« Affaires d’Espagne, la question du palais » : différence entre les versions
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{{journal|Affaires d’Espagne, la question du palais|[[catégorie:Textes anonymes|*]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.19 1847}}
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<center>La question du palais. – Les partis et le ministère</center>
Certes, en ce moment, il ne manque point de pays qui offrent un saisissant spectacle et peuvent diversement influer sur l’avenir de l’Europe.
Certes, en ce moment, il ne manque point de pays qui offrent un saisissant spectacle et peuvent diversement influer sur l'avenir de l'Europe. L'Italie se reprend à la vie sous la main d'un pontife qui a le génie du bien et réveille dans les ames les deux sentimens les plus généreux, celui de l'indépendance et celui d'un sage progrès. La première expérience d'un régime de libre discussion vient à peine, de se clore en Prusse, laissant l'Allemagne dans une sorte d'attente. Demain peut-être la Suisse sera livrée à la guerre civile, et l'anarchie viendra poser pour les puissances circonvoisines le redoutable problème de l'intervention. Dans ce singulier concours d'événemens, s'il convient de porter une attention particulière sur la Péninsule, si la question espagnole, qui est toujours, à vrai dire, cette ancienne question des mariages sous une autre face, mérite la plus vive sollicitude des cabinets, de l'opinion, c'est que, plus que toute autre, elle peut, dans un jour prochain, se transformer en une question européenne et pousser notamment à leur dernière limite les dissentimens qui ont éclaté à cette occasion entre la France et l'Angleterre, si chacun des gouvernemens reste fidèle à son rôle. L'imminence de cette crise qui pèse sur l'Europe, la situation périlleuse de la Péninsule l'a rendue pour ainsi dire plus visible et plus présente à tous les yeux. La nature délicate des difficultés qu'on a vues se dérouler d'une manière si inattendue au-delà des Pyrénées est là encore comme une menace incessante pour la paix générale et pour l'avenir même de l'Espagne.▼
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==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/933]]== dans la confidence de ces tristes divisions et des causes plus tristes encore qui les ont provoquées. A côté Le dernier cabinet a assez vécu cependant pour que les finances aient pu
Nous ne voulons point hasarder de conjectures, préciser ce qui pourra sortir de ces complications. Conjecturer, lancer des prévisions
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/934]]== constamment les passions des hommes, les entraînemens personnels, à la place de la réalité des choses, qui paralyse les tendances les plus heureuses ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/935]]== mais encore des changemens de constitution, ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/936]]== de dignité. Comment cette ''influence'' a-t-elle pu prévaloir et acquérir tout son développement sans trouver une résistance nette et péremptoire dans les conseils de la couronne ? La situation de la Péninsule s’est envenimée, en effet, par un concours de circonstances très diverses, d’influences obscures qu’il n’est
La situation de la Péninsule s’est envenimée, en effet, par un concours de circonstances très diverses, d’influences obscures qu’il n’est pas inutile de préciser dans l'intérêt même de l'avenir; il faut faire la part de chacun dans cette grande machination dont l'Europe a le droit de connaître le noeud. Nous tenons, quant à nous, à constater que la France y est restée complètement étrangère. On a souvent accusé le gouvernement français d'avoir déserté la question espagnole après la conclusion des mariages de la reine et de l'infante Luisa-Fernanda. A notre avis, les événemens, des événemens que nul ne pouvait prévoir, ont donné amplement raison à M. le ministre des affaires étrangères, lorsqu'il disait, avec une connaissance des faits que seul il pouvait avoir alors, qu'il était bon parfois de s'effacer, de laisser le champ libre, d'abandonner à d'autres la responsabilité de ce qu'il nommait la ''prépotence'', - charge assez lourde en Espagne ! Seulement il ne convenait pas à sa position de qualifier cette prépotence et d'ajouter que, si l'influence de la France s'était exercée