« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Sculpture » : différence entre les versions

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places qui n’existent pas, nous croyons qu’ils nous trouveraient de singulières
idées sur les arts, et qu’en allant regarder les portails de Chartres,
de Paris, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] ou de Reims, ils nous demanderaient quel était
le peuple, dispersé aujourd’hui, auteur de ces œuvres. Mais si nous leur
répondions, ainsi que de raison, que ces maîtres passés étaient nos ancêtres,
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considérait comme le seul moyen d’assurer sa suprématie au centre de
la féodalité. Le rôle que joue la statuaire dans ces cathédrales est considérable.
Si l’on visite celles de Paris, de Reims, de Bourges, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], de
Chartres, on est émerveillé, ne fût-ce que du nombre prodigieux de statues
et bas-reliefs qui complètent leur décoration.
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couverts de magots difformes ou sur quelques dyptiques, ne voyent dans
cet art qu’un développement du <i>laid</i>, d’aller faire un voyage à Reims, à
Chartres ou à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] et d’examiner avec quelque attention les bonnes
statues colossales de ces églises et les deux ou trois mille figures des
voussures et bas-reliefs; peut-être leur jugement serait-il quelque peu
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dramatique dans un grand nombre de bas-reliefs de la même époque,
c’est-à-dire de la première moitié du XIII<sup>e</sup> siècle. Les Prophéties, les Vices
du portail de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], les bas-reliefs des porches de Notre-Dame
de Chartres, possèdent ces qualités indépendantes de l’exécution matérielle qui parfois est défectueuse. Ces artistes avaient des idées
et prenaient le plus court chemin pour les exprimer. Aussi, comme les
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[[Image:Sculpture.galerie.des.rois.cathedrale.Amiens.png|center]]
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<span id="Amiens98">Voyons, par exemple, comme sont traitées les statues colossales de la
galerie des rois de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. La plupart de ces statues sont
assez médiocres, mais toutes produisent leur effet de grandeur par la
manière dont elles sont traitées; quelques-unes sont très-bonnes. Les
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œuvres qui d’ailleurs sont nombreuses. Une grande partie des statues
des porches de Notre-Dame de Chartres, des portails des cathédrales
d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] et de Reims possèdent ces qualités individuelles, et c’est ce qui
explique pourquoi ces statues produisent sur la foule une si vive impression,
si bien qu’elle les nomme, les connaît et attache à chacune d’elles
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Saint-Denis<span id="note25"></span>[[#footnote25|<sup>25</sup>]], de Royaumont; les apôtres de la Sainte-Chapelle du Palais à Paris; certaines statues du portail occidental de Notre-Dame de
Reims et des porches de Notre-Dame de Chartres<span id="note26"></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]. Il résulte toutefois de cet examen qu’alors, sous le règne de saint Louis, la meilleure école de
statuaire était celle de l’Île-de-France. On ne trouve pas une figure médiocre dans la statuaire de Notre-Dame de Paris, tandis qu’à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], à Chartres, à Reims, au milieu d’œuvres hors ligne, on en rencontre qui sont très-inférieures, soit comme style, soit comme exécution. À Reims
particulièrement, les ébrasements des portes du nord sont décorés de statues
du plus mauvais travail; sauf deux ou trois qui sont bonnes. L’école
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les opinions que l’on se fait de la statuaire du moyen âge une fâcheuse influence. Comme nous sommes naturellement portés en France à considérer les œuvres d’art en raison directe de la distance où elles se
trouvent de notre centre, beaucoup de personnes qui n’avaient jamais jeté
les yeux sur la statuaire des cathédrales de Paris, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] ou de Chartres,
ne voulant pas que leurs frais de déplacement fussent perdus, ont
regardé avec quelque attention la statuaire de Strasbourg ou de Fribourg.
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s’inspiraient d’ailleurs des types qu’ils avaient sous les yeux. Ce ne sont
plus là les physionomies que nous retrouvons à Paris, à Reims ou à
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], mais bien le type alsacien. Malheureusement beaucoup de
ces statues ou bas-reliefs de la cathédrale de Strasbourg ont été refaits à
diverses époques, car jamais on n’a cessé de travailler à cet
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âge. Il ne serait pas possible, par exemple, d’enlever des porches de la
cathédrale de Chartres, la statuaire, sans supprimer du même coup l’architecture.
Dans des portails comme ceux de Paris, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], de Reims,
il serait bien difficile de savoir où finit l’œuvre de l’architecte et ou
commence celle du statuaire et du sculpteur d’ornements. Ce principe
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et la statuaire seront liés ensemble comme un tissu sorti de la
même main. C’est ainsi que sont composés les soubassements du grand
portail de Notre-Dame d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], tels sont ceux des ébrasements des
portes de l’ancienne cathédrale d’Auxerre qui datent de la fin du XIII<sup>e</sup>
siècle, et beaucoup d’autres encore qu’il serait trop long d’énumérer.
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diverses devaient persister bien plus tard, et jamais la sculpture de
la Normandie, du Maine et de l’Anjou n’atteignit l’ampleur de celle des
cathédrales de Paris, de Laon et d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]; elle conserva une recherche
dans les détails, une maigreur qui, au XIV<sup>e</sup> siècle, dégénèrent en sécheresse.
