« Le Chandelier (éd. 1888) » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
→SCENE II : wikif en cours |
|||
Ligne 1 866 :
'''JACQUELINE''', ''Seule.''
Non, cela ne se fera pas. Qui sait ce qu'un homme comme maître André, une fois poussé à la violence, peut inventer pour se venger ? Je n'enverrai pas ce jeune homme à un péril aussi affreux. Ce Clavaroche est sans pitié ; tout est pour lui champ de bataille, et il n'a d'entrailles pour rien. À quoi bon exposer Fortunio, lorsqu'il n'y a rien de si simple que de n'exposer ni soi ni personne ? Je veux croire que tout soupçon s'évanouirait par ce moyen ; mais le moyen lui−même est un mal, et je ne veux pas l'employer. Non, cela me coûte et me déplaît ; je ne veux pas que ce garçon soit maltraité ; puisqu'il dit qu'il m'aime, eh bien ! soit. Je ne rends pas le mal pour le bien.
''Entre Fortunio.''
On a dû vous remettre un billet de ma part ; l'avez vous lu ?
'''FORTUNIO'''
On me l'a remis, et je l'ai lu ; vous pouvez disposer de moi.
'''JACQUELINE'''
C'est inutile, j'ai changé d'avis, déchirez−le, et n'en parlons jamais.
'''FORTUNIO'''
Puis−je vous servir en quelque autre chose ?
'''JACQUELINE''', ''à part.''
C'est singulier, il n'insiste pas. ''(Haut.)'' Mais non ; je n'ai pas besoin de vous. Je vous avais demandé votre chanson.
'''FORTUNIO'''
La voilà. Sont−ce tous vos ordres ?
'''JACQUELINE'''
Oui ; je crois qu'oui. Qu'avez−vous donc ? Vous êtes pâle, ce me semble.
'''FORTUNIO'''
Si ma présence vous est inutile, permettez−moi de me retirer.
'''JACQUELINE'''
Je l'aime beaucoup, cette chanson ; elle a un petit air naïf qui va avec votre coiffure, et elle est bien faite par vous.
'''FORTUNIO'''
Vous avez beaucoup d'indulgence.
'''JACQUELINE'''
Oui, voyez−vous, j'avais eu d'abord l'idée de vous faire venir ; mais j'ai réfléchi, c'est une folie ; je vous ai trop vite écouté. Mettez−vous donc au piano, et chantez−moi votre romance.
'''FORTUNIO'''
Excusez−moi, je ne saurais maintenant.
'''JACQUELINE'''
Et pourquoi donc ? Etes−vous souffrant, ou si c'est un méchant caprice ? J'ai presque envie de vouloir que vous chantiez, bon gré mal gré. Est−ce que je n'ai pas quelque droit de seigneur sur cette feuille de papier−là ? ''(Elle place la chanson sur le piano.)''
'''FORTUNIO'''
Ce n'est pas mauvaise volonté ; je ne puis rester plus longtemps, et maître André a besoin de moi.
'''JACQUELINE'''
Il me plaît assez que vous soyez grondé ; asseyez−vous là et chantez.
'''FORTUNIO'''
Si vous l'exigez, j'obéis.
''Il s'assied.''
'''JACQUELINE'''
Eh bien ! à quoi pensez−vous donc ? Est−ce que vous attendez qu'on vienne ?
'''FORTUNIO'''
Je souffre ; ne me retenez pas.
'''JACQUELINE'''
Chantez d'abord, nous verrons ensuite si vous souffrez et si je vous retiens. Chantez, vous dis−je, je le veux. Vous ne chantez pas ? Eh bien ! que fait−il donc ? Allons, voyons, si vous chantez, je vous donnerai le bout de ma mitaine.
'''FORTUNIO'''
Tenez, Jacqueline, écoutez−moi. Vous auriez mieux fait de me le dire, et j'aurais consenti à tout.
'''JACQUELINE'''
Qu'est−ce que vous dites ? de quoi parlez−vous ?
'''FORTUNIO'''
Oui, vous auriez mieux fait de me le dire ; oui, devant Dieu, j'aurais tout fait pour vous.
