« Chronique de la quinzaine - 14 janvier 1833 » : différence entre les versions

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VOYAGES.
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En 1829, après avoir visité quelques-unes des îles de l’archipel, il arriva à Constantinople, où l’amitié du capitan Pacha lui facilita les troyens de parcourir les états de Mahmoud et d’en étudier la situation et les mœurs. Comme il se promenait un jour dans les rues de cette capitale, il y fut témoin d’une scène qui put lui donner d’abord une idée de la sévérité des lois et des châtimens du pays.
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« J’allais voir, dit-il, une revue que le sultan devait passer près du sérail, lorsqu’un spectacle singulier m’arrêta sur mon chemin. J’avais aperçu un boulanger cloué par l’oreille à la porte de sa boutique. C’était du bonheur à moi, car cette peine n’est plus infligée que fort rarement, et son application devient maintenant une curiosité. Ce qui rendait la situation du patient presque plaisante, c’était la parfaite indifférence avec laquelle il se caressait la barbe. On dit au surplus que l’opération est très peu douloureuse. On n’avait cependant pas ménagé cette fois le pauvre boulanger, et pour n’avoir point l’oreille absolument déchirée il était forcé de se tenir sur la pointe des pieds. Ceci n’est rien, me dit à cette occasion mon drogman, frappé sans doute par l’expression de mes traits : il y a quelques jours à peine, on a coupé le nez et les oreilles d’un maître boulanger, le plus beau garçon qui se pût voir. Il supporta cette exécution avec un grand courage ; et quant à ses oreilles, il déclara qu’il s’en souciait peu, attendu que sous un turban c’était comme si l’on n’en avait pas. Mais pour son nez quand le bourreau l’eut montré au cadi, il le lui racheta moyennant quelques pièces de monnaie, afin, dit-il, de se le faire remettre. Oh ! oh ! pensai-je, ce n’est donc pas seulement à Londres et à Paris, que l’on refait des nez. »
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— Voici maintenant le récit de la première entrevue de notre voyageur avec le capitan pacha.
 
Le capitan pacha m’accueillit avec un sourire amical, dit Stade, et il permit à mon drogman d’approcher de ses lèvres et de son front le bas de sa robe, honneur dont je ne crus point cependant profiter pour moi-même. C’est qu’un Franc doit bien se garder de donner à un musulman de pareilles marques de courtoisie, car pour se faire respecter des Turcs, il importe de montrer vis-à-vis d’eux beaucoup plus de fierté que de politesse. Souvent il arrive que ces messieurs, voulant éprouver un étranger et connaître son rang, laissent tomber en sa présence quelque chose à terre, un mouchoir, par exemple. Si vous ne le ramassez point, vous êtes considéré comme un personnage de distinction, habitué à se faire servir, et non point à servir les autres. Si vous le relevez, vous êtes, au contraire, jugé tout différemment. Ces petites ruses rendent une intimité quelconque bien difficile avec les Turcs. Ainsi qu’un bey
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ou un aga vienne vous faire une visite, si vous vous levez pour les recevoir, ils vont attribuer ce mouvement au respect inné qu’un chrétien ressent pour un musulman, et vous irez chez eux dix fois sans qu’ils daignent vous accorder le même honneur. Aussi, allez-vous voir un pacha, s’il ne vous invite point à vous asseoir, asseyez-vous néanmoins immédiatement, sans tenir compte des regards furieux de ses officiers, indignés de votre audace. Une autre fois, dès qu’il vous apercevra, le pacha vous priera d’abord de vous placer près de lui sur un sopha, pour ne point s’exposer de nouveau à l’affront que vous lui avez fait en prenant un siège en sa présence sans qu’il vous y eût autorisé. »
 
Slade nous raconte ailleurs ainsi l’exécution d’un jeune Turc qui avait entretenu de coupables rapports avec l’armée de Diébitsch.
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M. Slade nous donne plus loin ce qu’il appelle la liste raisonnable des inconvéniens inévitablement attachés à tout voyage en Orient.
 
« 1° Après s’être plaint à un pacha d’un de ses officiers inférieurs, que l’on voulait faire réprimander, ou tout au plus gratifier d’une bastonnade, recevoir la tête du pauvre diable, qui vous est apportée proprement servie sur un plat de bois, accompagnée d’un gracieux
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message, par lequel on vous demande si vous êtes satisfait de la réparation.
 
