d’une erreur. Chaque esprit qu’on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu’il faut pour se rendre perceptible, l’énergie dissipée à se transmettre et à préparer la satisfaction étrangère. Il va jusqu’à comparer les jeux informes de la gloire à la joie de se sentir unique, — grande volupté particulière. » (Paul Valéry, La Soirée avec Monsieur Teste).
 
— Page pi91.
 
Jamais Période Ne Fut Plus Abondante.
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Pour se rendre compte du ton que l’on emploie à notre égard et de celui dont la réponse convient, il nous suffira de citer ces quelques pages de L’Art des vers :
 
« Il ne s’agit pas du grotesque langage que, dans le but de créer une équivoque favorable ( !), quelques poètes récents ont nommé « vers libres », quelques poètes, j’ai hâte de le dire, presque tous venus du Pérou, de l’Uruguay, des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la Scandinavie, del’Hellénie, de la Néerlande ou de la Pologne, pour nous révéler enfin le véritable
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génie de la métrique française, qu’ils étaient si naturellement préparés à connaître. L’on peut pourtant me dispenser d’en dire deux mots, puisque quelques-uns tentent de faire durer encore cette mauvaise plaisanterie. » L’Art des vers, par Auguste Dorchain, p. 402. Per Lamm, éd., 1905).
 
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Aujourd’hui que brisant le joug ailé du nombre
 
Le vers fuit des sommets le jour et la hauteur ! ( ?)
 
Fier de ton art, docile à ses règles sacrées,
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Toi qui sais obéir, même alors que tu crées !
 
Il aurait pu dire : parce que tu crées (souligné par l’auteur) car ce qu’il y a au fond de la déliquescence de la forme, chez ceux qui brisent « le joug ailé », ce n’est pas autre chose— regardez-y bien — que la vacuité de l’esprit et que la stérilité du cœur ( ! !).
 
Parmi ces pages amorphes, dont pas une ne s’est imposée à la mémoire, cherchez — et vous ne les trouverez pas — quelles sont celles qui ont ajouté un peu de tendresse et de pitié au monde, qui ont, fût-ce dans une seule âme ( !) jeté un ferment d’enthousiasme Ou de joie, affiné le sens du bien et du mal, affermi la volonté, ennobli la notion de l’amour — tout cela bien entendu non par une prédication voulue et vaine, mais par l’involontaire et invincible émanation de la magnanimité du poète. Pourtant il n’y a que cela qui compte (souligné par l’auteur, p. 415).
 
« Au reste, rappelons-nous à quel moment a été jeté cet appel à l’anarchie prosodique.
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« C’est au moment où ici on vit la poésie abandonner les grandes voies de la pensée, de la conscience et de l’amour, s’éprendre de toutes les déviations morales, de toutes les dépravations physiques, de toutes les aberrations intellectuelles.
 
« C’est au moment où le vers « désertait » à la fois « le jour » et « la hauteur » des sommets, qu’il tentait de secouer aussi « le joug ailé du nombre » ; car tout se tient et ceci ne pouvait point aller sans cela ( ? !), C’est alors que quelques exotiques aidés de quelques Français non moins étrangers qu’eux par la sensibilité de l’oreille et la constitution de l’esprit essayèrent de briser notre métrique, grâce à laquelle est si miraculeusement assumée la communication immédiate de celui qui chante avec l’universalité de ceux qui l’écoutent. Et si le but de l’art est de produire selon la parole d’un philosophe « une émotion esthétique d’un caractère social », nous avons failli, alors, voir se réaliser pour eux le paradoxe contenu dans ces mots assemblés, un art anti-social (p. 416 et 417).
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M. Dorchain ne pouvait choisir meilleurs exemples… contre sa thèse. Victor Hugo tout entier est dans ces quelques vers avec sa grande allure, mais aussi son verbalisme, sa pensée décorative sans frémissement. Et que le rôle de la rime est ici fâcheux ! Comme il pousse à des remplissages d’autant plus pénibles qu’on ne s’attendait point ici à de simples arabesques funèbres. On surprend à nu la tyrannie de la vieille rime dans tout son dévoiement de la sensibilité.
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Si encore on peut admettre « du haut de Dieu tu vas voir Jébovab »( ? ? ?) mais avec plusieurs points d’interrogation, que dire du truisme « la dernière heure est le dernier degré » qui par-dessus le marché amène <\ tu vas voir des gouffres à ton gré >> ? Puis quelles banalités de rimes : « tombeau, beau ; sublime, cime ; éternel, ciel » ! Et quelle redondance uniforme dans le mouvement si peu ému !
 
