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*[[Dédicace]] {{:Dédicace}}<div class="text">
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|Dédicace}}
*''[[Les Amies]] {{:Les Amies}}'' (1867)
 
**[[Sur le balcon|I. Sur le balcom]] {{:Sur le balcon}}
<poem>
**[[Pensionnaires|II. Pensionnaires]] {{:Pensionnaires}}
 
**[[Per amica silentia|III. Per amica silentia]] {{:Per amica silentia}}
Vous souvient-il, cocodette un peu mûre
**[[Printemps (Verlaine)|IV. Printemps]] {{:Printemps (Verlaine)}}
Qui gobergez vos flemmes de bourgeoise,
**[[Été (Verlaine)|V. Été]] {{:Été (Verlaine)}}
Du temps joli quand, gamine un peu sure,
**[[Sappho (Verlaine)|VI. Sappho]] {{:Sappho (Verlaine)}}
Tu m’écoutais, blanc-bec fou qui dégoise ?
 
Gardâtes-vous fidèle la mémoire,
Ô grasse en des jerseys de poult-de-soie,
De t’être plu jadis à mon grimoire,
Cour par écrit, postale petite oye ?
 
Avez-vous oublié, Madame Mère,
Non, n’est-ce pas, même en vos bêtes fêtes,
Mes fautes de goût, mais non de grammaire,
Au rebours de tes chères lettres bêtes ?
 
Et quand sonna l’heure des justes noces,
Sorte d’Ariane qu’on me dit lourde,
Mes yeux gourmands et mes baisers féroces
À tes nennis faisant l’oreille sourde ?
 
Rappelez-vous aussi, s’il est loisible
À votre coeur de veuve mal morose,
Ce moi toujours tout prêt, terrible, horrible,
Ce toi mignon prenant goût à la chose,
 
Et tout le train, tout l’entrain d’un manège
Qui par malheur devint notre ménage.
Que n’avez-vous, en ces jours-là, que n’ai-je
Compris les torts de votre et de mon âge !
 
C’est bien fâcheux : me voici, lamentable
Épave éparse à tous les flots du vice,
Vous voici, toi, coquine détestable,
Et ceci fallait que je l’écrivisse !
</poem>
<br /></div>
 
[[Catégorie:Paul Verlaine|Dedicace]]
{{DEFAULTSORT:Dedicace}}
*''[[Les Amies]] {{TextQuality|50%}}{{Titre|Les Amies|[[Auteur:Paul Verlaine|Paul Verlaine]]|1867|Amies}}
 
 
* I. [[Sur le balcon]]
* II. [[Pensionnaires]]
* III. [[Per amica silentia]]
* IV. [[Printemps (Verlaine)|Printemps]]
* V. [[Été (Verlaine)|Été]]
* VI. [[Sappho (Verlaine)|Sappho]]
 
[[Catégorie:Poésie]]
[[Catégorie:XIXe siècle]]
[[Catégorie:1867]]
[[Catégorie:Paul Verlaine]]'' (1867)
**[[Sur le balcon|I. Sur le balcom]] {{TitrePoeme|[[Les Amies]] (repris dans [[Parallèlement]])|Paul Verlaine|{{PAGENAME}}}}
<div class="verse">
<poem>
 
:Toutes deux regardaient s'enfuir les hirondelles :
:L'une pâle aux cheveux de jais, et l'autre blonde
:Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
:Vaguement serpentaient, nuages, autour d'elles.
 
:Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles,
:Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde,
:Savouraient à longs traits l'émotion profonde
:Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles.
 
:Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
:Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
:Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.
 
:Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
:Emphatique comme un trône de mélodrame
:Et plein d'odeurs, le Lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre.
</poem>
</div>
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
**[[Pensionnaires|II. Pensionnaires]] {{TitrePoeme|[[Les Amies]] (repris dans [[Parallèlement]])|Paul Verlaine|{{PAGENAME}}}}
<div class="verse">
<poem>
 
:L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize ;
:Toutes deux dormaient dans la même chambre
:C'était par un soir très lourd de septembre
:Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise.
 
:Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise,
:La fine chemise au frais parfum d'ambre,
:La plus jeune étend les bras, et se cambre,
:Et sa sœur, les mains sur ses seins, la baise,
 
:Puis tombe à genoux, puis devient farouche
:Et tumultueuse et folle, et sa bouche
:Plonge sous l'or blond, dans les ombres grises ;
 
:Et l'enfant, pendant ce temps-là, recense
:Sur ses doigts mignons des valses promises.
:Et, rose, sourit avec innocence.
</poem>
</div>
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
**[[Per amica silentia|III. Per amica silentia]] {{TitrePoeme|[[Les Amies]] (repris dans [[Parallèlement]])|Paul Verlaine|{{PAGENAME}}}}
<div class="verse">
<poem>
 
:Les longs rideaux de blanche mousseline
:Que la lueur pâle de la veilleuse
:Fait fluer comme une vague opaline
:Dans l'ombre mollement mystérieuse,
 
:Les grands rideaux du grand lit d'Adeline
:Ont entendu, Claire, ta voix rieuse,
:Ta douce voix argentine et câline
:Qu'une autre voix enlace, furieuse.
 
:« Aimons, aimons ! » disaient vos voix mêlées,
:Claire, Adeline, adorables victimes
:Du noble vœu de vos âmes sublimes.
 
:Aimez, aimez ! ô chères Esseulées,
:Puisqu'en ces jours de malheur, vous encore,
:Le glorieux Stigmate vous décore.
</poem>
</div>
 
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
**[[Printemps (Verlaine)|IV. Printemps]] {{TitrePoeme|[[Les Amies]] (repris dans [[Parallèlement]])|Paul Verlaine|{{PAGENAME}}}}
<div class="verse">
<poem>
 
:Tendre, la jeune femme rousse,
:Que tant d'innocence émoustille,
:Dit à la blonde jeune fille
:Ces mots, tout bas, d'une voix douce :
 
:« Sève qui monte et fleur qui pousse,
:Ton enfance est une charmille :
:Laisse errer mes doigts dans la mousse
:Où le bouton de rose brille,
 
:« Laisse-moi, parmi l'herbe claire,
:Boire les gouttes de rosée
:Dont la fleur tendre est arrosée, –
 
:« Afin que le plaisir, ma chère,
:Illumine ton front candide
:Comme l'aube l'azur timide. »
</poem>
</div>
 
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
**[[Été (Verlaine)|V. Été]] {{TitrePoeme|[[Les Amies]] (repris dans [[Parallèlement]])|Paul Verlaine|{{PAGENAME}}}}
<div class="verse">
<poem>
 
:Et l’enfant répondit, pâmée
:Sous la fourmillante caresse
:De sa pantelante maîtresse :
:« Je me meurs, ô ma bien-aimée !
 
