« Colomba et autres contes et nouvelles/La Vénus d’Ille » : différence entre les versions

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Les fenêtres étaient fermées. Avant de me déshabiller, j’en ouvris une pour respirer l’air frais de la nuit, délicieux après un long souper. En face était le Canigou, d’un aspect admirable en tout temps, mais qui me parut ce soir-là la plus belle montagne du monde, éclairé qu’il était par une lune resplendissante. Je demeurai quelques minutes à contempler sa silhouette merveilleuse, et j’allais fermer ma fenêtre, lorsque, baissant les yeux, j’aperçus la statue sur un piédestal à une vingtaine de toises de la maison. Elle était placée à l’angle d’une haie vive qui séparait un petit jardin d’un vaste carré parfaitement uni, qui, je l’appris plus tard, était le jeu de paume de la ville. Ce terrain, propriété de M. de Peyrehorade, avait été cédé par lui à la commune, sur les pressantes sollicitations de son fils.
 
AÀ la distance où j’étais, il m’était difficile de distinguer l’attitude de la statue ; je ne pouvais juger que de sa hauteur, qui me parut de six pieds environ. En ce moment, deux polissons de la ville passaient sur le jeu de paume, assez près de la haie, sifflant le joli air du Roussillon : ''Montagnes régalades''. Ils s’arrêtèrent pour regarder la statue ; un d’eux l’apostropha même à haute voix. Il parlait catalan ; mais j’étais dans le Roussillon depuis assez longtemps pour pouvoir comprendre à peu près ce qu’il disait.
 
« Te voilà donc, coquine ! (Le terme catalan était plus énergique.) Te voilà ! disait-il. C’est donc toi qui as cassé la jambe à Jean Coll ! Si tu étais à moi, je te casserais le cou.
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Il était grand jour quand je me réveillai. Auprès de mon lit étaient, d’un côté, M. de Peyrehorade, en robe de chambre ; de l’autre, un domestique envoyé par sa femme, une tasse de chocolat à la main.
 
« Allons, debout, Parisien ! Voilà bien mes paresseux de la capitale ! disait mon hôte pendant que je m’habillais à la hâte. Il est huit heures, et encore au lit ! Je suis levé, moi, depuis six heures. Voilà trois fois que je monte ; je me suis approché de votre porte sur la pointe du pied : personne, nul signe de vie. Cela vous fera mal de trop dormir à votre âge. Et ma Vénus que vous n’avez pas encore vue ! Allons, prenez-moi vite cette tasse de chocolat de Barcelone… Vraie contrebande… Du chocolat comme on n’en a pas à Paris. Prenez des forces, car lorsque vous serez devant ma Vénus, on ne pourra plus vous en arracher. » En cinq minutes je fus prêt, c’est-à-dire à moitié rasé, mal boutonné, et brûlé par le chocolat que j’avalai bouillant. Je descendis dans le jardin, et me trouvai devant une admirable statue.
 
En cinq minutes je fus prêt, c’est-à-dire à moitié rasé, mal boutonné, et brûlé par le chocolat que j’avalai bouillant. Je descendis dans le jardin, et me trouvai devant une admirable statue.
C’était bien une Vénus, et d’une merveilleuse beauté.
 
C’était bien une Vénus, et d’une merveilleuse beauté. Elle avait le haut du corps nu, comme les Anciens représentaient d’ordinaire les grandes divinités ; la main droite, levée à la hauteur du sein, était tournée, la paume en dedans, le pouce et les deux premiers doigts étendus, les deux autres légèrement ployés. L’autre main, rapprochée de la hanche, soutenait la draperie qui couvrait la partie inférieure du corps. L’attitude de cette statue rappelait celle du Joueur de mourre qu’on désigne, je ne sais trop pourquoi, sous le nom de Germanicus. Peut être avait-on voulu représenter la déesse jouant au jeu de mourre.
 
Quoi qu’il en soit, il est impossible de voir quelque chose de plus parfait que le corps de cette Vénus, ; rien de plus suave, de plus voluptueux que ses contours, ; rien de plus élégant et de plus noble que sa draperie. Je m’attendais à quelque ouvrage du Bas-Empire ; je voyais un chef-d’œuvre du meilleur temps de la statuaire. Ce qui me frappait surtout, c’était l’exquise vérité des formes, en sorte qu’on aurait pu les croire moulées sur nature, si la nature produisait d’aussi parfaits modèles.
 
