« Histoire du Bouddhisme » : différence entre les versions

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Le bouddhisme contient une métaphysique et une mythologie, la première très abstraite, la seconde très abondante et très confuse. La partie dogmatique du bouddhisme joue naturellement un faible rôle dans le récit du voyageur. La partie mythologique et légendaire y joue au contraire un rôle considérable ; c’est d’elle en conséquence que nous devrons principalement nous occuper.
 
Les bouddhistes ne manquèrent certes pas de l’imagination nécessaire
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cessaire pour composer une mythologie. Cependant ils ont trouvé commode de s’emparer de la mythologie toute faite du brahmanisme, sans renoncer à y joindre leurs propres inventions : d’ailleurs c’est du brahmanisme qu’ils sont sortis ; ils ont jeté d’abord une secte réformée qui, peu à peu, est devenue une religion indépendante et hostile. Aussi ils ne rejettent point Brahma, ils ne l’excluent point du panthéon bouddhique, mais ils lui assignent une place inférieure à Bouddha.
 
Cette place varie dans les divers traités mythologiques. Tantôt on lui donne à gouverner la plus grande des trois agrégations de l’univers, qui contient, avec beaucoup d’autres choses, mille millions de soleils <ref> Pag. 136.</ref> ; c’est ce qu’on peut appeler un pis aller assez consolant et une retraite fort honorable ; tantôt il est un personnage beaucoup moins imposant, il est seulement « le premier des vingt dieux qui sont nommés comme ayant des fonctions et une protection à exercer à l’égard des autres êtres. On lui donne le titre de roi, faible dédommagement du rang de Dieu suprême ; - il est strict observateur des préceptes et sait gouverner la troupe des brahmanes. » - Ici l’arrogance du culte nouveau et triomphant perce à travers les hommages un peu dérisoires qu’elle accorde à l’ancienne divinité détrônée par Bouddha. C’est comme le pacifique royaume du Latium donné au bonhomme Saturne en dédommagement de l’Olympe où s’assied Jupiter.
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Quel contraste entre les horreurs que je viens de retracer et les préceptes humains de Bouddha, l’attendrissement sympathique et le dévouement sublime empreint dans sa légende ! Ce contraste, au reste, n’est pas plus grand que celui que forme cette poésie dantesque, expression du catholicisme du XIIIe siècle, avec le sermon de la Montagne.
 
SionSi on avait besoin de prouver la bienfaisante influence du bouddhisme sur les mœurs et les institutions, il suffirait d’extraire de cette relation un passage où il est question de l’établissement de véritables hôpitaux dans la ville de Maghada, où le bouddhisme est représenté comme florissant et recevant les hommages même des brahmanes. « Les délégués que les chefs du royaume entretiennent dans la ville, y ont établi chacun une ''maison de médicamens du bonheur et de la vertu'' ; les pauvres, les orphelins, les boiteux, enfin tous les malades des provinces vont dans ces maisons, où on leur donne tout ce dont ils ont besoin. Les médecins y examinent leurs maladies ; on leur sert à boire et à manger selon les convenances, et on leur administre des médicamens. Tout contribue à
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à les tranquilliser. Ceux qui sont guéris s’en vont d’eux-mêmes. »
 
Les ordres mendians, qui ont joué un si grand rôle au moyen âge, ne sont point une invention du XIIIe siècle. Saint François d’Assise avait été devancé de plus de mille ans par les saints mendians du bouddhisme, qui eux-mêmes avaient eu des devanciers au sein de l’antique religion des brahmanes. Il y a aussi chez les bouddhistes des religieuses mendiantes. Bien que Bouddha ait fait d’abord quelque difficulté d’admettre les ''femmes'' à la vie religieuse, il finit par y consentir, en les soumettant entièrement aux religieux. Les observances qui sont imposées aux mendians des deux sexes ne laissent rien à désirer pour la rigueur de l’abstinence qu’elles prescrivent. Une de ces règles a été dictée par ce sentiment de charité universelle qui s’étend jusqu’aux animaux. « Les alimens que le mendiant a obtenus seront divisés en trois portions : une portion sera donnée à la personne qu’il verra souffrir de la faim ; une autre sera portée dans un lieu désert et tranquille, et déposée sur une pierre pour les oiseaux et les bêtes. »