:« Je me meurs : ta gorge enflammée
:Et lourde me soûle et m’oppresse ;
:Ta forte chair d’où sort l’ivresse
:Est étrangement parfumée ;
 
:« Elle a, ta chair, le charme sombre
:Des maturités estivales, —
:Elle en a l’ambre, elle en a l’ombre ;
 
:« Ta voix tonne dans les rafales,
:Et ta chevelure sanglante
:Fuit brusquement dans la nuit lente. »
</poem>
<br /></div>
 
 
{{DEFAULTSORT:Ete}}
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
[[Catégorie:Poèmes d’été]]
**[[Sappho (Verlaine)|VI. Sappho]] {{TitrePoeme|[[Les Amies]] (repris dans [[Parallèlement]])|Paul Verlaine|Sappho}}
<div class="verse">
<poem>
 
:Furieuse, les yeux caves et les seins roides,
:Sappho, que la langueur de son désir irrite,
:Comme une louve court le long des grèves froides,
 
:Elle songe à Phaon, oublieuse du Rite,
:Et, voyant à ce point ses larmes dédaignées,
:Arrache ses cheveux immenses par poignées ;
 
:Puis elle évoque, en des remords sans accalmies,
:Ces temps où rayonnait, pure, la jeune gloire
:De ses amours chantés en vers que la mémoire
:De l'âme va redire aux vierges endormies :
 
:Et voilà qu'elle abat ses paupières blêmies
:Et saute dans la mer où l'appelle la Moire, -
:Tandis qu'au ciel éclate, incendiant l'eau noire,
:La pâle Séléné qui venge les Amies.
</poem>
</div>
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
*''Filles''
**[[À la princesse Roukhine|I. À la princesse Roukhine]] {{:À<div la princesse Roukhine}}class=text>
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|'''Filles'''<br/><br/>I.<br/>{{PAGENAME}}}}
**[[Séguidille (Verlaine)|II. Séguidille]] {{:Séguidille (Verlaine)}}
 
**[[Casta Piana|III. Casta Piana]] {{:Casta Piana}}
 
**[[Auburn|IV. Auburn]] {{:Auburn}}
:::« ''Capellos de Angelos.'' »
**[[À mademoiselle ***|V. À mademoiselle ***]] {{:À mademoiselle ***}}
:::(Friandise espagnole.)
**[[À madame *** (Parallèlement)|VI. À madame ***]] {{:À madame *** (Parallèlement)}}
<poem>
 
C’est une laide de Boucher
Sans poudre dans sa chevelure,
Follement blonde et d’une allure
Vénuste à tous nous débaucher.
 
Mais je la crois mienne entre tous,
Cette crinière tant baisée,
Cette cascatelle embrasée
Qui m’allume par tous les bouts.
 
Elle est à moi bien plus encor
Comme une flamboyante enceinte
Aux entours de la porte sainte,
L’alme, la dive toison d’or !
 
Et qui pourrait dire ce corps
Sinon moi, son chantre et son prêtre,
Et son esclave humble et son maître
Qui s’en damnerait sans remords,
 
Son cher corps rare, harmonieux,
Suave, blanc comme une rose
Blanche, blanc de lait pur, et rose
Comme un lys sous de pourpres cieux ?
 
Cuisses belles, seins redressants,
Le dos, les reins, le ventre, fête
Pour les yeux et les mains en quête
Et pour la bouche et tous les sens ?
 
Mignonne, allons voir si ton lit
A toujours sous le rideau rouge
L’oreiller sorcier qui tant bouge
Et les draps fous. Ô vers ton lit !</poem>
<br />
</div>
 
{{DEFAULTSORT:A La princesse roukhine}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|A La princesse roukhine]]
**[[Séguidille (Verlaine)|II. Séguidille]] <div class=text>
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|'''Filles'''<br/><br/>II.<br/>Séguidille}}
 
<poem>
 
Brune encore non eue,
Je te veux presque nue
Sur un canapé noir
Dans un jaune boudoir,
Comme en mil huit cent trente.
 
Presque nue et non nue
À travers une nue
De dentelles montrant
Ta chair où va courant
Ma bouche délirante.
 
Je te veux trop rieuse
Et très impérieuse,
Méchante et mauvaise et
Pire s’il te plaisait,
Mais si luxurieuse !
 
Ah, ton corps noir et rose
Et clair de lune ! Ah, pose
Ton coude sur mon cœur,
Et tout ton corps vainqueur,
Tout ton corps que j’adore !
 
Ah, ton corps ; qu’il repose
Sur mon âme morose
Et l’étouffe s’il peut,
Si ton caprice veut,
Encore, encore, encore !
 
Splendides, glorieuses,
Bellement furieuses
Dans leurs jeunes ébats,
Fous mon orgueil en bas
Sous tes fesses joyeuses !</poem>
<br />
</div>
 
{{DEFAULTSORT:Seguidille}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Seguidille]]
**[[Casta Piana|III. Casta Piana]] <div class=text>
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|'''Filles'''<br/><br/>III.<br/>Casta Piana}}
 
<poem>
 
Tes cheveux bleus aux dessous roux,
Tes yeux très durs qui sont trop doux,
Ta beauté qui n’en est pas une,
Tes seins que busqua, que musqua
Un diable cruel et jusqu’à
Ta pâleur volée à la lune,
 
Nous ont mis dans tous nos états,
Notre-Dame du galetas
Que l’on vénère avec des cierges
Non bénits, les Ave non plus
Récités lors des angélus
Que sonnent tant d’heures peu vierges.
 
Et vraiment tu sens le fagot :
Tu tournes un homme en nigaud,
En chiffre, en symbole, en un souffle,
Le temps de dire ou de faire oui,
Le temps d’un bonjour ébloui,
Le temps de baiser ta pantoufle.
 
Terrible lieu, ton galetas !
On t’y prend toujours sur le tas
À démolir quelque maroufle,
Et, décanillés, ces amants,
Munis de tous les sacrements,
T’y penses moins qu’à ta pantoufle !
 
T’as raison ! Aime-moi donc mieux
Que tous ces jeunes et ces vieux
Qui ne savent pas la manière,
Moi qui suis dans ton mouvement,
Moi qui connais le boniment
Et te voue une cour plénière !
 
Ne fronce plus ces sourcils-ci,
Casta, ni cette bouche-ci,
Laisse-moi puiser tous tes baumes,
Piana, sucrés, salés, poivrés,
Et laisse-moi boire, poivrés,
Salés, sucrés, tes sacrés baumes. </poem>
<br />
</div>
 
{{DEFAULTSORT:Casta Piana}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Casta Piana]]
**[[Auburn|IV. Auburn]] <div class=text>
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|'''Filles'''<br/><br/>IV.<br/>Auburn}}
 
 
:::« ''Et des châtaignes aussi.'' »
:::(Chanson de Malbrouk.)
<poem>
 
Tes yeux, tes cheveux indécis,
L’arc mal précis de tes sourcils,
La fleur pâlotte de ta bouche,
Ton corps vague et pourtant dodu,
Te donnent un air peu farouche
À qui tout mon hommage est dû.
 
Mon hommage, ah, parbleu ! tu l’as.
Tous les soirs, quels joie et soulas,
Ô ma très sortable châtaine,
Quand vers mon lit tu viens, les seins
Roides, et quelque peu hautaine,
Sûre de mes humbles desseins.
 
Les seins roides sous la chemise,
Fière de la fête promise
À tes sens partout et longtemps.
Heureuse de savoir ma lèvre,
Ma main, mon tout, impénitents
De ces péchés qu’un fol s’en sèvre !
 
Sûre de baisers savoureux
Dans le coin des yeux, dans le creux
Des bras et sur le bout des mammes,
Sûre de l’agenouillement
Vers ce buisson ardent des femmes
Follement, fanatiquement !
 
Et hautaine puisque tu sais
Que ma chair adore à l’excès
Ta chair et que tel est ce culte
Qu’après chaque mort, — quelle mort ! —
Elle renaît, dans quel tumulte !
Pour mourir encore et plus fort.
 
Oui, ma vague, sois orgueilleuse
Car radieuse ou sourcilleuse,
Je suis ton vaincu, tu m’as tien :
Tu me roules comme la vague
Dans un délice bien païen,
Et tu n’es pas déjà si vague ?</poem>
<br />
</div>
 
[[Catégorie:Paul Verlaine|Auburn]]
{{DEFAULTSORT:Auburn}}
**[[À mademoiselle ***|V. À mademoiselle ***]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
 
:Rustique beauté
:Qu’on a dans les coins,
:Tu sens bon les foins,
:La chair et l’été.
 
 
:Tes trente-deux dents
:De jeune animal
:Ne vont point trop mal
:À tes yeux ardents.
 
 
:Ton corps dépravant
:Sous tes habits courts,
:— Retroussés et lourds,
:Tes seins en avant,
 
 
:Tes mollets farauds,
:Ton buste tentant,
:— Gai, comme impudent,
:Ton cul ferme et gros,
 
 
:Nous boutent au sang
:Un feu bête et doux
:Qui nous rend tout fous,
:Croupe, rein et flanc.
 