En Bourgogne, au contraire, la sculpture d’ornement, en avançant
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[[Image:Bandeau.facade.occidentale.cathedrale.Amiens.png|center]]
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<span id="Amiens99">La façade occidentale de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], dans ses parties
anciennes,
fournit de beaux exemples de cette entente des effets. Le bandeau
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d’après la flore incline déjà vers le réel, mais cependant avec une profonde
connaissance des effets. C’est alors aussi que les formes géométriques
de l’architecture se mêlent avec la sculpture. <span id="Amiens100">Nous trouvons des
exemples de ce mélange sur cette même façade de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]],
dans l’arcature de la galerie inférieure (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Galerie|Galerie]], fig. 12). Les sommiers
de cette arcature, qui eussent paru très-maigres, réduits à leur
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C’est à cette époque, au moment du développement de l’école laïque,
de 1210 à 1230, que l’ornementation s’identifie pleinement avec l’architecture.
Les façades des cathédrales de Paris, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] (œuvre ancienne),
certaines parties de Notre-Dame de Chartres, de la cathédrale de Laon,
les tours de la façade occidentale notamment, montrent avec quelle
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Et, en effet, si ces animaux abondent sur les façades des cathédrales du
commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, ils font absolument défaut à l’intérieur,
sauf de rares exceptions. <span id="Amiens101">Il n’y a pas un seul animal figuré dans les sculptures
intérieures de Notre-Dame de Paris, de Notre-Dame d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. On
en rencontre quelques-uns sur les chapiteaux de la nef de la cathédrale
de Reims. Or, ces trois églises, et particulièrement celle de Paris, présentent
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transsept de l’église abbatiale de Saint-Denis, les parties inférieures
du portail de droite de la cathédrale d’Auxerre, les portes nord et sud
de Notre-Dame de Paris, la sculpture des portails de Reims et d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]],
on pourra se faire une idée du développement que prenait l’art sous le
règne de Louis IX. Jamais l’observation de la nature ne fut poussée plus
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aujourd’hui qu’un très-petit nombre<span id="note60"></span>[[#footnote60|<sup>60</sup>]]. Ce peu suffit toutefois pour faire
connaître que les artistes des XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles avaient poussé
très-loin l’art du fondeur. <span d="Amiens102">Les deux tombes de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]
sont des chefs-d’œuvre de fonte; l’une d’elles est, comme art, un monument
du premier ordre<span id="note61"></span>[[#footnote61|<sup>61</sup>]]. Toutes deux représentent des évêques grandeur
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tête de Vierge, provenant du même portail (fig. 70)<span id="note68"></span>[[#footnote68|<sup>68</sup>]], présente un type
particulier que nous ne retrouvons, ni dans la statuaire de Paris, ni dans
celle de Reims, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] ou de Chartres. L’arrangement des cheveux, le
désordre de la coiffure, le réel cherché dans les traits, et jusqu’au modelé,
large, par plans vivement accusés, signalent le style de cette statuaire
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arts, les encourageant par le choix plutôt que par la quantité, fit élever
d’assez importantes constructions dont la sculpture,--autant qu’on
en peut juger par ce qui nous reste,--est fort bonne. <span id="Amiens103">Ce fut sous le
règne de ce prince que l’on éleva, au côté nord de la tour
septentrionale
du portail de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], un gros contre-fort très-orné
et très-pesant, destiné à arrêter les mouvements d’oscillation qui se produisaient
dans cette tour lorsqu’on sonnait les grosses cloches. Sur les
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historiques, d’un beau travail. Ces statues représentent: la sainte Vierge,
saint Jean-Baptiste, Charles V; le Dauphin, depuis Charles VI; Louis
d’Orléans; le cardinal de la Grange, évêque d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], surintendant des
finances, et Bureau de la Rivière, chambellan du roi<span id="note72"></span>[[#footnote72|<sup>72</sup>]]. En examinant ces
statues de la fin du XIV<sup>e</sup> siècle, comme toutes celles de cette époque, il est
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Le XIII<sup>e</sup> siècle ne fit que continuer cette tradition. La statuaire et l’ornementation
des portails de Notre-Dame de Paris, des cathédrales de
Senlis, d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], de Reims, des porches latéraux de Notre-Dame de
Chartres, étaient peintes et dorées. Et de même que la sculpture, la coloration
penchait vers le naturalisme. Toutefois cette peinture ne consistait pas seulement en des tons posés à plat sur les vêtements et les
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existent encore, comme par exemple le retable de la chapelle de
Saint-Germer
déposé au musée de Cluny, des tombeaux de l’abbaye de Saint-Denis, des parties des bas-reliefs de Notre-Dame d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] (portail
occidental),
de Notre-Dame de Reims (porte nord, masquée). C’est surtout
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<span id="footnote54">[[#note54|54]] : Ce n’est pas la première fois que nous signalons l’activité des constructeurs du
moyen âge. La nef et une grande partie de la façade de Notre-Dame de Paris furent
élevées en dix ans au plus; la nef de la cathédrale d’Amiensd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] et le pignon de la façade,
d’où proviennent les fragments ci-dessus, étaient achevés en six ou sept ans. Le château
de Coucy, si important, fut construit en peu d’années. De ce qu’un grand nombre de ces