« Les Reposoirs de la procession (1893)/Tome I » : différence entre les versions

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''A Remy de Gourmont.''
 
 
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==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/126]]==
 
LE TRÉPAS DU PUITS
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Chérissant les puits — car ils doivent
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être, dans l’existence des Choses, les mères consolatrices—je me penchai pour interroger son âme. On l’avait bue.
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tre, dans l’existence des Choses, les mères consolatrices—je me penchai pour interroger son âme. On l’avait bue.
 
Quelques gouttes à peine, très au fond, comme en un creux de main : constellation lointaine au bout d’une lunette d’astrologue, ou bien caresse au sein d’une mémoire.
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Puis ces fruits et ces fleurs aboutirent à
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des formes humaines, et ce furent desbras, des gorges, des épaules, des joues, des yeux, des chevelures : tout le jadis de femmes qui vinrent là, de l’enfance à l’agonie du puits.
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— Rouge étendard de l’égoïsme !
 
—,
—, Pas plus égoïste ne fus qu’il ne fut prodigue. Son orgueil était fait de gosiers éteints. Et si ce puits te semble chagrin, c’est des rares pistils laissés par mon respect final en son calice d’ombre.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/129]]==
Pas plus égoïste ne fus qu’il ne fut prodigue. Son orgueil était fait de gosiers éteints. Et si ce puits te semble chagrin, c’est des rares pistils laissés par mon respect final en son calice d’ombre.
 
Or, mon ire sainte et la proximité de l’Apparition (devant laquelle je suais comme un quartier de venaison) m’ayant altéré, je descendis innocemment au fond du puits — et j’y cueillis les gouttes dernières…
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Je compris !
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Follement je m’enfuis, n’osant me retourner vers le puits, grand œil aveugle désormais.
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En la forêt sombre où j’allai m’effacer, un oiseau rare chanta :
 
— Le puits est mort joyeux de t’avoir fait plaisir, et je viens t’offrir sa gratitude intarissable.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/131]]==
intarissable.
 
PEUPLIERS
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/132]]==
 
A Bernard Lazare.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/133]]==
Lazare.
 
— «
— « Laissez-moi visiter les damoiselles, minces à l’infini, des donjons d’émeraude ! » ai-je dit
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/134]]==
Laissez-moi visiter les damoiselles, minces à l’infini, des donjons d’émeraude ! » ai-je dit
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aux blonds hallebardiers gardant les âmes du vallon.
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PEUPLIERS 1O9
 
Irrité, je
Irrité, je criai : « Tous je vous couperai, jets suzerains, pour qu’aux époques d’eau sculptée vos squelettes rosissent les joues blêmes des mendiants qui vont, leur culotte restée dans la gueule des chiens,
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/136]]==
criai : « Tous je vous couperai, jets suzerains, pour qu’aux époques d’eau sculptée vos squelettes rosissent les joues blêmes des mendiants qui vont, leur culotte restée dans la gueule des chiens,
 
ô blonds hallcbardiers gardant les âmes du vallon ! »
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Désolé je m’enfuis, à travers les papillons hagards qui s’épivardent loin des
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fleurs en cervelles tragiques, je m’enfuis
 
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MOULINS
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/138]]==
 
A Gustave Geffroij.
 
Je
Je viens du vert village où les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/139]]==
viens du vert village où les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches.
 
L’amenoiredu Prieur Blanc.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/140]]==
 
colline est pleine de géantes Foies à la file dont les caboches
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virevirent.
 
Ces méninges extravagantes sur ces corps roides ainsi que des menhirs me firent songer à ces vieillardes qui pétrissent
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/141]]==
leur boule de mémoire entre leurs pouces devant les seuils enjolivés d’enfants, puis bizarrement j’imaginai des orgues de Barbarie jouant devant des sourds.
 