La chevelure, relevée sur le front, paraissait avoir été dorée autrefois. La tête, petite comme celle de presque toutes les statues grecques, était légèrement inclinée en avant. Quant à la figure, jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se rapprochait de celui d’aucune statue antique dont il me souvienne. Ce n’était point cette beauté calme et sévère des sculpteurs grecs, qui, par système, donnaient à tous les traits une majestueuse immobilité. Ici, au contraire, j’observais avec surprise l’intention marquée de l’artiste de rendre la malice arrivant jusqu’à la méchanceté. Tous les traits étaient contractés légèrement : les yeux un peu obliques, la bouche relevée des coins, les narines quelque peu gonflées. Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur ce visage d’une incroyable beauté cependant. En vérité, plus on regardait cette admirable statue, et plus on éprouvait le sentiment pénible qu’une si merveilleuse beauté pût s’allier à l’absence de toute sensibilité.
 
« Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyrehorade, et je doute que le cielCiel ait jamais produit une telle femme, que je plains ses amants ! Elle a dû se complaire à les faire mourir de désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je n’ai jamais vu rien de si beau.
Tous les traits étaient contractés légèrement: les yeux un peu obliques, la bouche relevée des coins, les narines quelque peu gonflées. Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur ce visage d’une incroyable beauté cependant. En vérité, plus on regardait cette admirable statue, et plus on éprouvait le sentiment pénible qu’une si merveilleuse beauté pût s’allier à l’absence de toute sensibilité.
 
''C’est Vénus tout entière à sa proie attachée !'' »
« Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyrehorade, et je doute que le ciel ait jamais produit une telle femme, que je plains ses amants ! Elle a dû se complaire à les faire mourir de désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je n’ai jamais vu rien de si beau.
 
— C’est Vénus tout entière à sa proie attachée ! »
 
s’écria M. de Peyrehorade, satisfait de mon enthousiasme.
 
Cette expression d’ironie infernale était augmentée peut-être par le contraste de ses yeux incrustés d’argent et très brillants avec la patine d’un vert noirâtre que le temps avait donnée à toute la statue. Ces yeux brillants produisaient une certaine illusion qui rappelait la réalité, la vie. Je me souvins de ce que m’avait dit mon guide, qu’elle faisait baisser les yeux à ceux qui la regardaient. Cela était presque vrai, et je ne pus me défendre d’un mouvement de colère contre moi-même en me sentant un peu mal à mon aise devant cette figure de bronze.
 
« Maintenant que vous avez tout admiré en détail, mon cher collègue en antiquaillerie, dit mon hôte, ouvrons, s’il vous plaît, une conférence scientifique. Que dites-vous de cette inscription, à laquelle vous n’avez point pris garde encore ? »
Cela était presque vrai, et je ne pus me défendre d’un mouvement de colère contre moi-même en me sentant un peu mal à mon aise devant cette figure de bronze.
 
Il me montrait le socle de la statue, et j’y lus ces mots :
« Maintenant que vous avez tout admiré en détail, mon cher collègue en antiquaillerie, dit mon hôte, ouvrons, s’il vous plaît, une conférence scientifique.
 
<center>CAVE AMANTEM.</center>
Que dites-vous de cette inscription, à laquelle vous n’avez point pris garde encore ? » Il me montrait le socle de la statue, et j’y lus ces mots CAVE AMANTEM, « Qu’en dis-tu, très docte collègue ? me demanda-t-il en se frottant les mains. Voyons si nous nous rencontrerons sur le sens de ce cave amantem !
 
