« César Cascabel/Deuxième partie/Chapitre II » : différence entre les versions

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La place devenait presque intenable à la surface du glaçon, où personne ne pouvait rester debout, tant la tourmente faisait rage. Jean, qui voulut aller observer l'état de la mer à sa partie antérieure, fut renversé, et, sans l'intervention de M. Serge, il aurait été précipité dans les flots.<br>
Quelle nuit passèrent ces malheureux — ou plutôt ces naufragés, car ils étaient là comme les survivants d'un naufrage ! Quelles transes à chaque instant ! Des icebergs, de masse considérable, venaient parfois heurter leur îlot flottant, avec de tels craquements et de telles secousses qu'il menaçait de se disloquer. De lourds paquets de mer passaient à sa surface, le submergeant comme s'il se fût enfoncé dans l'abîme. Tous étaient transis sous ces froides douches, que le vent pulvérisait au-dessus de leur tête. Ils ne seraient parvenus à les éviter qu'en rentrant dans la voiture ; mais elle chancelait sous les coups de rafale, et ni M. Serge ni M. Cascabel n'osaient conseiller d'y chercher refuge.<br>
D'interminables heures s'écoulèrent ainsi. Cependant les passes devenaient de plus en plus larges, la dérive s'opérait avec moins de chocs. Le glaçon s'était-il détaché de la portion étranglée du détroit, dont l'ouverture s'évasait à quelques lieues de là sur la mer Glaciale ? Avait-il atteint les parages situés au-dessus du Cercle polaire ? Le courant de Behring l'avait-il, en définitive, emporté sur le courant du Kamtchatka ? Dans ce cas, si les côtes de l'Amérique ne l'arrêtaient pas, n'était-il pas à craindre qu'il fut entraîné jusqu'au pied de l'énorme banquise ?<br>
 
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