« La Chatte métamorphosée en femme (opéra-comique) » : différence entre les versions

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==SCÈNE VII.==
''LES MÊMES, MARIANNE, portant un panier.''
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, à part.}}
C'est fini ; le marché est conclu : je l'ai vendue pour trois florins ; mais je n'aurai jamais le courage de… {{didascalie|(Haut.)}} Que vois-je… une femme en ces lieux !
 
{{didascalie|(A l'entrée de Marianne, Minette se place à la droite de Guido, et cherche à se cacher aux yeux de la gouvernante.)}}
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{{réplique|MARIANNE.}}
Avec nous ! {{didascalie|(Posant son panier.)}} Ah bien ! par exemple, voici du nouveau !
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, à part.}}
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{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, avec ironie.}}
Et elle arrive d'Angleterre ? {{didascalie|(Elle porte le coffre dans la chambre à droite, et commence à mettre sur la table tout ce qu'il faut pour déjeuner.)}} Je vois ce que c'est… Monsieur est las de mes services… C'est une jeune gouvernante qu'il lui faut… Mais en la voyant de cet âge-là, Dieu sait ce qu'on en dira… On ne vous épargnera pas les propos, ni les coups de patte.
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, regardant Minette.}}
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{{réplique|GUIDO.}}
Juste, c'est elle ! {{didascalie|(A part.)}} Elle ne croit pas si bien deviner. {{didascalie|(Haut.)}} Oui, ma chère Marianne, c'est là cette femme charmante, dont le bon ton, la grâce et les manières distinguées… Ah !… qu'est-ce qu'elle fait donc là ?
 
{{didascalie|(Il se retourne et aperçoit Minette, qui s'est approchée tout doucement de la table, trempant ses doigts dans la crème, et les portante sa bouche comme les chats.)}}
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{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, avec humeur,}}
Oui, oui… dans ce pays-là… on ne mange pas comme… {{didascalie|(Voulant détourner la conversation et regardant la table.)}} Mais quel déjeuner, Marianne ! toi qui n'avais pas d'argent… comment as-tu fait ?
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, avec humeur.}}
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{{réplique|MARIANNE.}}
Ah ! bien oui. {{didascalie|(Regardant Minette.)}} Vous avez maintenant bien d'autres choses à penser !… Je l'ai vendue à la femme du gouverneur… une femme très sensible… qui aime beaucoup les chats.
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, à part.}}
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{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, avec colère d'abord.}}
Comment !… {{didascalie|(Se calmant.)}} Eh bien, à la bonne heure, puisque le fils du gouverneur l'a achetée… qu'il vienne la prendre {{didascalie|(A part.)}} s'il peut la reconnaître !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, à elle-même.}}
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{{didascalie|(Il lui fait signe de s'asseoir vis-à vis de lui. Il lui verse de la crème, et lui montre comment il faut tremper son pain, ce que Minette imite gauchement et maladroitement.)}}
:::''TRIO.''
:::''Ensemble.''
{{réplique|GUIDO et MINETTE.}}
:Repas charmant, plaisir extrême,
:Se trouver là tous deux ! tous deux !
:Pouvoir se dire ici : je t'aime !
::Avec les yeux !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, les regardant et mangeant son morceau de pain.}}
:Pauvre Minette ! ô peine extrême !
:Il faut nous séparer tous deux,
:Et pour toi l'ingrat n'a pas même
::De larme aux jeux.
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, qui a versé son lait dans son assiette et le buvant.}}
::C'est bon ! merci.
 
{{réplique|MARIANNE.}}
::Dans son assiette !
::Quoi, Milady !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, bas, lui faisant signe.}}
::Hé mais… Minette,
::Non ! pas ainsi.
 
{{didascalie|(Il lui montre.)}}
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, l'imitant.}}
::C'est bien… merci.
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, se moquant,}}
::C'est fort joli !
::Quelles manières
:::Singulières !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, à part.}}
::Quel embarras !
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, faisant la moue de loin à Marianne.}}
::Hum ! vieille prude !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, à part.}}
:::Elle n'a pas
::Encore l'habitude
::De dîner à table.
 
{{didascalie|(Bas à Marianne.)}}
:::Attends donc !
{{didascalie|(Haut.)}}
:Point de bon repas sans chanson.
{{didascalie|(A Minette.)}}
:Sauriez-vous quelque polonaise ?
 
{{réplique|MINETTE.}}
:::Non !
 
{{réplique|GUIDO.}}
::Une gigue anglaise ?
 
{{réplique|MINETTE.}}
:::Mon Dieu non !
{{didascalie|(Cherchant.)}}
:::Je me souviens
::D'un petit air indien.
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, vivement.}}
::Nous l'écoutons… très bien !
 
:::''CHANSON.''
{{réplique|MINETTE.}}
::::''I.''
I.
:Dans une pagode indienne,
:Bayadère aux longs cheveux,
:Aux cils noirs comme t'ébène,
:A l'œil tendre et langoureux,
:Doucement chantait ainsi :
::« O bel ami !
::» O mon chéri !
:» Quand la nuit couvre nos bois,
::» Viens à ma voix
::» Comme autrefois,
::» Miaou ! miaou !
:» N'entends-tu pas ce chant hindou ?
::» Miaou ! miaou !
:» Reviens à moi, bel Acajou ! »
 
::::''ENSEMBLE.''
{{réplique|MARIANNE.}}
::Miaou ! miaou !
:Quel est donc ce chant hindou ?
 
