« Parfums anciens » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[Les Vaines Tendresses|Les Vaines tendresses]]|Sully Prudhomme|Parfums anciens}}
 
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1872-1878.djvu/69]]==
 
<pages index==[[Page:"Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1872-1878.djvu/" from=69]]= to=72 />
 
<small>À François Coppée</small>
 
 
<poem>
*
 
Ô senteur suave et modeste
Qu’épanchait le front maternel,
Et dont le souvenir nous reste
Comme un lointain parfum d’autel,
 
Pure émanation divine
Qui mêlais en moi ta douceur
À la petite senteur fine
Des longues tresses d’une sœur,
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1872-1878.djvu/70]]==
<poem>
 
Chère odeur, tu t’en es allée
Où sont les parfums de jadis,
Où remonte l’âme exalée
Des violettes et des lis.
 
**
 
Ô fraîche senteur de la vie
Qu’au temps des premières amours
Un baiser candide a ravie
Au plus délicat des velours,
 
Loin des lèvres décolorées
Tu t’es enfuie aussi là-bas,
Jusqu’où planent, évaporées,
Les jeunesses des vieux lilas,
 
Et le cœur, cloué dans l’abîme,
Ne peut suivre, à ta trace uni,
Le voyage épars et sublime
Que tu poursuis dans l’infini.
 
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1872-1878.djvu/71]]==
<poem>
 
***
 
Mais ô toi, l’homicide arome
Dont en pleurant nous nous grisons,
Où notre cœur cherchait un baume
Et n’aspira que des poisons,
 
Ah ! Toi seule, odeur trop aimée
Des cheveux trop noirs et trop lourds,
Tu nous laisses, courte fumée,
Des vestiges brûlant toujours.
 
Dans les replis où tu te glisses
Tu déposes un marc fatal,
Comme l’âcre odeur des épices
S’incruste aux coins d’un vieux cristal.
 
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1872-1878.djvu/72]]==
<poem>
 
****
 
En tel, dans une eau fraîche et claire,
Le flacon, vainement plongé,
Garde l’âcreté séculaire
De l’essence qui l’a rongé,
 
Tel, dans la tendresse embaumante
Que verse au cœur, pour l’assainir,
Une fidèle et chaste amante,
Sévit encor ton souvenir.
 
Ô parfum modeste et suave,
Épanché du front maternel,
Qui lave ce que rien ne lave,
Où donc es-tu, parfum d’autel ? </poem>