« Histoire d’Agathon ou Tableau philosophique des moeurs de la Grèce - Tome 2 » : différence entre les versions

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« Une liaison de cette nature ne seroit probablement pas d’une longue durée. Mais le souvenir de tant de plaisirs ne manqueroit pas de m’inspirer le desir d’en chercher de nouveaux. »
 
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<!--Page 113-->« Mais alors une nouvelle Cyane?&hellip;
 
« Oui. Et cette nouvelle Cyane me deviendroit peut-être encore indifférente & me laisseroit les mêmes desirs.»
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« Je t’ai parlé conformément à mes principes. Les Loix dans de certains Etats, (car ce n’est pas dans tous : il y en a où elles sont plus indulgentes) mettent des bornes au droit naturel que nous avons sur toutes les femmes & sur chaque femme en particulier qui nous cause des defirs. Cela n’est fait que pour éviter certains inconvéniens qu’on auroit à craindre, dans de pareils Etats, de l’usage illimité de ce droit ; & tu vois clairement que l’esprit & le but de la Loi n’est point trahi quand on est assez prévoyant pour ne pas prendre de témoins des exceptions qu’on en fait.»
 
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<!--Page 116-->« Oh Hippias ! s’écria ici Agathon dans un transport de joie, je te tiens. C’est-là où je t’attendois. Tu vois les conséquences de tes principes. Si tout ce que mes desirs irrités peuvent éxiger de moi est juste en lui-même ; si, sous le nom d’utile, qu’elles ne méritent point, les prétentions extravagantes de la passion sont la seule règle de nos actions ; si, par la ruse & l’artifice, il est permis d’éluder les Loix & de faire tout ce qu’on veut dans l’obscurité ; si la vertu & les espérances de la vertu ne sont que des chiméres ; qui empêche les enfans de se conjurer contre leurs parens ? Qui empêche la mere de se livrer elle-même avec ses filles au plus <!--Page 117-->offrant ? Qui m’empêche, si mon intéret m’y porte, d’enfoncer le poignard dans le sein de mon ami ? de voler les Temples des Dieux, de trahir ma Patrie, de me mettre à la tête d’une bande de voleurs, &, si j’en ai le pouvoir, de dévaster des Pays entiers, & de noyer toute une nation dans son sang ? Ne vois-tu pas que tes principes que tu appelles si impudemment sagesse & que tu tâches de rendre apparens par un mélange adroit du faux & du vrai seroient pernicieux s’ils étoient généraux ? Qu’ils changeroient les hommes en monstres beaucoup plus cruels que ne font les Hyénes, les Tigres <!--Page 118-->& les Crocodiles? Tu te moques de la vertu & de la Religion. Apprends qu’elles ont leur source dans les traits ineffaçables avec lesquels elles sont gravées dans nos ames ; qu’elles doivent leur éxistence au charme secret & merveilleux qui nous entraîne à la vérité, à l’ordre, à la bonté, & qui assure bien plus l’éxécution des Loix, que toutes les récompenses & les punitions. Apprends qu’il y a encore des hommes sur la terre & que parmi ces hommes on trouve encore une ombre de moralité & de bonté. Tu regardes les idées de vertu & de perfection morale comme des extravagances & des <!--Page 119-->fantaisies. Regardes-moi, Hippias.»
 
« Hé bien ? &hellip;»
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<div style="text-align:center;">Fin du Livre troisieme.</div>
 
== LIVRE QUATRIEME. ==