« Histoire d’Agathon ou Tableau philosophique des moeurs de la Grèce - Tome 2 » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 478 :
<!--Page 174-->
 
ta critique, il est impossible de mettre plus cramed’ame, plus de finesse, & un contraste plus fait-»Tantsaillant que la petite Psyché n’en a mis dans son rôle » ... &hellip;Psyché ! ...&hellip; Quel nom ... &hellip;! Daphné ramemême n’ivoitn’avoit pas été plus étonnée au moment de sa métamorphose qu’Agathon ne le fut au nom de Psyché. . Il perdit toute contenance : il ne put achever un mot qu’il vouloit prononcer : il rougit, & sa confusion devint si remarquable que Danaë, qui Pattribuoitl’attribuoit à la honte d’avoir mal jugé, crut devoir venir à son secourssécours. « La critique de Callias, dit-elle, prouve qu’il a sendsenti toute ramel’ame que Psyché & Phars~ driasPhædrias ont mis dans leur jeu : mais, peut-être, n’en dlest-clicelle <!--Page 175-->que plus juste. Psyché auroit dû jouer le personnage de Daphné, & ce n’est que le lien qu’elle a fait paroître. N’est-il pas vrai, Psyché, que tu as mis Daphné à ta place ? Tu ne pensois qu’à ce que tu aurois fait en pareille occasion.» « Et comment aurois-je pu faire autrement ? », reprit la petite danseuse. « Il falloit, dit Danaë, prendre le caractère que les Poëtes lui donnent, & ne pas lui donner le tien.»
 
:a« Mais quel tara trecaractère avoit-elle donc ? » repartit Psyché....&hellip; »« »Demande-le à Callias, dit le sage Hippias. »Il te dira que c’étoit une précieuse....&hellip; Car c’est là ce qu’il aime.&hellip;» .« .Erreur!, re<!--Page 176-->prit Agathon. ErreurLe !caractère »de re-Daphné doit être marqué, selon mon idée, par l’indifférence & l’innocence ; elle pouvoit avoir ces deux qualités sans être précieuse.»
<!--Page 175-->
 
« Psyché mérite d’autant plus d’éloges », repliqua PhadriasPhædrias ( pour lequel, aà ce que dit l’histoire, elle étaitétoit encore quelque chose de plus qu’une danseuse )» « qu’elle a embelli le caractére qu’elle devoit rendre. Le combat entre l’amour & l’honneur exige plus de génie pour être parfaitement imité : il est, en même temps, plus agréable & plus touchant pour le spectateur, que l’indifférence que Caillas imagine. Et quelle est <!--Page 177-->d’ailleurs la Nimphe qui se montra jamais indifférente à l’amour d’un Dieu comme Apollon ?
que plus jure. Psyché aurait dû jouer le personnage de Daphné, & ce n’en que le lien qu’elle a fait paroître. N’est-il pas vrai, Psyché, que tu as mis Daphné à ta place ? Tu ne pensois qu’à ce que tu aurois fait en pareille occasion. Et comment aurois-je pu faire autrement, » reprit la petite danseuse? -»Il falloit, +» dit Danaë, prendre le caractère que les Poëtes lui donnent, & ne pas lui donner le tien.
 
« Je suis de ton opinion, dit Hippias. Daphné fuit devant Apollon, parce qu’elle est une jeune fille ; & précisément aussi parce qu’elle est une jeune fille, elle souhaite secrétement qu’il puisse l’attraper. Regarderoit-elle si souvent deriere elle si ce n’étoit pour l’exciter à courir plus fort ? Enfin il l’atteint d’assez près pour qu’elle ne puisse plus lui échaper : elle implore en ce moment le Dieu du Fleuve. Pure grimace ! Il la métamorphose&hellip; L’en prioit-elle ? Pourquoi ne se jettoit-elle pas dans le Fleuve, si elle eût voulu sérieusement s’échaper ? Elle <!--Page 178-->l’invoque. Cela ilest dans l’ordre : elle ne pouvoîtpouvoit flirtfaire au-» trouentautrement. Qu’auroîtQu’auroit- on Fra pensé d’elle ? pour qui eût-elle ‘mirépassé ? Mais il faut l’avouer : elle ne s’imaginoit pas qu’il viendroit si promptement lui donner le recours qu’elle demandoit, & qu’elle étoit certainement bien éloignée de délirerdésirer. En quel moment pouvoit-elle le fou- Litersouhaiter moins, que lorsque son amant la serroit déja entre ses bras ? Qu’y-a-t-il de plus naturel que le dépit, la douleur & la trislessetristesse dont elle est ali teaffectée quand elle se fentsent changer en Laurier ? Son regard tendre, émitétoit même dans la nature. La fèintefeinte, la dissimulation disparurent au moment de la métamorphoseméta<!--Page 179-->morphose, c’ellc’est-là ce qu’a rendu Psyché, & rien n’étoit plus dans la vérité. C’est le caractére d’une jeune fille : mais de ces jeunes filles qui ne fontsont pas, Mon cher Callias, cômmecomme celles dont tu te formes l’image. On n’en trouve point dans ce monde matériel.»
:a Mais quel tara tre avoit-elle donc ? » repartit Psyché.... » »Demande-le à Callias, dit le sage Hippias. »Il te dira que c’étoit une précieuse.... Car c’est là ce qu’il aime. . . . Erreur ! » re-
 
»« Je me rends, dit Agathon. La Danseuse a fait tout ce qu’on pouvoit exiger d’elle, et j’étois ridicule de prétendre qu’elle exécutât l’idée que je m’étois formée d’une Daphné selon mon imagination.»
<!--Page 276-->
 
prit Agathon. » Le caractère de Daphné doit trç marqué, selon mon idée, par l’indifférence & l’innocence ; elle pouvait avoir ces deux qualités sans être précieuse.
 
