« Monsieur Parent (recueil, Ollendorff 1886)/Ça ira » : différence entre les versions
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J’étais descendu à Barviller uniquement parce que j’avais lu dans un guide (je ne sais plus lequel) : Beau musée, deux Rubens, un Téniers, un Ribera.
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Je murmurai :
Elle répondit en rougissant :
Je poussai un cri :
Elle leva ses deux mains avec un désespoir comique, épouvantée de ce mot et balbutiant :
« Ça ira. » Comment avais-je pu reconnaître « Ça ira », la pauvre Ça ira, la maigre Ça ira, la désolée Ça ira, dans cette tranquille et grasse fonctionnaire du gouvernement ?
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Je lui dis :
Elle répondit : Un peu mieux.
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Une curiosité me saisit de connaître la vie de cette femme. Autrefois je n’y aurais point songé ; aujourd’hui, je me sentais intrigué, attiré, tout à fait intéressé. Je lui demandai :
Et la voilà qui se met à me raconter mille choses de sa vie ancienne, mille choses secrètes de la vie parisienne, l’intérieur d’une maison de modes, l’existence de ces demoiselles, leurs aventures, leurs idées, toute l’histoire d’un cœur d’ouvrière, cet épervier de trottoir qui chasse par les rues, le matin, en allant au magasin, le midi, en flânant, nu-tête, après le repas, et le soir en montant chez elle.
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Elle disait, heureuse de parler de l’autrefois :
Moi, la première rosserie que j’ai faite, c’est au sujet d’un parapluie. J’en avais un vieux, en alpaga, un parapluie à en être honteuse. Comme je le fermais en arrivant, un jour de pluie, voilà la grande Louise qui me dit :
Ils étaient toujours bas, les fonds !
Elle me répond :
Moi, ça m’étonne.
Elle reprend :
Donc, je m’en allai avec Irma à la Madeleine. Nous trouvons le sacristain et nous lui expliquons comment nous avons oublié un parapluie la semaine d’avant. Alors il nous demande si nous nous rappelons son manche, et je lui fais l’explication d’un manche avec une pomme d’agate. Il nous introduit dans une chambre où il y avait plus de cinquante parapluies perdus ; nous les regardons tous et nous ne trouvons pas le mien ; mais moi j’en choisis un beau, un très beau, à manche d’ivoire sculpté. Louise est allée le réclamer quelques jours après. Elle l’a décrit avant de l’avoir vu, et on le lui a donné sans méfiance.
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Et elle riait en ouvrant et laissant retomber le couvercle à charnières de la grande boîte à tabac.
Elle reprit :
Et elle nous conta son idée.
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Il monte ; et moi je le saisis dans mes bras et je l’embrasse, mais je l’embrasse à lui couper la respiration ; puis je reprends :
Et, tout d’un coup, je crie :
Tu juges si voilà un homme embarrassé ! Il cherche d’abord à me consoler ; il s’excuse, proteste qu’il s’est trompé aussi !
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La marchande de tabac allait toujours, vidant d’un seul coup tous ses souvenirs amassés depuis si longtemps dans son cœur fermé de débitante officielle. Tout l’autrefois pauvre et drôle remuait son âme. Elle regrettait cette vie galante et bohème du trottoir parisien, faite de privations et de caresses payées, de rire et de misère, de ruses et d’amour vrai par moments.
Je lui dis :
Elle sourit :
Quand j’étais seule, nous passions la soirée ensemble quelquefois. C’est de lui que j’ai eu Roger.
Bref… Tiens, voilà Roger.
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Il embrassa sur le front sa mère, qui me dit :
Je saluai dignement ce fonctionnaire, et je sortis pour gagner l’hôtel, après avoir serré, avec gravité, la main tendue de Ça ira.
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