« Les Quarante Médaillons de l’Académie » : différence entre les versions

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son bâton académique. Si l'on s'informe
encore de sa littérature, qu'on sache qu'il
n'a guère écrit que des articles. . . que dis-je,
écrit ! il les a cordés plutôt. — Il les a cordés péniblement, longs, secs, gris, filandreux
comme chanvre, et en tournant le dos au
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puni. Talent de la couleur de celle de papa.
Fusionniste politique, fusionniste en tout,
qui fait fusionner la religion et la philosophie. N'étant en rien que pour les quasi-choses, comme son père pour la quasi-légitimité, et n'ayant qu'un quasi-talent. C'est
choses, comme son père pour la quasi-légitimité, et n'ayant qu'un quasi-talent. C'est
aussi un cordier ; mais Dieu lui a fait la grâce
de lui envoyer un critique encore plus en-
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a escroqué des habits. En littérature, c'est
une perruque, mais une grande perruque
du dix-septième siècle. On cherche là-dessous... De tête, point ! Majesté vide ! En
philosophie, M. Cousin est la fable et le mé-mépris de l'Allemagne. Il est allé demander
pris de l'Allemagne. Il est allé demander
l'aumône à la porte de Hegel, qui lui a donné,
et il est revenu faire, avec les quelques sous
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est- dit-on, chrétien comme M. de Sacy ; —
mais s'il l'est, ce que je veux croire et ce
dont je le félicite, qu'on me dise comment il
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politesses aux philosophes et aux juifs dans
le genre de celles de M. de Sacy, — ce Polyeucte ! — à M. Salvador, auquel il trouvait
dernièrement, ma foi ! presque autant d'esprit qu'à saint Paul ! . . . Tartuffes. . . de la
 