2° En traversant un pont, être soudainement jeté à bas de sa monture, et quand on se relève, si toutefois on ne s’est pas cassé le cou, être obligé de laisser là son cheval, attendu qu’il s’est brisé la jambe dans un trou formé par l’absence d’une planche.
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8° En traversant une rivière, remarquer que votre cheval se met à nager, votre guide ayant manqué le gué ; sentir alors vos vêtemens mouillés se glacer sur votre peau, et songer, pour toute consolation, que pas un de ceux qui vous restent dans votre bagage, n’aura pu se trouver à l’abri de cette inondation. »
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Après avoir parcouru les diverses provinces du nord de la Turquie, escorté de ces légères tribulations, de retour à Constantinople, notre voyageur y assiste à un marché de femmes qu’il décrit de la manière suivante :
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« Je vous écris, lui dit-il, pour vous apprendre que nous sommes arrivés ici à bon port, le 3 de ce mois, et que nous en partons ce soir pour Cape-Coast. Tous nos bâtimens ont bien supporté la mer. Nous avons essuyé plusieurs ouragans. La foudre s’est fait plus sentir à bord du ''Quorra'' que sur le bateau à vapeur en fer ; elle séjourna sur le pont du premier, et ne fit que frapper les côtés de l’autre et glissa dans la mer. Ceci vous prouvera qu’un navire en fer est plus sûr qu’un navire en bois. Nous sommes beaucoup incommodés, à bord du ''Quorra'', de l’odeur de l’eau croupie qui séjourne à fond de cale. ''L’Alburkah'', au contraire, n’a pas fait un pouce d’eau depuis son départ de Liverpool, et il n’est jamais plus chaud que l’eau dans laquelle il navigue. La partie la plus importante de notre tâche va bientôt commencer, et nous espérons pouvoir vous envoyer sous peu des nouvelles favorables.
 
Cette expédition est entreprise dans un but à la fois commercial et scientifique par une compagnie de négocians de Liverpool. Les
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conséquences qui peuvent en résulter pour le commerce et l’industrie anglaise sont incalculables, destinée qu’elle est à leur ouvrir un vaste débouché le long de toute la côte occidentale d’Afrique. M. Laird, de Liverpool, l’accompagne ainsi que le lieutenant W. Allen, que le bureau de l’amirauté a spécialement chargé de la partie géographique du voyage. On croit que les frères Lander tâcheront de pénétrer jusqu’à Tombuctou.
 
 
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Le capitaine Avery, du cutter ''Lively'', bateau pilote de Cowes d’environ quarante tonneaux, arriva dernièrement à Sidney, dans la Nouvelle-Galles du Sud, après avoir exécuté, dans ce frêle bâtiment, le tour de la moitié du globe. ''Le Lively'' avait été frété en Angleterre pour servir d’allège au vaisseau ''le Tula'', qui allait entreprendre un voyage d’exploration dans les mers polaires du Sud. Ces deux navires étaient partis ensemble des îles Falkland, et avaient été séparés par un violent coup de vent, sous une latitude très méridionale. ''Le Lively'' ne revit ''le Tula'' qu’à Sidney, où il parvint non sans peine à le rejoindre. Durant cinq mois, le capitaine Avery séjourna, conformément à ses instructions, dans les régions polaires glaciales. Après avoir vu périr successivement tous les hommes de son équipage, et lorsqu’il ne lui restait plus qu’un matelot et un mousse, il se décida à relâcher au Port-Philippe, sur la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande. Là, étant descendu à terre avec ses deux compagnons, pour tâcher de se procurer des vivres, son navire disparut tout-à-coup, soit qu’il eût été enlevé par les naturels du pays, soit qu’il fût chassé au large par le vent. Au bout de quinze jours, passés dans de mortelles angoisses, et au moment où, accablés de faim et de fatigue, ils se croyaient perdus,
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le hasard le leur fit rencontrer dans une anse de la baie. Le capitaine Avery était le seul homme à bord du ''Lively'' qui sût lire et écrire. Toutefois, d’importantes découvertes ont été faites dans ce voyage d’exploration, le premier que des particuliers aient entrepris à leurs frais sur une aussi grande échelle. Dans une prochaine ''revue de voyages'', nous espérons donner plus de détails à cet égard.