Comparer à ces vers les trois strophes parfaites de Francis VieléGriffin est une gracieuseté dont M. Dorchain ne saurait être trop remercié. Une oreille délicate aura tout de suite senti la justesse de ton de ces rimes discrètes et dont pas un geste déplacé ne fausse l’émotion contenue. De simples sons d’âme vraiment, échos du cœur à la pensée ; des rythmes qui battent comme des pulsations, comme des paupières vibrantes qui retiennent leurs larmes… Où est donc A l’effacement de toute symétrie rythmique » ? Des « symétries rythmiques » correspondent tout le temps. — Inutile d’insister.
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Peut-être y apporte-t-il plus de sérieux que n’en comporte l’affaire. La poésie française a traversé d’autres crises de neurasthénie. Ni le bel esprit n’a empêché l’’Ecole des femmes, ni le jargon n’a empêché Phèdre. Marivaudage de graphologues, flirtage d’occultistes ; musique pour les yeux, peinture pour les oreilles, poésie pour l’odorat ; mots en anagrammes, phrases
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inverties, métaphores en rébus, pensées en allitérations,évocations nocturnes de vieilles allégories : jeux innocents, veillées du château, et avec les progrès de la démocratie, demain, peut-être, veillées de la chaumière ! 11 faut bien que la jeunesse s’amuse et que la vieillesse se console de ne s’amuser plus. Ne nous effarons pas. Ce n’est pas une révolution qui passe, c’est une cavalcade « historique net narquoise ( ?) de précieuses et d’incroyables. »
 
Pour conclure : M. Auguste Dorchain a écrit : Vers la Lumière ; .M. Albert Sorel est un historien.
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En cela, les romantiques se conformèrent strictement aux enseignements du passé qui prônaitavant tout la littérature d’imitation,— conséquence fatale d’ailleurs de la volonté prédominante de plaire,
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premier principe, hier encore, de tous les arts. Racine s’excusait de ne pas se soumettre avec tout le scrupule qu’il eût souhaité aux modèles antiques ; et André Chénier se vantait de ses « larcins » et de « la pourpre étrangère » jointe à « son étoffe » :
 
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Il y a une confusion à dissiper, entre les limites, la perfection immédiatement appréciable que réclament les arts visuels, et l’illimité, qui crée l’imperfection, par fausse analogie, des arts auditifs. La grande erreur des parnassiens fut justement de rechercher une sorte de perfection qui restreignait les bornes de leur art. Soyons imparfaits pour ne pas l’être ! l’autre perfection n’est qu’une faiblesse de l’ouïe devant les applications de l’œil.
 
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IMP. BONVALOT-JOUVE, 15, RUE RACINE, PARIS
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ERRATA ET ADDENDA
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En dépit de tous les éclaircissements des techniciens, les confusions parmi les littérateurs sont telles que les plus avertis comme M. Remy de Gourmont en arrivent à écrire ce qui suit :
 
a … La commune mesure étant le nombre réel, il faut qu’à des intervalles presque réguliers un vers plein surgisse, qui rassure l’oreille et guidé le rythme. 11 n’y a pas de poésie sans rythme, ni de rythme sans nombre* (Le Problème du style, p. 171).
=== no match ===
.
 
Mais si ! il n’y a que des rythmes sans nombre ! et le même rythme peut se continuer indéfiniment à travers des « nombres » différents.
Ligne 2 490 ⟶ 2 478 :
Mardoche : 105.
 
MARS (Mu« ) : 49.
 
Marion de Lorme : 50.