« Ainsi parlait Zarathoustra/Première partie/Des mouches de la place publique » : différence entre les versions

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Le peuple comprend mal ce qui est grand, c'est-à-dire ce qui crée. Mais il a un sens pour tous les représentants, pour tous les comédiens des grandes choses.
 
Le monde tourne autour des inventeurs de valeurs nouvelles : - il tourne invisiblement. Mais autour des comédiens tourne le peuple et la gloire : ainsi "va le monde".
 
Le comédien a de l'esprit, mais peu de conscience de l'esprit. Il croit toujours à ce qui lui fait obtenir ses meilleurs effets, - à ce qui pousse les gens à croire en ''lui-même !''
 
Demain il aura une foi nouvelle et après-demain une foi plus nouvelle encore. Il a l'esprit prompt comme le peuple, et prompt au changement.
 
Renverser, - c'est ce qu'il appelle démonter. Rendre fou, - c'est ce qu'il appelle convaincre. Et le sang est pour lui le meilleur de tous les arguments.
 
Il appelle mensonge et néant une vérité qui ne glissentglisse que dans les fines oreilles. En vérité, il ne croit qu'en les dieux qui font beaucoup de bruit dans le monde !
 
La place publique est pleine de bouffons tapageurs - et le peuple se vante de ses grands hommes ! Ils sont pour lui les maîtres du moment.
 
Mais le moment les presse : c'est pourquoi ils te pressent aussi. Ils veulent de toi un oui ou un non. Malheur à toi, si tu voulais placer ta chaise entre un pour et un contre !
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Ne sois pas jaloux des esprits impatients et absolus, ô amant, de la vérité. Jamais encore la vérité n'a été se pendre au bras des intransigeants.
 
AÀ cause de ces agités retourne dans ta sécurité : ce n'est que sur la place publique qu'on est assailli par des "oui ?" ou des "non ?"
 
Ce qui se passe dans les fontaines profondes s'y passe avec lenteur : il faut qu'elles attendent longtemps pour savoir ''ce qui'' est tombé dans leur profondeur.
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Je te vois fatigué par les mouches venimeuses, je te vois déchiré et sanglant en maint endroit ; et la fierté dédaigne même de se mettre en colère.
 
Elles voudraient ton sang en toute innocence, leurs âmes anémiques réclament du sang - et elles piquent en toute innocence.
 
Mais toi qui es profond, tu souffres trop profondément, même des petites blessures ; et avant que tu ne sois guéri, leur ver venimeux aura passé sur ta main.
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Aussi font-ils souvent les aimables avec toi. Mais c'est ainsi qu'en agit toujours la ruse des lâches. Oui, les lâches sont rusés !
 
Ils pensent beaucoup à toi avec leur âme étroite - tu leur es toujours suspect ! Tout ce qui fait beaucoup réfléchir devient suspect.
 
Ils te punissent pour toutes tes vertus. Ils ne te pardonnent du fond du coeur que tes fautes.
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Oui, mon ami, tu es la mauvaise conscience de tes prochains : car ils ne sont pas dignes de toi. C'est pourquoi ils te haïssent et voudraient te sucer le sang.
 
Tes prochains seront toujours des mouches venimeuses ; ce qui est grand en toi - ceci même doit les rendre plus venimeux et toujours plus semblables à des mouches.
 
Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude, là-haut où souffle un vent rude et fort. Ce n'est pas ta destinée d'être un chasse-mouches.-
 
 
Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude, là-haut où souffle un vent rude et fort. Ce n'est pas ta destinée d'être un chasse-mouches.-
 
Ainsi parlait Zarathoustra.