'''JACQUELINE'''
Tout fait pour moi ? Qu'entendez−vous par là ?
'''FORTUNIO'''
Ah ! Jacqueline ! Jacqueline ! il faut que vous l'aimiez beaucoup ; il doit vous en coûter de mentir et de railler ainsi sans pitié.
'''JACQUELINE'''
Moi ? je vous raille ? Qui vous l'a dit ?
'''FORTUNIO'''
Je vous en supplie, ne mentez pas davantage ; en voilà assez ; je sais tout.
'''JACQUELINE'''
Mais enfin, qu'est−ce que vous savez ?
'''FORTUNIO'''
J'étais hier dans votre chambre lorsque Clavaroche était là.
'''JACQUELINE'''
Est−ce possible ? Vous étiez dans l'alcôve ?
'''FORTUNIO'''
Oui, j'y étais ; au nom du ciel, ne dites pas un mot là dessus.
''Un silence.''
'''JACQUELINE'''
Puisque vous savez tout, monsieur, il ne me reste maintenant qu'à vous prier de garder le silence. Je sens assez mes torts envers vous pour ne pas même vouloir tenter de les affaiblir à vos yeux. Ce que la nécessité commande, et ce à quoi elle peut entraîner, un autre que vous le comprendrait peut−être, et pourrait, sinon pardonner, du moins excuser ma conduite. Mais vous êtes, malheureusement, une partie trop intéressée pour en juger avec indulgence. Je suis résignée et j'attends.
'''FORTUNIO'''
N'ayez aucune espèce de crainte. Si je fais rien qui puisse vous nuire, je me coupe cette main−là.
'''JACQUELINE'''
Il me suffit de votre parole, et je n'ai pas droit d'en douter. Je dois même dire que, si vous l'oubliiez, j'aurais encore moins le droit de m'en plaindre. Mon imprudence doit porter sa peine. C'est sans vous connaître, monsieur, que je me suis adressée à vous. Si cette circonstance rend ma faute moindre, elle rendait mon danger plus grand. Puisque je m'y suis exposée, traitez−moi donc comme vous l'entendrez. Quelques paroles échangées hier voudraient peut−être une explication. Ne pouvant tout justifier, j'aime mieux me taire sur tout. Laissez−moi croire que votre orgueil est la seule personne offensée. Si cela est, que ces deux jours s'oublient ; plus tard, nous en reparlerons.
'''FORTUNIO'''
Jamais ; c'est le souhait de mon coeur.
'''JACQUELINE'''
Comme vous voudrez ; je dois obéir. Si cependant je ne dois plus vous voir, j'aurais un mot à ajouter. De vous à moi, je suis sans crainte, puisque vous me promettez le silence. Mais il existe une autre personne dont la présence dans cette maison peut avoir des suites fâcheuses.
'''FORTUNIO'''
Je n'ai rien à dire à ce sujet.
'''JACQUELINE'''
Je vous demande de m'écouter. Un éclat entre vous et lui, vous le sentez, est fait pour me perdre. Je ferai tout pour le prévenir. Quoi que vous puissiez exiger, je m'y soumettrai sans murmure. Ne me quittez pas sans y réfléchir ; dictez vous−même les conditions. Faut−il que la personne dont je parle s'éloigne d'ici pendant quelque temps ? Faut−il qu'elle s'excuse près de vous ? Ce que vous jugerez convenable, sera reçu par moi comme une grâce, et par elle comme un devoir. Le souvenir de quelques plaisanteries m'oblige à vous interroger sur ce point. Que décidez−vous ? répondez.
'''FORTUNIO'''
Je n'exige rien. Vous l'aimez ; soyez en paix, tant qu'il vous aimera.
'''JACQUELINE'''
Je vous remercie de ces deux promesses. Si vous veniez à vous en repentir, je vous répète que toute condition sera reçue, imposée par vous. Comptez sur ma reconnaissance. Puis−je dès à présent réparer autrement mes torts ? Est−il en ma disposition quelque moyen de vous obliger ? Quand vous ne devriez pas me croire, je vous avoue que je ferais tout au monde pour vous laisser de moi un souvenir moins désavantageux. Que puis−je faire ? je suis à vos ordres.
