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« Le Parnasse contemporain/1866/Prière secrète » : différence entre les versions

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<div class=text>
▲{{Journal|[[Le Parnasse contemporain]], 1866|[[Auteur:Émile Deschamps|Émile Deschamps]]|PRIÈRE SECRÈTE}}
 
<poem>
 
:::::<small>(Traduit du Russe, de la comtesse Ropstochin.)</small>
 
Mon Dieu ! toi qui sais tout, oh ! ne m'ordonne pas
D'atteindre aux sombres jours de la froide vieillesse ;
De voir mon corps s'user, et tomber pièce à pièce,
Et la destruction me gagner pas à pas ;
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;D'être un morne objet d'épouvante,
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Ou qu'on suit d'un regard moqueur ;
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;D'assister enfin, moi vivante,
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Aux funérailles de mon cœur !
 
Grâce! ne permet pas, mon Dieu! que je survive
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;À l'espérance fugitive,
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Aux illusions, mon trésor.
Grâce! qu'avant la nuit mes paupières soient closes,
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Tandis que le sourire encor
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Effleurera mes lèvres roses !
 
Je ne veux point peser ma vie au poids des ans ;
La mesurer au cours des heures prolongées ;
Je veux seulement, Dieu des âmes affligées,
Après tant de désirs et de rêves cuisants,
Connaître ce bonheur, qu'un vague espoir devine ;
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Voir s'épanouir un seul jour,
Dans toute sa beauté, la fraîche fleur divine
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;De la jeunesse et de l'amour !
 
Je veux, un seul été, m'enivrer de délice
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Dans la coupe mortelle ;... il faut
Que mon rêve céleste ici-bas s'accomplisse...
Et puis, mon Créateur, rappelle-moi, là-haut,
Où, parmi les soleils, tes magnifiques sables,
Je serai, si tes bras ne me font pas défaut,
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Un des esprits impérissables !...
 
Là-haut, où, quand les temps comme un torrent ont fui,
L'éternité s'allonge, à soi-même pareille ;
Où, — prodige adorable! — on ne devient pas vieille.
Où le plaisir n'est point le père de l'ennui ;
Là-haut, où rien ne se passe, où rien n'est infidèle ;
Où les félicités, les amours n'ont point d'aile,
Où ''demain'' ne doit plus menacer ''aujourd'hui''.
 
<poem>
[[Catégorie:Poèmes]]
[[Catégorie:Le Parnasse contemporain]]
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