 
:Le petit vacher
:Tout fier de son cas,
:Le maître et ses gas,
:Les gas du berger,
 
 
:Je meurs si je mens,
:Je les trouve heureux,
:Tous ces culs-terreux,
:D’être tes amants.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:A Mademoiselle ***}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|A Mademoiselle ***]]
**[[À madame *** (Parallèlement)|VI. À madame ***]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Vos narines qui vont en l’air,
:Non loin de vos beaux yeux quelconques,
:Sont mignonnes comme ces conques
:Du bord de mer de bains de mer ;
 
 
:Un sourire moins franc qu’aimable
:Découvre de petites dents,
:Diminutifs outrecuidants
:De celles d’un loup de la fable ;
 
 
:Bien en chair, lente avec du chien,
:On remarque votre personne,
:Et votre voix fine résonne
:Non sans des agréments très bien ;
 
 
:De la grâce externe et légère
:Et qui me laissait plutôt coi
:Font de vous un morceau de roi,
:Ô de roi non absolu, chère !
 
 
:Toujours est-il, regret ou non,
:Que je ne sais pourquoi mon âme
:Par ces froids pense à vous, Madame
:De qui je ne sais plus le nom.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:A Madame ***}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|A Madame ***]]
*''Révérence parler''
**[[Prologue d’un livre dont il ne paraîtra que les extraits ci-après|I. Prologue d’un livre dont il ne paraîtra que les extraits ci-après]] {{:ProloguetitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul d’un livre dont il ne paraîtra que les extraits ci-aprèsVerlaine|{{PAGENAME}}}}
 
**[[Impression fausse|II. Impression fausse]] {{:Impression fausse}}
 
**[[Autre|III. Autre]] {{:Autre}}
 
**[[Réversibilité (Verlaine)|IV. Réversibilité]] {{:Réversibilité (Verlaine)}}
<pages index="Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, II.djvu" from=248 to=249 />
**[[Tantalized|V. Tantalized]] {{:Tantalized}}
 
**[[Invraisemblable mais vrai|VI. Invraisemblable mais vrai]] {{:Invraisemblable mais vrai}}
<br />
**[[Le Dernier Dizain|VII. Le dernier Dizain]] {{:Le Dernier Dizain}}
{{DEFAULTSORT:Prologue d un livre dont}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Prologue d un livre dont]]
**[[Impression fausse|II. Impression fausse]] <center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:&nbsp; Dame souris trotte,
:Noire dans le gris du soir,
:&nbsp; Dame souris trotte
:&nbsp; Grise dans le noir.
 
 
:&nbsp; On sonne la cloche,
:Dormez, les bons prisonniers !
:&nbsp; On sonne la cloche :
:&nbsp; Faut que vous dormiez.
 
 
:&nbsp; Pas de mauvais rêve,
:Ne pensez qu’à vos amours.
:&nbsp; Pas de mauvais rêve :
:&nbsp; Les belles toujours !
 
 
:&nbsp; Le grand clair de lune !
:&nbsp; On ronfle ferme à côté.
:Le grand clair de lune
:&nbsp; En réalité !
 
 
:&nbsp; Un nuage passe,
:Il fait noir comme en un four.
:&nbsp; Un nuage passe.
:&nbsp; Tiens, le petit jour !
 
 
:&nbsp; Dame souris trotte,
:Rose dans les rayons bleus.
:&nbsp; Dame souris trotte :
:&nbsp; Debout, paresseux !
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Impression fausse}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Impression fausse]]
 
[[ru:Impression fausse (Верлен/Анненский)]]
**[[Autre|III. Autre]]
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:La cour se fleurit de souci
:&nbsp; &nbsp; Comme le front
:&nbsp; &nbsp; De tous ceux-ci
:&nbsp; &nbsp; Qui vont en rond
:En flageolant sur leur fémur
:&nbsp; &nbsp; Débilité
:&nbsp; &nbsp; Le long du mur
:&nbsp; &nbsp; Fou de clarté.
 
 
:Tournez, Samsons sans Dalila,
:&nbsp; &nbsp; Sans Philistin,
:&nbsp; &nbsp; Tournez bien la
:&nbsp; &nbsp; Meule au destin.
:Vaincu risible de la loi,
:&nbsp; &nbsp; Mouds tour à tour
:&nbsp; &nbsp; Ton cœur, ta foi
:&nbsp; &nbsp; Et ton amour !
 
 
:Ils vont ! et leurs pauvres souliers
:&nbsp; &nbsp; Font un bruit sec,
:&nbsp; &nbsp; Humiliés,
:&nbsp; &nbsp; La pipe au bec.
:Pas un mot ou bien le cachot,
:&nbsp; &nbsp; Pas un soupir.
:&nbsp; &nbsp; Il fait si chaud
:&nbsp; &nbsp; Qu’on croit mourir.
 
 
:J’en suis de ce cirque effaré,
:&nbsp; &nbsp; Soumis d’ailleurs
:&nbsp; &nbsp; Et préparé
:&nbsp; &nbsp; À tous malheurs.
:Et pourquoi si j’ai contristé
:&nbsp; &nbsp; Ton vœu têtu,
:&nbsp; &nbsp; Société,
:&nbsp; &nbsp; Me choierais-tu ?
 
 
:Allons, frères, bons vieux voleurs,
:&nbsp; &nbsp; Doux vagabonds,
:&nbsp; &nbsp; Filous en fleurs,
:&nbsp; &nbsp; Mes chers, mes bons,
:Fumons philosophiquement,
:&nbsp; &nbsp; Promenons-nous
:&nbsp; &nbsp; Paisiblement :
:&nbsp; &nbsp; Rien faire est doux.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Autre}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Autre]]
**[[Réversibilité (Verlaine)|IV. Réversibilité]]
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
::::''Totus in maligno positus.''
 
 
:Entends les pompes qui font
:&nbsp; &nbsp; Le cri des chats.
:Des sifflets viennent et vont
:&nbsp; &nbsp; Comme en pourchas.
:Ah, dans ces tristes décors
:Les Déjàs sont les Encors !
 
 
:Ô les vagues Angélus !
:&nbsp; &nbsp; (Qui viennent d’où ?)
:Vois s’allumer les Saluts
:&nbsp; &nbsp; Du fond d’un trou.
:Ah, dans ces mornes séjours
:Les Jamais sont les Toujours !
 
 
:Quels rêves épouvantés,
:&nbsp; &nbsp; Vous grands murs blancs !
:Que de sanglots répétés,
:&nbsp; &nbsp; Fous ou dolents !
:Ah, dans ces piteux retraits
:Les Toujours sont les Jamais !
 
 
:Tu meurs doucereusement,
:&nbsp; &nbsp; Obscurément,
:Sans qu’on veille, ô cœur aimant.
:&nbsp; &nbsp; Sans testament !
:Ah, dans ces deuils sans rachats
:Les Encors sont les Déjàs !
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Reversibilite}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Reversibilite]]
**[[Tantalized|V. Tantalized]] <div class="text"></div>
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|Tantalized}}
<poem>
 
:Toutes deux regardaient s'enfuir les hirondelles :
:L'une pâle aux cheveux de jais, et l'autre blonde
:Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
:Vaguement serpentaient, nuages, autour d'elles.
 
:Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles,
:Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde,
:Savouraient à longs traits l'émotion profonde
:Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles.
 
:Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
:Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
:Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.
 
:Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
:Emphatique comme un trône de mélodrame
:Et plein d'odeurs, le Lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre.
 
