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On vit renaître en lui l’individu robuste et sanguin des États-Unis, l’homme énergique et intelligent, doué d’un caractère résolu, l’Américain entreprenant, audacieux, prompt à tout ; il était originaire de New York, et naviguait depuis son enfance, ainsi qu’il l’apprit à ses nouveaux compagnons ; son navire le Porpoise avait été équipé et mis en mer par une société de riches négociants de l’Union, à la tête de laquelle se trouvait le fameux Grinnel.
Certains rapports existaient entre Hatteras et lui, des similitudes de caractère, mais non des sympathies. Cette ressemblance n’était pas de nature à faire des amis de ces deux hommes ; au contraire. D’ailleurs un observateur eût fini par démêler entre eux de graves désaccords ; ainsi, tout en paraissant déployer plus de franchise, Altamont devait être moins franc qu’Hatteras ; avec plus de laisser-
==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/295]]== aller, il avait moins de loyauté ; son caractère ouvert n’inspirait pas autant de confiance que le tempérament sombre du capitaine. Celui-ci affirmait son idée une bonne fois, puis il se renfermait en elle. L’autre, en parlant beaucoup, ne disait souvent rien. Voilà ce que le docteur reconnut peu à peu du caractère de l’Américain, et il avait raison de pressentir une inimitié future, sinon une haine, entre les capitaines du Porpoise et du Forward.
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Ce festin eut lieu le 14 avril, le second dimanche de la Quasimodo, par un beau temps très sec ; mais le froid ne se hasardait pas à pénétrer dans la maison de glace ; les poêles qui ronflaient en auraient eu facilement raison.
On dîna bien ; la chair fraîche fit une agréable diversion au pemmican et aux viandes salées ; un merveilleux pudding confectionné de la main du docteur eut les honneurs de tous ; on en redemanda ; le savant maître coq, un tablier aux
==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/296]]== reins et le couteau à la ceinture, n’eût pas déshonoré les cuisines du grand chancelier d’Angleterre. Au dessert, les liqueurs firent leur apparition ; l’Américain n’était pas soumis au régime des Anglais tee-totalers65 ; il n’y avait donc aucune raison pour qu’il se privât d’un verre de gin ou de brandy ; les autres convives, gens sobres d’ordinaire, pouvaient sans inconvénient se permettre cette infraction à leur règle ; donc, par ordonnance du médecin, chacun put trinquer à la fin de ce joyeux repas. Pendant les toasts portés à l’Union, Hatteras s’était tu simplement.
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Ce fut alors que le docteur mit une question intéressante sur le tapis.
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Hatteras n’avait pas encore pris part à la conversation ; il réfléchissait. Cependant les yeux de ses compagnons s’étant fixés sur lui, il se leva et dit :
Un triple hurrah fut poussé d’un commun accord, auquel Duk mêla des aboiements d’approbation.
Le docteur, très ému, voulut se défendre par modestie ; il n’y eut pas moyen ; il fallut en passer par là. Il fut donc bien et dûment arrêté que ce joyeux repas venait d’être pris dans le grand salon de Doctor’s-House, après avoir été confectionné dans la cuisine de Doctor’s-House, et qu’on irait gaiement se coucher dans la chambre de Doctor’s-House.
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Hatteras allait répliquer avec vivacité, quand le docteur intervint.
En parlant ainsi, il fixait du regard Altamont, qui ne baissa pas les yeux et répondit :
Hatteras se tut. Ses lèvres frémissaient.
==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/299]]== pas atterri sur cette côte, et même en admettant qu’il y soit venu par terre, ajouta-t-il en regardant Hatteras, cela ne peut faire question. ==[[Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/300]]== les autres terres qu’il découvrira, s’il en découvre ; mais ce continent m’appartient ! je ne pourrais même admettre la prétention qu’il portât deux noms, comme la terre Grinnel, nommée également terre du Prince-Albert, parce qu’un Anglais et un Américain la reconnurent presque en même temps. Ici, c’est autre chose ; mes droits d’antériorité sont incontestables. Aucun navire, avant le mien, n’a rasé cette côte de son plat-bord. Pas un être humain, avant moi, n’a mis le pied sur ce continent ; or, je lui ai donné un nom, et il le gardera. Les poings d’Hatteras se crispèrent sur la table. Mais, faisant un violent effort sur lui-même, il se contint.
Johnson et Bell se taisaient, bien qu’ils fussent non moins irrités que le capitaine de l’impérieux aplomb de leur contradicteur. Mais il n’y avait rien à répondre.
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Le docteur reprit la parole, après quelques instants d’un silence pénible :
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Le docteur n’insista pas.
Les deux hommes ne répondirent pas, mais le docteur fit comme s’ils eussent répondu.
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Puis on parla d’autre chose. Il fut question de chasses à organiser pour renouveler et varier les provisions de viandes ; avec le printemps, les lièvres, les perdrix, les renards même, les ours aussi, allaient revenir ; on résolut donc de ne pas laisser passer un jour favorable sans pousser une reconnaissance sur la terre de la Nouvelle-Amérique.
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