« La Maison Tellier (recueil, Ollendorff 1891)/En famille » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m a déplacé En famille (Maupassant) vers La Maison Tellier (recueil)/En famille : sous-page |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 1 :
[[Catégorie:Contes et Nouvelles de Maupassant]][[Catégorie:1881]][[cs:V rodině]]
{{TextQuality|25%}}
<div class="text">
Ligne 31 :
Il ne connaissait pas plus Paris que ne le peut connaître un aveugle conduit par son chien, chaque jour, sous la même porte ; et s’il lisait dans son journal d’un sou les événements et les scandales, il les percevait comme des contes fantaisistes inventés à plaisir pour distraire les petits employés. Homme d’ordre, réactionnaire sans parti déterminé, mais ennemi des « nouveautés », il passait les faits politiques que sa feuille, du reste, défigurait toujours pour les besoins payés d’une cause ; et quand il remontait tous les soirs l’avenue des Champs-Élysées, il considérait la foule houleuse des promeneurs et le flot roulant des équipages à la façon d’un voyageur dépaysé qui traverserait des contrées lointaines.
Ayant complété, cette année même, ses trente années de service obligatoire, on lui avait remis, au 1er janvier, la croix de la Légion d’honneur, qui récompense, dans ces administrations militarisées, la longue et misérable servitude
Chez lui, il disait « ma croix » à tout propos. Un tel orgueil lui était venu qu’il ne pouvait plus même souffrir à la boutonnière des autres aucun ruban d’aucune sorte. Il s’exaspérait surtout à la vue des ordres étrangers
La conversation des deux hommes, depuis l’Arc de Triomphe jusqu’à Neuilly, était, du reste, toujours la même ; et, ce jour-là comme les précédents, ils s’occupèrent d’abord de différents abus locaux qui les choquaient l’un et l’autre, le maire de Neuilly en prenant à son aise. Puis, comme il arrive infailliblement en compagnie d’un médecin, Caravan aborda le chapitre des maladies, espérant de cette façon glaner quelques petits conseils gratuits ou même une consultation, en s’y prenant bien, sans laisser voir la ficelle. Sa mère, du reste, l’inquiétait depuis quelque temps. Elle avait des syncopes fréquentes et prolongées ; et, bien que vieille de quatre-vingt-dix ans, elle ne consentait point à se soigner.
Ligne 61 :
« C’est une fatalité, disait-il, c’est une fatalité ; j’ai beau y penser toute la journée, quand le soir vient j’oublie toujours. » Mais comme il semblait désolé, elle le consola :
Elle devint très sérieuse :
Elle se fâchait :
Il balbutia :
Elle devint rageuse, le bonnet partit sur l’épaule :
Elle prit l’Annuaire de la marine, qu’elle avait toujours sous la main, et chercha : « Bonassot.
À cette question, Caravan se rasséréna. Une gaieté lui vint qui secouait son ventre : « Comme Balin, juste comme Balin, son chef. » Et il ajouta, dans un rire plus fort, une vieille plaisanterie que tout le ministère trouvait délicieuse : « Il ne faudrait pas les envoyer par eau inspecter la station navale du Point-du-Jour, ils seraient malades sur les bateaux-mouches. »
Ligne 133 :
Mme Caravan, dans un coin, causait avec le docteur, s’informait des formalités, demandait tous les renseignements pratiques. À la fin, M. Chenet, qui paraissait attendre quelque chose, prit son chapeau et, déclarant qu’il n’avait pas dîné, fit un salut pour partir. Elle s’écria :
Il refusa, s’excusant ; elle insistait :
Le docteur s’inclina et, déposant son chapeau sur un meuble : « En ce cas, j’accepte, madame. »
Ligne 174 :
Le docteur enfin se leva pour partir ; et s’emparant du bras de son ami :
L’autre obéit docilement, mit son chapeau, prit sa canne, sortit ; et tous deux, se tenant par le bras, descendirent vers la Seine sous les claires étoiles.
Ligne 220 :
Sa femme l’attendait en chemise de nuit, assise sur une chaise basse auprès de la fenêtre ouverte, et pensant toujours à l’héritage.
Il leva la tête et, montrant le plafond de l’œil :
Il resta néanmoins en caleçon afin d’être prêt à tout événement, noua un foulard autour de son crâne, puis rejoignit sa femme qui venait de se glisser dans les draps.
Ligne 244 :
Mais Caravan se frappa le front et, avec l’intonation timide qu’il prenait toujours en parlant de son chef dont la pensée même le faisait trembler : « Il faut aussi prévenir au ministère. » dit-il. Elle répondit :
Et l’employé, ravi de la farce, se frottait les mains en songeant à la tête de son chef, tandis qu’au-dessus de lui le corps de la vieille gisait à côté de la bonne endormie.
Ligne 328 :
Mais Marie-Louise et Philippe-Auguste étaient repartis vagabonder dans l’avenue. Ils furent bientôt entourés de camarades, de petites filles surtout, plus éveillées, flairant plus vite tous les mystères de la vie. Et elles interrogeaient comme les grandes personnes.
Et Marie-Louise expliquait, racontait les bougies, le buis, la figure. Alors une grande curiosité s’éveilla chez tous les enfants ; et ils demandèrent aussi à monter chez la trépassée.
Ligne 424 :
15 février 1881.
</div>
|