:L’aile où je suis donnant juste sur une gare,
:J’entends de nuit (mes nuits sont blanches) la bagarre
:Des machines qu’on chauffe et des trains ajustés,
:Et vraiment c’est des bruits de nids répercutés
:À des cieux de fonte et de verre et gras de houille.
:Vous n’imaginez pas comme cela gazouille
:Et comme l’on dirait des efforts d’oiselets
:Vers des vols tout prochains à des cieux violets
:Encore et que le point du jour éclaire à peine.
:Ô ces wagons qui vont dévaler dans la plaine !
</poem>
</div>
 
{{DEFAULTSORT:Tantalized}}
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
 
[[cs:Muka Tantalova]]
**[[Invraisemblable mais vrai|VI. Invraisemblable mais vrai]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Las ! je suis à l’Index et dans les dédicaces
:Me voici Paul V… pur et simple. Les audaces
:De mes amis, tant les éditeurs sont des saints,
:Doivent éliminer mon nom de leurs desseins,
:Extraordinaire et saponaire tonnerre
:D’une excommunication que je vénère
:Au point d’en faire des fautes de quantité !
:Vrai, si je n’étais pas (forcément) désisté
:Des choses, j’aimerais, surtout m’étant contraire,
:Cette pudeur du moins si rare de libraire.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Invraisemblable mais}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Invraisemblable mais]]
**[[Le Dernier Dizain|VII. Le dernier Dizain]] <center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Ô Belgique qui m’as valu ce dur loisir,
:Merci ! J’ai pu du moins réfléchir et saisir
:Dans le silence doux et blanc de tes cellules
:Les raisons qui fuyaient comme des libellules
:À travers les roseaux bavards d’un monde vain,
:Les raisons de mon être éternel et divin,
:Et les étiqueter comme en un beau musée
:Dans les cases en fin cristal de ma pensée.
:Mais, ô Belgique, assez de ce huis-clos têtu !
:Ouvre enfin, car c’est bon pour une fois, sais-tu !
 
 
::::<small>Bruxelles, août 1873. – Mons, janvier 1875.</small>
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Dernier dizain}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Dernier dizain]]
*''Lunes''
**[[« Je veux, pour te tuer, ô temps qui me dévastes »|I. ''Je veux, pour te tuer, ô temps qui me dévastes''…]] {{<center>[[Parallèlement]]</center>


:« Je veux, pour te tuer, ô temps qui me dévastes »}},
:Remonter jusqu’aux jours bleuis des amours chastes
**[[À la manière de Paul Verlaine|II. À la manière de Paul Verlaine]] {{:À la manière de Paul Verlaine}}
:Et bercer ma luxure et ma honte au bruit doux
**[[Explication|III. Explication]] {{:Explication}}
:De baisers sur Sa main et non plus dans Leurs cous.
**[[Autre explication|IV. Autre explication]] {{:Autre explication}}
:Le Tibère effrayant que je suis à cette heure,
**[[Limbes|V. Limbes]] {{:Limbes}}
:Quoi que j’en aie, et que je rie ou que je pleure,
**[[Lombes|VI. Lombes]] {{:Lombes}}
:Qu’il dorme ! pour rêver, loin d’un cruel bonheur,
:Aux tendrons pâlots dont on ménageait l’honneur
:Ès-fêtes, dans, après le bal sur la pelouse,
:Le clair de lune quand le clocher sonnait douze.
<br />
{{DEFAULTSORT:Je veux pour te tuer}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Je veux pour te tuer]]
**[[À la manière de Paul Verlaine|II. À la manière de Paul Verlaine]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
 
:C’est à cause du clair de la lune
:Que j’assume ce masque nocturne
:Et de Saturne penchant son urne
:Et de ces lunes l’une après l’une.
 
 
:Des romances sans paroles ont,
:D’un accord discord ensemble et frais,
:Agacé ce cœur fadasse exprès,
:Ô le son, le frisson qu’elles ont !
 
 
:Il n’est pas que vous n’ayez fait grâce
:À quelqu’un qui vous jetait l’offense :
:Or, moi, je pardonne à mon enfance
:Revenant fardée et non sans grâce.
 
 
:Je pardonne à ce mensonge-là
:En faveur en somme du plaisir
:Très banal drôlement qu’un loisir
:Douloureux un peu m’inocula.
<br />
 
[[DEFAULTSORT:A La maniere de paul verlaine}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|A La maniere de paul verlaine]]
**[[Explication|III. Explication]]
<pages index="Hugo - Les Contemplations, Nelson, 1856.djvu" from=163 to=164 header=1 />
**[[Autre explication|IV. Autre explication]] <center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Amour qui ruisselais de flammes et de lait,
:Qu’est devenu ce temps, et comme est-ce qu’elle est,
:La constance sacrée au chrême des promesses ?
:Elle ressemble une putain dont les prouesses
:Empliraient cent bidets de futurs foetus froids ;
:Et le temps a crû mais pire, tels les effrois
:D’un polype grossi d’heure en heure et qui pète.
:Lâches, nous ! de nous être ainsi lâchés !
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; « Arrête !
:Dit quelqu’un de dedans le sein. C’est bien la loi.
:On peut mourir pour telle ou tel, on vit pour soi,
:Même quand on voudrait vivre pour tel ou telle !
:Et puis l’heure sévère, ombre de la mortelle,
:S’en vient déjà couvrir les trois quarts du cadran.
:Il faut, dès ce jourd’hui, renier le tyran
:Plaisir, et se complaire aux prudents hyménées,
:Quittant le souvenir des heures entraînées
:Et des gens. Et voilà la norme et le flambeau.
:Ce sera bien. »
:::L’Amour :
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; « Ce ne serait pas beau. »
<br />
 
[[DEFAULTSORT:Autre explication}}
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
**[[Limbes|V. Limbes]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:L’imagination, reine,
:Tient ses ailes étendues,
:Mais la robe qu’elle traîne
:A des lourdeurs éperdues.
 
 
:Cependant que la Pensée,
:Papillon, s’envole et vole,
:Rose et noir clair, élancée
:Hors de la tête frivole.
 
 
:L’Imagination, sise
:En son trône, ce fier siège !
:Assiste, comme indécise,
:À tout ce preste manège,
 
 
:Et le papillon fait rage,
:Monte et descend, plane et vire :
:On dirait dans un naufrage
:Des culbutes du navire.
 
 
:La reine pleure de joie
:Et de peine encore, à cause
:De son cœur qu’un chaud pleur noie,
:Et n’entend goutte à la chose.
 
 
:Psyché Deux pourtant se lasse.
:Son vol est la main plus lente
:Que cent tours de passe-passe
:Ont faite toute tremblante.
 
 
:Hélas, voici l’agonie !
:Qui s’en fût formé l’idée ?
:Et tandis que, bon génie
:Plein d’une douceur lactée,
 
 
:La bestiole céleste
:S’en vient palpiter à terre,
:La Folle-du-Logis reste
:Dans sa gloire solitaire !
<br />
 
[[DEFAULTSORT:Limbes}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Limbes]]
**[[Lombes|VI. Lombes]]
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Deux femmes des mieux m’ont apparu cette nuit.
:Mon rêve était au bal, je vous demande un peu !
:L’une d’entre elles maigre assez, blonde, un œil bleu,
:Un noir et ce regard mécréant qui poursuit.
 
 
:L’autre, brune au regard sournois qui flatte et nuit,
:Seins joyeux d’être vus, dignes d’un demi-dieu !
:Et toutes deux avaient, pour rappeler le jeu
:De la main chaude, sous la traîne qui bruit,
 
 
:Des bas de dos très beaux et d’une gaîté folle
:Auxquels il ne manquait vraiment que la parole,
:Royale arrière-garde aux combats du plaisir.
 
 
:Et ces Dames — scrutez l’armorial de France —
:S’efforçaient d’entamer l’orgueil de mon désir,
:Et n’en revenaient pas de mon indifférence.
 
 
::::<small>Vouziers (Ardennes), 13 avril-23 mai 1885</small>
<br />
 
[[DEFAULTSORT:Lombes}}
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
 
 
*[[La Dernière Fête galante|La dernière Fête galante]]
 
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
 
:Pour une bonne fois séparons-nous,
:Très chers messieurs et si belles mesdames.
:Assez comme cela d’épithalames,
:Et puis là, nos plaisirs furent trop doux.
 
