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==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/301]]==
▲{{TitrePoeme|[[La Justice]]|Sully Prudhomme|'''VEILLE IX'''<br>LA DIGNITÉ - LA JUSTICE}}
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<poem>
Dans la nuit constellée où je promène et plonge
Un regard que mon rêve à
Qui fut père et semeur des étoiles sans nombre,
Et qui peuplant, de proche en proche,
En fit un océan vermeil.
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/302]]==
<poem>
Je cherche ce foyer, du moins ce
Après
Des feux à sa masse arrachés.
Vrai chorège, il défraye et préside les rondes
Dont
Sans doute il est encore en pleine incandescence ;
Et les astres auxquels il a donné naissance
Lui font cortège maintenant,
Ainsi que
Plus loin, beaucoup plus loin que les visibles sphères,
Bien plus haut, par delà les cendres
Dont le zodiaque est sablé,
Je contemple en esprit ce soleil patriarche :
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Comme elle excède un grain de blé ;
Et ce
Parasite ténu
Je le pèse à ce globe-ci ;
Mais il porte avec moi, ce globe misérable,
Ce qui manque au soleil :
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/303]]==
<poem>
Je ne dédaigne plus la sphère maternelle,
Car, tout humble
Ce qui me fait juger les cieux.
Je préfère au soleil ce tas
Si, pour les admirer, je dois à ce mélange
Mon cœur, ma pensée et mes yeux.
Un astre
Il vit par les vertus que son écorce voile,
Non par
Il ne vaut que du jour où, transformant ses flammes
Il change sa chaleur et sa lumière en âmes,
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Aussi la terre étroite en majesté surpasse
Le plus beau des soleils engendrés dans
Et vaut mieux
Je
Parce
Ébauché par les infinis ;
Car ni
Ni la cause première, en ces gouffres perdue,
Et qui ne dit pas son vrai nom,
Si grandes
Mais pour mère et nourrice, non !
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/304]]==
<poem>
En vain, pour
Ouvraient leur profondeur vide et démesurée ;
Pas de terre, pas de berceau !
En vain flottait
Sans pain, pas de génie, et pas
Et pas de sceptre sans roseau !
Il lui fallait la terre et ses milliers
Pour que de race en race, achevé pièce à pièce,
Il vît
Il fallait, pour tirer ce prodige de
Et le mettre debout, des esclaves sans nombre,
Au travail mourant à foison ;
Comme, en égypte, un peuple expirait sous les câbles,
Pour traîner
Et le dresser sur
Et comme ce granit, épave de tant
Levé par tant de bras et tant
Étonnement des derniers nés,
Semble aspirer au but que leur montre son geste,
Et par son attitude altière leur atteste
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/305]]==
<poem>
Rend par là témoignage au labeur séculaire
Des races
Et son globe natal ne peut lui faire honte,
Car la terre en ses flancs couva
Et vient
La matière est divine ; elle est force et génie ;
Elle est à
Non comme un modeleur dont court le pouce agile,
Mais comme le modèle éveillé dans
Et qui lui-même la pétrit.
Voilà comment, ce soir, sur un astre minime,
Ô soleil primitif, un corps
Imperceptible, mais debout,
Et des créations
Le bout
Ô soleil des soleils, que de siècles, de lieues,
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Creusent leur énorme fossé
Entre ta masse et moi ! Mais ce double intervalle,
Tant monstrueux soit-il, bien loin
Mesure mon trajet passé.
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/306]]==
<poem>
Tu ne
Tu
Qui roule au but illimité ;
Et depuis que ce char, où
Ce que sa roue ardente a pris sur toi
Je
Certes, mon propre élan
Mais
Et bientôt renversé, dépassé, foulé même,
Je garderai du moins, dans ma chute, un baptême
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Et comme, en secouant la poudre des arènes,
Le lauréat vieilli cède à ses fils les rênes
Dès
Et meurt fier de léguer ses pareils à sa ville,
Et, dans le marbre, au peuple, un exemple immobile
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Par mes bras affaiblis au repos condamnées,
Me trouveront prêt au départ ;
Et pour
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/307]]==
<poem>
Tout être, élu dernier de tant
De tant
Et de races dont il descend,
Tout homme répondra de
Dont il vêt la gloire en naissant ;
Et puisque notre sphère est aux astres unie
Comme un nœud
Et tord un fil du grand métier,
Dans le peu de ce fil que
Est traître à
Traître même à la mort,
Car avec les vivants les morts font alliance
Par un legs immémorial !