'''FORTUNIO'''
Rien. Adieu, madame. Soyez sans crainte ; vous n'aurez jamais à vous plaindre de moi.
''Il va pour sortir, et prend sa romance.''
'''JACQUELINE'''
Ah ! Fortunio, laissez−moi cela.
'''FORTUNIO'''
Et qu'en ferez−vous, cruelle que vous êtes ? Vous me parlez depuis un quart d'heure, et rien du coeur ne vous sort des lèvres. Il s'agit bien de vos excuses, de sacrifices et de réparations ! il s'agit bien de votre Clavaroche et de sa sotte vanité ! il s'agit bien de mon orgueil ! Vous croyez donc l'avoir blessé ? vous croyez donc que ce qui m'afflige, c'est d'avoir été pris pour dupe et plaisanté à ce dîner ? Je ne m'en souviens seulement pas. Quand je vous dis que je vous aime, vous croyez donc que je n'en sens rien ? Quand je vous parle de deux ans de souffrances, vous croyez donc que je fais comme vous ? Eh quoi ! vous me brisez le coeur, vous prétendez vous en repentir, et c'est ainsi que vous me quittez ! La nécessité, dites−vous, vous a fait commettre une faute, et vous en avez du regret ; vous rougissez, vous détournez la tête ; ce que je souffre vous fait pitié ; vous me voyez, vous comprenez votre oeuvre ; et la blessure que vous m'avez faite, voilà comme vous la guérissez ! Ah ! elle est au coeur, Jacqueline, et vous n'aviez qu'à tendre la main. Je vous le jure, si vous l'aviez voulu, quelque honteux qu'il soit de le dire, quand vous en souririez vous−même, j'étais capable de consentir à tout. O Dieu ! la force m'abandonne ; je ne peux pas sortir d'ici.
''Il s'appuie sur un meuble.''
'''JACQUELINE'''
Pauvre enfant ! je suis bien coupable. Tenez, respirez ce flacon.
'''FORTUNIO'''
Ah ! gardez−les, gardez−les pour lui, ces soins dont je ne suis pas digne ; ce n'est pas pour moi qu'ils sont faits. Je n'ai pas l'esprit inventif, je ne suis ni heureux ni habile ; je ne saurais, à l'occasion, forger un profond stratagème. Insensé ! j'ai cru être aimé ! oui, parce que vous m'aviez souri, parce que votre main tremblait dans la mienne, parce que vos yeux semblaient chercher mes yeux, et m'inviter comme deux anges à un festin de joie et de vie ; parce que vos lèvres s'étaient ouvertes, et qu'un vain son en était sorti ; oui, je l'avoue, j'avais fait un rêve, j'avais cru qu'on aimait ainsi. Quelle misère ! Est−ce à une parade que votre sourire m'avait félicité de la beauté de mon cheval ? Est−ce le soleil, dardant sur mon casque, qui vous avait ébloui les yeux ? Je sortais d'une salle obscure, d'où je suivais depuis deux ans vos promenades dans une allée ; j'étais un pauvre dernier clerc qui s'ingérait de pleurer en silence. C'était bien là ce qu'on pouvait aimer !
'''JACQUELINE'''
Pauvre enfant !
'''FORTUNIO'''
Oui, pauvre enfant ! dites−le encore, car je ne sais si je rêve ou si je veille, et, malgré tout, si vous ne m'aimez pas. Depuis hier, je suis assis à terre, je me frappe le coeur et le front ; je me rappelle ce que mes yeux ont vu, ce que mes oreilles ont entendu, et je me demande si c'est possible. À l'heure qu'il est, vous me le dites, je le sens, j'en souffre, j'en meurs, et je n'y crois ni ne le comprends. Que vous avais−je fait, Jacqueline ? Comment se peut−il que, sans aucun motif, sans avoir pour moi ni amour ni haine, sans me connaître, sans m'avoir jamais vu ; comment se peut−il que vous que tout le monde aime, que j'ai vue faire la charité et arroser ces fleurs que voilà, qui êtes bonne, qui croyez en Dieu, à qui jamais... Ah ! je vous accuse, vous que j'aime plus que ma vie ! Ô ciel ! vous ai−je fait un reproche ? Jacqueline, pardonnez−moi.