honnêtement, loyalement et légitimement dans la question des mariages, l'Angleterre cherchait à annuler l'effet de cette grande transaction en favorisant une intrigue monstrueuse. Nous continuons à penser que la France n'avait point à envier une telle politique à l'Angleterre, qu'il ne lui convenait pas, dans l'intérêt même de ses relations avec l'Espagne, des éventualités qui pourraient survenir, de lutter par de pareils moyens. L'Angleterre a été fort influente à Madrid pendant la crise qui s'est si subitement déclarée et qu'il sera si difficile d'apaiser; cela est vrai, nous ne le nierons pas. Il fallait à toute force que la question espagnole réglée par les mariages se ranimât avec éclat; cela importait non-seulement à la politique anglaise, mais encore, il faut le dire, à l'amour-propre cruellement éprouvé de M. Bulwer, N'est-ce pas le moins qu'on puisse faire que de mettre en péril une nation pour venger un échec diplomatique? Malheureusement, dans un pays comme l'Espagne, les occasions ne manquent pas, et M. Bulwer n'a pas eu long-temps à attendre pour satisfaire son dépit. Les menaces contenues dans ses notes officielles avaient échoué, il y a un an, devant la ferme attitude de la France et le bon sens du peuple espagnol; il s'est remis à l'oeuvre aussitôt et s'est rejeté dans l'action souterraine. Tout le monde connaît ses relations avec le général Serrano, et il ne manque pas de gens à Madrid convaincus que son hôtel avait servi d'asile, il y a quelques mois, au nouveau favori, lorsque sa fortune faillit chanceler en naissant sous une accusation portée contre lui par le cabinet Sotomayor. M. Serrano s'était fait au sénat l'organe des griefs de l'ambassadeur d'Angleterre contre les mariages; M. Bulwer a payé sa dette en lui frayant le chemin du palais, en l'appuyant de son influence, en écartant tous les obstacles qui ont entouré la naissance de sa scandaleuse faveur. M. Bulwer a fait plus même, il a contribué à la formation d'un ministère qui ne devait point avoir les mêmes scrupules que le cabinet Sotomayor au sujet de la présence de M. Serrano dans le palais; c'est le ministère qui existait il y a quelques jours et dont M. Salamanca était l'ame, encore plus que M. Pacheco peut-être.▼
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Sotomayor au sujet de la présence de M. Serrano dans le palais ; c’est le ministère qui existait il y a quelques jours et dont M. Salamanca était l’ame, encore plus que M. Pacheco peut-être.
Cette persévérance de la politique anglaise, cette ténacité imperturbable, nous ne la blâmons pas en elle-même : elle a fait la force de la Grande-Bretagne, et nous serions tentés plutôt de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/939]]== pas plausible ? Nous croyons donc fermement à
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/940]]== du palais. Le cabinet de M. le duc de Sotomayor, on peut
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/941]]== avait atteint son but, Le sens de ce changement rendu indispensable par l’étrange faiblesse du cabinet Pacheco, ce qu’il y a de logique dans l’avènement au pouvoir du général Narvaez s’éclairera mieux encore peut-être, si nous cherchons à indiquer la marche des opinions au milieu de la crise où se trouve l’Espagne. Quelle a été l’attitude des partis depuis que la question
Le sens de ce changement rendu indispensable par l'étrange faiblesse du cabinet Pacheco, ce qu'il y a de logique dans l'avènement au pouvoir du général Narvaez s'éclairera mieux encore peut-être, si nous cherchons à indiquer la marche des opinions au milieu de la crise où se trouve l'Espagne. Quelle a été l'attitude des partis depuis que la question du palais est devenue la première de toutes les questions politiques? La conduite du parti modéré n'a rien que de clair et de simple. Dès le premier moment, il a voulu empêcher la question du palais de naître en éloignant le général Serrano; il a cherché à faire respecter en lui la dignité du pouvoir et la pureté du principe constitutionnel, il s'est retiré plutôt que de se soumettre à une influence malfaisante. Qu'a-t-il fait lorsque cette influence eut amené une séparation éclatante entre la reine Isabelle et le roi don Francisco? Il n'a cessé de demander au nom du pays froissé et indigné, au nom de l'intérêt et de la dignité du trône comme de tous les partis, un prompt rapprochement