« Notre Cœur/Troisième Partie/II » : différence entre les versions
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Quand elle se présenta devant son maître, elle lui parut un peu différente de ce
Il lui indiqua en quelques mots ce
Une semaine
Il remarqua seulement
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/271]]== et Après ses premiers jours de réserve et de retenue,
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/272]]== Élisabeth Il répondait avec résignation :
Elle avait pour lui des attentions discrètes et dévouées. Chaque matin, en entrant dans son salon, il le trouvait plein de fleurs, et parfumé comme une serre. Élisabeth assurément devait mettre à contribution les courses des gamins qui lui rapportaient de la forêt des primevères, des violettes, des genêts
Il lui semblait aussi
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/273]]== chaussures presque élégantes. Puis, une après-midi, comme elle était montée à sa chambre, elle en redescendit avec une charmante petite robe grise, simple et Elle rougit
Elle raconta que le mercier de Montigny lui avait rapporté des échantillons de Fontainebleau. Elle avait choisi, puis payé la marchandise avec les deux louis donnés par Mariolle comme denier à Dieu. Quant à la coupe et à la façon, ça ne
Il ne put
Et elle
Quand elle fut partie, il se demanda : "Est-ce
Quand elle fut partie, il se demanda : "Est-ce qu'elle serait amoureuse de moi, par hasard ?" Il y réfléchit, hésita, douta, puis finit par se convaincre que c'était possible, après tout. Il avait été bon, compatissant, secourable, presque amical. Quoi d'étonnant à ce que cette fillette se fût éprise de son maître après ce qu'il avait fait pour elle. L'idée d'ailleurs ne lui semblait pas désagréable, la petite personne étant vraiment bien, et n'ayant plus rien d'une servante. Sa vanité d'homme, si froissée, si blessée, si meurtrie, si écrasée par une autre femme, se trouvait flattée, soulagée, presque réconfortée. C'était une compensation, très légère, imperceptible, mais enfin c'était une compensation, car, lorsque l'amour vient à un être d'où qu'il vienne, c'est que cet être peut l'inspirer. Son égoïsme inconscient en était aussi satisfait. Cela l'occupait et lui ferait peut-être un peu de bien de regarder ce petit coeur s'animer et battre pour lui. La pensée ne l'effleura pas d'éloigner cette enfant, de la préserver de ce danger dont il souffrait si cruellement lui-même, d'avoir pitié d'elle plus qu'on n'avait eu pitié de lui, car aucune compassion ne se mêle jamais aux histoires sentimentales.▼
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Il
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/275]]== pharmacien. Alors il lui fit cadeau Tout en demeurant pour lui la fidèle et discrète domestique, elle devenait une femme émue, éprise, chez qui tous les instincts coquets se développaient naïvement.
Lui-même
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/276]]== et à Cette attention tendre, incessante, caressante et secrète, plutôt perceptible que visible, enveloppait sa blessure
Ne pouvant plus tolérer
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/277]]== de tout et cette incertitude dans ses soupçons, il se décida à écrire à Lamarthe, qui, le connaissant assez pour deviner la misère de son âme, répondrait peut-être à ses suppositions, même sans être questionné. Un soir donc, sous la lampe, il rédigea cette lettre, longue, habile, vaguement triste, pleine
Quatre jours après, en recevant son courrier, il reconnut du premier coup
Lamarthe lui envoyait mille renseignements désolants, de grande importance pour son angoisse. Il parlait
Il résultait en somme de cette lettre que tous les soupçons de Mariolle étaient au moins fondés. Sa crainte serait demain réalisée, si elle ne
La vie de son ancienne maîtresse était toujours la même, agitée, brillante et mondaine. On avait un peu parlé de lui après sa disparition, comme on parle des disparus, avec une curiosité indifférente.
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/278]]== On le croyait très loin, parti par lassitude de Paris. Après avoir reçu cette lettre, il demeura
Lorsque Élisabeth entra, au premier coup de sonnette, et
Il commanda son bain quotidien, des oeufs seulement pour son déjeuner, et du thé le long du jour. Mais vers une heure de
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Il demanda :
Une curiosité lui vint, et il
Puis elle
Par la fenêtre ouverte, entraient avec la brise tiède pleine de senteurs de feuillages, des chants, des trilles, des roulades de rossignols vocalisant autour de leurs femelles, dans tous les arbres du pays, en cette saison des amours revenues.
André qui regardait cette jeune fille, troublée aussi, qui suivait avec ses yeux luisants
Aux questions
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/280]]== un sens juste, mais un peu flottant dans son ignorance populaire. Et il pensait : "Elle deviendrait intelligente et fine si elle était instruite, cette gamine-là". Ce charme féminin déjà senti en elle lui faisait vraiment du bien dans cette après-midi chaude et tranquille, et se mêlait étrangement en son esprit au charme si mystérieux et si puissant de cette
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/281]]== Manon qui apporte à nos Il était bercé par la voix, séduit par la fable tant connue et toujours neuve, et il rêvait
Ah ! si celle
Après cette journée de paresse, Mariolle
Une fois ou deux déjà, pendant la nuit, il avait cru distinguer des pas et des mouvements imperceptibles au rez-de-chaussée, non point au-dessous de lui, mais dans les petites pièces attenantes à la cuisine : la lingerie et la salle de bains. Il
Mais ce soir-là, las
==[[Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/282]]== se rendormir avant longtemps, il prêta En entrant dans la cuisine, il reconnut avec stupeur que le fourneau était allumé. On
Il
Elle poussa un cri, affolée, ne pouvant fuir.
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Il était à genoux déjà au bord de la baignoire, la dévorant de ses yeux ardents et la bouche tendue vers elle.
Elle comprit, et, levant soudain ses deux bras ruisselants, Élisabeth les referma derrière la tête de son maître.
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