'''JACQUELINE'''
Calmez−vous ; venez ; calmez−vous.
'''FORTUNIO'''
Et à quoi suis−je bon, grand Dieu, sinon à vous donner ma vie ? sinon au plus chétif usage que vous voudrez faire de moi ? sinon à vous suivre, à vous préserver, à écarter de vos pieds une épine ? J'ose me plaindre, et vous m'aviez choisi ! ma place était à votre table, j'allais compter dans votre existence. Vous alliez dire à la nature entière, à ces jardins, à ces prairies, de me sourire comme vous ; votre belle et radieuse image commençait à marcher devant moi, et je la suivais ; j'allais vivre ; est−ce que je vous perds, Jacqueline ? est−ce que j'ai fait quelque chose pour que vous me chassiez ? pourquoi donc ne voulez−vous pas faire encore semblant de m'aimer ?
''Il tombe sans connaissance.''
'''JACQUELINE''', ''Courant à lui.''
Seigneur, mon Dieu, qu'est−ce que j'ai fait ? Fortunio, revenez à vous.
'''FORTUNIO'''
Qui êtes−vous ? laissez−moi partir.
'''JACQUELINE'''
Appuyez−vous ; venez à la fenêtre ; de grâce, appuyez−vous sur moi ; posez ce bras sur mon épaule, je vous en supplie, Fortunio.
'''FORTUNIO'''
Ce n'est rien ; me voilà remis.
'''JACQUELINE'''
Comme il est pâle, et comme son coeur bat ! voulez−vous vous mouiller les tempes ! Prenez ce coussin, prenez ce mouchoir ; vous suis−je tellement odieuse que vous me refusiez cela ?
'''FORTUNIO'''
Je me sens mieux, je vous remercie.
'''JACQUELINE'''
Comme ces mains−là sont glacées ! où allez−vous ? vous ne pouvez sortir. Attendez du moins un instant. Puisque je vous fais tant souffrir, laissez−moi du moins vous soigner.
'''FORTUNIO'''
C'est inutile, il faut que je descende. Pardonnez−moi ce que j'ai pu vous dire ; je n'étais pas maître de mes paroles.
'''JACQUELINE'''
Que voulez−vous que je vous pardonne ? Hélas ! c'est vous qui ne pardonnez pas. Mais qui vous presse ? pourquoi me quitter ? vos regards cherchent quelque chose. Ne me reconnaissez−vous pas ? Restez en repos, je vous conjure. Pour l'amour de moi, Fortunio, vous ne pouvez sortir encore.
'''FORTUNIO'''
Non ! adieu ; je ne puis rester.
'''JACQUELINE'''
Ah ! je vous ai fait bien du mal !
'''FORTUNIO'''
On me demandait quand je suis monté ; adieu, madame, comptez sur moi.
'''JACQUELINE'''
Vous reverrai−je ?
'''FORTUNIO'''
Si vous voulez.
'''JACQUELINE'''
Monterez−vous ce soir au salon ?
'''FORTUNIO'''
Si cela vous plaît.
'''JACQUELINE'''
Vous partez donc ? encore un instant !
FORTUNIO
Adieu ! adieu ! je ne puis rester.
''Il sort.''
'''JACQUELINE''', ''appelle.''
Fortunio ! écoutez−moi !
'''FORTUNIO''', ''rentrant.''
Que me voulez−vous, Jacqueline ?
'''JACQUELINE'''
Ecoutez−moi, il faut que je vous parle. Je ne veux pas vous demander pardon ; je ne veux revenir sur rien ; je ne veux pas me justifier. Vous êtes bon, brave et sincère ; j'ai été fausse et déloyale ; je ne peux pas vous quitter ainsi.
'''FORTUNIO'''
Je vous pardonne de tout mon coeur.
'''JACQUELINE'''
Non, vous souffrez, le mal est fait. Où allez−vous ? que voulez−vous faire ? comment se peut−il, sachant tout, que vous soyez revenu ici ?
'''FORTUNIO'''
Vous m'aviez fait demander.