entre les deux époux. Il a défendu de son mieux la royauté contre ses corrupteurs perfides et ses complaisans conseillers. Il a nettement déclaré la guerre à cette influence occulte d'abord, qui est venue ensuite remplir le palais de son insolence. Le parti modéré a été fidèle à lui-même en se rattachant aux institutions, et en défendant l'intégrité du principe constitutionnel. En a-t-il été de même des autres opinions? Nous ne parlons pas du parti carliste, qui devait bien évidemment se réjouir de tout ce qui pouvait altérer l'honneur de la reine Isabelle et discréditer la monarchie constitutionnelle; mais ce serait un curieux et édifiant chapitre sur la moralité des partis que l'exposé de la conduite des progressistes espagnols en présence de la soudaine fortune du général Serrano. Vous croyez peut-être qu'au premier bruit d'un événement de ce genre, le parti progressiste s'est nettement prononcé en faveur des principes constitutionnels mis sous les pieds par quelques fous, qu'il s'est soulevé contre une influence si singulière? Ce serait tomber dans une grande erreur. Le parti progressiste a agi très politiquement, il a attendu, il a tergiversé, lorsqu’on l'interrogeait trop vivement. C'est que, n'ayant aucun espoir d'arriver par une victoire dans le parlement et dans le pays, il avait vu là un moyen de remonter au pouvoir. Le général Serrano n'était-il pas, en effet, un ancien progressiste? Il s'est alors établi entre l'homme et le parti un échange de propositions, d'avances, de flatteries; des négociations ont été suivies dans l'ombre; le parti progressiste avait récemment encore des plénipotentiaires à la Granja pour attendre l'effet de la protection de M. Serrano. De là bien des variations curieuses dans l'attitude et dans les paroles du parti progressiste, suivant qu'il croyait atteindre le but ou qu'il s'en voyait éloigné. Tantôt il menaçait et mettait à nu la situation du général Serrano, tantôt il exprimait des doutes, il défendait même la reine contre de trop hardis soupçons; il soutenait le droit qu'avait Isabelle de donner sa confiance à M. Serrano, d'accepter ses conseils. Seulement il fallait, en quelque sorte, légitimer cette ''influence'' en lui livrant le pouvoir, couvrir l'irrégularité de cette position privée en lui donnant une couleur constitutionnelle et en formant un ministère où seraient entrées, bien entendu, les notabilités progressistes. Puis, quand la crise s'est précipitée tout à coup, lorsque la reine Isabelle a été suffisamment, avancée dans cette carrière d'intrigues, le parti révolutionnaire est venu, lui aussi, réclamer la réconciliation des deux époux, s'indignant presque que le roi ne cédât pas à la première parole de ceux qui avaient, porté le désordre dans le palais.▼
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bien entendu, les notabilités progressistes. Puis, quand la crise s’est précipitée tout à coup, lorsque la reine Isabelle a été suffisamment, avancée dans cette carrière d’intrigues, le parti révolutionnaire est venu, lui aussi, réclamer la réconciliation des deux époux, s’indignant presque que le roi ne cédât pas à la première parole de ceux qui avaient, porté le désordre dans le palais.
Le parti modéré puise ses titres au pouvoir,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/944]]== qui peuvent, en certains momens, être un frein et réagir pacifiquement sur le pouvoir qui dévie. La moindre oscillation dans Entre 1844 et 1846, le parti modéré, représenté par le ministère de MM. Narvaez, Mon, Pidal, Martinez de la Rosa, a tenté cette
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/945]]== vrai cependant que les milices nationales, bien plus que On le voit aisément, cette triste question du palais touche à toutes les questions en Espagne ou plutôt elle les domine. Caprice ou folie légère au début, elle en est venue, par le caractère
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/946]]== pouvait Que le général Narvaez parvienne à opérer une réconciliation entre la reine Isabelle et le roi don Francisco, ce serait, certes, un résultat fort désirable ; car,
La France,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/947]]== de les commenter, Au fond,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/948]]== Luisa-Fernanda ; Ainsi la crise actuelle,
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