— Que je vous plains, pensai-je, géantes Folles à la file dont les caboches virevirent !
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— Que je vous plains, géantes Folles à la file dont les caboebes virevirent !
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Cette fois, ensemble elles chantèrent :
 
— Hommes, ces Vierges Folles sont des Vierges Sages dont le pèlerinage qui demeure engendre le salut des pèlerins qui passent et qui sont les vrais Fous : la sagesse consistant à réaliser le pain dont rêve l’oisive folie. Galériennes asservies de votre rire en promenade, nous stagnons là depuis des temps et pour des temps encore ; mais que nous soyons de grosses oies sur le foie grandi desquelles vous comptiez ou bien des pélicans s eventrant pour vos repas, gardez-vous de narguer ces maternités obligatoires ou charitables^ veus qui cesseriez de vivresinous commencions à mourir ! enfin apprenez qu’ici-bas l’on voit tourner seule notre collerette et non point notre tête, car nous sommes les Décapitées dont la tête mûrit là-haut sur les épaules de Dieu.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/143]]==
 
Mes pieds ayant repris le rosaire des sentiers fleuris, je me demandais :
 
— Les moulins ont-ils une âme de poète, ou les poètes une âme de moulin ?
LE MYSTÈRE DU VENT
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/144]]==
DU VENT
 
A Henri Mazel.
 
L’intelligence
L’intelligence de nos yeux finissant oit commence le Vide, le Vide serait donc ce que nous ne pouvons ou nesavons voir.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/145]]==
de nos yeux finissant oit commence le Vide, le Vide serait donc ce que nous ne pouvons ou nesavons voir.
 
Cœcilian.
 
LE MYSTÈRE DU VENT
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/146]]==
DU VENT
 
Orsque les désirs d’avenir ou les regrets de souvenir s’éveillent dans une partie quelconque de ce crâne géant, le Globe, — le vent se lève.
 
L’espace est composé d’âmes éparses,
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/147]]==
en expectative ou bien en irrémédiable exil de la matière, dont la motion diverse inspire brandies, voiles et nuées.
 
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Volontiers, si la nudité n’injuriait les sottes conventions, tout nu j’irais afin de
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LE MYSTÈRE DU VENT
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MYSTÈRE DU VENT
 
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Serait-ce que le sens s’acclimate sur la cime de l’idée ? serait-ce que l’idée s’acclimate dans la plaine du sens ? Toujours est-il que mon être, agglomération de
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résistance opposée par mon Toucher servi de ses frères, s’initie, aveugle du vide,aux hiéroglyphes de l’assaut : initiation de la figure par successivement le point, la ligne, l’angle, la courbe…
 
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Certes l’entière morphe n’est aucunement organisée là, mais, indiqué l’air
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qu’icelle déplaçait ou déplacera, j’ai pu du moins, la circonscrivant, l’évaluer, l’individualiser — si bien ! que serait, un moindre davantage, superflu.
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Passants qui ce soir me voyez le corps
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ivre de lassitude regagner mon logis, ne riez point !
 
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La nappe d’air à laquelle participait Marcelle s’étant engouffrée dans un val, heureusement, la désirée lame vint s’échouer sur un tas de cendres jetées là par quelque ménagère.
 
LE
LE MYSTÈRE DD VENT
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MYSTÈRE DD VENT
 
(25
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Un chasseur de papillons me prit pour un spectre et se signa.
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Quelques heures après, Ion géant l’Étang de la Fatalité, j’ai vu les pouces du vent modeler une forme dans l’eau.
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C’est pourquoi, passants, vous me voyez marcher les yeux en dedans : je songe à celle qui naîtra demain, à l’idole tardive qu’encensera ma vieillesse et qui ridiculisera mes cheveux blancs.
 
LA
LA MONNAIE RARE
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/154]]==
MONNAIE RARE
 
A Aurélien Scholl.
 
LA MONNAIE RARE
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Yant
Yant de par sa pléthore perdu toute influence, la Chose Précieuse, synthèse de la matière et polaire de l’homme, allait de pair avec le gravier des chemins.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/156]]==
de par sa pléthore perdu toute influence, la Chose Précieuse, synthèse de la matière et polaire de l’homme, allait de pair avec le gravier des chemins.
 
