« Le Rosier de Madame Husson (recueil, Ollendorff 1902)/Divorce » : différence entre les versions
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Maître Bontran, le célèbre avocat parisien, celui qui depuis dix ans plaide et obtient toutes les séparations entre époux mal assortis, ouvrit la porte de son cabinet et s’effaça pour laisser passer le nouveau client.
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C’était un gros homme rouge, à favoris blonds et durs, un homme ventru, sanguin et vigoureux. Il salua :
Le client s’assit et, après avoir toussé :
Voici donc ce qui m’est arrivé, monsieur. Comme je vous l’ai dit, j’étais notaire à Rouen, et un peu gêné, non pas pauvre, mais pauvret, mais soucieux, forcé à une économie de tous les instants, obligé de limiter tous mes goûts, oui, tous ! et c’est dur à mon âge.
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L’avoué plusieurs fois avait vu des mariages excellents conclu dans ces conditions, et il donna des détails ; puis il ajouta, en se tournant vers moi :
Nous nous mîmes à rire tous les trois, et on parla d’autre chose.
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Il faisait froid cette nuit-là. J’habitais d’ailleurs une vieille maison, une de ces vieilles maisons de province qui ressemblent à des champignonnières. En posant la main sur la rampe de fer de l’escalier, un frisson glacé m’entra dans le bras, et comme j’étendais l’autre pour trouver le mur, je sentis, en le rencontrant, un second frisson m’envahir, plus humide, celui-là, et ils se joignirent dans ma poitrine, m’emplirent d’angoisse, de tristesse et d’énervement. Et je murmurai, saisi par un brusque souvenir :
Ma chambre était lugubre, une chambre de garçon rouennais faite par une bonne chargée aussi de la cuisine. Vous la voyez d’ici, cette chambre ! un grand lit sans rideaux, une armoire, une commode, une toilette, pas de feu. Des habits sur les chaises, des papiers par terre. Je me mis à chantonner, sur un air de café-concert, car je fréquente quelquefois ces endroits-là :
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Au fait, je n’avais pas encore pensé à la femme et j’y songeai tout à coup en me glissant dans mon lit. J’y songeai même si bien que je fus longtemps à m’endormir.
Le lendemain, en ouvrant les yeux, avant le jour, je me rappelai que je devais me trouver à huit heures à Darnétal pour une affaire importante. Il fallait donc me lever à six heures
Je revins à mon étude vers dix heures. Il y avait là dedans une odeur de poêle rougi, de vieux papiers, l’odeur des papiers de procédure avancés
Je déjeunai, comme tous les jours, d’une côtelette brûlée et d’un morceau de fromage. Puis je me remis au travail.
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Cinq jours plus tard, vers trois heures de l’après-midi, j’étais en train de travailler dans mon cabinet, quand le maître clerc m’annonça :
Alors apparut une femme d’environ trente ans, un peu forte, brune, l’air embarrassé.
Elle s’assit et murmura :
Elle hésita, baissa les yeux et balbutia :
Je tressaillis.
Elle répondit, cette fois, sans hésiter :
Je la regardais avec grande attention, et, vraiment, elle ne me déplaisait pas, bien qu’un peu mûre, plus mûre que je n’avais pensé. C’était une belle personne, une forte personne, une maîtresse femme. Et l’idée me vint de lui jouer une jolie petite comédie de sentiment, de devenir amoureux d’elle, de supplanter mon client imaginaire, quand je me serais assuré que la dot n’était pas illusoire. Je lui parlai de ce client que je dépeignis comme un homme triste, très honorable, un peu malade.
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Elle dit vivement :
Elle nomma le premier hôtel de Rouen.
Et je la reconduisis jusqu’à ma porte.
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Elle marivauda, non sans grâce. Je lui offris du champagne, et j’en bus, ce qui me troubla les idées. Je sentis alors clairement que j’allais devenir entreprenant, et j’eus peur, peur de moi, peur d’elle, peur qu’elle ne fût aussi un peu émue et qu’elle ne succombât. Pour me calmer, je recommençai à lui parler de sa dot, qu’il faudrait établir d’une façon précise, car mon client était homme d’affaires.
Elle répondit avec gaieté :
Ah ! monsieur, j’en fis une tête, après cela… et elle donc ! Elle pleurait comme une fontaine, en me suppliant de ne pas la trahir, de ne pas la perdre. Je promis tout ce qu’elle voulut, et je m’en allai dans un état d’esprit épouvantable.
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Je lui dis :
Elle balbutia :
Je l’épousai.
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Quand elle revint pour dîner, je me jetai vers elle, en hurlant :
Elle poussa un grand cri et s’évanouit. Quand elle revint à elle, elle me confessa, dans un déluge de larmes, qu’elle en avait quatre. Oui, monsieur, deux pour le mardi, deux filles, et deux pour le vendredi, deux garçons.
Et c’était là
L’avocat répondit avec gravité :
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