 
:Nul remords, nul regret vrai, nul désastre !
:C’est effrayant ce que nous nous sentons
:D’affinités avecque les moutons
:Enrubannées du pire poétastre.
 
 
:Nous fûmes trop ridicules un peu
:Avec nos airs de n’y toucher qu’à peine.
:Le Dieu d’amour veut qu’on ait de l’haleine,
:Il a raison ! Et c’est un jeune Dieu.
 
 
:Séparons-nous, je vous le dis encore.
:Que nos cœurs qui furent trop bêlants,
:Dès ce jourd’hui réclament, trop hurlants,
:L’embarquement pour Sodome et Gomorrhe !
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Derniere fete galante}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Derniere fete galante]]
*[[Poème saturnien]] <div class="text">
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|Poème saturnien}}
 
<poem>
 
Ce fut bizarre et Satan dut rire.
Ce jour d’été m’avait tout soûlé.
Quelle chanteuse impossible à dire
Et tout ce qu’elle a débagoulé !
 
Ce piano dans trop de fumée
Sous des suspensions à pétroles !
Je crois, j’avais la bile enflammée,
J’entendais de travers mes paroles.
 
Je crois, mes sens étaient à l’envers,
Ma bile avait des bouillons fantasques.
Ô les refrains de cafés-concerts,
Faussés par le plus plâtré des masques !
 
Dans des troquets comme en ces bourgades,
J’avais rôdé, suçant peu de glace.
Trois galopins aux yeux de tribades
Dévisageaient sans fin ma grimace.
 
Je fus hué manifestement
Par ces voyous, non loin de la gare,
Et les engueulai si goulûment
Que j’en faillis gober mon cigare.
 
Je rentre : une voix à mon oreille,
Un pas fantôme. Aucun ou personne ?
On m’a frôlé. — La nuit sans pareille !
Ah ! l’heure d’un réveil drôle sonne.
</poem>
 
 
::::<small>Attigny (Ardennes) 31 mai – 1<sup>er</sup> juin 1885.</small>
<br />
</div>
 
{{DEFAULTSORT:Poeme saturnien}}
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
[[Catégorie:Poèmes sur la musique]]
*[[L’Impudent]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:La misère et le mauvais œil,
:Soit dit sans le calomnier,
:Ont fait à ce monstre d’orgueil
:Une âme de vieux prisonnier.
 
 
:Oui, jettatore, oui, le dernier
:Et le premier des gueux en deuil
:De l’ombre même d’un denier
:Qu’ils poursuivront jusqu’au cercueil.
 
 
:Son regard mûrit les enfants.
:Il a des refus triomphants.
:Même il est bête à sa façon.
 
 
:Beautés passant, au lieu de sous,
:Faites à ce mauvais garçon
:L’aumône seulement… de vous.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Impudent}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Impudent]]
*[[L’Impénitent]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Rôdeur vanné, ton œil fané
:Tout plein d’un désir satané
:Mais qui n’est pas l’oeil d’un bélître,
:Quand passe quelqu’un de gentil
:Lance un éclair comme une vitre.
 
 
:Ton blaire flaire, âpre et subtil,
:Et l’étamine et le pistil,
:Toute fleur, tout fruit, toute viande,
:Et ta langue d’homme entendu
:Pourlèche ta lèvre friande.
 
 
:Vieux faune en l’air guettant ton dû,
:As-tu vraiment bandé, tendu
:L’arme assez de tes paillardises ?
:L’as-tu, drôle, braquée assez ?
:Ce n’est rien que tu nous le dises.
 
 
:Quoi, malgré ces reins fricassés,
:Ce cœur éreinté, tu ne sais
:Que dévouer à la luxure
:Ton cœur, tes reins, ta poche à fiel,
:Ta rate et toute ta fressure !
 
 
:Sucrés et doux comme le miel,
:Damnants comme le feu du ciel,
:Bleus comme fleur, noirs comme poudre,
:Tu raffoles beaucoup des yeux
:De tout genre en dépit du Foudre.
 
 
:Les nez te plaisent, gracieux
:Ou simplement malicieux,
:Étant la force des visages,
:Étant aussi, suivant des gens,
:Des indices et des présages.
 
 
:Longs baisers plus clairs que des chants,
:Tout petits baisers astringents
:Qu’on dirait qui vous sucent l’âme,
:Bons gros baisers d’enfant, légers
:Baisers danseurs, telle une flamme,
 
 
:Baisers mangeurs, baisers mangés,
:Baisers buveurs, bus, enragés,
:Baisers languides et farouches,
:Ce que t’aimes bien, c’est surtout,
:N’est-ce pas ? les belles boubouches.
 
 
:Les corps enfin sont de ton goût,
:Mieux pourtant couchés que debout,
:Se mouvant sur place qu’en marche,
:Mais de n’importe quel climat,
:Pont-Saint-Esprit ou Pont-de-l’Arche.
 
 
:Pour que ce goût les acclamât
:Minces, grands, d’aspect plutôt mat,
:Faudrait pourtant du jeune en somme :
:Pieds fins et forts, tout légers bras
:Musculeux et les cheveux comme
 
 
:Ça tombe, longs, bouclés ou ras, -
:Sinon pervers et scélérats
:Tout à fait, un peu d’innocence
:En moins, pour toi sauver, du moins,
:Quelque ombre encore de décence ?
 
 
:Nenni dà ! Vous, soyez témoins,
:Dieux la connaissant dans les coins,
:Que ces manières, de parts telles,
:Sont pour s’amuser mieux au fond
:Sans trop muser aux bagatelles.
 
 
:C’est ainsi que les choses vont
:Et que les raillards fieffés font.
:Mais tu te ris de ces morales, -
:Tel un monsieur plus que pressé
:Passe outre aux défenses murales.
 
 
:Et tu réponds, un peu lassé
:De te voir ainsi relancé,
:De ta voix que la soif dégrade
:Mais qui n’est pas d’un marmiteux :
:« Qu’y peux-tu faire, camarade,
 
 
:Si nous sommes cet amiteux ? »
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Impenitent}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Impenitent]]
*[[Le Sonnet de l’homme au sable]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Aussi, la créature était par trop toujours la même,
:Qui donnait ses baisers comme un enfant donne des noix,
:Indifférente à tout, hormis au prestige suprême
:De la cire à moustache et de l’empois des faux-cols droits.
 
 
:Et j’ai ri, car je tiens la solution du problème :
:Ce pouf était dans l’air dès le principe, je le vois ;
:Quand la chair et le sang, exaspérés d’un long carême,
:Réclamèrent leur dû, — la créature était en bois.
 
 
:C’est le conte d’Hoffmann avec de la bêtise en marge.
:Amis qui m’écoutez, faites votre entendement large,
:Car c’est la vérité que ma morale, et la voici :
 
 
:Si, par malheur, — puisse d’ailleurs l’augure aller au diable ! —
:Quelqu’un de vous devait s’emberlificoter aussi,
:Qu’il réclame un conseil de révision préalable.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Sonnet de l homme au sable}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Sonnet de l homme au sable]]
*[[Guitare (Verlaine)|Guitare]] {{PoèmeNav|[[Auteur:Paul Verlaine|Paul Verlaine]]|[[Parallèlement]]|Guitare||}}
<div class="text">
 
 
 
:Le pauvre du chemin creux chante et parle.
:Il dit : « Mon nom est Pierre et non pas Charle,
:Et je m'appelle aussi Duchatelet.
:Une fois je vis, moi qu'on croit très laid,
:Passer vraiment une femme très belle.
:(Si je la voyais telle, elle était telle.)
:Nous nous mariâmes au vieux curé.
:On eut tout ce qu'on avait espéré,
:Jusqu'à l'enfant qu'on m'a dit vivre encore.
:Mais elle devint la pire pécore
:Même pas digne de cette chanson,
:Et certain beau soir quitta la maison
:En emportant tout l'argent du ménage
:Dont les trois quarts étaient mon apanage.
:C'était une voleuse, une sans-cœur,
:Et puis, par des fois, je lui faisais peur.
:Elle n'avait pas l'ombre d'une excuse,
:Pas un amant ou par rage ou par ruse.
:Il paraît qu'elle couche depuis peu
:Avec un individu qui tient lieu
:D'époux à cette femme de querelle.
:Faut-il la tuer ou prier pour elle ? »
 
 
:Et le pauvre sait très bien qu'il priera,
:Mais le diable parierait qu'il tuera.
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
*[[Ballade de la vie en rouge|Ballade de la Vie en Rouge]]
 
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:L'un toujours vit la vie en rose,
:Jeunesse qui n'en finit plus,
:Seconde enfance moins morose,
:Ni vœux, ni regrets superflus.
:Ignorant tout flux et reflux,
:Ce sage pour qui rien ne bouge
:Règne instinctif : tel un phallus.
:Mais moi je vois la vie en rouge.
 