 
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contraste. Malheureusement, il manque d'esprit toujours, même quand il a du talent.
Par le pédantisme naturel, par l'''ore rotundo''
il ''fusionne'' avec les doctrinaires. Catholi-Catholique... du ''Correspondant'', il ne ''correspond''
que... du ''Correspondant'', il ne ''correspond''
plus avec le ''Monde'' que pour lui dire des injures. Pour M. de Montalembert, Satan, ce
n'est plus Satan. C'est M. Veuillot.
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que lui ; mais cette imitation, ce staëlisme- Ruolz a fatigué bien vite cet esprit mou, sans
fécondité réelle, sans verdeur, ni couleur,
ni chaleur, ni saveur, et il est retombé au
style de son tempérament qui ne lui permet
pas les excès. M. de Rémusat a la chlorose de
Tesprit. Je le lègue à Baudelaire ! Aussi est-il (M. de Rémusat) une des plumes les plus
il (M. de Rémusat) une des plumes les plus
honorablement incolores de la ''Revue des Deux Mondes'' et les plus chères à l'œil unique de M. Buloz. On dirait que, quand il
écrit, M. de Rémusat a toujours en pensée le
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déconcerté par le capuchon de cette tête métaphysique, et il n'a rien compris à la grandeur de ce moine, plus grand encore par la
règle et l'esprit de son Ordre que par sa propre pensée. Non, ce qui sied à M. de Rémusat, c'est la ''Revue des Deux Mondes''. Comme
dirait M. Veuillot, M. de Rémusat est l'honneur de ce champ de navets. Quel fier philosophe pour M. de Mars ! ! ! Il paraît que la
passion longtemps somnolente est venue à la
fin dans ce tempérament de nénufar. C'est
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On l'a appelé le Faune grêlé du Morvan. Si
cela est, je plains les Nymphes de ses montagnes . La petite vérole est la seule ressemblance
qu'il ait avec Mirabeau. Mais pourquoi, diable,
dites-le-moi, est-il donc de l'Académie ? Elle
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ou des réquisitoires, toujours en morvanais ?...
Est-ce la généreuse et grandiose rédaction du
testament de Louis- Philippe ?... Sont-ce enfin des Manuels de théologie gallicane ? Il n'a
pas même la prétention, si commune à ceux-là qui le sont le moins, d'être un homme
de lettres, et il est le contraire. C'est un avocat. M. Dufaure, qui n'est qu'un avocat non
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immuablement glorieuses, cet Immortel, qui,
comme ses collègues, ne l'est pas pour rire.
''Éloa'' avant tout ! puis ''Moïse'' puis ''Grandeur et servitude militaires ! Grandeur et servitude militaires'' qu'on devrait imprimer à l'Im-
primeriequ'on devrait imprimer à l'Imprimerie Impériale aux frais de l'État et faire
lire dans toutes les casernes de France ! Ce serait comme une éducation de l'Honneur ! Avec
cela, M. de Vigny pouvait se dispenser même
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Pas de vieillesse pour les mots justes. On
a spirituellement appelé M. Octave Feuillet
« le petit Musset des familles. » C'est toujours joli . Comme nous sommes en progrès,
M. Feuillet est le Berquin de ce temps progressif. Ses premières comédies, qui n'étaient pas
écrites pour la scène, furent une imitation
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femmes qui ne craignent point de se rougir
le nez en pleurant aux vaudevilles à sentiment
de M. Scribe , car voilà le vrai public de
M. Feuillet ! Les âmes de modistes lui appartiennent. Son talent leur rappelle les gravures de leurs petits journaux. Moral et mon-
dainMoral et mondain tout à la fois, M. Feuillet s'est cru de
force, en ces derniers temps, à faire un roman religieux, et il a écrit ''Sibylle'',
cette impertinence de protecteur contre le catholicisme, dans lequel roman on voit une jeune
fille, inspirée et poétique comme on peut en
voir chez M. Feuillet, qui ne fait pas de Corinnes, mais des Corinettes, endoctriner son
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c'est l'humiliation du grand catholicisme, universel et éternel , sous un catholicisme de
fantaisie et un protestantisme d'éventail. Romancier qui se croit entré à l'Académie par
ses romans, M. Octave Feuillet a écrit un
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ciens qui trépassent ont la mollesse et la co-copiosité nécessaires à ce genre d'élucubrations.
piosité nécessaires à ce genre d'élucubrations.
Écrivain sans initiative, qui vit sur de vieux
papiers, il a rapporté d'Espagne de quoi faire
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homme de génie, de ce fakir de la Science
dans les cheveux duquel les hirondelles faisaient leur nid sans que son immense cerveau
s'en aperçût, M. Ampère s'est trouvé aisément célèbre, ayant de toutes parts ces re-relations qui poussent plus un homme que le
lations qui poussent plus un homme que le
talent. Avant d'être M. Ampère par ses ouvrages, il était le fils de M. Ampère. Cela valait mieux.
 
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mites, qui ne dit mot et n'en pense pas davantage ; M. de Falloux n'est que trop vivant.
C'est un des meneurs les plus intrigants de
l'Académie. Il vaut, par l'influence et la parole infatigable, hélas ! le vieux triumvirat
directeur et orateur : MM. Cousin, Guizot et
Villemain, avec lesquels, lui, légitimiste, il
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certaines gens, il semble que juger Louis XVI
ce soit lui couper la tête encore... M. de
Falloux , l'homme poli de l'Académie, et
qui, pour cela, cependant, ne la rend pas
plus agréable, est plus heureux ailleurs.
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Le premier de tous à l'Académie. Le véritable Académicien ! Que dis-je ? C'est vraiment l'homme- Académie ! Il a été engendré
de toute éternité pour elle. S'il m'était permis de donner mes idées sur cette auguste
institution, je voudrais qu'on inventât pour
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lourdes et gourdes de M. Ponsard traînant
sur la pourpre romaine du vieux Corneille et
sur les diaphanes albâtres grecs d'André Chénier ! c'était à faire crier « à bas ! » à tous
ceux qui ont le respect des belles choses. Eh !
Bien ! cela n'indigna personne dans les maisons où, pendant dix-huit mois, Vadius triomphant et pudibond, M. Ponsard alla lire sa
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préparer une ''Histoire de Grégoire VII'' ; mais
M. d'Eckstein, l'auteur du ''Catholique'', — qui
vivait alors , un terrible sire d'érudition
et de principes, le lui défendit, sous peine
d'examen, et l'intrépide auteur resta coi sous
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académicien ! Mais comment ! il est né de
l'Académie ! Si tous les Quarante étaient des
Empis, je dirais tant mieux ! ce serait l'Idéal
de l'institution ! ! !
 