Que« dites-vous''Quid de cette inscriptiondicis, à laquelle vous n’avez point pris garde encoredoctissime ?'' » Il me montrait le socle de la statue, et j’y lus ces mots CAVE AMANTEM, « [Qu’en dis-tu, très docte collègue ?] me demanda-t-il en se frottant les mains. Voyons si nous nous rencontrerons sur le sens de ce ''cave amantem !''
— Mais, répondis-je, il y a deux sens. On peut traduire : « Prends garde à celui qui t’aime, défie-toi des amants. » Mais, dans ce sens, je ne sais si cave amantem serait d’une bonne latinité. En voyant l’expression diabolique de la dame, je croirais plutôt que l’artiste a voulu mettre en garde le spectateur contre cette terrible beauté.
 
— Mais, répondis-je, il y a deux sens. On peut traduire : « Prends garde à celui qui t’aime, défie-toi des amants. » Mais, dans ce sens, je ne sais si ''cave amantem'' serait d’une bonne latinité. En voyant l’expression diabolique de la dame, je croirais plutôt que l’artiste a voulu mettre en garde le spectateur contre cette terrible beauté. Je traduirais donc : « Prends garde à toi si ''elle'' t’aime. »
Je traduirais donc : « Prends garde à toi si elle t’aime. »
 
— Humph ! dit M. de Peyrehorade, oui, c’est un sens admirable ; mais, ne vous en déplaise, je préfère la première traduction, que je développerai pourtant. Vous connaissez l’amant de Vénus ?
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— Il y en a plusieurs.
 
— Oui ; mais le premier, c’est Vulcain. N’a-t-on pas voulu dire : « Malgré toute ta beauté, ton air dédaigneux, tu auras un forgeron, un vilain boiteux pour amant ? Leçon profonde, monsieur, pour les coquettes ! »
 
Leçon profonde, monsieur, pour les coquettes ! » Je ne pus m’empêcher de sourire, tant l’explication me parut tirée par les cheveux.
 
« C’est une terrible langue que le latin avec sa concision, observai-je pour éviter de contredire formellement mon antiquaire, et je reculai de quelques pas afin de mieux contempler la statue.
 
— Un instant, collègue ! dit M. de Peyrehorade en m’arrêtant par le bras, vous n’avez pas tout vu. Il y a encore une autre inscription. Montez sur le socle et regardez au bras droit. » En parlant ainsi il m’aidait à monter.
 
En parlant ainsi il m’aidait à monter.
Je m’accrochai sans trop de façons au cou de la Vénus, avec laquelle je commençais à me familiariser.
 
Je la regardai même un instant sous le nez, et la trouvai de près encore plus méchante et encore plus belle. Puis je reconnus qu’il y avait, gravés sur le bras, quelques caractères d’écriture cursive antique, à ce qu’il me sembla. A grand renfort de bésicles j’épelai ce qui suit, et cependant M, de Peyrehorade répétait chaque mot à mesure que je le prononçais, approuvant du geste et de la voix. Je lus donc :
 
 
 
VENERI TVRBVL,
 
EVTYCHES MYRO
 
IMPERIO FECIT
 
Je m’accrochai sans trop de façons au cou de la Vénus, avec laquelle je commençais à me familiariser. Je la regardai même un instant ''sous le nez'', et la trouvai de près encore plus méchante et encore plus belle. Puis je reconnus qu’il y avait, gravés sur le bras, quelques caractères d’écriture cursive antique, à ce qu’il me sembla. AÀ grand renfort de bésicles j’épelai ce qui suit, et cependant M, de Peyrehorade répétait chaque mot à mesure que je le prononçais, approuvant du geste et de la voix. Je lus donc :
 
VENERI TVRBVL… EVTYCHES MYRO IMPERIO FECIT.
 
Après ce mot TVRBVL de la première ligne, il me sembla qu’il y avait quelques lettres effacées ; mais TVRBVL était parfaitement lisible.
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« Il y a un mot que je ne m’explique pas encore, lui dis-je ; tout le reste est facile. Eutychès Myron a fait cette offrande à Vénus par son ordre.
 
— À merveille. Mais TVRBVL, qu’en faites-vous ? Qu’est-ce que TVRBVL ?
 
— TVRBVL m’embarrasse fort. Je cherche en vain quelque épithète connue de Vénus qui puisse m’aider. Voyons, que diriez-vous de TVRBVLENTA ? Vénus qui trouble, qui agite… Vous vous apercevez que je suis toujours préoccupé de son expression méchante. TVRBVLENTA, ce n’est point une trop mauvaise épithète pour Vénus », ajoutai-je d’un ton modeste, car je n’étais pas moi-même fort satisfait de mon explication.
Qu’est-ce que TVRBVL ?
 