 
:L'autre ratiocine et glose
:Sur des modes irrésolus,
:Soupesant, pesant chaque chose
:De mains gourdes aux lourds calus.
:Lui faudrait du temps tant et plus
:Pour se risquer hors de son bouge.
:Le monde est gris à ce reclus.
:Mais moi je vois la vie en rouge.
 
 
:Lui, cet autre, alentour il ose
:Jeter des regards bien voulus,
:Mais, sur quoi que son oeil se pose,
:Il s'exaspère où tu te plus,
:Œil des philanthropes joufflus ;
:Tout lui semble noir, vierge ou gouge,
:Les hommes, vins bus, livres lus.
:Mais moi je vois la vie en rouge.
 
 
:::::Envoi
 
 
:Prince et princesse, allez, élus,
:En triomphe par la route où je
:Trime d'ornières en talus.
:Mais moi, je vois la vie en rouge.
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
*[[Mains]]
 
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Ce ne sont pas des mains d'altesse,
:De beau prélat quelque peu saint,
:Pourtant une délicatesse
:Y laisse son galbe succint.
 
 
:Ce ne sont pas des mains d'artiste,
:De poète proprement dit,
:Mais quelque chose comme triste
:En fait comme un groupe en petit ;
 
 
:Car les mains ont leur caractère,
:C'est tout un monde en mouvement
:Où le pouce et l'auriculaire
:Donnent les pôles de l'aimant.
 
 
:Les météores de la tête
:Comme les tempêtes du cœur,
:Tout s'y répète et s'y reflète
:Par un don logique et vainqueur.
 
 
:Ce ne sont pas non plus les palmes
:D'un rural ou d'un faubourien ;
:Encore leurs grandes lignes calmes
:Disent « Travail qui ne doit rien. »
 
 
:Elles sont maigres, longues, grises,
:Phalange large, ongle carré.
:Tels en ont aux vitraux d'églises
:Les saints sous le rinceau doré,
 
 
:Ou tels quelques vieux militaires
:Déshabitués des combats
:Se rappellent leurs longues guerres
:Qu'ils narrent entre haut et bas.
 
 
:Ce soir elles ont, ces mains sèches,
:Sous leurs rares poils hérissés,
:Des airs spécialement rêches,
:Comme en proie à d'âpres pensers.
 
 
:Le noir souci qui les agace,
:Leur quasi-songe aigre les font
:Faire une sinistre grimace
:À leur façon, mains qu'elles sont.
 
 
:J'ai peur à les voir sur la table
:Préméditer là, sous mes yeux,
:Quelque chose de redoutable,
:D'inflexible et de furieux.
 
 
:La main droite est bien à ma droite,
:L'autre à ma gauche, je suis seul.
:Les linges dans la chambre étroite
:Prennent des aspects de linceul,
 
 
:Dehors le vent hurle sans trêve,
:Le soir descend insidieux...
:Ah ! si ce sont des mains de rêve,
:Tant mieux, - ou tant pis, - ou tant mieux.
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
*[[« Les morts que l’on fait saigner dans leur tombe »|''Les morts que l’on fait saigner dans leur tombe''…]]
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Les morts que l’on fait saigner dans leur tombe
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Se vengent toujours.
:Ils ont leur manière, et plaignez qui tombe
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Sous leurs grands coups sourds.
:Mieux vaut n’avoir jamais connu la vie,
:Mieux vaut la mort lente d’autres suivie,
:Tant le temps est long, tant les coups sont lourds.
 
 
:Les vivants qu’on fait pleurer comme on saigne
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Se vengent parfois.
:Ceux-là qu’ils ont pris, qu’un chacun les plaigne,
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Pris entre leurs doigts.
:Mieux vaut un ours et les jeux de sa patte,
:Mieux vaut cent fois le chanvre et sa cravate,
:Mieux vaut l’édredon d’Othello cent fois.
 
 
:Ô toi, persécuter, crains le vampire
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Et crains l’étrangleur :
:Leur jour de colère apparaîtra pire
:&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Que toute douleur.
:Tiens ton âme prête à ce jour ultime
:Qui surprendra l’assassin comme un crime
:Et fondra sur le vol comme un voleur.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Morts que l on fait saigner}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Morts que l on fait saigner]]
*[[Sur le Point du Jour]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
 
:Le Point du Jour, le point blanc de Paris,
:Le seul point blanc, grâce à tant de bâtisse
:Et neuve et laide et que je t’en ratisse,
:Le Point du Jour aurore des paris !
 
 
:Le bonneteau fleurit « dessur » la berge,
:La bonne tôt s’y déprave, tant pis
:Pour elle et tant mieux pour le birbe gris
:Qui lui du moins la croit encore vierge.
 
 
:Il a raison le vieux, car voyez donc
:Comme est joli toujours le paysage :
:Paris au loin, triste et gai, fol et sage,
:Et le Trocadéro, ce cas, au fond,
 
 
:Puis la verdure et le ciel et les types
:Et la rivière obscène et molle, avec
:Des gens trop beaux, leur cigare à leur bec,
:Épatants ces metteurs-au-vent de tripes !
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Sur le point du jour}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Sur le point du jour]]
*[[Pierrot Gamin]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Ce n’est pas Pierrot en herbe
:Non plus que Pierrot en gerbe,
:C’est Pierrot, Pierrot, Pierrot.
:Pierrot gamin, Pierrot gosse,
:Le cerneau hors de la cosse,
:C’est Pierrot, Pierrot, Pierrot !
 
 
:Bien qu’un rien plus haut qu’un mètre,
:Le mignon drôle sait mettre
:Dans ses yeux l’éclair d’acier
:Qui sied au subtil génie
:De sa malice infinie
:De poète-grimacier.
 
 
:Lèvres rouge-de-blessure
:Où sommeille la luxure,
:Face pâle aux rictus fins,
:Longue, très accentuée,
:Qu’on dirait habituée
:À contempler toutes fins,
 
 
:Corps fluet et non pas maigre,
:Voix de fille et non pas aigre,
:Corps d’éphèbe en tout petit,
:Voix de tête, corps en fête,
:Créature toujours prête
:À soûler chaque appétit.
 
 
:Va, frère, va, camarade,
:Fais le diable, bats l’estrade
:Dans ton rêve et sur Paris
:Et par le monde, et sois l’âme
:Vile, haute, noble, infâme
:De nos innocents esprits !
 
 
:Grandis, car c’est la coutume,
:Cube ta riche amertume,
:Exagère ta gaieté,
:Caricature, auréole,
:La grimace et le symbole
:De notre simplicité !
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Pierrot gamin}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Pierrot gamin]]
*[[« Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours »|''Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours''…]] <div class="text">
{{TitrePoeme|[[Parallèlement]]|Paul Verlaine|''Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours…''}}
 
<poem>
 
Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours
Sont des amours aussi, tendres et furieuses,
Avec des particularités curieuses
Que n’ont pas les amours certes de tous les jours.
 