La chaumière était coiffée d’or vierge,
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le moindre sabot ferré d’argent ; désormais banales, l’émeraude et la turquoise des aïeules défuntes servaient à peine de billes à la marmaille ; les aveugles s’offrant la coquetterie facile de compenser avec deux diamants de la couronne leurs yeux morts, les lézards venaient boire aux rayons projetés par ces fronts de ténèbre ; les indigents de la contrée s’occupaient le geste à déverser leur superflu d’écus dans les grenouilles qui baillaient sur les solivaux des flaques ; l’haleine des passants roulait des paillettes ; Hippocrato trouvait des pépites dans la vessie d’Harpagon ;Crésus paraissait un mendiant des Temps Invraisemblables ; quant au Rêveur des Oliviers livré pour trente misérables pièces d’argent, quelque puérilité de la Mère l’Oie !
 
La Toute Splendeur triomphait sur la terre ; et le soleil, la lune les étoiles de
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crier leur jalousie vers le Veau de Rubis dont rutilait chaque carrefour d’icibas.
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L’idée ! chose en disette, d’habitude, tant prédomine le ventre ; mais alors sa
rareté dépassait
rareté dépassait vraiment les limites ordinaires. La prérogative de l’ignorance avait été si exclusive que ces innombrables fruits d’or et d’argent semblaient provenir d’un immense potager d’oreilles ^d’âne.
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vraiment les limites ordinaires. La prérogative de l’ignorance avait été si exclusive que ces innombrables fruits d’or et d’argent semblaient provenir d’un immense potager d’oreilles ^d’âne.
 
On opta donc pour l’idée.
 
Le prestige de l’esprit date assurément de cet Age des Ages qui par bonheur, trop d’êtres mourant d’intellectuelle anémie, dura peu,non sans léguer à l’avenir quelques conseils d’ailleurs négligés ; car, si bref que fut ce règne où les cerveaux féconds tenaient lieu de banques ou de bureaux de bienfaisance, il permit du moins aux poètes de s’affirmer devant la main que les officiels à caboche vide tendaient à l’idée sur la route du pain et d’ainsi retarder la catastrophe humaine. Ajoutons ceci : les esclaves, auxquels une
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généreuse ironie avait jusque-là cédé la bagatelle de penser, évitèrent aux maîtres la honte d’aller pieds nus, besace aux flancs, — et l’on vit un Tyran, menacé dans sa liste civile, enchaîner un ver lai ne inapprivoisable et vivre fastueusement des brimborions échappés au sommeil épié du merveilleux captif.
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LE
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A José Maria de Hérédii.
Mon àme
Mon àme est maternelle ainsi qu’une patrie Et je profère au lys un pleur de sacripant ; Les regrets sontlaclef bonne àma bergerie, Je fais une brebis du loup qui se repent.
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est maternelle ainsi qu’une patrie Et je profère au lys un pleur de sacripant ; Les regrets sontlaclef bonne àma bergerie, Je fais une brebis du loup qui se repent.
 
La Magdelkine Aux Pakfums.
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CALVAIRE IMMÉMORIAL
 
A
A brise bonne de la rêverie me poussait à l’aventure, emmi les toits de chaume, sur le solide fleuve des routes qu’enrivage l’espérance tendre où pâturent les moutons, ces quenouilles vivantes.
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brise bonne de la rêverie me poussait à l’aventure, emmi les toits de chaume, sur le solide fleuve des routes qu’enrivage l’espérance tendre où pâturent les moutons, ces quenouilles vivantes.
 
Un
Un peu partout, sous les coqs de métal, en les donjons divins, tintaient à rliythme égal les gros sous d’existence versés par l’aile des moulins et la nageoire des charrues.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/165]]==
peu partout, sous les coqs de métal, en les donjons divins, tintaient à rliythme égal les gros sous d’existence versés par l’aile des moulins et la nageoire des charrues.
 
Solitaire, j’allais ; m’effaçant une fois seule devant la naïve diligence vieille : guêpe au dard de fouet qui, de village en village, voltige et cueille l’animé butin qu’amassera tantôt la ruche de la Ville.
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Or j’eus beaucoup de peine, car Jésus semblait davantage pâtir en sa décrépi
 
tude. Il n’était
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plus que quelque chose do pendu : comme un chiffon de pierre oublié là jadis, et plus jadis encore, par un gars d’avant l’Age des Lances et des Clous.
 
