« Yvette (éd. Ollendorff, 1902)/Les Idées du Colonel » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m liens vers l'espace auteur |
mAucun résumé des modifications |
||
Ligne 16 :
D’ailleurs nous sommes tous un peu pareils, en France, messieurs. Nous restons des chevaliers quand même, les chevaliers de l’amour et du hasard, puisqu’on a supprimé Dieu, dont nous étions vraiment les gardes du corps.
Ligne 40 :
Devant nous, la plaine, une grande vache de plaine toute nue, où il pleuvait de la neige. Ça tombait, ça tombait, comme un rideau, ces flocons blancs, qui cachaient tout sous un lourd manteau gelé, épais et mort, un matelas en laine de glace. On aurait dit la fin du monde.
Ils regardaient ça, cette poussière blanche qui descendait de là-haut, et ils semblaient penser :
Alors je tirai mon revolver :
Et les voilà qui se mettent en marche, tout lentement, comme des gens dont les jambes sont usées.
Ligne 72 :
Je reconnus tout de suite que c’étaient des bourgeois, même mieux que des bourgeois.
On repartit. Comme le vieux connaissait le pays, il nous guida.
Ligne 82 :
Tout d’un coup, elle s’arrêta :
Le vieux voulut la porter ; mais il ne pouvait seulement pas la soulever ; et elle s’affaissa par terre en poussant un grand soupir.
Ligne 90 :
Tout à coup, un de mes soldats, un Parisien, qu’on avait surnommé « Pratique », prononça :
Je crois, ma foi, que je jurai de plaisir.
On voyait vaguement, dans l’ombre, sur la gauche, les arbres d’un petit bois. Quelques hommes se détachèrent et revinrent bientôt avec un faisceau de branches liées en litière.
Et dix capotes vinrent tomber autour du soldat. En une seconde, la jeune fille fut couchée dans ces chauds vêtements, et enlevée sur six épaules. Je m’étais placé en tête, à droite, et content, ma foi, d’avoir ma charge.
Ligne 106 :
Les soldats avaient presque reformé les rangs, ranimés, réchauffés. Un vieux franc-tireur qui suivait la litière, attendant son tour pour remplacer le premier camarade qui flancherait, murmura vers son voisin, assez haut pour que je l’entendisse :
Jusqu’à trois heures du matin, on avança presque sans repos. Puis, tout à coup, les éclaireurs se replièrent encore, et bientôt tout le détachement, couché dans la neige, ne faisait plus qu’une ombre vague sur le sol.
Ligne 120 :
Je criai :
Et cinquante coups de fusils crevèrent le silence de la nuit. Quatre ou cinq détonations partirent encore, puis une dernière toute seule ; et, quand l’aveuglement de la poudre enflammée se fut dissipé, on vit que les douze hommes, avec neuf chevaux, étaient tombés. Trois bêtes s’enfuyaient d’un galop furieux, et l’une traînait derrière elle, pendu par le pied à l’étrier et bondissant éperdument, le cadavre de son cavalier.
Ligne 126 :
Un soldat, derrière moi, riait, d’un rire terrible. Un autre dit :
Il était marié, peut-être. Un troisième ajouta :
Une tête était sortie de la litière :
Je répondis :
Elle murmura :
Mais comme elle avait froid, elle redisparut sous les capotes.
Ligne 150 :
Une voix lointaine cria :
Tout le détachement fit halte ; et je m’avançai pour nous faire reconnaître.
Ligne 158 :
Comme mes hommes défilaient devant le poste, un commandant à cheval, que je venais de mettre au courant, demanda d’une voix sonore en voyant passer la litière :
Aussitôt une petite figure blonde apparut, dépeignée et souriante, qui répondit :
Un rire s’éleva parmi les hommes, et une joie courut dans les cœurs.
Ligne 168 :
Alors Pratique, qui marchait à côté du brancard, agita son képi en vociférant :
Et, je ne sais pas pourquoi, je me sentis tout remué, tant je trouvais ça gentil et galant.
Ligne 178 :
Il se tut quelques secondes, puis reprit d’un air convaincu, en hochant la tête :
</div>
|