« Les Écuries d’Augias » : différence entre les versions
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{{TitrePoeme|[[Auteur:Sully Prudhomme|Sully Prudhomme]]||Les Écuries d’Augias<br><small>1870</small>}}
[[cs:Chlév Augiášův]]▼
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/81]]==
<poem>
Augias, roi
Plein
Le bien
Mais le Destin jaloux en veut au bien des hommes :
Les murs où
Désertés,
Car des ruisseaux vaseux de la vieille écurie
Surgissait une blême et terrible Furie,
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Plus de sillons, partout le gazon sec et noir
Sous un rayonnement qui semblait immobile.
Les pâtres ayant fui vers
On voyait çà et là des bœufs maigres errer.
Seul au ciel, Apollon, glorieux
Mais irrité souvent des choses
Dardait de longs traits
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/82]]==
<poem>
Le roi, dans son palais enfermé tout le jour,
Laissait gronder le peuple et
Et, pendant que ses fils, beaux, et fiers de leur âge,
Présomptueux, traitant la mort avec outrage,
Se gorgeaient à grand bruit de viande et de boisson
Et dévoraient
Inutile témoin du mal qui
Il pesait tristement ses trésors, la couronne
Qui ne conserve pas ce
Et
Ainsi se lamentait sa vieillesse frustrée,
Quand il apprit
Il
« Vois les maux que nous font la peste et la chaleur,
Le soc abandonné par des mains misérables,
Et je
Un dixième des bœufs. » Le fils de Jupiter,
Trois fois grand par le cœur, la force et la stature,
Sourit au seul penser
Mais comme il voyait là les nombreux fils du roi :
« Le péril tout entier ne sera pas pour moi ;
Que le reste
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/83]]==
<poem>
— « Moi, dit Crès, je suis brave à dompter les chevaux,
Seul je confie un char à des couples nouveaux
Que le fouet exaspère et
Nul ne sait
Contenir à la fois
En côtoyant la borne à propos
Et faire bien tourner quatre étalons ensemble.
Et je
Phémios dit : « Je reste et ne suis point un lâche,
Mais je
Les chiens tumultueux au plus profond des bois,
Sur la piste allongés, hurlant tous à la fois,
La trompe,
Le sanglier lancé comme un rocher qui roule,
Souvent
Alors Mégas : « Hercule, apprends-moi qui je crains.
Mes bras en le serrant
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/84]]==
<poem>
Je cours, je lance un disque aussi loin que je veux,
Mais depuis quand fait-on
— « Pétrir la grasse argile, y façonner un vase
Dont la rondeur soit ample et le profil heureux ;
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Je ne sais rien de plus, je ne veux rien de plus ;
Les exploits me sont vains et les biens superflus :
— « Qui
Connaît encor la crainte et
Dit Hercule ; pour moi,
Chasseur, lutteur, restez ; dompteur de chevaux, reste ;
Et toi surtout demeure, ami des beaux contours,
Enfant
Dans le temps de rapine et de meurtre où nous sommes,
Il en faut comme toi pour adoucir les hommes.
Lui lancer par dépit
Et seul Philée en pleurs sentait pour tous la honte.
Le vieux roi, qui trouvait au dévoûment son compte,
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/85]]==
<poem>
Sourit : « Va, » lui dit-il. Et le long du chemin
Le peuple saluait
Les étables dormaient dans
Des choses que la mort détruit sans violence,
Et calmes poursuivaient au. jour leur œuvre impur :
Tel un corps de Titan qui pourrit sous
Hercule, mesurant à sa vigueur la peine,
Espérait en finir sur
La porte était fermée, il en tord les vieux fers,
Et dans le noir cloaque entre comme aux enfers.
Aussitôt
Se sauve en
Il descend
Et se heurte la tête aux poutres du plafond ;
Des taureaux morts, croupis dans une ordure épaisse,.
Encombrent le chemin,
Des reptiles luisants glissent effarouchés ;
Il sent sous ses talons fuir des vivants funèbres ;
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Sous le toit en criant trace de noirs éclairs ;
Les mouches au vol lourd qui rôdent sur les chairs
Font luire et palpiter
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/86]]==
<poem>
— Les horreurs de ce lieu lui devenaient mortelles.
