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Rome ; PIERRE, ce lâche renégat, qui, par peur pour sa peau, renia son jeune maître, de même que l’Église catholique et romaine renie, outrage chaque jour l’évangélique morale de Jésus ; PlERRE, ce misérable apostat qui a prononcé ces mots : Esclaves, ''soyez soumis en toute crainte à vos maîtres !'' paroles exécrables devenues l’une des maximes fondamentales de l’Église catholique, qui, au nom de ce blasphème, et sous la menace du feu éternel, tient depuis six siècles et plus, sous le joug sanglant de la conquête, le peuple des Gaules, si vaillant jadis ! Après la bannière de cet infâme PIERRE, dont les prêtres ont naturellement fait un saint, venaient, sous le commandement des seigneurs, leurs hommes d’armes, portant la bannière de chaque seigneurie, où étaient brodées des armoiries ou des mots servant de cri de guerre, tels que : AU CHRlST VICTORIEUX ! AU RÈGNE DE JÉSUS ! Ce dernier cri se lisait sur l’étendard du prince de Tarente. Oui, ce pieux catholique, qui faisait rôtir un fils sous les yeux de son père, afin d’offrir aux truands ce repas de cannibale, avait pour cri de guerre : ''Au règne de Jésus !'' Ensuite s’avançait le légat du pape, accompagné du clergé ; les bagages venaient ensuite, ainsi que d’autres troupes de guerriers à cheval et à pied ; enfin la multitude d’hommes, de femmes, d’enfants déguenillés qui suivaient l’armée. Nous cheminions avec ceux-là : désireux de ménager notre petit pécule, je m’employais, quand je le pouvais, soit à soigner les mules ou à conduire les chariots, recevant en échange de ces services quelques deniers et la nourriture. Le trajet de Marhala jusqu’aux environs de Jérusalem fut pénible ; grand nombre de pauvres gens restèrent en route, moururent de soif ou de fatigue, furent la proie des hyènes, des vautours, et leurs os blanchis tracèrent, ainsi que ceux de tant d’autres victimes de cet infernale croisade, la route de Jérusalem. À une demi-journée de marche de cette ville je faillis perdre mon fils ; renversé par un cheval, il eut la jambe brisée en deux endroits. Il souffrait de vives douleurs : il me fallut renoncer à le transporter sur notre âne. Nous étions, ainsi que la multitude,
Rome ; {{sc|Pierre}}, ce lâche renégat, qui, par peur pour sa peau, renia son jeune maître, de même que l’Église catholique et romaine renie, outrage chaque jour l’évangélique morale de Jésus ; {{sc|Pierre}}, ce misérable apostat qui a prononcé ces mots : ''Esclaves, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres !'' paroles exécrables devenues l’une des maximes fondamentales de l’Église catholique, qui, au nom de ce blasphème, et sous la menace du feu éternel, tient depuis six siècles et plus, sous le joug sanglant de la conquête, le peuple des Gaules, si vaillant jadis ! Après la bannière de cet infâme {{sc|Pierre}}, dont les prêtres ont naturellement fait un saint, venaient, sous le commandement des seigneurs, leurs hommes d’armes, portant la bannière de chaque seigneurie, où étaient brodées des armoiries ou des mots servant de cri de guerre, tels que : {{sc|Au Christ victorieux ! Au règne de Jésus !}} Ce dernier cri se lisait sur l’étendard du prince de Tarente. Oui, ce pieux catholique, qui faisait rôtir un fils sous les yeux de son père, afin d’offrir aux truands ce repas de cannibale, avait pour cri de guerre : ''Au règne de Jésus !'' Ensuite s’avançait le légat du pape, accompagné du clergé ; les bagages venaient ensuite, ainsi que d’autres troupes de guerriers à cheval et à pied ; enfin la multitude d’hommes, de femmes, d’enfants déguenillés qui suivaient l’armée. Nous cheminions avec ceux-là : désireux de ménager notre petit pécule, je m’employais, quand je le pouvais, soit à soigner les mules ou à conduire les chariots, recevant en échange de ces services quelques deniers et la nourriture. Le trajet de Marhala jusqu’aux environs de Jérusalem fut pénible ; grand nombre de pauvres gens restèrent en route, moururent de soif ou de fatigue, furent la proie des hyènes, des vautours, et leurs os blanchis tracèrent, ainsi que ceux de tant d’autres victimes de cet infernale croisade, la route de Jérusalem. À une demi-journée de marche de cette ville je faillis perdre mon fils ; renversé par un cheval, il eut la jambe brisée en deux endroits. Il souffrait de vives douleurs : il me fallut renoncer à le transporter sur notre âne. Nous étions, ainsi que la multitude,