Même plus qu’elles et mieux qu’elles héroïques,
Elles se parent de splendeurs d’âme et de sang
Telles qu’au prix d’elles les amours dans le rang
Ne sont que Ris et Jeux ou besoins érotiques,
 
Que vains proverbes, que riens d’enfants trop gâtés.
— « Ah ! les pauvres amours banales, animales,
Normales ! Gros goûts lourds ou frugales fringales,
Sans compter la sottise et des fécondités ! »
 
— Peuvent dire ceux-là que sacre le haut Rite,
Ayant conquis la plénitude du plaisir,
Et l’insatiabilité de leur désir
Bénissant la fidélité de leur mérite.
 
La plénitude ! Ils l’ont superlativement :
Baisers repus, gorgés, mains privilégiées
Dans la richesse des caresses repayées,
Et ce divin final anéantissement !
 
Comme ce sont les forts et les forts, l’habitude
De la force les rend invaincus au déduit.
Plantureux, savoureux, débordant, le déduit !
Je le crois bien qu’ils ont la pleine plénitude !
 
Et pour combler leurs vœux, chacun d’eux tour à tour
Fait l’action suprême, a la parfaite extase,
— Tantôt la coupe ou la bouche et tantôt le vase —
Pâmé comme la nuit, fervent comme le jour.
 
Leurs beaux ébats sont grands et gais. Pas de ces crises :
Vapeurs, nerfs. Non, des jeux courageux, puis d’heureux
Bras las autour du cou, pour de moins langoureux
Qu’étroits sommeils à deux, tout coupés de reprises.
 
Dormez, les amoureux ! Tandis qu’autour de vous
Le monde inattentif aux choses délicates,
Bruit ou gît en somnolences scélérates,
Sans même, il est si bête ! être de vous jaloux.
 
Et ces réveils francs, clairs, riants, vers l’aventure
De fiers damnés d’un plus magnifique sabbat ?
Et salut, témoins purs de l’âme en ce combat
Pour l’affranchissement de la lourde nature !
</poem>
<br /></div>
 
[[Catégorie:Paul Verlaine|Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours]]
{{DEFAULTSORT:Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours}}
*[[Laeti et errabundi|Laeti et Errabundi]]
 
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Les courses furent intrépides
:(Comme aujourd'hui le repos pèse !)
:Par les steamers et les rapides.
:(Que me veut cet at home obèse ?)
 
 
:Nous allions, - vous en souvient-il,
:Voyageur où ça disparu ? -
:Filant légers dans l'air subtil,
:Deux spectres joyeux, on eût cru !
 
 
:Car les passions satisfaites
:Insolemment outre mesure
:Mettaient dans nos têtes des fêtes
:Et dans nos sens, que tout rassure,
 
 
:Tout, la jeunesse, l'amitié,
:Et nos cœurs, ah ! que dégagés
:Des femmes prises en pitié
:Et du dernier des préjugés,
 
 
:Laissant la crainte de l'orgie
:Et le scrupule au bon ermite,
:Puisque quand la borne est franchie
:Ponsard ne veut plus de limite.
 
 
:Entre autres blâmables excès
:Je crois que nous bûmes de tout,
:Depuis les plus grands vins français
:Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,
 
 
:En passant par les eaux-de-vie
:Qu'on cite comme redoutables,
:L'âme au septième ciel ravie,
:Le corps, plus humble, sous les tables.
 
 
:Des paysages, des cités
:Posaient pour nos yeux jamais las ;
:Nos belles curiosités
:Eussent mangé tous les atlas.
 
 
:Fleuves et monts, bronzes et marbres,
:Les couchants d'or, l'aube magique,
:L'Angleterre, mère des arbres,
:Fille des beffrois, la Belgique,
 
 
:La mer, terrible et douce au point, -
:Brochaient sur le roman très cher
:Que ne discontinuait point
:Notre âme, - et quid de notre chair ?...
 
 
:Le roman de vivre à deux hommes
:Mieux que non pas d'époux modèles,
:Chacun au tas versant des sommes
:De sentiments forts et fidèles.
 
 
:L'envie aux yeux de basilic
:Censurait ce mode d'écot :
:Nous dînions du blâme public
:Et soupions du même fricot.
 
 
:La misère aussi faisait rage
:Par des fois dans le phalanstère :
:On ripostait par le courage,
:La joie et les pommes de terre.
 
 
:Scandaleux sans savoir pourquoi,
:(Peut-être que c'était trop beau)
:Mais notre couple restait coi
:Comme deux bons porte-drapeau,
 
 
:Coi dans l'orgueil d'être plus libres
:Que les plus libres de ce monde,
:Sourd aux gros mots de tous calibres,
:Inaccessible au rire immonde.
 
 
:Nous avions laissé sans émoi
:Tous impédiments dans Paris,
:Lui quelques sots bernés, et moi
:Certaine princesse Souris,
 
 
:Une sotte qui tourna pire...
:Puis soudain tomba notre gloire,
:Tels nous des maréchaux d'empire
:Déchus en brigands de la Loire,
 
 
:Mais déchus volontairement.
:C'était une permission,
:Pour parler militairement,
:Que notre séparation,
 
 
:Permission sous nos semelles,
:Et depuis combien de campagnes !
:Pardonnâtes-vous aux femelles ?
:Moi j'ai peu revu ces compagnes,
 
 
:Assez toutefois pour souffrir.
:Ah, quel cœur faible que mon cœur !
:Mais mieux vaut souffrir que mourir
:Et surtout mourir de langueur.
 
 
:On vous dit mort, vous. Que le Diable
:Emporte avec qui la colporte
:La nouvelle irrémédiable
:Qui vient ainsi battre ma porte !
 
 
:Je n'y veux rien croire. Mort, vous,
:Toi, dieu parmi les demi-dieux !
:Ceux qui le disent sont des fous.
:Mort, mon grand péché radieux,
 
 
:Tout ce passé brûlant encore
:Dans mes veines et ma cervelle
:Et qui rayonne et qui fulgore
:Sur ma ferveur toujours nouvelle !
 
 
:Mort tout ce triomphe inouï
:Retentissant sans frein ni fin
:Sur l'air jamais évanoui
:Que bat mon cœur qui fut divin !
 
 
:Quoi, le miraculeux poème
:Et la toute-philosophie,
:Et ma patrie et ma bohème
:Morts ? Allons donc ! tu vis ma vie !
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]con
 
*[[Ballade de la Mauvaise Réputation]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Il eut des temps quelques argents
:Et régla ses camarades
:D’un sexe ou deux, intelligents
:Ou charmants, ou bien les deux grades,
:Si que dans les esprits malades
:Sa bonne réputation
:Subit que de dégringolades !
:Lucullus ? Non. Trimalcion.
 
 
:Sous ses lambris, c’étaient des chants
:Et des paroles point trop fades.
:Eros et Bacchos indulgents
:Présidaient à ces sérénades
:Qu’accompagnaient des embrassades.
:Puis chœurs et conversation
:Cessaient pour des fins peu maussades.
:Lucullus ? Non. Trimalcion.
 
 
:L’aube pointait et ces méchants
:La saluaient par cent aubades
:Qui réveillaient au loin les gens
:De bien, et par mille rasades.
:Cependant de vagues brigades
:— Zèle ou dénonciation —
:Verbalisaient chez des alcades.
:Lucullus ? Non. Trimalcion.
 
 
::::Envoi
 
 
:Prince, ô très haut marquis de Sade,
:Un souris pour votre scion
:Fier derrière sa palissade.
:Lucullus ? Non. Trimalcion.
<br />
 
{{DEFAULTSORT:Ballade de la mauvaise reputation}}
[[Catégorie:Paul Verlaine|Ballade de la mauvaise reputation]]
*[[Caprice]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Ô poète, faux pauvre et faux riche, homme vrai,
:Jusqu'en l'extérieur riche et pauvre pas vrai,
:(Dès lors, comment veux-tu qu'on soit sûr de ton cœur ?)
:Tour à tour souple drôle et monsieur somptueux,
:Du vert clair plein d'« espère » au noir componctueux,
:Ton habit a toujours quelque détail blagueur.
 
