« Les Reposoirs de la procession (1893)/Tome I » : différence entre les versions
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Sec de ce que nul cœur n’avait depuis des dégénérations pleuré sur lui, un Squelette, misérable fagot d’os, pérégrina vers ma viande.
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Je crus regarder une tarentule à la loupe.
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De la cagoule émanèrent ces paroles :
— « Bras de sage-femme devant un ventre mûr, baguette de devin autour d’une abstraction, abeille butinant la fleur du passé pour le miel de l’avenir, le Souvenir acbève l’absence et peuple le vide, ltève, s’il avorte ; génie, s’il aboutit.
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▲venir venu à terme et viable qu’un être. Existence levée d’un cercueil ou couchée dans un berceau, la vie est une évocation saisissable de l’immanente remembrance, et vous respirez, revenants que vous êtes ô les vivants, parce que la pensée d’un autre obligea votre moment. La persistance de l’univers, superficiellement reneuf, mais foncièrement immuable, relève, à n’en pas douter, de la formidable mémoire de Dieu, ce grand mouvement où se règlent tous les souvenirs. N’as-tu pas vu jouer quantité de pièces par les mêmes acteurs différemment affublés ? Ainsi de la vie. Mille faits sont agis par les mêmes êtres reproduits. Sache le nombre des vivants relativement restreint, mais ils vivent à diverses reprises (songe à ces figurants qui rejaillissent de la coulisse, une cuirasse vite jetée sur leur blouse antérieure) jusqu’à ce que, le Souvenir
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s’émoussant, ils s’épuisent avec lui et pour toujours s’évaporent. Le présent n’est que la seconde incarnation du passé comme l’avenir en sera la troisième. Remplissez donc avec sagesse votre office codivin, mortels, et charitablement souvenez-vous. La mission de l’homme est de placer son amour devant le miroir de sa race et d’en moissonner les reflets. Il vous sied de réveiller les endormis et de repeser à leur place. La mort lasse autant que la vie ; revivre c’est aussi se reposer. Gardez-vous de l’indifférence, ce verrou des cimetières guérissez-vous de l’égoïsme qui vous use trop longtemps les membres et vous ôte le don de créateur. Hélas, ici les vivants s’affirment de plus en plus Avares du Présent. Ah ! si les fils d’alentour ne redoutaient d’avoir à rendre l’héritage, leur mémoire serait la survie des pères en allés, et l’on verrait ces fils à leur tour mener
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ces pères à l’école par la main. C’est à peine si les vieillards s’amusent encore à faire des bulles d’enfance ! La suffisance voisine, accroupie sur le festin de l’heure immédiate et tendue vers le parfum des lendemains, ne daigne plus aider à l’effort universel, aussi bien la cité proche est- elle près de sombrer tout entière, sans espoir de revenir, sous l’avalanche de sa propre indifférence. De grâce exaltez au nom de l’immortalité, exaltez le Souvenir qui ressuscite, et de votre généreux front surgiront des êtres du front reconnaissant desquels vous surgirez en retour, ô vivants, pour votre perpétuité propre et pour l’utile ordonnance de la Mort ! »
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d’inouis efforts pour se mouvoir vers la médiation possible du poëte, je courus aux portes de la cité d’ingratitude et suppliai ses habitants de se rappeler (s’ils désiraient vivre encore plus tard, après un laps de mort) qu’ils avaient existé jadis et d’aller pleurer sur les tombes une fois au moins tous les sept ans — avec licence, au cas d’un rire insurséable, de se faire représenter par un scrupuleux fondé de pouvoirs .
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LES DEUX SERPENTS
QUI BURENT TROP DE LAIT
''A Stuart Merrill.''
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<poem>
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Partageons ta honte comme une assiette de cerises
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Partageons ta honte comme une assiette de cerises.
Va nous cueillir de nouvelles cerises !
</poem>
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▲{Les Filles du Calvaire.— A la fille de trahison.}
LES DEUX SERPENTS
QUI BURENT TROP DE LAIT
O tardive, dis-moi, quelles sont ces deux blancheurs qui dans l’ombre
s’avancent ?
Sans doute deux rayons de lune exprimés par l’huis de ma venue.
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Un rayon de lune est fluide et diaphane, ce que je vois est opaque et solide.
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Alors ce sont deux cols de cygne.
Nous n’avons pas de cygnes dans la chambre, et puis un col de cygne est
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Et si c’étaient deux ce que tu viens de dire ?
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Aurais-tu peur de deux serpents qui burent trop de lait ?
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Prends garde, Marcelle ! ils vont sauter sur toi ! viens, oh viens près du lit !…
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Non, c’est moi qui t’enlace, bel halluciné…
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Eh quoi !… ces deux serpents qui burent trop de lait…
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Tes bras… tes deux bras blancs…
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LE PAON
''A Camille Mauelair.''
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LE PAON
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dérisoire que le lézard de son col fiche ainsi qu’une écharde en l’cparse harmonie.
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Mais, cejsoir, au retour des villes folles,
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comme je passais devant le Paon singulier, j’ai remarqué des yeux cruels au lieu des prunelles élogieuses d’antan.
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— « Jadis, Insensé, ma roue courtisait ton aube, et mon madrigal effarouchait ta modestie rose ; maintenant, ma roue vrille ton clair de lune, et ma satire énerve ta modestie verte. Sache, bon gré mal gré le Poëte exécute un spectacle de la boîteaux-langes à la boîte-au-linceul, et chacun des pantins est le seul jardinier des yeux qui le poursuivent. Crève-les, si tu peux,
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mes yeux relloriront. Ton être appartient à la foule — et je suis l’Opinion. »
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