Alentour somnolaient les grandes Fleurs de Solitude.
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— Que je te plains, Crucifié, d’être si dévasté !… Mais pourquoi telle misère maigre ?… T’avait-on pas appendu bel et grandiose au Sycomore de granit eù je te vois à peine avec les yeux de l’âme ? Réponds, ô père fraternel, la forme serait-ce des poussières superposées que lèverait en passant l’aile ménagère des Oiseaux du Temps ? Ou bien t’avait-on fait avec le sel des pleurs, et les larmes longues de la pluie t’auraient-elles fondu ? Parle, frère
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/167]]==
paternel !… Tu parlas bien, à l’époque de palme, à la Jolie de Satnarie.
 
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— Non, ce n’est pas la pluie, non ce n’est pas le temps ! bien que je sois là depuis des siècles, dressé par des femmes pies qui seraient très vieilles si elles vivaient encore, et qui sont, en Paradis, très jeunes d’être mortes. Non, ce n’est pas le temps, non ce n’est pas la pluie ! bien qu’il ait plu souventefois pour le plaisir des fleurs et pour la gloire des pommiers ! Non, ce n’est pas cela ! Mais, à ce carrefour, viennent depuis des ans et des années, viennent
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LE CALVAIRE IMMÉMORIAL I 4 1
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CALVAIRE IMMÉMORIAL I 4 1
 
tous les moroses d’ici-bas. Depuis des ans et des années, pèlerinent vers moi les mendiants de l’âme et de la chair fanées ; et tous,gravissant les marches du Calvaire, baisent fébrilement mon image salubre.
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— Ce but, quel est-il, Verbe fait essaim d’abeilles ?
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— C’est mon Ame ! mon Ame Divine qui couve ingénument sous la forme terrestre. Elle est pour eux l’Espérance admirable, et s’ils savaient ne pas la récolter un jour sous la charrue de leurs baisers, ces pèlerins adoreraient l’ivraie blasphématrice et perdraient à jamais la foi du Paradis.
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Si nombreux furent mes baisers que, l’image disparue de par la forme usée, jaillit l’Ame Divine enfin, l’Ame espérée depuis des ans puis des années par les
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LE CALVAIRE IMMÉMORIAL 1 4 3
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/170]]==
CALVAIRE IMMÉMORIAL 1 4 3
 
mendiants de l’âme et de la chair fanées…
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Seules m’avaient vu les grandes Fleurs de Solitude.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/171]]==
 
LA CARAFE D’EAU PURE
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/172]]==
D’EAU PURE
 
A Jules Renard
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/173]]==
 
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/174]]==
 
Tout est sombre et turpidc entre ces quatre murs.
 
La mamelle de cristal, seule, affirme la merveille de son eau candide.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/175]]==
 
A-t-elle absorbé la lumière plénière de céans qu’elle brille ainsi, comme tombée de l’annulaire d’un archange ?
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Qu’elle est donc sa farouche vertu ?
 
LA
LA CARAFE D’EAU PURE I h 9
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/176]]==
CARAFE D’EAU PURE I h 9
 
Viendrait-elle, cette eau, des yeux de vos victimes, Buveurs, et redoutez-vous que s’y reflètent vos remords, ou bien ne voulez-vous que soient éteints les brasiers vils de vos tempes canailles ?
 
Et je crus voir leur Conscience sur la table du bouge noir où l’on va boire du vin rouge !
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/177]]==
 
SOIR DE BREBIS
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/178]]==
DE BREBIS
 
A Louis Denise.
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SOIR DE BREBIS
 
A
A tache de sang dépoint à l’horizon de ci.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/179]]==
 
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/180]]==
tache de sang dépoint à l’horizon de ci.
 
La goutte de lait point à l’horizon de
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Homme simple qui s’éparpille dans la
flûte
flûte et dont la prudence a la forme d’un chien noir, le pâtre descend l’adolescence du coteau.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/181]]==
et dont la prudence a la forme d’un chien noir, le pâtre descend l’adolescence du coteau.
 