 
:Un bouton manque. Un fil dépasse. D'où venue
:Cette tache - ah ça, malvenue ou bienvenue ? -
:Qui rit et pleure sur le cheviot et la toile ?
:Nœud noué bien et mal, soulier luisant et terne.
:Bref, un type à se pendre à la Vieille Lanterne
:Comme à marcher, gai proverbe, à la belle étoile.
 
 
:Gueux, mais pas comme ça, l'homme vrai, le seul vrai,
:Poète, va, si ton langage n'est pas vrai,
:Toi l'es, et ton langage, alors ! Tant pis pour ceux
:Qui n'auront pas aimé, fous comme autant de tois,
:La lune pour chauffer les sans femmes ni toits,
:La mort, ah, pour bercer les cœurs malechanceux,
 
 
:Pauvres cœurs mal tombés, trop bons et très fiers, certes
:Car l'ironie éclate aux lèvres belles, certes,
:De vos blessures, cœurs plus blessés qu'une cible,
:Petits sacrés cœurs de Jésus plus lamentables,
:Va, poète, le seul des hommes véritables,
:Meurs sauvé, meurs de faim pourtant le moins possible.
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
 
[[ru:Каприз (Верлен/Анненский)]]
*[[Ballade Sappho]]
 
<center>[[Parallèlement]]</center>
 
 
:Ma douce main de maîtresse et d’amant
:Passe et rit sur ta chère chair en fête,
:Rit et jouit de ton jouissement.
:Pour la servir tu sais bien qu’elle est faite,
:Et ton beau corps faut que je le dévête
:Pour l’enivrer sans fin d’un art nouveau
:Toujours dans la caresse toujours prête.
:Je suis pareil à la grande Sappho.
 
 
:Laisse ma tête errant et s’abîmant
:À l’aventure, un peu farouche, en quête
:D’ombre et d’odeur et d’un travail charmant
:Vers les saveurs de ta gloire secrète.
:Laisse rôder l’âme de ton poète
:Partout par là, champ ou bois, mont ou vau,
:Comme tu veux et si je le souhaite.
:Je suis pareil à la grande Sappho.
 
 
:Je presse alors tout ton corps goulûment,
:Toute ta chair contre mon corps d’athlète
:Qui se bande et s’amollit par moment,
:Heureux du triomphe et de la défaite
:En ce conflit du cœur et de la tête.
:Pour la stérile étreinte où le cerveau
:Vient faire enfin la nature complète
:Je suis pareil à la grande Sappho.
 
 
::::Envoi
 
 
:Prince ou princesse, honnête ou malhonnête,
:Qui qu’en grogne et quel que soit son niveau,
:Trop su poète ou divin proxénète,
:Je suis pareil à la grande Sappho.
<br />
 
[[Catégorie:Paul Verlaine|Ballade sappho]]
{{DEFAULTSORT:Ballade sappho}}
*[[Chasteté]]
 
<center>[[Parallèlement]] [à vérifier]</center>
 
 
:Guerrière, militaire et virile en tout point,
:La sainte Chasteté que Dieu voit la première
:De toutes les vertus marchant dans sa lumière
:Après la Charité distante presque point
 
 
:Va d'un pas assuré mieux qu'aucune amazone
:À travers l'aventure et l'erreur du Devoir,
:Ses yeux grands ouverts pleins du dessein de bien voir,
:Son corps robuste et beau digne d'emplir un trône,
 
 
:Son corps robuste et nu balancé noblement,
:Entre une tête haute et des jambes sereines,
:Du port majestueux qui sied aux seules reines,
:Et sa candeur la vêt du plus beau vêtement.
 
 
:Elle sait ce qu'il faut qu'elle sache des choses,
:Entre autres que Jésus a fait l'homme de chair
:Et mis dans notre sang un charme doux-amer
:D'où doivent découler nos naissances moroses,
 
 
:Et que l'amour charnel est bénit en des cas.
:Elle préside alors et sourit à ces fêtes,
:Dévêt la jeune épouse avec ses mains honnêtes
:Et la mène à l'époux par des tours délicats.
 
 
:Elle entre dans leur lit, lève le linge ultime,
:Guide pour le baiser et l'acte et le repos
:Leurs corps voluptueux aux fins de bons propos
:Et désormais va vivre entre eux, leur ange intime.
 
 
:Puis, au-dessus du Couple ou plutôt à côté,
:- Bien agir fait s'unir les vœux et les nivelle -
:Vers le Vierge et la Vierge isolés dans leur belle
:Thébaïde à chacun la sainte Chasteté,
 
 
:Sans quitter les Amants, par un charmant miracle,
:Vole et vient rafraîchir l'Intacte et l'Impollu
:De gais parfums de fleurs comme s'il avait plu
:D'un bon orage sur l'un et l'autre habitacle,
 
 
:Et vêt de chaleur douce au point et de jour clair
:La cellule du Moine et celle de la Nonne,
:Car s'il nous faut souffrir pour que Dieu nous pardonne
:Du moins Dieu veut punir, non torturer la chair.
 
 
:Elle dit à ces chers enfants de l'Innocence :
:Dormez, veillez, priez. Priez surtout, afin
:Que vous n'ayez pas fait tous ces travaux en vain,
:Humilité, douceur et céleste ignorance !
 
 
:Enfin elle va chez la Veuve et chez le Veuf,
:Chez le vieux Débauché, chez l'Amoureuse vieille,
:Et leur tient des discours qui sont une merveille
:Et leur refait, à force d'art, un corps tout neuf.
 
 
:Et quand alors elle a fini son tour du monde,
:Tour du monde ubiquiste, invisible et présent,
:Elle court à son point de départ en faisant
:Tel grand détour, espoir d'espérance profonde ;
 
 
:Et ce point de départ est un lieu bien connu,
:Eden même : là sous le chêne et vers la rose,
:Puisqu'il paraît qu'il n'a pas à faire autre chose,
:Rit et gazouille un beau petit enfant tout nu.
 
 
:::::::Paul Verlaine
*[[La Dernière Fête galante|La dernière Fête galante]] {{:La Dernière Fête galante}}
:::::::(Mai 1889.)
*[[Poème saturnien]] {{:Poème saturnien}}
*[[L’Impudent]] {{:L’Impudent}}
*[[L’Impénitent]] {{:L’Impénitent}}
*[[Le Sonnet de l’homme au sable]] {{:Le Sonnet de l’homme au sable}}
*[[Guitare (Verlaine)|Guitare]] {{:Guitare (Verlaine)}}
*[[Ballade de la vie en rouge|Ballade de la Vie en Rouge]] {{:Ballade de la vie en rouge}}
*[[Mains]] {{:Mains}}
*[[« Les morts que l’on fait saigner dans leur tombe »|''Les morts que l’on fait saigner dans leur tombe''…]] {{:« Les morts que l’on fait saigner dans leur tombe »}}
*[[Sur le Point du Jour]] {{:Sur le Point du Jour}}
*[[Pierrot Gamin]] {{:Pierrot Gamin}}
*[[« Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours »|''Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours''…]] {{:« Ces passions qu’eux seuls nomment encore amours »}}
*[[Laeti et errabundi|Laeti et Errabundi]] {{:Laeti et errabundi}}con
 
[[Catégorie:Paul Verlaine]]
*[[Ballade de la Mauvaise Réputation]] {{:Ballade de la Mauvaise Réputation}}
*[[Caprice]] {{:Caprice}}
*[[Ballade Sappho]] {{:Ballade Sappho}}
*[[Chasteté]] {{:Chasteté}}