'''JACQUELINE'''
Mais vous veniez pour me dire que je vous verrais à ce rendez−vous. Est−ce que vous y seriez venu ?
'''FORTUNIO'''
Oui, si c'était pour vous rendre service, et je vous avoue que je le croyais.
'''JACQUELINE'''
Pourquoi pour me rendre service ?
'''FORTUNIO'''
Madelon m'a dit quelques mots...
'''JACQUELINE'''
Vous le saviez, malheureux, et vous veniez à ce jardin !
'''FORTUNIO'''
Le premier mot que je vous ai dit de ma vie, c'est que je mourrais de bon coeur pour vous, et le second, c'est que je ne mentais jamais.
'''JACQUELINE'''
Vous le saviez et vous veniez ! Songez−vous à ce que vous dites ? Il s'agissait d'un guet−à−pens.
'''FORTUNIO'''
Je savais tout.
'''JACQUELINE'''
Il s'agissait d'être surpris, d'être tué peut−être, traîné en prison ; que sais−je ? c'est horrible à dire.
'''FORTUNIO'''
Je savais tout.
'''JACQUELINE'''
Vous saviez tout ? vous saviez tout ? Vous étiez caché là, hier, dans cette alcôve, derrière ce rideau. Vous écoutiez, n'est−il pas vrai ? vous saviez encore tout, n'est−ce pas ?
'''FORTUNIO'''
Oui.
'''JACQUELINE'''
Vous saviez que je mens, que je trompe, que je vous raille, et que je vous tue ? vous saviez que j'aime Clavaroche, et qu'il me fait faire tout ce qu'il veut ? que je joue une comédie ? que là, hier, je vous ai pris pour dupe ? que je suis lâche et méprisable ? que je vous expose à la mort par plaisir ? vous saviez tout, vous en étiez sûr ? Eh bien ! eh bien !... qu'est−ce que vous savez maintenant ?
'''FORTUNIO'''
Mais, Jacqueline, je crois... je sais...
'''JACQUELINE'''
Sais−tu que je t'aime, enfant que tu es ? qu'il faut que tu me pardonnes ou que je meure, et que je te le demande à genoux ?
===SCENE DERNIERE===
''La salle à manger.''
MAITRE ANDRÉ, CLAVAROCHE, FORTUNIO et JACQUELINE, ''à table.''
'''MAITRE ANDRÉ'''
Grâces au ciel, nous voilà tous joyeux, tous réunis, et tous amis. Si je doute jamais de ma femme, puisse mon vin m'empoisonner !
'''JACQUELINE'''
Donnez−moi donc à boire, monsieur Fortunio.
'''CLAVAROCHE''', ''bas.''
Je vous répète que votre clerc m'ennuie ; faites−moi la grâce de le renvoyer.
'''JACQUELINE''', ''bas.''
Je fais ce que vous m'avez dit.
'''MAITRE ANDRÉ'''
Quand je pense qu'hier j'ai passé la nuit dans l'étude à me morfondre sur un maudit soupçon, je ne sais de quel nom m'appeler
'''JACQUELINE'''
Monsieur Fortunio, donnez−moi donc ce coussin.
'''CLAVAROCHE''', ''bas.''
Me croyez−vous un autre maître André ? Si votre clerc ne sort de la maison, j'en sortirai tantôt moi même.
'''JACQUELINE'''
Je fais ce que vous m'avez dit.
'''MAITRE ANDRÉ'''
Mais je l'ai conté à tout le monde ; il faut que justice se fasse ici−bas. Toute la ville saura qui je suis ; et désormais, pour pénitence, je ne douterai de quoi que ce soit.
'''JACQUELINE'''
Monsieur Fortunio, je bois à vos amours.
'''CLAVAROCHE''', ''bas.''
En voilà assez, Jacqueline, et je comprends ce que cela signifie. Ce n'est pas là ce que je vous ai dit.
'''MAITRE ANDRÉ''
Oui ! aux amours de Fortunio !
''Il chante.''
Amis, buvons, buvons sans cesse.
'''FORTUNIO'''
Cette chanson−là est bien vieille ; chantez donc, monsieur Clavaroche !
</div>
|