 
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qu'il peut. Or, Henri Mürger n'était que le
groom d'Alfred de Musset. C'est donc un
groom de groom. Quelle splendeur ! ! Dans ce
premier mouvement de poésie impuissante,
qui continue toujours, dit-on, dans sa tête,
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et il ne fut point de l'Académie. Les Géronte
s'avisent parfois d'être capricieux comme de
jolies femmes .. Sans l'inconséquence, le
pouvoir serait moins doux.
 
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affaiblissant, les ''Messéniennes'' de Casimir
Delavigne. C'était le temps alors, le glorieux temps pour la langue française, où
tout ce qui avait instinct de poésie, flamme ,
au cerveau, réflexion trempée aux grandes
sources, essayait de ressusciter des rhythmes
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qu'il ait senti le compliment. C'est le plus
naturaliste des littérateurs, et c'est le plus littérateur des naturalistes. Aussi est-il des deux
Instituts, corbleu ! Très-agréable anecdotier
scientifique, qui, comme ce diogénique M. Babinet, bien plus amusant dans le capharnaüm
de son appartement que dans ses livres, met
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<center>ACADÉMIE FRANÇOISE!</center>
 
 
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qu'il y a au monde de plus beau, — et les
professeurs encuistrés et les gens à bon sens
aplati, et les rimailleurs de l'Académie ! Le
flot d'azur de son destin, si longtemps heureux, l'a poussé un jour, plus qu'il n'y est
 
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qui savent l'aimer. Je dirais des choses trop
sévères pour lui, trop tristes pour moi, et
inutiles ici, car il ne s'agit que des acadé-académiciens en ces Médaillons, et c'est le poëte
miciens en ces Médaillons, et c'est le poëte
qui fit entrer M. de Lamartine à l'Académie...
Depuis qu'il y est, du reste, l'homme politique vaincu n'y a pas, du moins, comme les
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méritée à une époque niaise, qui se prend à
la glu de quelques paroles, sévères et sentencieuses ! L'Opinion, — la grosse Opinion,
— cette madame Brid'oie, — accepte présentement comme le plus honnête homme politi-politique qui ait jamais existé M. Guizot, M. Guizot,
que qui ait jamais existé M. Guizot, M. Guizot,
qui a fait la coalition de 1839, c'est-à-dire
qui a vautré sa main dans celle de tous les
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du génie, elle aurait été une grande sotte. Le
tout, pour lui, est d'être le titulaire du pouvoir. Or, ce qu'il a été aux affaires qu'il ne
faisait pas et où il ne fut jamais que le domestique de Louis- Philippe et son porte-voix
parlementaire, il l'est encore à l'Académie.
M. Cousin a des indiscrétions de haine qui
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professeur à petite allusion contre le gouvernement des Bourbons de la branche ainée
était immédiatement porté à dos d'âne sur
le pavois de la popularité. Son ''Histoire de la civilisation'', — titre ambitieux de cet ambi-ambitieux vide, qui n'a vu jamais partout que des
tieux vide, qui n'a vu jamais partout que des
titres, — son ''Histoire de la civilisation'' a
commencé sa renommée, mais elle l'achèvera... Il y a certainement là dedans du ren-renseignement historique ; l'homme s'y vide de
seignement historique ; l'homme s'y vide de
ses lectures ; mais des vues nettes, réelles,
profondes, on les cherche sous cette gravité
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l'historien... Le style qui fait les livres et
qui les fait vivre manque totalement à
M. Guizot. Cette affirmation va paraître presque aussi scandaleuse que le nom de cour-
tisaneque le nom de courtisane politique donné à cette haute prude
de propos, qui n'a cessé de ''faire sa tête''
et de prendre de grands airs de vertu
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suffisait auprès de M. Villemain.
 