Le suivent ses brebis, avec deux pampres pour oreilles et deux grappes pour mamelles, le suivent ses brebis : ambulantes vignes.
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Mais, parmi la prairie de jacinthes, l’odorante étoile incendia les dents avides
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/182]]==
 
qui voulaient dégrafer son corsage fertile.
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Les brebis sont au bercail, et l’homme simple va dormir entre sa flûte et son chien noir.
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LE CARNAVAL
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/184]]==
CARNAVAL
 
OU L’ON PLEURE
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A Lucien Muhlfeld.
 
Si
Si Dieu n’avait’posé sur l’âme le masque du corps, vivre en commun serait impraticable. Lazare.
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/185]]==
Dieu n’avait’posé sur l’âme le masque du corps, vivre en commun serait impraticable. Lazare.
 
| |^)
| |^)L fut stipulé que, chacun abandon^^K^ nant pour une rare fois son originelle hypocrisie, on apporterait à ce mardigras une franchise d’exception et que, au lieu de déguiser leur personne avec tel ou tel emprunt de laideurs à d’imaginaires
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/186]]==
êtres, les gens affubleraient leur propre corps des arcanes profonds de son âme respective.
L fut stipulé que, chacun abandon^^K^ nant pour une rare fois son originelle hypocrisie, on apporterait à ce mardigras une franchise d’exception et que, au lieu de déguiser leur personne avec tel ou tel emprunt de laideurs à d’imaginaires
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==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/187]]==
tres, les gens affubleraient leur propre corps des arcanes profonds de son âme respective.
 
C’était, à franc dire, organiser un carnaval à rebours puisqu’il s’agissait d’apparaître en sa plénière vérité : permanente masquée de la Vie,— ce carnaval ?
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Atroce à ce point que l’ordinaire hypocrisie présidant au commerce des hommes me semble, depuis, le substratum indispensable de l’existence et que, pour ne pas la mettre en parallèle avec la cha
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rité des Pères de l’Eglise, je dois me faire violence.
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H
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magories d’une âme quelconque ; aussi, l’œil privé de la soulageante farce d’outrance, nous perdons le bénéfice du rire, et c’est pourquoi la tragédie de nos monstres secrets provoque notre poche-àlarmes et la crève.
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Ils paraissaient bons pourtant les habitants de cette Ville : le prince avec ses moustaches de héros, la femme avec son diplôme de fidélité, l’homme avec son épée d’honneur à la hanche, la vierge avec ses joues de hameau. Ville de sélection, symbolisée sur la carte par un arc-en-ciel, nid présumable des vertus. Détail caractéristique : le Charlatan Noir n’avait pas encore arraché de tête sur la place du Palais.
 
LE
LE CARNAVAL OU L’on PLECHE
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CARNAVAL OU L’on PLECHE
 
N’importe !
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Sous ce vitrail d’aigles et de mésanges grouillaient des hideurs pires (|ue le pélor à l’œil pareil à quelque moyeu de carriole et le ventre rouillé d’ulcères, la baudroie taureau deux fois par ses cornes et reptile par sa queue hérissée de poignards, la scorpéne à la tête de mort, le monocen dont la gueule évoque un soupirail de l’enfer : ignominies embusquées dans les glauques ravins des mers de l’Inde et du Japon.
 
Au début de ce sabbat d’aveux on se crut d’abord au milieu d’une cité d’Aostc inconcevable, mais il fallut se rendre vite à l’évidence : ces tripes étaient trop celles de la réalité ! ce turpide arc-en ciel d’érysi pèles, cet éventail d’immondices, cette gomorrhcressuscitée, cette géhenne apparente, c’était bien l’Ame de la Ville faisant lugubrement la roue !
==[[Page:Saint-Pol-Roux - Les Reposoirs de la procession, t1, 1893.djvu/191]]==
c’était bien l’Ame de la Ville faisant lugubrement la roue !
 
Dès lors les yeux fondent en avalanches sous l’allégorie des écailles.
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Le lendemain, le Prince aux abois décréta que, l’intérêt de ses sujets conseillant, serait plus que jamais obligatoire
LE
LE CARNAVAL OU L’ON PLEURE 167
=== no match ===
CARNAVAL OU L’ON PLEURE 167
LES SABLIERS