Il chancela bientôt, et ses puissants poumons,
Faits à
Se gonflaient, réclamant cet air avec des râles,
Et ses tempes battaient, ses lèvres étaient pâles :
« Je yeux sortir
Et connut ce que
Quand on a dit : Je veux, « II faut bien que je sorte,
« Je ne veux pas
Par, un effort suprême il parvint à tâtons :
« Air sacré, jour sacré, lorsque nous vous goûtons,
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Il se leva, songeant comme il est doux de voir
Et doux de respirer ! et combien le devoir
Est dur, et
Quand on a préféré, devant le chemin double
Du facile bonheur et de
Et que pourtant,
Et, plein de ces pensers, comme il allait errant,
Il vit
Une subite joie éclaira son visage :
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/87]]==
<poem>
Il rêva, de cette onde un gigantesque usage,
Et, mesurant des yeux la courbe de son lit,
Sa profondeur, sa pente et sa force, il lui dit :
« Tu
Ces étables
Avec tes flots les vaincre en te prêtant mon bras ;
Viens, je vais
Il
Avec un pieu taillé dans le plus dur
Dont le tronc dégrossi lui servait de maillet,
Comme un grand ciseleur le héros travaillait.
Sous la braise du ciel et les pieds dans la terre,
Il travaillait sans plainte, ouvrier solitaire,
Il dormait sous la lune au revers du fossé.
Bientôt dans la profonde et large déchirure
Sur
En fait sonner les toits de ses battements sourds ;
Les piliers sont rompus, et, pêle-mêle, en foule,
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Débouchent en formant de monstrueux îlots.
Alcide les reçoit, debout parmi les flots ;
De l'épaule, du dos, des mains et de la tête▼
</poem>
==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/88]]==
<poem>
Accélérant leur fuite, il aide la tempête.
Ah ! la vague sinistre aux gorges de Scylla
Hurle moins haut
Et
La mer Ionienne, où roulent les débris,
Semble au loin toute noire à ses Tritons surpris ;
Et sur cette débâcle aux bienfaisants désastres
Se lèvent quatre fois et se couchent les astres.
Enfin
Et les laisse en passant derrière elle lavés.
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Et, dans sa joie, Alcide enveloppé de boues
Ressemblait, non moins beau mais plus terrible encor,
A
Il parut ; la hauteur de ses regards farouches
Déconcerta le rire éveillé sur les bouches,
Car les fils
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==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/89]]==
<poem>
Raillant son front souillé rencontrèrent ses yeux,
Et le regard suffit au châtiment du rire.
« Tu seras, dit le roi, célébré par la lyre. »
Le sublime ouvrier lui demanda son prix,
Trois cents bœufs. Augias,
« Je
— De mes trois mille bœufs,
—
— Ce que tu viens de faire était un jeu pour toi.
— Un jeu ! dispute-moi mon lucre et non ma gloire !
—
Un dixième des bœufs. — Mais lesquels ? — Ceux
— Ceux
Le fils de Jupiter
Je laverai du moins dans ton sang cette bourbe ;
Et vous tous qui trouvez mes labeurs si plaisants !
O lutteur,
Dompteur fier de courber les fronts de quatre bêtes,
Moi
Coureur,
La biche aux pieds
Chasseur, sans le secours de la flèche volante,
Et,
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==[[Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/90]]==
<poem>
Je me croirais meilleur que vous tous à la fois,
Si, sur votre parole, au plus ignoble ouvrage
Il dit, et, saisissant de son poing souverain
Par
Le lança tournoyant comme un caillou de fronde
Sur le traître et ses fils ; et, justicier du monde,
Couronna le plus jeune, épris de
Parce
Il sortit du palais, rouge et plein de colère,
En criant : « Je suis las des peines sans salaire ! »
Et les femmes en foule avec des linges blancs
Essuyaient le limon qui coulait de ses flancs,
Les enfants
Et les hommes serraient sa main puissante et juste.</poem>
▲[[cs:Chlév Augiášův]]
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