::Un fauteuil près mon oncle ! ! un tabouret sufût !
 
Mais, comme il n'y a pas de tabouret à l'Académie, on l'a fourré dans un fauteuil. Ce
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::Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois ta mère !
 
disait son père. Le fils a obéi. Il y est tombé.
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tournait sur pivot au commandement de
M. Thiers, le vent de ces girouettes, soufflant
de Grandvaux ! Comme homme politique ,
c'est encore un avocat, et comme avocat, c'est
un nez qui a de la logique, comme une tabatière suisse a de la musique. Mais ce n'est
ni comme homme politique, ni comme
littérateur , ni comme avocat , ni comme
nez logicien, qu'il est entré à l'Académie.
C'est comme ministre des d'Orléans, en
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seur en diable, aimant le professorat, parce
que le temps qu'il professe on ne le contredit pas, et que cet homme d'esprit, à colères
de dindon, ne peut souffrir d'objection quelconque ; lettré, d'ailleurs, comme un man-
darincomme un mandarin de première classe, M. Sainte-Beuve
aime cette Sainte-Périne de professeurs qu'on
appelle l'Académie, et il y va tous les jours
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C'est Balzac qui prit un jour M. Sainte-Beuve dans ses mains redoutables, et qui le fit
danser jusqu'au ciel, lequel, ce jour-là , ne fut
pas pour M. Sainte-Beuve un paradis... On
crut voir le géant Pantagruel jouer avec un
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M. de Rémusat ! Il est cauteleux, conséquence
de sa finesse, et il embrouille et embarbouille
son talent de réserves, de sous - entendus,
d'insinuations prudentes ou perfides, de précautions chattemites et traîtresses. II a inventé
les ''peut-être'', les ''il me semble'', les ''on pourrait dire'', les ''me serait-il permis de penser'', etc.,
locutions abominables , qui sont la petite
vérole de son style... Ah ! cela ne m'étonne
pas qu'athéisme à part (qu'il ne met jamais à
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Beuve, je sais qu'il n'en a pas et qu'il se glorifie de n'en pas avoir. Il fait la théorie de son
indigence... Mais comme intuition , mais
comme divination de facultés et de talent,
quel cas, franchement, peut-on faire de la
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Jiomme de génie ! le romancier des temps
modernes ! le lord Byron français en prose !
qui avait (vous alliez voir !) cinquante chefs-d'œuvre étagés dans la tête ! ! ! Quel cas peut-
Quel cas peut-on faire de la solidité d'un critique qui se
laisse prendre par positivisme aux vers de
M. Littré et qui le proclame poëte, à la mesure
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reste ! Il n'y croit pas, à l'âme ! Esprit sans
magnanimité, pointilleux, vulnérable, susceptible ; cherchez le critique dans ce buisson de
pointes et dans le sang de ses propres égratignures, et trouvez-le si vous pouvez ! À l'oriorigine, il était doué pourtant, M. Sainte-Beuve,
mais il a renversé sur son imagination naturelle, qu'il avait poétique, toute une chiffonnière de littérature, laquelle a tout couvert,
gine, il était doué pourtant, M. Sainte-Beuve,
mais il a renversé sur son imagination natu-
relle, qu'il avait poétique, toute une chiffon-
nière de littérature, laquelle a tout couvert,
tout englouti et tout éteint ! L'esprit professeur
et académique l'a envahi. Il n'a plus été alors
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qu'un professeur, un anecdotier, un discou-discoureur littéraire en son privé nom, puisqu'il
reur littéraire en son privé nom, puisqu'il
ne croit pas à un Absolu, — à une Vérité !
Je l'ai gardé pour le dernier de ces médaillons, comme un salutaire exemple. Il est bon
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V. Monseigneur Dupanloup 10
 
VI. M. Saint-Marc Girardin . i313
 
VII. M. de Montalembert 10
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PARlS. - IMP. SIMON RACON ET COMP., RUE D'ERFURTH, 1.
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