« Chronique de la quinzaine - 14 juillet 1837 » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
ThomasBot (discussion | contributions)
m Phe: match
Phe (discussion | contributions)
m split
Ligne 27 :
La loi des sucres a été votée à la chambre des pairs à la majorité de quatre-vingts voix contre trente-huit. Le ministre des finances s’est en vain efforcé de l’améliorer. L’engagement qu’il a pris de l’examiner dans l’intervalle de la session, et d’en méditer les effets avant l’époque de sa mise en vigueur, est le seul espoir qui reste à tous les intérêts qui se trouvent blessés par cette loi. Le plus important de ces intérêts, celui de l’état, doit particulièrement en souffrir, car la loi des sucres est faite pour nuire à nos rapports avec nos colonies, et pour détruire l’activité de la marine marchande, cette source féconde de matelots pour notre marine royale. La loi des primes pour la pêche de la baleine a créé, depuis quelques années, plus de deux mille matelots, les meilleurs marins du monde ; elle a donné un mouvement inouï à deux de nos principaux ports ; une loi des sucres bien faite eût encore augmenté ce mouvement, et elle eût fourni un plus grand nombre de matelots. Le ministère sent aussi bien que personne les inconvéniens de celle-ci, et nous ne doutons pas que dans l’intervalle des deux sessions il ne prépare tous les travaux nécessaires pour ramener avantageusement cette question devant la chambre prochaine.
 
La mission que s’est donnée le ministère actuel, de calmer les esprits et de consolider l’ordre par une bienveillante fermeté, doit l’appeler sur le terrain des améliorations matérielles. Les actes politiques, si importans et si nombreux qu’il a faits, ont absorbé toutes ses pensées. Maintenant il doit s’attacher à procéder à cette seconde partie de sa tâche. L’adoption de la loi des sucres, l’ajournement de la loi des chemins de fer, laissent un vide que ne combleront pas toutes les lois de travaux publics adoptées dans les dernièdernières
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/273]]==
res séances de la chambre, lois utiles d’ailleurs, dont on ressentira bientôt les effets. Que les élections, si elles ont lieu, ne lui fassent pas négliger ce devoir, dont il s’occupe déjà, nous le savons ; que les lois d’industrie qui doivent vivifier le commerce soient présentées dès le début de la session prochaine : il n’aura rien à craindre des intrigues d’un parti qui, pour un homme spécial et utile qu’il renferme dans son sein, compte tant d’ames aigries et d’esprits égarés, occupés uniquement de satisfaire leur ambition aux dépens des intérêts réels du trône et du repos de la France.
 
La constitution du royaume de Hanovre, détruite par le nouveau roi, existait en vertu d’une déclaration royale du 12 août 1814 et d’une charte du 7 décembre 1819 <ref>voir notre (a1) de la chronique de la quinzaine du 31 juillet 1837.</ref>. Toutes les branches du pouvoir exécutif étaient réunies dans la main du roi ; le pouvoir législatif et le droit de voter les impôts, partagés entre le roi et les deux chambres. Dans la première chambre siégeaient les seigneurs des états, les possesseurs de majorats, les députés de la ''chevalerie'', et ceux qui avaient ce droit en vertu de certains emplois. Dans la seconde chambre se trouvaient les députés des villes, les chefs des corporations et les possesseurs de terres libres. Tous les députés étaient nommés par l’élection pour six ans. Les présidens, vice-présidens, syndics-généraux et vice-syndics-généraux étaient élus par les chambres. Les états du royaume tenaient une diète annuelle.
 
{{Séparateur}}
 
(a) erratum : voir notre (1) de la chronique de la quinzaine du 31 juillet 1837.
 
 
Ligne 77 ⟶ 73 :
 
 
— Nous ne faisons qu’annoncer aujourd’hui la récente publication que M. Michelet vient de donner de deux volumes, dont l’un continue son ''Histoire de France''<ref>Librairie (1)de Hachette, rue Pierre-Sarrasin.</ref>, et en forme le tome troisième, et dont l’autre est un appendice de cette histoire. Notre vieux droit avait quelques symboles, quelques formules poétiques ; ces formules et ces symboles, dès l’époque de saint Louis et surtout sous Philippe-le-Bel, disparaissent et sont rayées par les légistes. M. Michelet a pensé qu’il serait neuf et piquant d’en exposer l’origine et le caractère, au moment où les traces en vont disparaître. De là son volume
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/276]]==
sur les ''Origines du Droit français'', digression du texte narratif, mais devenue trop considérable pour y être intercalée. Quant au volume même qui continue le texte de ''l’Histoire de France'', il commence aux vêpres siciliennes et va jusqu’à la mort de Charles V, et presque à la fin du XIVe siècle. Ce qu’une lecture extrêmement rapide nous fait entrevoir d’intérêt, de vues et de tableaux dans cette portion de récit, ne saurait trouver place dans une courte note ; nos lecteurs ont pu en juger déjà par le morceau des ''Templiers''. Nous tâcherons un jour d’aborder, avec l’examen et le détail qui conviennent, cette œuvre historique d’un homme aimé du public, et que recommandent tant de qualités brillantes, ingénieuses et patientes, tant d’imagination et d’érudition. Ce nous sera même une occasion, peut-être, d’entamer une série des historiens modernes qui a manqué à la ''Revue'' jusqu’ici et de caractériser dans leurs travaux et leur manière, les Augustin Thierry, les Fauriel, et aussi M. Michelet. Cette idée qu’il a eue de faire entrer dans sa publication récente, un volume sur les ''Origines du droit'', puisées dans les symboles, cette idée, qui est une application à la France de ce que M. Grimm a tenté et accompli pour le droit germanique, se rattache aussi à certaines vues chères à Vico, et l’ingénieux et éloquent interprète de ce dernier n’a donc fait, dans cette digression considérable, que suivre l’ordre naturel de ses inspirations et de ses vues.
 
{{Séparateur}}
 
(1) Librairie de Hachette, rue Pierre-Sarrasin.
 
 
— Le ''Cours d’embryogénie comparée'', professé par M. Coste au Muséum d’histoire naturelle de Paris, vient de paraître. On sait qu’envisageant la science du développement de l’homme et des animaux sous un point de vue plus vaste et plus philosophique qu’on ne l’avait jamais fait avant lui, M. Coste, aidé par l’Institut et par le gouvernement dans les nombreux sacrifices qu’il s’était imposés lui-même, a pu porter cette étude au rang des sciences naturelles les plus avancées, et que ''l’embryogénie comparée'' devient, en quelque sorte, son œuvre, aucun savant, avant lui, n’ayant essayé de réaliser un semblable travail.
Ligne 91 ⟶ 82 :
 
 
F. BULOZ
=== no match ===
BULOZ