Traître à sa descendance avant
Car héritier du mieux il lui laisse le pire,
Félon deux fois à
Ah ! Je sais désormais ce que me signifie
Ma conscience, arbitre et témoin de ma vie,
Qui ne se trompe ni ne ment,
Ce
Cette voix qui tout bas si souvent me gourmande,
Et
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/308]]==
<poem>
Le remords,
Qui dans
«
Des trésors de douleur dont
Toi pour qui
Sous mes pilons tant
«
Du fonds que
Et du sang dont je
Sur
Quel pont céleste as-tu forgé ?
« Regarde : autour de toi tout lutte et se concerte !
Que
Mes ateliers pleins de leurs morts !
Et toi seule, pour qui des légions périrent,
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« Regarde : tout aspire, éclôt et meurt plus digne !
Vois dans la goutte
Du peuple infinitésimal ;
Et levant ta prunelle, aux astres familière,
Vois tressaillir des cieux
Tout travaille, et tu dors :
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/309]]==
<poem>
Et je sais maintenant
Qui nous monte du cœur au front, et le redresse,
Et
Que
Soumet la vie à
À
Louant
Laborieuse et souple au frein ;
Elle dit : « Gloire à toi dont le zèle conspire
Avec mon vaste règne au bien de mon empire,
Et
« Ma fille, prends le sceptre ! Il sied que tu partages,
Avec mes soins royaux, mes royaux avantages,
Règne ! Mon trône est
Je remettrai ma torche et ma foudre en ta droite,
Dans un éclair tiré de ta planète étroite
Comme le feu
« Ce que ton bras si frêle et la flamme si mince
De ton intelligence ont fait de ta province
Va ! Si je
Mes lois
Dans la bataille et dans le deuil.
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/310]]==
<poem>
« Si je
Je sais faire des lits dignes des lassitudes !
Va ! Les sommeils qui te sont dus,
Loin du heurt des marteaux, du grincement des limes,
Berceront ta fatigue en des hamacs sublimes
Telles au genre humain parlent ces voix natives,
Vibrantes plus ou moins, toujours impératives ;
Elles
Sur les mers de la vie où sa galère flotte,
Navigateur de force avant
Il fut lancé dans
Et maintenant
Que son radeau fait de débris,
En mêlant tout le fer des chaînes et des armes,
A du pôle recteur fait dévier les charmes,
Et dérouté
Maintenant que
Que des restes de pavillons,
Ce sont ces voix encore, à défaut de boussole
Et
Et nous fait hisser des haillons !
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/311]]==
<poem>
Reproche aux abattus leur langueur à
En leur nommant les caps aimés,
Dans les derniers vaillants entretient
Et, même en pleine mer, chante la délivrance
Au sombre cœur des affamés !
Tout homme entend ces voix
À son espèce en
Oh ! Que penser est doux quand
Dessille mes yeux
Gardienne
Qui me révèle mon devoir !
Elle
Au nom des cieux passés dont la terre est la somme,
Et des cieux futurs, mon espoir !
Non que
Le spectre évanoui de ma pensée infime ;
Mais je sais que
Humble vibration du meilleur de mon être,
Se propage éternellement !
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/312]]==
<poem>
Le respect de tout homme est la justice même :
Le juste sent
Qui lui rend tous les fronts sacrés.
Nuire à
Où se fait pas à pas
Dont les mondes sont les degrés.
Le sens du mot ''justice'', enfin je le devine !
Humaine par son but, la justice est divine,
Même dans
Par
Par le suffrage entier du ciel et de la terre,
Et par le sacre universel.</poem>
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