« Vénus turbulente ! Vénus la tapageuse ! Ah ! vous croyez donc que ma Vénus est une Vénus de cabaret ? Point du tout, monsieur ; c’est une Vénus de bonne compagnie. Mais je vais vous expliquer ce TVRBVL… Au moins vous me promettez de ne point divulguer ma découverte avant l’impression de mon mémoire. C’est que, voyez-vous, je m’en fais gloire, de cette trouvaille là… Il faut bien que vous nous laissiez quelques épis à glaner, à nous autres pauvres diables de provinciaux. Vous êtes si riches, messieurs les savants de Paris ! »
— TVRBVL m’embarrasse fort. Je cherche en vain quelque épithète connue de Vénus qui puisse m’aider.
 
Vous êtes si fiches, messieurs les savants de Paris ! » Du haut du piédestal, où j’étais toujours perché, je lui promis solennellement que je n’aurais jamais l’indignité de lui voler sa découverte.
Voyons, que diriez-vous de TVRBVLENTA? Vénus qui trouble, qui agite… Vous vous apercevez que je suis toujours préoccupé de son expression méchante.
 
TVRBVLENTA, ce n’est point une trop mauvaise épithète pour Vénus », ajoutai-je d’un ton modeste, car je n’étais pas moi-même fort satisfait de mon explication.
 
« Vénus turbulente ! Vénus la tapageuse ! Ah ! vous croyez donc que ma Vénus est une Vénus de cabaret ?
 
Point du tout, monsieur; c’est une Vénus de bonne compagnie. Mais je vais vous expliquer ce TVRBVL… Au moins vous me promettez de ne point divulguer ma découverte avant l’impression de mon mémoire. C’est que, voyez-vous, je m’en fais gloire, de cette trouvaille là… Il faut bien que vous nous laissiez quelques épis à glaner, à nous autres pauvres diables de provinciaux.
 
Vous êtes si fiches, messieurs les savants de Paris ! » Du haut du piédestal, où j’étais toujours perché, je lui promis solennellement que je n’aurais jamais l’indignité de lui voler sa découverte.
 
« TVRBVL…, monsieur, dit-il en se rapprochant et baissant la voix de peur qu’un autre que moi ne pût l’entendre, lisez TVRBVLNERAE.
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— Je ne comprends pas davantage.
 
— Écoutez bien. À une lieue d’ici, au pied de la montagne, il y a un village qui s’appelle BoultemèreBoulternère. C’est une corruption du mot latin TVRBVLNERA. Rien de plus commun que ces inversions. Boultemère, monsieur, a été une ville romaine. Je m’en étais toujours douté, mais jamais je n’en avais eu la preuve. La preuve, la voilà. Cette Vénus était la divinité topique de la cité de Boultemère ; et ce mot de Boultemère, que je viens de démontrer d’origine antique, prouve une chose bien plus curieuse, c’est que Boultemère, avant d’être une ville romaine, a été une ville phénicienne ! »
 
Cette Vénus était la divinité topique de la cité de Boultemère; et ce mot de Boultemère, que je viens de démontrer d’origine antique, prouve une chose bien plus curieuse, c’est que Boultemère, avant d’être une ville romaine, a été une ville phénicienne ! » Il s’arrêta un moment pour respirer et jouir de ma surprise. Je parvins à réprimer une forte envie de rire.
 
