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Le lendemain, la température s’améliora singulièrement, et, par une brusque saute de vent, le thermomètre remonta à quinze degrés au-dessus de zéro (-9° centigrades). Une différence si considérable fut vivement ressentie par les hommes et les choses. La brise du sud ramenait avec elle les premiers indices du printemps polaire.
Cette chaleur relative persista pendant plusieurs jours ; le thermomètre, à
==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/355]]== l’abri du vent, marqua même trente et un degrés au-dessus de zéro (-1° centigrades), des symptômes de dégel vinrent à se manifester. La glace commençait à se crevasser ; quelques jaillissements d’eau salée se produisaient çà et là, comme les jets liquides d’un parc anglais ; quelques jours plus tard, la pluie tombait en grande abondance.
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Mais avec les animaux inoffensifs revinrent leurs ennemis affamés ; les renards et les loups arrivèrent en quête de leur proie ; des hurlements lugubres retentirent pendant la courte obscurité des nuits.
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Le loup de ces contrées est très proche parent du chien ; comme lui, il aboie, et souvent de façon à tromper les oreilles les plus exercées, celles de la race canine, par exemple ; on dit même que ces animaux emploient cette ruse pour attirer les chiens et les dévorer. Ce fait fut observé sur les terres de la baie d’Hudson, et le docteur put le constater à la Nouvelle-Amérique ; Johnson eut soin de ne pas laisser courir ses chiens d’attelage, qui auraient pu se laisser prendre à ce piège.
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Le docteur, après avoir déblayé une acre de terrain, y sema des graines de cresson, d’oseille et de cochléaria, dont l’influence antiscorbutique est excellente ; il voyait déjà sortir de terre de petites feuilles verdoyantes, quand tout à coup, et avec une inconcevable rapidité, le froid reparut en maître dans son empire.
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En une seule nuit, et par une violente brise du nord, le thermomètre reperdit près de quarante degrés ; il retomba à huit degrés au-dessous de zéro (-22° centigrades). Tout fut gelé : oiseaux, quadrupèdes, amphibies, disparurent par enchantement ; les trous à phoques se refermèrent, les crevasses disparurent, la glace reprit sa dureté de granit, et les cascades, saisies dans leur chute, se figèrent en longs pendicules de cristal.
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Ce fut un véritable changement à vue ; il se produisit dans la nuit du 11 au 12 mai. Et quand Bell, le matin, mit le nez au-dehors par cette gelée foudroyante, il faillit l’y laisser.
Hatteras prenait la chose moins philosophiquement, tant il avait hâte de reprendre ses recherches. Mais il fallait se résigner.
==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/358]]== immédiate de saint Mamert, de saint Pancrace et de saint Servais, dont la fête tombe les 11, 12 et 13 de ce mois. Le docteur disait vrai. Soit par une raison, soit par une autre, le froid fut très intense pendant le reste du mois de mai ; les chasses durent être interrompues, non pas tant par la rigueur de la température que par l’absence complète du gibier ; heureusement, la réserve de viande fraîche n’était pas encore épuisée, à beaucoup près.
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Comme on s’émerveillait de la médication du docteur :
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Pendant ces nouveaux loisirs, celui-ci résolut d’avoir avec le capitaine une conversation importante : il s’agissait de faire revenir Hatteras sur cette idée de reprendre la route du nord sans emporter une chaloupe, un canot quelconque, un morceau de bois, enfin de quoi franchir les bras de mer ou les détroits. Le capitaine, si absolu dans ses idées, s’était formellement prononcé contre l’emploi d’une embarcation faite des débris du navire américain.
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Le docteur ne savait trop comment entrer en matière, et cependant il importait que ce point fût promptement décidé, car le mois de juin amènerait bientôt l’époque des grandes excursions. Enfin, après avoir longtemps réfléchi, il prit un jour Hatteras à part, et, avec son air de douce bonté, il lui dit :
Hatteras fixa le docteur d’un œil surpris.
==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/360]]== devons, pendant le mois d’été, trouver une vaste étendue de mer libre. Or, en présence de l’océan Arctique, dégagé de glace et propice à une navigation facile, comment ferons-nous, si les moyens de le traverser nous manquent ? Hatteras ne répondit pas.
Hatteras avait laissé retomber sa tête dans ses mains.
Hatteras se taisait encore.
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Hatteras ne pouvait se décider à se rendre aux idées de son ami ; celui-ci attendait une réponse qui ne se faisait pas.
En effet, le soir même, au souper, Clawbonny amena la conversation sur certains projets d’excursions pendant les mois d’été, destinées à faire le relevé hydrographique des côtes.
Hatteras regardait son rival fixement pendant qu’il répondait ainsi.
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