{{réplique|GUIDO.}}
::Miaou ! miaou !
:C'est la langue de Vischnou !
{{didascalie|(Aux mots de miaou, Marianne regarde de tous côtés, comme si elle entendait un chat et paraît fort étonnée, Guido fait des signes désespérés à Minette, puis se remet à sourire à Marianne, comme pour lui donner le change.)}}
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, continuant.}}
::::''II.''
:« Je le vois, ton âme oublie
:» Tes serments et mon bonheur,
:» Les accents de ton amie
:» N'arrivent plus à ton cœur !
:» Une autre te plaît donc mieux !
::» Soyez heureux
::» Loin de mes yeux.
:» Mais si tu te repentais,
::» Je te plaindrais
::» Et te dirais :
::» Miaou ! miaou !
:» N'entends-tu pas ce chant hindou ?
::» Miaou ! miaou !
:» Reviens à moi, bel Acajou ! »
 
:::''Reprise de l’ensemble.''
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, applaudissant et regardant Marianne.}}
:Elle chante très gentiment !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, ironiquement.}}
::Oui.
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, à Minette.}}
:::C'est charmant !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, à Minette.}}
::Oh !… oui… charmant.
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, voyant Minette lécher son assiette.}}
:Que fait-elle ? oh ! là là !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, la montrant à Guido.}}
:Mais voyez donc !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, désolé.}}
::Nous y voilà.
 
{{réplique|MARIANNE.}}
::Encore !
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, avec impatience.}}
:Ah !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, avec colère.}}
::Ah !
 
{{réplique|TOUS TROIS.}}
:::Ah !
 
:::''Ensemble, très vif.''
 
{{réplique|MARIANNE.}}
:C'est épouvantable,
:C'est abominable,
:Ça me fait souffrir
:Comme un vrai martyr.
:Une jeune fille,
:Qui toujours sautille,
::Frétille,
::Sautille,
::Frétille,
::Sautille,
:Je n'y puis tenir,
:J'aime mieux partir.
 
{{réplique|MINETTE.}}
:C'est insupportable,
C’st:C’est abominable ;
:Oui, c'est trop souffrir
:Comme un vrai martyr.
:Une vieille fille,
:Qui toujours babille,
::Babille,
::Babille,
::Babille,
::Babille,
:Je n'y puis tenir,
:Vous pouvez sortir.
 
{{réplique|GUIDO.}}
:C'est insupportable,
:Je me donne au diable,
:Ah ! c'est trop souffrir
:Comme un vrai martyr.
:Chacune babille,
:Tout mon sang pétille,
::Pétille,
::Pétille,
::Pétille,
::Pétille,
:Je n'y puis tenir,
:C'est peur en mourir.
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, avec colère et ironie.}}
:Oui… je craindrais d'être indiscrète,
:Je sors…
 
{{didascalie|(Cherchant des yeux.)}}
 
::Mais où donc est Minette ?
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, se levant étourdiment.}}
:::Me voici !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, se retournant.}}
:Hein ?
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, bas et retenant Minette.}}
::Chut !
{{réplique|MARIANNE.}}
:::Plaît-il ?
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, lui montrant le fond.}}
::::Je dis que je la vois d'ici.
 
{{réplique|MARIANNE.}}
::Où donc ? dans mon panier ?
 
(Elle prend son panier à ouvrage qui renferme des pelotes de laine et de coton.)
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, à part.}}
::Oui, cherche à moins d'être sorcier !
 
{{didascalie|(Une pelote de laine s'est échappée du panier, Minette se lève, court après, et joue avec toutes tes autres en les dévidant comme les chats.)}}
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, criant et la poursuivant.}}
:Eh bien ! eh bien ! mademoiselle !
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, se fâchant.}}
::Laissez-moi !…
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, à Minette.}}
:::Finis donc !
 
{{réplique|MARIANNE.}}
::Quelle horreur !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, à Marianne.}}
:::Finis donc !
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, frappant du pied.}}
:On ne peut pas s'amuser avec elle !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, ramassant ses pelotons.}}
::Mes laines ! mon coton !
 
{{didascalie|(Minette s'approche de la cage et veut jouer avec les oiseaux.)}}
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, secouant la cage.}}
::Oh ! ces petits !
::Qu'ils sont gentils !
 
{{didascalie|(Elle renverse la cage, qui tombe à terre.)}}
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, y courant.}}
:Miséricorde… et mon serin !
 
{{réplique|GUIDO.}}
::Autre querelle !…
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, frappant du pied.}}
:On ne peut pas s'amuser avec elle !
 
{{réplique|MARIANNE}}{{didascalie|, la menaçant.}}
::Maudit lutin !
 
{{réplique|MINETTE}}{{didascalie|, de même.}}
::Esprit taquin !
 
{{réplique|GUIDO}}{{didascalie|, furieux.}}
:Ah ! j'en perds la tête, à la fin !
 
Reprise de l'ensemble.
 
{{réplique|MARIANNE.}}
::C'est épouvantable !
::C'est abominable ! etc.
 
{{réplique|MINETTE.}}
::C'est insupportable !
::C'est abominable ! etc.
 
{{réplique|GUIDO.}}
::C'est insupportable !
::Je me donne au diable ! etc.
 
{{didascalie|(Marianne sort en colère et entre dans sa chambre, à droite.)}}
 
==SCÈNE VIII.==