« En effet, poursuivit-il, TVRBVLNERA est pur phénicien, TVR, prononcez TOUR… TOUR et SOUR, même mot, n’est-ce pas ? SOUR est le nom phénicien de Tyr ,; je n’ai pas besoin de vous en rappeler le sens. BVL, c’est Baal , Bâl, Bel, Bul, légères différences de prononciation. Quant à NERA, cela me donne un peu de peine. Je suis tenté de croire, faute de trouver un mot phénicien, que cela vient du grec γηρσς, humide, marécageux. Ce serait donc un mot hybride. Pour justifier γηρσς, je vous montrerai à Boultemère comment les ruisseaux de la montagne y forment des mares infectes. D’autre part, la terminaison NERA aurait pu être ajoutée beaucoup plus tard en l’honneur de Nera Pivesuvia, femme de Tétricus, laquelle aurait fait quelque bien à la cité de Turbul. Mais, à cause des mares, je préfère l’étymologie de γηρσς. »
 
Mais, à cause des mares, je préfère l’étymologie de vnpoç. » Il prit une prise de tabac d’un air satisfait.
Quant à NERA, cela me donne un peu de peine. Je suis tenté de croire, faute de trouver un mot phénicien, que cela vient du grec vnpoç, humide, marécageux. Ce serait donc un mot hybride. Pour justifier vnpoç, je vous montrerai à Boultemère comment les ruisseaux de la montagne y forment des mares infectes. D’autre part, la terminaison NERA aurait pu être ajoutée beaucoup plus tard en l’honneur de Nera Pivesuvia, femme de Tétricus, laquelle aurait fait quelque bien à la cité de Turbul.
 
« Mais laissons les Phéniciens, et revenons à l’inscription. Je traduis donc : "À Vénus de Boultemère Myron dédie par son ordre cette statue, son ouvrage." »
Mais, à cause des mares, je préfère l’étymologie de vnpoç. » Il prit une prise de tabac d’un air satisfait.
 
« Mais laissons les Phéniciens, et revenons à l’inscription. Je traduis donc : "A Vénus de Boultemère Myron dédie par son ordre cette statue, son ouvrage." » Je me gardai bien de critiquer son étymologie, mais je voulus à mon tour faire preuve de pénétration, et je lui dis : « Halte-là, monsieur. Myron a consacré quelque chose, mais je ne vois nullement que ce soit cette statue.
 
« Halte-là, monsieur. Myron a consacré quelque chose, mais je ne vois nullement que ce soit cette statue.
 
— Comment ! s’écria-t-il, Myron n’était-il pas un fameux sculpteur grec ? Le talent se sera perpétué dans sa famille : c’est un de ses descendants qui aura fait cette statue. Il n’y a rien de plus sûr.
 
— Mais, répliquai-je, je vois sur le bras un petit trou. Je pense qu’il a servi à fixer quelque chose, un bracelet, par exemple, que ce Myron donna à Vénus en offrande expiatoire . Myron était un amant malheureux . Vénus était irritée contre lui : il l’apaisa en lui consacrant un bracelet d’or. Remarquez que fecitse''fecit'' se prend fort souvent pour ''consecravit''. Ce sont termes synonymes. Je vous en montrerais plus d’un exemple si j’avais sous la main Gruter ou bien OrelliusOrelli. Il est naturel qu’un amoureux voie Vénus en rêve, qu’il s’imagine qu’elle lui commande de donner un bracelet d’or à sa statue. Myron lui consacra un bracelet… Puis les barbares ou bien quelque voleur sacrilège…
— Mais, répliquai-je, je vois sur le bras un petit trou.
 
Je pense qu’il a servi à fixer quelque chose, un bracelet, par exemple, que ce Myron donna à Vénus en offrande expiatoire . Myron était un amant malheureux . Vénus était irritée contre lui : il l’apaisa en lui consacrant un bracelet d’or. Remarquez que fecitse prend fort souvent pour consecravit. Ce sont termes synonymes. Je vous en montrerais plus d’un exemple si j’avais sous la main Gruter ou bien Orellius. Il est naturel qu’un amoureux voie Vénus en rêve, qu’il s’imagine qu’elle lui commande de donner un bracelet d’or à sa statue.
 
Myron lui consacra un bracelet… Puis les Barbares ou bien quelque voleur sacrilège…
 
— Ah ! qu’on voit bien que vous avez fait des romans ! s’écria mon hôte en me donnant la main pour descendre. Non, monsieur, c’est un ouvrage de l’école de Myron. Regardez seulement le travail, et vous en conviendrez.” M’étant fait une loi de ne jamais contredire à outrance les antiquaires entêtés, je baissai la tête d’un air convaincu en disant : “ C’est un admirable morceau.