« Psyché mérite d’autant plus d’éloges », repliqua Phadrias ( pour lequel, a ce que dit l’histoire, elle était encore quelque chose de plus qu’une danseuse )» qu’elle a embelli le caractére qu’elle devoit rendre. Le combat entre l’amour & l’honneur exige plus de génie pour être parfaitement imité il est, en même temps, plus agréable & plus touchant pour le spectateur, que l’indifférence que Caillas imagine. Et quelle est
 
<!--Page 177-->
 
d’ailleurs la Nimphe qui se montra jamais indifférente à l’amour d’un Diéti comme Apollon ?
 
» Je suis de ton opinion, » dit Hippias. » Daphné fuit devant Apollon, parce qu’elle est une jeune fille ; & précisément aussi parce qu’elle est une jeune fille, elle souhaite secrétement qu’il puisse l’attraper. Regarderoit-elle si souvent deriere elle si ce n’étoit pour l’exciter à courir plus fort ? Enfin il l’atteint d’assez près pour qu’elle ne puisse plus lui échaper : elle implore en ce moment le Dieu du Fleuve. Pure grimace ! Il la métamorphose ... L’en prioit-elle ? Pourquoi ne se jettoit-elle pas dans le Fleuve, si elle en voulu sérieusement s’échaper ? Elle
 
<!--Page 177-->
 
l’invoque. Cela il dans l’ordre : elle ne pouvoît flirt au-» trouent. Qu’auroît- on Fra d’elle ? pour qui eût-elle ‘miré? Mais il faut l’avouer : elle ne s’imaginoit pas qu’il viendroit si promptement lui donner le recours qu’elle demandoit, & qu’elle étoit certainement bien éloignée de délirer. En quel moment pouvoit-elle le fou- Liter moins, que lorsque son amant la serroit déja entre ses bras? Qu’y-a-t-il de plus naturel que le dépit, la douleur & la trislesse dont elle est ali te quand elle se fent changer en Laurier ? Son regard tendre, émit même dans la nature. La fèinte, la dissimulation disparurent au moment de la métamorphose, c’ell-là ce qu’a rendu Psyché, & rien n’étoit plus dans la vérité. C’est le caractére d’une jeune fille : mais de ces jeunes filles qui ne font pas, Mon cher Callias, cômme celles dont tu te formes l’image. On n’en trouve point dans ce monde matériel.
 
» Je me rends, dit Agathon. La Danseuse a fait tout ce qu’on pouvoit exiger d’elle, et j’étois ridicule de prétendre qu’elle exécutât l’idée que je m’étois formée d’une Daphné selon mon imagination.
 
A peine eût-il achevé que Danaë, sans dire un mot, se leva, fit ligne à la Danseuse de la suivre, & disparut avec elle. Un instant après la Danseuse revint, les
Ligne 512 ⟶ 496 :
<!--Page 181-->
 
jours. Quelle beauté ! quelle noblesse dans tous ses mouvemens ! Avec quelle simplicité touchante elle rendoit le caractére de l’innocence ! Il regardoit encore, dans un ravissement muet, l’endroit où elle s’étoit changée en Laurier qu’elle étoit déja disparue : elle n’avoit point voulu attendre les applaudissemens que les spectateurs enchantés alloient lui prodiguer : le vrai talent est toujours modeste. Elle reprit son premier habillement, & ne tarda point à reparoître. « Que Callias doit t’avoir d’obligation, belle Danaë, lui dit le sage Hippias lorsqu’il la vit rentrer ! Il n’y avoit que toi seule qui pût justifier sa critique, & par des traits aimables, ren<!--Page 182-->dre charmante la précieuse même. Qu’Apollon eût été à plaindre si tu avois été sa Daphné ! »
 
<!--Page 182-->
 
dre charmante la précieuse m6-» mc. Qu’Apollon eût été à plaindre si tu avois été sa Daphné !
 
Agathon, étoit si rempli de 1’agréable étonnement que lui avoit causé Danaë, qu’il n’entendit rien de ce discours, & cette circonstance fitfut sans doute heureuse pour lui : cet éloge auroit pu produire une nouvelle rougeur qui l’auroit trahi. La compagnie resta encore quelque temps. On fit beaucoup de complimens à Danaë, & on discuta sur l’art de la PalliéDanse. J’espere que l’on me fera grace de cette conversation ; j’ai à parler de matières plus importantes. Je ne puis cependant taire une circonstance. C’est qu’Agathon devint à cette occasion aussi éloquent qu’il
 
<!--Page 183-->